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Les fortifications de Porquerolles

La rade d'Hyères est protégée du large par les iles du Levant, de Port-Cros, de Bagaud et de Porquerolles et par la presqu'ile de Giens. Ces iles sont des paradis pour les touristes et font partie du parc national de Port-Cros. L'ile du Levant est presque exclusivement occupée par la marine nationale et, de ce fait, interdite au public sauf pour la petite partie occupée par Héliopolis, le domaine naturiste. L'ile de Port-Cros ne se visite qu'à pied alors que l'ile de Porquerolles est accessible aux piétons et aux cyclistes. Connue pour les plages de sables blancs, côté rade de Hyères, et ses criques rocheuses, côté du large, l'ile de Porquerolles abrite de nombreux vestiges de son passé militaire.

Afin de protéger la rade et donc la Provence des incursions des pirates barbaresques, l'ile de Porquerolles fut fortifiée dès le Moyen-âge. Le château de Porquerolles fut probablement érigé sous le règne de François 1er. Ce château apparait dans l'Atlas du duc de Savoie, Emmanuel Philibert, paru en 1580. Richelieu lança, en 1630, un vaste programme de fortification des côtes de France afin de se protéger des velléités anglaises. Dans le cadre de ce programme furent érigé sur les iles de la rade d'Hyères, entre 1634 et 1643, sept forts et des tours pyramidales ou cylindriques, enveloppés d'une enceinte à système tenaillé. Sur l'ile de Porquerolles, il s'agissait du fort de l'Éminence (Grand Langoustier), du fort du Petit Langoustier, du retranchement de Port-Fer (sur l'isthme de la presqu'ile du Langoustier), du fort de l'Étoile (près de la pointe Sainte-Anne), de la tour de Porquerolles (fort Sainte-Agathe) et de la tour de l'Alycastre. À Port-Cros, il s'agissait du château de Port-Cros, de la tour de Port Mail, du fort de Sirla (fort de l'Estissac) et de la tour de l'Éminence. La presqu'ile du Langoustier, à l'ouest de l'ile de Porquerolles, fut considérée au XVIIIe et au XIXe siècle comme un possible réduit susceptible de constituer un appui pour la reconquête de l'ile en cas de débarquement ennemi.

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Le fort Sainte-Agathe

Au lendemain de la Révolution française, en 1792, les forts des iles furent considérés en bon état, ce qui ne les empêcha pas d'être pris par les Anglais en 1793. Contraints de les abandonner en 1794, les Anglais tentèrent de les détruire avant leur retrait. Après la reprise de Toulon, Napoléon Bonaparte, suite à son inspection des côtes, ordonna leur remise en état. Entre 1794 et 1815, furent construits ou reconstruit, dans l'arrondissement des iles d'Hyères, 39 ouvrages défensifs comprenant 14 forts et 25 batteries totalisant 254 pièces d'artillerie desservies par 463 canonniers et 761 fantassins. Afin d'assurer une défense correcte, 326 canons auraient cependant dû être mis en place. À la chute de l'Empire, en 1815, l'ensemble de ces défenses furent mises en sommeil.

La défense de côtes de France fut à nouveau à l'ordre du jour à partir de 1841. La commission mixte d'armement des côtes élabora alors six plans types d'ouvrages de défense (trois tours crénelées et trois corps de garde) et, pour remplacer la multitude de canons et d'affuts utilisés, trois types de canons. Il s'agissait du canon de 30 livres (calibre de 160 mm) capable d'expédier un boulet de 15 kg à 2400 m, de l'obusier de 220 mm tirant une bombe de 25 kg à 2400 m et du mortier de 320 mm d'une portée de 4000 m. Pour l'arrondissement des iles d'Hyères, la commission élabora un nouveau schéma de défense réduisant les 39 ouvrages existant à 28 ouvrages modernisés. Ce schéma fut approuvé le 12 juillet 1847. Sur l'ile de Porquerolles furent alors créés ou réorganisés le fort du Petit Langoustier, le fort du Grand Langoustier, la batterie du Bon-Renaud (corps de garde n° 2), la batterie de Lequin (corps de garde n° 2), la batterie du Lion (avec le fort Sainte-Agathe comme réduit), la batterie de Galéasson (tour crénelée n° 2) et la batterie du Cap des Mèdes. À la batterie du Cap des Mèdes fut prévu une tour crénelée n° 1, mais le terrain défavorable conduisit à la construction d'une caserne casematée.

