Le charnier de Brisgaret

Le charnier de Brisgaret, également dénommé aitre de Brisgaret, est une galerie ossuaire dans laquelle furent conservés les ossements des défunts après leur décharnement dans une fosse commune. Le terme aitre désigne un cimetière attenant à un lieu de culte chrétien. L'aitre de Brisgaret, expression populaire signifiant "brise jarrets", est un des trois exemplaires encore conservés en France. Les autres étant l'aitre Saint-Maclou à Rouen et l'aitre de Montfort l'Amaury dans les Yvelines.

Le monastère de Montivilliers fut fondé en 684 par Saint-Philibert. La cité devint florissante au XII^e siècle pour atteindre 4000 habitants au XVI^e siècle. C'était à l'époque une très grande ville. En 1035, Robert le Magnifique, duc de Normandie, attribua à l'abbaye de Montivilliers le contrôle des cimetières, mais la construction, l'entretien et le fonctionnement restèrent à la charge des paroissiens. Les épidémies de peste qui sévirent dans la région entre 1436 et 1450 conduisirent à la création d'un nouveau cimetière sur les hauteurs de la ville. Le site de Brisgaret apparu officiellement en 1477 dans une plainte auprès du parlement de Normandie.

À la fin du XV^e siècle et au cours du XVI^e siècle, il était coutumier d'entourer le charnier, ou cimetière, d'un cloitre servant à entreposer les ossements dans l'ossuaire situé sous la charpente. Un document d'un procès entre les trésoriers de Saint-Sauveur et l'abbaye de Montivilliers en 1540 énumère les travaux financés par la paroisse, dont le mur de clôture du cimetière, et adossées à ce mur plusieurs galeries et oratoires. La construction de la galerie du Brisgaret fut réalisée entre 1503 et 1510. Une deuxième phase de construction eut lieu entre 1525 et 1530 et entre 1548 et 1602 furent réalisé des travaux d'agrandissement du déambulatoire et la restauration de la chapelle. Entre 1530 et 1540 fut réalisée la fresque ornant le mur de la galerie. Dans la première partie de cette fresque est représenté le triomphe de la mort où celle-ci (un squelette) est assise sur un char tiré par un bœuf et tenant à la main un dard menaçant. Escorté par deux cavaliers, le char écrase toute vie. Dans la deuxième partie est montrée la résurrection des morts, le Christ y délivre son message aux fidèles.

Durant les guerres de religion, en 1562, l'endroit fut vandalisé par les protestants. Dans un document de la confrérie du Saint-Sauveur sont relatés les noms des saints et saintes dont les images ont été brisées. Y figurent également la croix gothique et la chapelle. Celle-ci fut reconstruite en 1602. Elle reçut alors le retable de la résurrection de Lazare réalisé par Pierre Larbitre. Au XIX^e siècle, l'aitre de Brisgaret attira les curieux qui relatèrent par écrit leurs visites comme le havrais Amandus Roessler dont le manuscrit est conservé à la bibliothèque du Havre. