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L'église de la Burnkirch dont la construction remonte au VIIIe siècle était l'église paroissiale d'Illfurth avant d'être ramené au rang de simple chapelle de cimetière au cours d'un XVIIIe siècle. Elle possède de remarquables fresques du XVe siècle et fut même le lieu d'un exorcisme à la fin du XIXe siècle.
Une première église fut construite à cet endroit entre 700 et 750. La construction en bois recouverte de chaume fut érigée sur un ancien cimetière mérovingien dont certains sarcophages furent retrouvés lors des fouilles effectuées en 1980. Ce premier sanctuaire fut détruit par un incendie. Il laissa la place à une nouvelle construction au IXe siècle dont la nef rectangulaire de 7 m de longueur pour 4 m de largeur avait des fondations réalisées avec de la blocaille. Un deuxième bâtiment un peu plus petit le remplaça. Au cours du Xe siècle, une nef, longue de 14 m et large de 5,30 m, prit la place du sanctuaire précédent. Cette nef possédait un chœur séparé et ces murs étaient recouverts de peinture à la chaux. Le sol était constitué d'un dallage en pierre calcaire. Au XIe siècle fut érigée une nouvelle église dont la nef était longue de 11,50 m et large de 6,30 m. Elle se terminait par une abside semi-circulaire.
La première mention officielle de l'église apparait dans un document de 1302 où elle est citée comme "Ecclésia Matrix" (église mère) du village. À la même période apparait une famille noble portant le nom de Burnkirch. Dans la deuxième moitié du XIVe siècle, le comte Enguerrand de Coucy réclama sa part de l'héritage maternel situé en Autriche, ce qui fut contesté par les Habsbourg qui contrôlaient la région. En 1376, les mercenaires "anglais" à la solde d'Enguerrand de Coucy pénétrèrent en Alsace et ravagèrent la région. Ils se heurtèrent à la résistance farouche des Suisses qui firent échouer la démarche du comte. L'église fut fortement endommagée à ce moment. Au sein de l'église se trouve la tombe de Frédéric de Burnkirch qui fut tué lors de ce conflit en défendant la ville d'Altkirch. L'église fut reconstruite en style gothique avec une nef agrandi de 14 m de longueur et de 6,30 m de large. Le chœur en abside fut remplacé par un chœur carré surmonté d'une tour-clocher. L'entrée dans la nef fut munie d'un escalier semi-circulaire situé sur le côté sud.
Lors de leur passage en Alsace en 1444, les Armagnacs endommagèrent l'édifice qui fut restauré en 1455. Le sanctuaire subit à nouveau les affres de la destruction en 1633 lors de la terrible guerre de Trente Ans. Lors de la reconstruction, le dallage en pierre calcaire de la nef fut remplacé par un carrelage en terre cuite lui-même remplacé au XIXe siècle. Lors de cette reconstruction furent réalisées les fresques sur les murs et les voutes du chœur et de la nef. En 1742, l'église fut déclassée en simple chapelle de cimetière et dédiée à la Vierge des Sept douleurs. À cette période, la nef fut légèrement rallongée. Lors de travaux de restauration en 1862, six nouvelles fenêtres furent aménagées dans la nef et une nouvelle entrée fut percée dans le mur ouest. L'entrée originelle fut alors murée. Le bâtiment de l'église de la Burnkirch fut classé Monument historique en 1958 et les fresques le furent en 1979. Des fouilles furent effectuées avant une grande rénovation en 1980.
