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Le château de Coucy-le-Château

Le château de Coucy possédait jusqu'au 20 mars 1917 le plus imposant donjon d'Europe. Haut de 54 m, il fut dynamité par les troupes allemandes lors de leur retrait sur la ligne Hindenburg au cours de la 1^re Guerre mondiale.

La première mention d'un château à Coucy date de 920 ou Hervé, évêque de Reims, fit élever une motte castrale. La possession du château par Eudes 1^er de Blois fut régularisée en 994 par Oldaric, l'archevêque de Reims. Le château fut conquis en 1079 par Alberic qui y fonda la dynastie des sires de Coucy. Le sire de Coucy fut en 1085 Enguerrand 1^er. En 1105, son fils Thomas s'attira, par ses excès, les foudres de la noblesse picarde qui assiégea le château avec l'aide de son père Enguerrand 1^er. Louis VI le Gros lui apporta cependant son soutien en venant à son secours. La lutte entre le père et le fils dura jusqu'en 1113. À la mort de Thomas, le château passa aux mains de son fils ainé, Enguerrand II. Celui-ci mourut en 1146 lors de la 2^e croisade. Son fils Raoul 1^er décéda également en Terre sainte en 1191. En 1197, la ville de Coucy fut affranchie du pouvoir seigneurial. Le château fut reconstruit en 1225 par Enguerrand III. Celui-ci s'était illustré avec brio à la bataille de Bouvines en 1214. C'est à lui qu'est attribuée la devise des sires de Coucy : "Roi ne suis, ne prince, ne duc, ne comte aussi. Je suis le sire de Coucy".

Le domaine des Coucy fut ravagé par les troupes du roi d'Angleterre Édouard VI en 1339. Enguerrand III fut tué à la bataille de Crécy en 1346. Enguerrand VII, grand diplomate, embellit et transforma le château notamment en construisant un palais gothique à partir de 1380. En 1400, Louis d'Orléans, fils du roi de France Charles V, racheta à la fille d'Enguerrand VIII, son unique héritière, la baronnie de Coucy pour la somme de 400 000 livres tournois. Cette acquisition lui permit de compléter la défense de son duché de Valois. Il fit ensuite réaménager le château par son architecte Jean Aubelet. Le château fut assiégé en 1411 par 600 hommes sous la conduite de Waléran de Luxembourg, comte de Saint-Pol, aux ordres du duc Jean 1^er de Bourgogne, alliés des Anglais au cours de la guerre de Cent Ans. Les défenseurs du château, sous le commandement de Robert d'Esnes, se rendirent à court de vivres.

Le château fut rattaché à la couronne de France par Louis XII en 1498. Le roi le donna ensuite à sa fille Claude de France, l'épouse de François 1^er. Entre 1648 et 1653, durant la Fronde, le château, occupé par les troupes des Frondeurs, refusa de se soumettre au roi Louis XIV. Celui-ci ordonna donc, en 1653, le démantèlement du château, ce qui fut réalisé de manière très sommaire par l'ingénieur Mètezeau. Le tremblement de terre du 18 septembre 1692 fissura le donjon.

Au cours de la Révolution française en 1793, le château fut vendu comme bien national et devint une carrière de pierre. Les vestiges furent rachetés en 1829 par Louis-Philippe 1^er. Il le revendit à l'état en 1848. Viollet-le-Duc y entreprit des travaux de consolidation notamment du donjon à partir de 1856. Les ruines furent classées Monument historique en 1862. Au cours de la 1^re Guerre mondiale, Coucy fut occupé par les troupes allemandes. En mars 1917, celle-ci organisa un repli stratégique afin de raccourcir la ligne de front et donc d'économiser des troupes. Lors de leur repli sur la ligne fortifiée, dite ligne Hindenburg, les Allemands laissèrent derrière eux une terre brulée. Pour compliquer la tâche des troupes ennemies, ils supprimèrent tous les endroits pouvant servir de points d'observations. Les tours du château de Coucy furent donc détruites. Le donjon fut dynamité par une charge de 28 tonnes de cheddite et les autres tours par des charges de 10 tonnes. Les portes de la ville de Coucy le furent par des charges moindres. Le dynamitage eut lieu le 20 mars 1917. La presse française accusa par la suite les Allemands de vandalisme. En 1921, la ville de Coucy fusionna avec sa voisine Auffrique-et-Nogent afin de faciliter la reconstruction. Cependant, le besoin de mémoire, très vif à la sortie de la guerre, minimisa la restauration du château pour garder un exemple des destructions opérées par les Allemands.

Le château occupe l'extrémité d'un promontoire rocheux dominant de 60 m la vallée de l'Ailette. Ce promontoire est couronné par une enceinte fortifiée comprenant trois parties : la ville, la basse-cour et le château (haute cour). L'enceinte de la ville possède 28 tours de défense. Le bourg castral qui occupait au Moyen-âge la basse-cour migra ensuite vers la ville, transformant la basse-cour en simple cour de service. Dans celle-ci se trouvait une église romane dédiée à Saint-Rémi dont ne subsistent que les fondations dégagées par Viollet-le-Duc. En 1403, Louis d'Orléans y aménagea, près de l'entrée du château, de grandes cuisines. La basse-cour, défendue côté ouest et côté sud par neuf tours, était séparée du château par un fossé large de 20 m. L'accès à la basse-cour depuis la ville se fait au travers de la porte "Maitre Odon" précédée d'un fossé. La porte "Maitre Odon" fut ruinée lors du siège de 1411.

Le château est constitué d'une enceinte de forme hexagonale irrégulière dont les côtés mesurent 80 m, 92 m, 35 m et 50 m. Aux angles sont disposées quatre tours de 20 m de diamètre et hautes de 40 m. Ces tours possèdent des murs épais de 5,30 m. Constituées de trois niveaux sur un sous-sol, les tours avaient des salles voutées percées d'archères et pourvues de latrines et de cheminées. Les tours étaient couronnés de hourds. La tour de l'Avoine, au nord-ouest, abritait des cachots dans son sous-sol. Les tours étaient reliées entre elles par des courtines épaisses de 3 m et presque aussi hautes que les tours. L'entrée du château se faisait au travers d'un pont-levis enjambant le fossé et de deux herses. François 1^er fit construire au-dessus de l'entrée, en 1540, le logis royal. La salle la plus remarquable du château était probablement la salle des Preux construite par Enguerrand III puis enrichie par Enguerrand VII. Cette grande salle d'honneur était décorée par neuf statues de Preux. Les Preux sont les célèbres combattants David, Judas Macchabée, Josué, César, Alexandre, Hector, Charlemagne, le roi Arthur et Godefroi de Bouillon.

Du côté de l'attaque du château se dressait le donjon. De forme cylindrique, il avait 31 m de diamètre et une hauteur de 54 m. Ces murs étaient épais de 7,50 m. Il était le plus imposant d'Europe et, par ses dimensions, défiait le pouvoir du roi. Un profond fossé le séparait de la chemise qui entourait la partie basse. L'accès se faisait par un pont-levis. Il possédait trois étages de salles voutés et une plateforme sommitale. Viollet-le-Duc, pour le consolider après sa fissuration par le tremblement de terre de 1692, le ceintura avec des bandes métalliques.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2020.

Y ACCÉDER:

Le château de Coucy se trouve à Coucy-le-Château. Sa visite est payante.

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Cette page a été mise en ligne le 3 novembre 2020

Cette page a été mise à jour le 3 novembre 2020