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Le monument Nungesser et Coli

Il est de plus en plus certain que les Français Charles Nungesser et François Coli ont été les premiers aviateurs à traverser l'Atlantique Nord sans escale. Parti de Paris, le 8 mai 1927, à bord de leur avion "l'Oiseau blanc", ils n'arrivèrent cependant jamais à New York, leur destination. Le monument érigé à Etretat célèbre leur mémoire. Le premier monument, détruit en 1942 par l'armée allemande, fut remplacé en 1963 par la flèche actuelle, haute de 24 m.

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François Coli, né à Marseille le 5 février 1881, fut capitaine au long cours avant de devenir aviateur au cours de la 1re Guerre mondiale. Décoré de la Légion d'honneur, il battit, en 1919, le record de distance en ligne droite en reliant Paris à Kenitra au Maroc. Charles Nungesser, né à Paris le 15 mars 1892, était un des as de l'aviation française de la 1re Guerre mondiale avec 54 victoires aériennes. Après la guerre, il créa l'aérodrome d'Orly près de Paris.

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Charles Nungesser (© Wikipédia)

Le défi du vol transatlantique fut lancé le 19 mai 1919 lorsque l'homme d'affaires américain Raymond Orteig offrit 25000 dollars au premier aviateur qui effectuera le vol Paris – New York sans escale. Le vol devait avoir lieu dans les cinq années suivantes. Personne n'ayant relevé le défi, il le renouvela en 1924. François Coli fut le premier à s'inscrire en 1925 suivis par d'autres aviateurs dont l'as français René Fonck. En 1926, le Potez 25 de Coli fut détruit dans un accident qui laissa son copilote Paul Tarascon, un as avec 12 victoires, gravement blessé. Coli fut alors contacté par Nungesser qui avait besoin d'un navigateur expérimenté pour tenter le vol Paris – New York. Les deux hommes obtinrent le soutien du constructeur Levasseur et du motoriste Lorraine-Dietrich. Ensemble, ils élaborèrent un nouvel avion, le Levasseur PL8, dérivé de l'avion de reconnaissance Levasseur PL4 utilisé par l'Aéronavale française. Le biplan à trois places dont le fuselage permettait l'amerrissage fut modifié en remplaçant le cockpit biplace avant par trois réservoirs (4025 litres) et par l'élargissement du fuselage pour permettre à deux hommes de s'assoir côte à côte. L'avion avait une envergure de 14,60 m, une longueur de 9,70 m et une hauteur de 3,90 m. La surface alaire était de 61,50 m2, le poids à vide était de 1905 kg et le poids total de 4963 kg. Il était construit en bois et son moteur Lorraine-Dietrich, 12 cylindres en W de 450 ch, lui permettait une vitesse au sol de 200 km/h. Il fut baptisé "l'Oiseau blanc" par Nungesser en souvenir d'un chef indien du Wyoming rencontré en 1925. L'avion fut délesté de tout poids inutile. Il n'y avait pas de radio, pas de canot de sauvetage, pas d'instruments de vol sans visibilité et le train d'atterrissage était largable après le décollage. Nungesser et Coli avaient prévu d'amerrir sur l'Hudson à l'arrivée.

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L'oiseau blanc (© Wikipédia)

Le plan de vol prévoyait le survol de Paris, de la manche, du sud-ouest de l'Angleterre, de l'Irlande, de l'océan Atlantique Nord, de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Écosse puis de la côte est des États-Unis. Le 7 mai 1927, la météo se montrant favorable sur l'ensemble du trajet sauf une dépression orageuse près de Terre-Neuve, Nungesser et Coli décidèrent de s'élancer le lendemain matin. Pour faciliter le décollage, ils n'embarquèrent que 3800 litres de carburant. Le décollage se fit le 8 mai 1927 à 5 h 18 depuis l'aérodrome du Bourget à Paris. Il fallut 900 m de piste pour arracher les 4864 kg de l'avion du sol. Le train d'atterrissage fut ensuite largué au-dessus de Gonesse. À 6 h 48, l'avion quitta la France à Etretat en volant entre 200 et 300 m d'altitude à une vitesse estimée à 130 à 150 km/h. À 7 h 45, le commandant du sous-marin britannique H50 signala un avion blanc à 20 milles nautiques au sud-ouest de l'ile de Wight. L'avion fut identifié par un habitant de Dungarvan (Irlande) à 10 h 10 puis, à 11 h 28, par un prêtre de Carrigaholt (Irlande). Au cours de l'après-midi du 9 mai 1927, une foule commença à se presser à Battery Park en face de la statue de la Liberté. La rumeur signala l'avion à Terre-Neuve puis à Long Island. L'aéroclub de France à Paris annonça le succès du vol à 23 h, mais durant la nuit un télégramme en provenance des États-Unis démentit l'arrivée de Nungesser et Coli. Les 3800 litres de carburants permettant une autonomie de 40 h de vol, les autorités considérèrent l'avion comme disparu après ce délai.