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Le fort de l'Alycastre

L'apparition de l'artillerie rayée en 1858 accroissant la puissance et la précision des canons conduisit à une véritable crise en rendant la plupart des ouvrages obsolètes. Les militaires procédèrent alors à un réusinage des canons en service. Le canon de 30 livres vit ainsi passer sa portée de 4500 m à 6000 m pour un boulet d'un poids de 31 kg. La portée de l'obusier de 220 passa à 5200 m avec un obus de 79 kg. À partir de 1870, de nouveaux canons en fonte frettés et tubés en aciers d'un calibre de 190 mm et de 240 mm à chargement par la culasse et d'une portée de 8 à 10 000 m firent leurs apparitions. La défaite de la France face à la Prusse en 1870 conduisit à une nouvelle politique de fortification confiée au général Raymond Séré de Rivières. En 1872, la nouvelle commission de défense des Côtes préconisa l'abandon des vieux ouvrages situés au bord de l'eau au profit d'ouvrages modernes implantés sur des points hauts. Sur l'ile de Porquerolles fut donc entreprise la construction du fort de Repentance. Pour des raisons topographiques, ce fort fut réparti en une batterie nord et une batterie centrale armée chacune de quatre canons de 240 mm sur affut à pivot central. À la mise en service de ce fort en 1884, les autres forts et batteries de l'ile furent mis hors service. La crise de l'obus torpille, obus chargé avec de l'explosif "mélinite" décuplant la puissance, en 1885, rendit tous les forts obsolètes. Un grand programme de remise à niveau conduisit à la modernisation de nombreux forts et ouvrages. Le manque de crédit ne permit cependant que le creusement, en 1893, de nouveaux magasins à poudre sous roc au fort de Repentance. L'apparition d'un nouveau type de navire, les torpilleurs, mettant en danger les lourds cuirassés, conduisit à la même période à la mise en place au fort de Repentance d'une batterie annexe de six canons de 95, modèle 1888, à tir rapide. Au cours de la 1re Guerre mondiale, les différentes pièces d'artillerie installée dans les batteries et les forts de l'ile furent prélevées pour servir sur le front au sein de l'artillerie lourde sur voie ferrée. Ces pièces ne furent jamais réinstallées.

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Le fort Sainte-Agathe

Après la 1re Guerre mondiale, la défense des côtes fut confiée à la Marine nationale. Celle-ci récupéra les canons de 138 mm et de 164 mm sur des navires, vétérans de la 1re Guerre mondiale, envoyés à la ferraille, pour les installer dans des cuves bétonnées de batteries de côte. Une de ces batteries fut conçue, en 1927, au niveau du Cap de Mèdes sur l'ile de Porquerolles. Cette batterie haute des Mèdes fut construite entre 1930 et 1932. Elle était armée de quatre canons de 164, modèle 1893/96, d'une portée de 18 000 m. Ces canons étaient installés dans des cuves bétonnées avec des magasins souterrains et un poste de direction de tir. Cette batterie, la dernière fortification mise en œuvre sur l'ile, fut démantelée après la 2e Guerre mondiale.

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Canon sur la plateforme de la tour du fort Sainte-Agathe

Nous vous proposons donc un tour des forts et batteries existantes sur l'ile en partant du fort Sainte-Agathe à Porquerolles, le seul visitable, en partant vers l'est pour revenir par l'ouest à notre point de départ.

Le fort Sainte-Agathe

La première construction à cet endroit date de 1531. Le roi de France, François 1er, fit ériger une tour pour protéger l'ile contre la piraterie, les entreprises navales des ennemis de la France et pour aider dans la lutte contre l'empereur Charles Quint. Le château prit peu à peu l'aspect d'une tour d'artillerie entouré d'une enceinte formant un pentagone irrégulier. L'entrée se faisait par une porte munie d'un pont-levis au-dessus d'un fossé. En 1793, au cours de leur retraite, les Anglais dévastèrent le château. Remis en état, le château était armé, en 1794, avec sept pièces de 18 et 12 livres installées sur la plateforme de la tour, de deux pièces en batterie basse, d'un obusier et d'une autre pièce installés dans le pan coupé en direction du port. Ces pièces étaient desservies par 15 hommes.

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La tour d'artillerie du fort Sainte-Agathe

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L'enceinte avancée

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Le mur avec les créneaux de fusillade de l'enceinte avancée

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Le bastion du saillant sud-est de l'enceinte avancée

Le programme de défense de 1810 envisagea une réorganisation du château conduisant, entre 1812 et 1814, à la reconstruction des bâtiments et la construction d'un magasin à poudre à l'épreuve et de la batterie du Lion à 250 m en contrebas. Une enceinte en terre en forme de losange irrégulier enveloppa le château et la batterie. Le parapet de la plateforme supérieure de la tour fut réfectionné entre 1821 et 1823. Entre 1829 et 1831 fut construite l'avancée visible actuellement devant la tour (la cour actuelle), en remplacement de celle détruite par les Anglais en 1793. La commission de défense des côtes proposa, en 1841, d'armer la batterie du Lion avec deux canons de 30 livres, d'un obusier de 220 et d'un mortier de 320 et d'y construire un corps de garde n° 3 pour le casernement de 20 hommes. Les travaux furent effectués en 1847 par la mise en place de l'armement et le rehaussement du parapet de l'enceinte, mais le corps de garde ne fut pas construit, le casernement étant effectué dans le fort Sainte-Agathe.

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La cour centrale

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La cour centrale

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La grande salle de la tour d'artillerie

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La plateforme de la tour d'artillerie

Le fort Sainte-Agathe et la batterie du Lion furent déclassés en 1875. Le fort conserva néanmoins quatre canons de 8 livres et la batterie deux canons de 30 livres jusqu'à la mise en service du fort de Repentance. Le fort fut classé Monument historique en 1927.

