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Le château de Ferrette

Le comté de Ferrette fut, entre le XI^e et le XIII^e siècle, un des plus importants comtés à l'ouest du Rhin. Il perdit son importance lors de son passage aux mains des Habsbourg en 1324. Le château au centre de ce comté fut alors progressivement abandonné et le comté échoua au gré des alliances et des héritages aux Princes de Monaco. Les ruines du château, qui est un des plus ancien d'Alsace, appartiennent actuellement à un particulier qui en autorise les visites.

À la mort de son père, Thierry 1^er de Montbéliard, Frédéric de Montbéliard (1085-1160) hérita, en 1103, des terres d'Alsace supérieure dénommé Sundgau. En 1105, il fit construire à Ferrette, sur les fondations d'une tour romaine, un château. L’existence à cet endroit d'une tour ou d'un château est supposée depuis 1040. Frédéric s'installa en ces lieux en 1125 et prit alors le nom de Frédéric 1^er de Ferrette. La première mention du château comme résidence principale des comtes de Ferrette est attestée en 1144. Le fils de Frédéric, Louis, participa à la troisième croisade et trouva la mort lors du siège de Saint-Jean-d'Acre, en 1189, à l'âge de 36 ans. Frédéric II qui lui succéda à la tête du comté, connu de nombreux conflit avec son proche voisin, l'évêque de Bâle. Il fut assassiné le 8 février 1233 par un de ses fils. Son fils aîné Louis III, reconnu coupable de ce meurtre, fut excommunié, mis au ban et chassé du domaine paternel. Son frère Ulrich II devint comte à sa place. Sur son lit de mort, il aurait reconnu être l'auteur du parricide. En 1271, Ulrich II vendit le château et la ville de Ferrette à l'évêque de Bâle, Heinrich II von Neuenburg-Erguel. L'évêque lui rendit le château en fief.

Ulrich III de Ferrette décéda le 10 mars 1324 sans héritier mâle. C'est donc sa fille Jeanne qui hérita du comté de Ferrette qu'elle apporta en dot lors de son mariage avec Albert II de Habsbourg. Le château fut alors administré par des baillis autrichiens. Le château fut endommagé par le tremblement de terre qui détruisit Bâle en 1356. En 1374, il fut assiégé par les Confédérés et les bandes de soudards d’Enguerrand VII de Coucy, mais seule la ville de Ferrette fut prise et incendiée. Le château résista victorieusement durant trois jours au siège des Bâlois en août 1445 ou les faubourgs extra-muros furent à nouveau incendiés. Le château fut alors entièrement rénové en 1446. L’empereur Sigismond d'Autriche (1433-1477) céda le château en 1469 à Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Celui-ci le confia à Pierre de Hagenbach (1423-1474) qui se releva un gouverneur particulièrement cruel pour la population du Sundgau.

Le château fut reconstruit à partir de 1488 avec une vaste enceinte polygonale flanquée de quatre tours d'angle. Il se composait alors de deux parties, le Château-Haut (Oberschloss) et le Château-Bas. Il fut donné en 1504 en bailliage aux seigneurs Reich de Reichenstein qui y régnèrent en despote. Les Reich de Reichenstein engagèrent le château entre 1540 et 1567 aux banquiers Fugger d'Augsbourg. Jean-Jacques Fugger fit agrandir, à partir de 1552, le château afin d'y abriter une garnison. Le Château-Bas fut relié au Château-Haut par un rempart et le Château-Bas fut flanqué de tours demi-ronde. Afin d'améliorer l’approvisionnement du Château-Haut en eau, un puits profond de 60 m fut creusé en 1559 par le puisatier Jorg Beyer. En 1567, on y puisait "une excellente eau vive au moyen de deux seaux en cuir, lesquels contenaient chacun une mesure et demi et étaient fixés à une grande et forte chaîne en fer". Le château fut ensuite, entre 1571 et 1615, progressivement adapté aux armes à feu. En 1600 la garnison disposait pour la défense du château de 12 petits canons, de 16 mousquets à crocs, de 20 doubles mousquets, de 20 hallebardes et de 10 piques.