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Les recherches débutèrent le 10 mai 1927. Des navires et des avions sillonnèrent la Manche, mais suite aux témoignages en provenance d'Angleterre et d'Irlande, les recherches dans la Manche furent abandonnées. Des témoignages rapportant la présence d'un avion blanc dans le ciel d'Harbour-Grace à Terre-Neuve, le matin du 9 mai 1927, les marines américaines et canadiennes effectuèrent des recherches dans le golfe du Saint-Laurent et autour de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse. Les recherches furent officiellement abandonnées le 9 juin 1927. Seul l'aviateur australien Sidney Cotton les poursuivit jusque fin juillet avec son hydravion. Entre le 12 et le 28 juin 1927 des signaux lumineux interprétés comme étant des fusées de détresse furent aperçus dans la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean au Québec. Le trappeur Georges Rousseau affirma également avoir entendu un avion survoler son campement près de la rivière Péribonka le 9 mai 1927, mais toutes les recherches entreprises se relevèrent vaines. Il fut officiellement admis que l'Oiseau blanc fut pris dans un orage et s'était abimé en mer.

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En 1980, à la suite de la publication dans la presse de différents témoignages inédits parlant d'un crash de l'Oiseau blanc dans la Manche, le ministre Roland Nungesser, neveu de Charles Nungesser, demanda une enquête au ministère des Transports. L'enquête fut confiée à Clément Pascal Meunier. Son rapport conclut que Nungesser et Coli ont bien atteint l'Atlantique et qu'ils ont bénéficié d'un vent favorable jusqu'à la longitude de 40 ° ouest. Le rapport indique que selon le service de météorologie américain une dépression était établie au large de Terre-Neuve soit droit sur la route de Nungesser et Coli. Ceux-ci auraient donc dérouté l'avion vers le nord pour la contourner. Selon le plan de vol, Nungesser et Coli devaient aborder le continent américain vers 6 h du matin (heure de Paris) au niveau de Belle-Isle entre Terre-Neuve et le Canada. Des témoignages faisant état du passage d'un avion blanc à Harbourg-Grace, à 500 km au sud-est de Belle-Isle, à 14 h 30 (heure de Paris), Nungesser et Coli auraient eu 8 h de retard sur le plan de vol et New York devenait alors hors de portée. Le rapport estime donc, mais sans certitude que Nungesser et Coli sont passés au-dessus de Terre-Neuve.

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En juin 1980, le journaliste Gunnar Hansen publia un article dans le Yankee Magazine en s'appuyant sur le témoignage du pêcheur Anson Berry qui affirmait avoir entendu un avion en difficulté survoler son campement de Round Lake dans le Maine en fin d'après-midi du 9 mai 1927, puis d'avoir entendu un crash. Si l'on admet le passage de Nungesser et Coli à Terre-Neuve dans la matinée alors l'Oiseau blanc aurait épuisé son carburant à ce moment et dans ce rayon d'action. En 1984, l'association TIGHAR et l'association NUMA de l'écrivain Clive Cussler entreprirent des recherches dans le secteur. Ils recensèrent une vingtaine de témoignages de personnes ayant vu ou entendu un avion entre la frontière canadienne et Round Lake le 9 mai 1927. Raymond Bech dit même avoir vu en 1951 près de Round Lake un moteur d'avion. Les recherches effectuées entre 1984 et 1992 par 200 volontaires soutenus par la NASA et USAF (US air Force) dans les collines autour de Round Lake furent vaines. En 1987, un habitant de la région apporta à TIGHAR un étui à cigarettes décoré avec des cigognes, l'emblème populaire des pilotes français durant la 1re Guerre mondiale qu'il avait découvert à la fin des années 1920 près de Round Lake.

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Fraançois Coli

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Charles Nungesser

En 1990, Charles Garreau dans son livre " Nungesser et Coli, premiers vainqueurs de l'Atlantique" formula trois hypothèses. Nungesser et Coli se sont écrasés près de la baie de Trinity à Terre-Neuve, Nungesser et Coli se sont écrasés dans la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean au Québec ou Nungesser et Coli se sont écrasés dans le nord du Maine aux États-Unis. Le témoignage d'un pêcheur de Saint-Pierre qui aurait à l'époque entendu le crash dans la mer d'un objet lourd relança en 2009 une nouvelle campagne de recherche au large de Saint-Pierre et Miquelon. Les recherches au sonar par le navire de recherche "Fulmar" entre le 20 mai et le 10 juin 2009 puis entre le 26 mai et le 15 juin 2010 ne donnèrent aucun résultat. Une nouvelle hypothèse émergea alors. Nungesser et Coli auraient été abattus par des bootleggers, trafiquants d'alcool durant la prohibition américaine, ou par les garde-côtes américains. Saint-Pierre et Miquelon était à l'époque une des plaques tournantes du trafic d'alcool. Le témoignage d'un matelot de la goélette l'Armistice partie en 1927 de Grandville chargé d'alcool va également dans ce sens. En octobre 2010, Bernard Decré découvrit aux National Archives US un télégramme des Coast Guard signalant, le 17 aout 1927, la découverte de deux ailes blanches "pouvant provenir des aviateurs français". Nungesser et Coli ont donc bien réussi la traversée de l'Atlantique Nord.

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Vue aérienne du monument (© IGN)

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2018.

 

Y ACCÉDER:

Le monument Nungesser et Coli est situé au-dessus de la falaise d'Amont à Etretat derrière la chapelle Notre-Dame de la Garde.

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La Chapelle Notre-Dame de la Garde près du monument



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Cette page a été mise en ligne le 12 octobre 2018

Cette page a été mise à jour le 12 octobre 2018