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La tour d'artillerie

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La galerie creusée dans le soubassement de la tour

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Vue sur la poterne nord

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L'accès à la tour depuis la cour centrale

La partie principale du fort est la tour d'artillerie cylindrique d'un diamètre extérieur de 20 m et d'une hauteur de 13 m. Cette tour est assise sur un massif rocheux dont les contours ont été escarpés pour prolonger la verticalité des murs. Cette tour se compose d'une grande salle, d'un diamètre interne de 12 m et haute de 6,20 m, voutée en coupole sphérique. Cette pièce servait de logement au personnel, de magasin et de batterie de défense rapprochée. Ces murs sont percés de cinq ouvertures (quatre embrasures et une porte) disposées à 72° l'une de l'autre. L'ouverture servant de porte est large de 1,20 m et comporte deux portes en bois successives. Au-dessus de cette salle se trouve la plateforme d'artillerie bordée du côté est, sur 3/5 e du périmètre, d'un parapet d'artillerie haut de 1,80 m et épais de 3,50 m découpés par cinq embrasures à canons. Le reste du périmètre est constitué d'un parapet bas d'une hauteur de 35 cm. Dans le soubassement de la tour fut creusée durant la 2e Guerre mondiale une galerie brute à vocation d'abri antiaérien. Du côté ouest de la tour se trouve une cour centrale fermée par les façades des bâtiments (un bâtiment à deux niveaux et trois bâtiments à simple rez-de-chaussée) formant le casernement. Sur le côté est est disposée l'enceinte avancée rectangulaire. Cette enceinte, entourée d'un mur en maçonnerie de 3 m de hauteur munis de créneaux de fusillade, est flanquée de trois petits bastions. Une porte bastionnée ouverte sur la face nord donnait accès à la batterie du Lion qui n'existe plus. De part et d'autre de l'entrée actuelle, sur la face sud de l'enceinte avancée, sont placés deux bâtiments dont celui de gauche héberge l'accueil du site. Entre cet accueil et le pied de la tour se trouve la poudrière, petit bâtiment vouté de 9 m sur 8,50 m, couvert d'un toit à deux pans en tuiles.

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La batterie de Lequin

La première batterie, armée de sept pièces d'artillerie, fut construite en 1794. Réorganisé en 1810, son armement de douze canons et de six mortiers ne fut cependant pas installé avant la chute de l'Empire. La commission mixte d'armement des côtes proposa, en 1841, une nouvelle organisation comprenant trois canons de 30 livres, trois obusiers de 220, deux mortiers de 320, un obusier de 12 livres et huit fusils de rempart, le tout desservit par quarante hommes et un gardien. En 1847 fut construit un corps de garde n° 2 avec le même armement. Les canons furent remplacés par des pièces à âmes rayées de même calibre en 1858. La batterie fut déclassée en 1875, mais conserva deux canons de 30 livres, trois obusiers de 220 et deux mortiers de 320, approvisionnés à raison de 150 coups par pièce, jusqu'à la mise en service du fort de Repentance en 1884.

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Batterie du Lequin
© Parc national de Port-Cros - Muriel Gasquy

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Façade d'entrée de la Batterie du Lequin
© Parc national de Port-Cros - Muriel Gasquy

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© IGN - Géoportail

La batterie, propriété du conservatoire du littoral, est classée Monument historique depuis 1989.

Le fort de l'Alycastre

Le fort de l'Alycastre ou selon la terminologie exacte la redoute de l'Alycastre est classé Monument historique depuis 1927 et appartient au conservatoire du littoral. Le premier fort fut construit ici sur ordre de Richelieu entre 1635 et 1640. Dans les archives apparait, en 1747, une demande de crédit pour y installer de nouveaux canons. Une demande de crédit pour la réparation de l'enceinte fut faite en 1756 et une autre pour la réfection de la porte, du toit du corps de garde, des enduits, etc. fut faite en 1774. On ne sait pas si ces demandes furent accordées. Après l'avoir occupé en 1793, les Anglais, lors de leur départ, dévastèrent le logement de la tour et renversèrent les parapets. Ayant récupéré le fort en 1794, les Français le déblayèrent et procédèrent à des réparations sommaires.

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Vue de la tour d'artillerie depuis l'entrée du fort

Lors de son inspection du 21 octobre 1798, le sous-directeur des fortifications de Toulon, Legier, constata la présence de deux canons de 12 livres sur la plateforme de la tour. Il estima qu'avec quelques réparations celle-ci pourrait loger 25 hommes. Le projet d'implanter des plateformes à canons aux angles nord-est et nord-ouest de l'enceinte ne vit pas le jour faute de crédit.

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L'entrée du fort

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L'intérieur du mur de fusillade de l'entrée

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L'échauguette de l'entrée

Entre 1811 et 1814, les parapets furent reconstruits en adaptant ceux des faces est, nord et ouest à l'artillerie. Le rez-de-chaussée et le premier niveau de la tour furent voutés en brique, la plateforme d'origine fut renforcée et transformée en deuxième niveau et une nouvelle plateforme à ciel ouvert fut rajouté. L'entrée et le pont-levis furent également reconstruits avec un petit ravelin extérieur. L'armement était alors constitué de deux canons de 36 livres, de trois canons de 24 livres et d'un canon de 18 livres desservis par six canonniers et vingt fantassins. Pour être efficace, il aurait cependant fallu un armement de deux canons de 36 livres, quatre canons de 24 livres, deux canons de 4 livres, deux obusiers de 6 pouces et deux mortiers de 12 pouces desservis par trente-six canonniers et cinquante fantassins. Le fort fut mis, comme les autres, en sommeil à la fin de l'Empire, en 1815. La commission mixte d'armement des côtes demanda, en 1846, le maintien en état du fort. Le fort fut déclassé en 1875, mais conserva un canon de 4 livres et deux mortiers de 220 jusqu'à la mise en service du fort de Repentance en 1884.