Une description du château réalisé en 1600 par un moine de l'abbaye de Lucelle nous indique que le Château-Haut, en partie creusé dans le roc, se composait de six salles chauffées par un poêle, de onze chambres non chauffées, d'une cave à l'entrée, d'une cuisine et d'une étuve. Il était desservi par deux escaliers permettant l'accès à cheval ou en chariot. Le Château-Haut était séparé par une petite cour de la tour du puits et possédait une chapelle dédiée à Sainte-Catherine. Dans le Château-Bas se trouvait la Maison du Bailli constituée de quatre salles, de sept chambres, de deux cuisines, d'une écurie pour trois chevaux, d'une cave, d'une chambre de bains, d'un bastion avec deux cachots et d'un grenier d'une capacité de 1000 rézaux (1160 hectolitres) de grains. Dans ce Château-Bas se trouvait également la Maison des Chevaliers constituée d'une salle, d'une chambre et d'un grenier pour 500 rézaux de grains. Le tout était entouré d'un mur avec des tours et des bastions.

Au cours de la guerre de Trente Ans (1618-1648), le château tomba, en 1632, aux mains des soldats suédois du Rhingrave d'Erlach malgré la défense acharnée de Jean-Adam de Ferrette. Les paysans révoltés chassèrent les Suédois en 1634, mais ceux-ci, revenu avec de conséquents renforts, pillèrent et saccagèrent le village de Ferrette. Ils détruisirent ensuite les fortifications du château. En 1635, le château fut assiégé par les Français qui le brûlèrent et le détruisirent complètement. Le traité de Westphalie conclu le 24 octobre 1648 qui mit fin à la guerre de Trente Ans donna les terres et les possessions des Habsbourg en Alsace, dont Ferrette, au roi de France. En 1651, Jean-Adam de Ferrette céda ses droits de propriété à son fils Philippe-Jacques, époux de Marie-Anne de Schoenau. Le roi de France, Louis XIV, donna, en 1659, le comté de Ferrette à son ministre Jules Raymond de Mazarin. Mazarin offrit le comté à sa nièce dont le mari prit les titres de duc de Mazarin et comte de Ferrette. À l'époque, le Château-Haut était à l'abandon alors que le Château-Bas servait de logis au bailli. En 1660, une chapelle, dédiée à Sainte-Catherine, fut aménagée dans la quatrième tour d'angle de l'enceinte du Château-Bas. En 1667, le puits ayant été comblé lors de la destruction du Château-Haut, le bailli dut payer un homme 150 livres par an, pour apporter chaque jour l'eau nécessaire aux occupants du château.

Le fils aîné de Philippe-Jacques, Jean-Joseph de Ferrette hérita du château en 1671. Sa fille, Marie-Anne de Ferrette, épouse de Jean-Jacques Nicolas Reich de Reichenstein en hérita en 1721. Le château fut alors vendu à la branche Ferrette-Carspach de la famille. François Antoine de Ferrette-Carspach fit démolir les ruines du Château-Haut. En 1727, le comté de Ferrette passa aux mains d'Honoré IV, prince de Monaco par son mariage avec Louise d'Aumont, héritière de Mazarin. Le prince de Monaco est toujours comte de Ferrette.

Le Château-Bas fut pillé et incendié par des paysans révoltés en provenance de Saint-Amarin le 29 juillet 1789. Après cet épisode, le château fut abandonné et servit de carrière de pierre. La ruine du château, la ferme située en contrebas et le domaine de 190 hectares furent rachetés en 1838 par Jean Zuber, fabricant de papiers peints à Rixheim. Les ruines furent inscrites une première fois aux Monuments historiques en 1842. Jean Zuber fit construire dans la ferme du château une demeure bourgeoise en 1848 dans laquelle il passait avec sa famille les mois d'été. Le château fut reclassé aux Monuments historiques en 1930. La demeure bourgeoise de 300 m², l'ancienne ferme, les ruines du château et le domaine de 190 hectares furent vendus à la famille Zimmermann de Roppentzwiller en 2011. Celle-ci laisse, pour l'instant, les ruines du château en libre accès. La conservation du château est assurée par la ville de Ferrette, l'association des Amis du Château et le Club vosgien du Jura Alsacien.

Ces photographies ont été réalisées en aout 2024.

Y ACCÉDER:

La ruine du château de Ferrette est accessible depuis le centre-ville de Ferrette.

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Cette page a été mise en ligne le 16 septembre 2024

Cette page a été mise à jour le 27 septembre 2024