La chapelle actuelle se compose d'une nef de trois travées avec un chœur carré disposé à l'est. Celui-ci possède une voute sur croisée d'ogives et est surmonté d'un clocher à trois étages couvert d'un toit en bâtière. Le chœur est décorés par des fresques datées du XVe siècle. Les scènes des fresques en partie hautes ont été peintes ou repeintes au cours du XVIIe siècle. Elles furent par la suite recouvertes avec un enduit. Redécouverte lors des restaurations du XXe siècle, elles furent restaurées lors des travaux de 1980. Les fresques représentent les douze apôtres sauf Judas qui est remplacé par Saint-Paul. Jésus est représenté au-dessus de la fenêtre du côté est (soleil levant) par le linge de Véronique. Au-dessus des apôtres sont représentés les anges. Sur le côté nord, au niveau supérieur, se trouve Dieu le Père soutenant son fils cloué sur la croix sur laquelle se tient également une colombe symbolisant le Saint-Esprit. Cette représentation de la Trinité n'étant pas facilement visible depuis la nef, sa vision était réservée au prêtre. Elle surmonte une armoire lithurgique intégré dans le mur. Sur la voute du chœur sont représentés les quatre évangélistes et la clef de voute est marquée d'une fleur de lys. Entre le chœur et la nef se trouve un arc de triomphe qui sépare symboliquement le monde des vivants du royaume des cieux. Cet arc est illustré par la parabole des vierges sages et des vierges folles. Pour montrer que les apparences sont trompeuses, les vierges sages sont représentées avec des cheveux longs.
Dans la chapelle se trouve un enfeu portant une peinture monumentale de mise au tombeau. Il s'agit de la tombe de Frédéric de Burnkirch, tué en 1376 en défendant la ville d'Altkirch contre les mercenaires "anglais". Il subsiste cependant un doute sur cette tombe qui pourrait être celle de Godefroy de Burnkirch, le dernier de la lignée, mort en 1479. Dans la chapelle se trouvent également six dalles funéraires dont celle de Jean Schwertzig, maire d'Illfurth et mort en 1659, de Valentin Mehr, curé d'Illfurth de 1710 à 1742, et de Johan Christoph Schreiber, datée de 1711.
L'enfeu de Frédéric de Burnkirch
L'enfeu de
Frédéric de Burnkirch
S'y trouve également un ex-voto de l'exorcisme de Joseph Burner, délivré du Diable le 27 octobre 1869. À l'automne 1864, Joseph (7 ans) et Thibault (9 ans) Burner furent atteints d'un mal mystérieux. Entre différents symptômes, ils devinrent d'une maigreur squelettique. Les docteurs d'Altkirch et de Mulhouse furent incapables d'établir un diagnostic. À partir de septembre 1865, ils montrèrent des symptômes anormaux. Couchés sur le dos, ils pouvaient se mettre à tourner comme des toupies à toute vitesse, ils se montrèrent violents avec tous types d'objets, ils eurent des contorsions des membres inférieurs, des convulsions ou le ventre qui se gonflait. Assis sur une chaise, ils pouvaient être projetés d'un côté alors que la chaise l'était du côté opposé, ils criaient et hurlaient avec une voix d'homme tout en gardant la bouche fermée et entrait dans une violente fureur en présence d'objets bénis. Après la crise, ils tombaient dans un état comateux pendant de longues heures. Le 8 février 1868, le curé Charles Brey prévint l'évêque de Strasbourg. Un premier exorcisme fut pratiqué en vain en mai 1868. Au printemps 1869, l'évêque, qui croyait en une supercherie, envoya une commission de trois théologiens. En septembre 1869, Thibault, accompagné de sa mère, fut amené à l'orphelinat Saint-Charles à Schiltigheim où fut réalisé un exorcisme par le père Souquet. Thibault fut alors libéré des démons Oribas et Ypés qui l'habitaient. Le 27 octobre 1869, le curé Brey pratiqua, dans la chapelle de la Burnkirch, l'exorcisme de Joseph. Au bout d'un combat de 3 heures avec Satan, le curé parvint à libérer Joseph du démon Solalethiel et d'un autre démon qui refusa de donner son nom. Quelques années plus tard en remerciement à la Vierge, la famille Burner fit ériger la colonne de la Vierge au centre du village d'Illfurth.
Ces photographies ont été réalisées en décembre 2008.
Y ACCÉDER:
La chapelle de la Burnkirch se situe à la sortie du village d'Illfurth en direction de Heidwiller. Juste après la scierie, prendre le chemin partant à gauche vers le cimetière.
Lors de mon passage en mai 2020, la chapelle était fermée.
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Cette page a été mise en ligne le 7 juin 2020
Cette page a été mise à jour le 7 juin 2020