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Le ravelin d'entrée

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Le fossé sec coté est

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Le fort est constitué d'une tour à canons pyramidale de 15,60 m de côté et d'une hauteur de 12 m. Les murs ont une épaisseur à la base de 3,50 m et de 2,80 m au sommet. Depuis 1814, le rez-de-chaussée comprend une série de locaux voutée en brique servant de magasins et de citerne. Le premier niveau servait au casernement de la troupe. Le deuxième niveau, qui est l'ancienne plateforme à canons, est également vouté en brique et possède une cheminée et un four de boulangerie ainsi qu'un petit magasin à poudre. Le troisième niveau est la plateforme à canons et possède à l'angle sud-est une échauguette. L'accès à la tour se fait par la face nord. Cette tour est placée au centre d'une enceinte carrée possédant un redant sur chaque face. L'enceinte ne possède pas de fossé proprement dit sauf au niveau de la porte d'entrée située au sud-ouest. Sur la face sud, le mur d'enceinte est épais de 70 cm et possède des créneaux de fusillade. Sur la face nord (face au large) et sur la face est (face à la calanque), l'enceinte présente un épaulement d'artillerie à barbette avec un parapet épais de 3,80 m. L'entrée de l'enceinte se fait par un pont-levis sur le fossé du ravelin. Ce fossé est protégé par une guérite cylindrique implantée à son extrémité. Dans la partie est de l'enceinte se trouve un corps de garde constitué d'un bâtiment rectangulaire avec une cheminée et un toit en bâtière.

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© IGN - Géoportail

Le fort de Repentance

Ce fut en 1874 que la nouvelle commission de défense des Côtes proposa la construction d'un fort armée de huit canons de 190 pour battre la rade de Porquerolles et le sud de la rade d'Hyères. Entre 1881 et 1884 fut construit à la place d'un fort unique deux batteries, nommée batterie nord et batterie centre, chacune armée de quatre canons de 240, modèle 1876, sur affut à pivot central. Il s'agissait de batteries fermées avec un fossé flanqué par des petits bastions. Le projet et le chantier furent placés sous la responsabilité du capitaine Marinier. Le cout de cette construction fut de 428 600 francs or. La crise de l'obus torpille, en 1885, rendit ces deux batteries vulnérables. Une modernisation fut envisagée, mais le manque de crédits ne permit que le creusement de deux magasins à poudre sous roc et donc protégés contre les nouveaux projectiles. L'apparition d'un nouveau type de navire, les torpilleurs, mettant en danger les lourds cuirassés, conduisit, en 1900, à la mise en place d'une batterie annexe de six canons de 95, modèle 1888, à tir rapide. Un nouveau poste de direction de tir fut également ajouté sur le massif central de la batterie centre. L'armement fut prélevé pour servir sur le front à la fin de 1914. Il ne fut jamais remis en place et le fort sombra dans l'oubli.

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La caponnière double de la batterie du centre (© Wikipédia)

Classé Monument historique en 1985, le fort, appartenant au Parc National de Port-Cros, fut loué en 1995 à une communauté monastique orthodoxe qui y fit des travaux de restauration. La batterie centre fut rebaptisée monastère Sainte-Marie du Désert.

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Fort de la Repentance
© Parc national de Port-Cros - Lola Doux

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Fort de la Repentance rebaptisé Monastère Ste Marie l'Egyptienne restauré par le père Séraphin, orthodoxe
© Parc national de Port-Cros - Christel Gérardin

La batterie nord s'inscrit dans un rectangle de 65 m sur 15 m, entouré d'un fossé sur trois côtés, l'escarpement rocheux du côté est ayant été jugé suffisant pour empêcher les attaques. L'entrée, située sur le flanc sud, donne sur une longue cour desservant, sur sa gauche, trois plateformes de tir. Les plateformes sont orientées au nord-ouest. La quatrième plateforme est située au bout de la cour au sein du massif de tête. Les plateformes 2 et 3 sont séparées par une grosse traverse-abri où débouche le monte-charge en provenance du magasin sous roc. Trois abris de bombardement sont aménagés sous les traverses séparant les plateformes de tir. Le magasin sous roc est installé sous la cour. Son accès se fait par un chemin en tranchée sous le massif de tête donnant sur une galerie coudée desservant un magasin à poudre, un atelier de chargement et un corridor donnant sur le monte-charge.

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La batterie centre s'inscrit dans un rectangle de 120 m sur 90 m entouré d'un fossé large de 5 m et profond de 5 m. La contrescarpe et l'escarpe sont revêtues et cette dernière est surmontée d'un parapet d'infanterie. Le fossé est flanqué au saillant ouest par un petit bastion, au saillant nord par un demi-bastion et par une caponnière double sur le front de gorge. L'entrée, qui s'ouvre au milieu du front de gorge, se fait par un pont à une travée fixe et une travée levante. Elle donne sur un vestibule défendu par trois créneaux de fusillade d’où une porte à doubles vantaux s'ouvre sur le couloir rejoignant la cour centrale. Celle-ci sépare le massif central, contre le front de gorge, du rempart de batterie. Le rempart de batterie renferme les quatre plateformes de tir pour les canons de 240 orientées au nord-nord-ouest. Les plateformes sont séparées par trois traverses. Les deux traverses extérieures sont pleines et la traverse centrale, plus importante, abrite un abri dans lequel débouche le monte-charge.

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Le massif central abrite le casernement. Celui-ci est composé de six chambrées de 17,50 m de longueur sur 5,50 m de largeur répartie de chaque côté du couloir d'entrée. La partie avant de ces chambrées donne sur le front de gorge où le mur est percé de trois créneaux de fusillade surmontée, dans l'intrados de la voute, d'une large fenêtre. Ce casernement est entouré à l'arrière et sur les côtés d'un couloir de circulation. Sur le côté droit se trouvent deux chambres abritant le magasin aux vivres et la boulangerie. En dessous de ces chambres se trouve la citerne. Sur la gauche se trouve l'ancien magasin à poudre précédé d'un vestibule. Le magasin à poudre a une longueur de 15 m pour une largeur de 5,50 m. Le magasin sous roc se trouve à 5 m sous la cour centrale. Son accès se fait par une galerie descendante à angle droit partant du côté gauche de la cour par deux escaliers droits. Cette descente donne sur une galerie longue de 30 m desservant sur la droite un atelier de chargement et le magasin à poudre (4,50 m sur 6,50 m) et sur la gauche le monte-charge.

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© IGN - Géoportail

La batterie annexe possède deux fois trois emplacements pour canon de 95 TR, modèle 1888, réalisés en maçonnerie et en béton.

La batterie basse des Mèdes

Le premier projet pour cette batterie date de 1757. En 1794 furent construites l'escarpe, une guérite et l'enceinte arrière. Au centre fut érigé un épaulement pour deux mortiers de gros calibre. L'ensemble fut remanié en 1811 pour y installer cinq canons de 36 livres avant sa mise en sommeil à la fin de l'Empire, en 1815. La commission mixte d'armement des côtes proposa, en 1841, une nouvelle organisation comprenant cinq canons de 30 livres, cinq obusiers de 220, deux mortiers de 320 et une tour modèle n° 1 comme réduit. La proposition fut maintenue en 1847 par la commission. Le parapet fut donc réorganisé, l'épaulement central fut détruit et une caserne à l'épreuve fut construite à la place de la tour prévue. Les canons furent remplacés par des pièces à âmes rayées de même calibre en 1858 et trois traverses furent construites pour protéger les emplacements de tir (arasée actuellement). La batterie fut déclassée en 1875, mais conserva quatre canons de 30 livres et deux mortiers de 320 jusqu'à la mise en service du fort de Repentance en 1884. Entre la 1re Guerre mondiale et la 2e Guerre mondiale, la batterie servit de poste de surveillance des passes de la rade contre les sous-marins. Abandonnée après la 2e Guerre mondiale, la batterie fut classée Monument historique en 1989.

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Façade du casernement (© Wikipédia)

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Le casernement (© Wikipédia)

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Batterie basse des Mèdes
© Parc national de Port-Cros - Lison Guilbaud

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Batterie basse des Mèdes
© Parc national de Port-Cros - Lison Guilbaud

L'enceinte de la batterie est constituée d'une escarpe légèrement tenaillée orientée face à la rade et portant une crête d'artillerie. L'extrémité nord de l'escarpe comporte un retour en courbe orienté face à l'est permettant aux canons de prendre sous leur feu la grande passe de la rade. Le saillant nord est défendu par une échauguette. Du côté de la terre, l'enceinte défensive non terrassée est percée de créneaux de fusillade avec un petit bastion. L'entrée se trouve à côté de ce petit bastion et était précédée d'un pont et d'un fossé (comblé actuellement). Le casernement, situé le long de la paroi rocheuse, est un bâtiment long de 40 m et large de 9 m. Il est constitué d'un rez-de-chaussée et d'un sous-sol. Chaque niveau comporte quatre travées voutées de 7,80 m sur 6 m et deux locaux d'extrémité. Le rez-de-chaussée servait de logement avec, à l'extrémité sud-ouest, le magasin à poudre et, à l'extrémité nord-est, la cuisine. Le sous-sol, uniquement accessible par des escaliers extérieurs, comportait des magasins et une citerne. Un petit magasin à poudre (5 m sur 3,50 m), probablement creusé dans le roc entre 1860 et 1870, est disposé dans une traverse entre la caserne et le front de tête. L'entrée du magasin se fait dans le passage couvert de la traverse.

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© IGN - Géoportail

La batterie haute des Mèdes

La batterie haute des Mèdes est la plus récente des constructions militaires de l'ile. Elle est constituée de quatre positions de tir pour canon de 164, d'un poste de direction de tir, de magasins souterrains et de trois bâtiments de surface. Le projet date de 1927 où fut décidée de construire, sur un sol vierge, une batterie orientée à l'est pour défendre la grande passe d'accès à la rade d'Hyères. Il s'agissait d'une batterie secondaire, car une batterie principale était envisagée au sud de l'ile (elle ne vit jamais le jour). Les travaux, pour un cout de près de 7 millions de francs, furent réalisés entre 1930 et 1932. En 1939, la batterie fut mise en sommeil avant d'être réactivée le 10 juin 1940 lors de l'entrée en guerre de l'Italie. Lors de l'armistice, le 22 juin 1940, elle n'avait tiré aucun coup de feu. Elle sera totalement désarmée le 6 octobre 1940 et confiée au gardiennage de 6 marins. Durant les étés 1941 et 1942, elle accueillit des stages des élèves officiers de l'école de santé. Le 27 novembre 1942, les Allemands investirent Toulon provoquant le sabordage de la flotte française. Le lendemain, les Italiens investirent Porquerolles. Les marins sabordèrent alors les canons de la batterie au chalumeau. Après l'armistice signé entre les Italiens et les alliés, les Allemands occupèrent Porquerolles le 8 septembre 1943 et le 15 novembre 1943 ils évacuèrent la population civile de l'ile. Susceptible de gêner le débarquement allié en Provence, la batterie subit dans la nuit du 11 au 12 aout 1944 un bombardement aérien américain. Le 18 aout 1944, la batterie reçut dix obus de 340 du cuirassé français "Lorraine" et quinze obus de 152 du croiseur américain "Philadelphia". Le 22 aout 1944, les Allemands de Porquerolles capitulèrent. La batterie ne fut pas remise en service après la guerre et finit par être abandonnée.

La batterie est implantée sur une crête rocheuse à l'est de l'ile de Porquerolles où les quatre cuves à canon sont implantées, selon un axe nord-sud, à 80/90 m les unes des autres. Chaque cuve à un diamètre de 7,80 m et est enfouit à 2 m de profondeur. Les murs ont une épaisseur de 1 m et comprennent des armoires à munitions (12 coups pour les cuves 1, 2 et 3 et 24 coups pour la cuve 4). Au fond de la cuve est encastrée dans le béton la sellette métallique portant le canon. Il s'agit d'un canon de 164, modèle 1893-96, sur affut modèle 1923 provenant de l'ancien croiseur "Amiral Aube". Ces canons tiraient, à une cadence de 2 à 3 coups par minute, un obus de 50 à 55 kg avec une portée maximale de 18 000 m. De part et d'autre des cuves 1 et 2 étaient placées des magasins à munitions en béton (dalle d'une épaisseur de 1,50 m) d'une capacité de 120 coups. Au niveau de la cuve 3 était adossé un bloc bétonné constituant le puits du monte-charge du magasin souterrain. Ce puits dessert au niveau inférieur le magasin souterrain, au niveau intermédiaire la voie ferrée desservant les cuves 2 et 4 et au niveau supérieur la cuve 3. La cuve 4 ne possède pas de magasin, mais uniquement deux niches à munitions d'une capacité de 120 coups.

Le poste de direction de tir est implanté à 500 m au nord de la cuve 3. Partiellement encastré dans le rocher, il est constitué d'un niveau inférieur comportant le poste radio et le poste de calcul dans un local de 11 m sur 3 m et d'un niveau supérieur constituant l'observatoire. Celui-ci est un local rectangulaire de 3,78 m sur 3 m prolongé par un demi-cercle de 3 m de diamètre offrant trois créneaux d'observation permettant une vue à 300°. Les murs et la dalle entre les étages ont une épaisseur de 1,50 m. La toiture de l'observatoire est constituée d'un empilage de quatre plaques de blindage de 10 cm d'épaisseur séparées par 15 cm de béton. Il est complété par une tourelle pour un télémètre, implantée à l'arrière et au-dessus de l'observatoire. Un local pour TSF est implanté à 100 m du poste de direction de tir. Il s'agit d'un bâtiment carré de 3,24 m de côté en béton spécial.

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Le poste de direction de tir
Batterie Haute des Mèdes © Parc national de Port-Cros - Christel Gérardin

Le magasin souterrain implanté sous la cuve 3 comprend une galerie en "U" voutée en plein cintre de 2 m de largeur et de 2,50 m de hauteur desservant six locaux. Les deux branches du "U" sont séparées par une largeur de 22 m et la profondeur du "U" est de 32 m. Enterrée sous 7 m de rocher, la galerie est accessible de plain-pied depuis la route d'accès au site. Les deux entrées sont constituées d'un sas avec deux portes étanches complété par une porte extérieure. Au niveau de l'entrée sud se trouvent deux casemates servant, pour celle de droite, d'abri pour les deux groupes électrogènes de 7,5 kW et une citerne et, pour celle de gauche, d'abri pour le personnel. Les six locaux servaient de magasin à douille (10,40 m de longueur, 4,50 m de largeur et 3,25 m de hauteur) d'une capacité de 1200 douilles, de soute à obus d'une capacité de 720 coups, de soute à obus pour la cuve 3 (120 coups), de magasin à gargousses, d'atelier de chargement et de magasin aux artifices. En surface, le long de la route d'accès, se trouvaient deux bâtiments servant de logements aux officiers, de cuisine et de poste de garde. Un autre bâtiment de surface était engagé dans le versant de l'arrête supportant la batterie.

L'ensemble du site bénéficia d'un camouflage, notamment la tourelle du télémètre, réalisé par le peintre de la marine Pierre Gatier (1878-1944). Ce camouflage est constitué d'un treillis métallique ondulé recouvert par du mortier de teinte beige pour l'harmoniser avec la rocaille naturelle. En temps de guerre, la batterie devait être desservie par une centaine d'hommes sous le commandement de deux officiers.

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Batterie Haute des Mèdes
© Parc national de Port-Cros - Christel Gérardin

La batterie de Galéasson

La batterie de Galéasson fut construite en 1811 sur un terrain vierge. Elle était armée de trois canons, de deux obusiers et de quatre mortiers. Elle fut mise en sommeil en 1815. La commission mixte d'armement des côtes proposa en 1841 de la remettre en service en l'armant de trois canons de 30 livres, de trois obusiers de 220 et d'un mortier de 320. Le casernement serait assuré par une tour n° 2. Les travaux eurent lieu entre 1846 et 1850. Déclassée en 1875, elle conserva trois canons de 30 livres et un mortier de 320 jusqu’à la mise en service du fort de Repentance en 1884.

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Batterie du Galéasson
© Parc national de Port-Cros - Christel Gérardin

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Batterie du Galéasson
© Parc national de Port-Cros - Christel Gérardin

La batterie reprit du service en 1930 comme annexe à la batterie haute des Mèdes. Elle fut alors équipée de deux canons de 75 tirants des obus éclairants. Le réduit fut restauré, mais le parapet de la terrasse fut arasé et l'enduit fut refait et teinté en vert sombre. La route d'accès fut réaménagée pour permettre le passage de véhicules. Elle fut désaffectée en 1945. Elle est classée Monument historique depuis 1989.

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© IGN - Géoportail

Le fort du Grand Langoustier

Entre 1633 et 1640, Richelieu fit construire, sur le côté ouest de l'ile, une tour carrée sans enceinte extérieure. Cette enceinte fut rajoutée après 1640. Le site reçut en 1756 quatre plateformes pour des canons de gros calibre. Lors de leur occupation du fort, en 1793, les Anglais brulèrent toutes les menuiseries et les charpentes. Récupéré par la marine en 1794, le fort fut réparé et armé avec trois canons de 36 livres, trois canons de 12 livres et par deux obusiers de 6 pouces. En 1810, un couloir d'accès direct à l'étage inférieur de la tour qui servait de poudrière fut percé sur la face nord-ouest. L'armement était alors de deux canons de 36 livres et de deux canons de 12 livres desservis par 15 canonniers et 50 fantassins. À quelques dizaines de mètres du fort, au niveau de l'avancée sud-ouest, fut établie une batterie de deux canons de 36 livres et de deux canons de 12 livres. L'ensemble fut mis en sommeil en 1815 à la chute de l'Empire.

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© Wikipédia

La commission mixte d'armement des côtes proposa en 1841 de la remettre en service en l'armant de deux canons de 30 livres et de deux obusiers de 220. Le casernement serait assuré par un corps de garde modèle n° 3. En 1847, la commission proposa la construction d'une batterie neuve adossée au fort qui devint le réduit. Le 12 octobre 1852, un accident fut évité de justesse lorsque la foudre tomba sur la tour qui contenait 6500 kg de poudre. Le génie demanda alors des crédits pour l'installation de paratonnerre. En 1858, les canons furent remplacés par des modèles de même calibre à âmes rayés. Déclassé en 1875, le fort conserva deux canons de 4 pouces et la batterie deux canons de 30 livres jusqu’à la mise en service du fort de Repentance en 1884. Classé Monument historique en 1989, le fort est restauré depuis 1998 par le docteur Paul Vuillard. Le fort fut affecté au conservatoire du littoral en 2006 qui renouvela, en 2010, pour 30 ans, la convention avec le docteur Paul Vuillard pour la restauration du fort.

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Fort du Grand Langoustier après restauration
© Parc national de Port-Cros - Christel Gérardin

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Le Grand-Langoustier
© Parc national de Port-Cros - Christel Gérardin

La tour possède une base pyramidale de 15 m sur 16 m surmontés d'un tronc parallélépipédique. La hauteur de la tour est de 10 m. La tour possède deux niveaux surmontés d'une plateforme de 11 m sur 9 m. À l'origine, les deux niveaux, de forme carrée de 8,20 m de côté à l'intérieur, étaient séparés par un plancher en bois, remplacé au XVIIIe siècle par une double voute surbaissée en brique. Le niveau inférieur servait de magasin à poudre, de magasin aux vivres et de vestibule. Le niveau supérieur est une grande pièce où débouche sur le côté sud-ouest l'entrée d'origine. Cette pièce divisée par une cloison servait de logement au commandant et aux canonniers et de cuisine avec une cheminée et un four à pain. La plateforme supérieure avait, à l'origine, un parapet de 2 m de hauteur percé sur chaque face par trois créneaux de fusillade et deux créneaux pour canons. Le parapet est aujourd'hui totalement arasé.

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© IGN - Géoportail

L'enceinte extérieure est de forme carrée avec sur trois côtés un redan. L'enceinte est entourée par un fossé creusé dans le roc, sauf sur la face sud qui donne directement sur la falaise. L'enceinte est couronnée par un parapet épais de 70 cm percé de créneaux de fusillade. L'entrée se fait sur la face ouest par un escalier droit depuis le fossé. Cet escalier présente devant la porte un palier avec un pont-levis. La batterie extérieure est un simple épaulement en "U" polygonal accessible depuis le fossé du fort par une rampe.

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Fort du grand Langoustier après restauration, rempart sud
© Parc national de Port-Cros - Christel Gérardin

Le fort du Petit Langoustier

La construction du fort du Petit Langoustier sur un ilot rocheux détaché de la presqu'ile du Langoustier est attribuée à Richelieu. Il était armé, en 1810, par six canons de 36 livres, deux canons de 18 livres et un mortier de 12 pouces desservis par 10 canonniers et 30 fantassins. En 1841, le fort fut doté de trois canons de 30 livres et deux obusiers de 220 desservis par 25 hommes. Le fort fut déclassé en 1885 après la mise en service du fort de Repentance. Il fut classé Monument historique en 1989. En 2003, l'État et le Parc national de Port-Cros lancèrent un appel d'offres pour la restauration du fort. Le projet fut confié à Édith et Marc Frilet. La restauration débuta en 2019 après l'obtention de toutes les autorisations nécessaires. En 2021 fut créée à Porquerolles l'association "Les amis du Petit Langoustier – fort en mer" destinée à promouvoir la restauration du site.

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© Wikipédia

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© Wikipédia

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Fort du Petit-Langoustier
© Parc national de Port-Cros - GRAILLET C.

Le fort est constitué d'une tour à canons et de quelques bâtiments entourés d'une enceinte. La tour est un cylindre de 18 m de diamètre et d'une hauteur de 10 m. Elle est talutée sur 2/3 de sa hauteur et comporte trois niveaux. Le niveau inférieur est constitué d'une salle de 9,75 m de diamètre et haute de 6 m voutés en coupole avec au centre de la voute un oculus formant à l'origine le seul accès. Occupée en partie par une citerne supprimée au XIXe siècle, elle servait de logement. Deux galeries percées par la suite permettent aujourd'hui un accès de plain-pied. Le niveau intermédiaire est constitué d'une plateforme à ciel ouvert qui constituait la batterie primitive avec trois embrasures pour canons disposés à 90° les unes des autres. Le niveau supérieur est constitué du chemin de ronde avec un parapet bas. L'enceinte est un simple mur de 60 cm d'épaisseur épousant le contour irrégulier de l'ilot en enveloppant la tour. Ce mur est percé de créneaux de fusillade. Sur le front nord-ouest (la petite passe) fut aménagé un parapet d'artillerie avec un saillant aménagé récemment en abri pour un projecteur. L'entrée de l'enceinte se fait dans la face sud-est. Entre cette entrée et la tour se trouvent deux petits bâtiments servant de logement et de magasin. Une citerne fut accolée au revers du parapet nord de l'enceinte au XIXe siècle.

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© IGN - Géoportail

La batterie Bon Renaud

La batterie du Bon Renaud est issue d'un projet de 1796. Elle fut construite en 1810 pour être armée de douze canons et de six mortiers. Finalement en 1811 ne furent mis en place que six canons et trois mortiers. La commission mixte d'armement des côtes proposa en 1841 de la remplacer par un corps de garde n° 1 armé de trois canons de 30 livres, de deux obusiers de 220 et d'un mortier de 320. Les travaux effectués entre 1846 et 1849 aboutirent à un corps de garde n° 2 avec le même armement. Un gardien et une garnison de trente hommes dotés en plus de six fusils de rempart y furent affectés. Déclassée en 1875, elle conserva deux canons de 30 livres à âme rayée et un mortier de 320 jusqu’à la mise en service du fort de Repentance en 1884.

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Batterie du Bon Renaud
© Parc national de Port-Cros - Isabelle Masinski

La batterie, propriété du conservatoire du littoral, est classée Monument historique depuis 1989.

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© IGN - Géoportail

Pour approfondir le sujet, vous pouvez consulter le site du Service de l'Inventaire général du Patrimoine Culturel en Région SUD où des dossiers très complets et de nombreuses photographies sont à votre disposition.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2022 pour les photos faites par Axtafur.

Je remercie le Parc National de Port-Cros et ses collaborateurs pour l'aimable mise à disposition de leur photothéque.

 

Y ACCÉDER:

Seul le fort Sainte-Agathe est visitable (accès payant). Il se trouve au-dessus du village de Porquerolles. Les autres sites sont accessibles par les différents sentiers parcourant l'ile de Porquerolles. Seuls les abords extérieurs sont visibles.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 10 septembre 2022

Cette page a été mise à jour le 10 septembre 2022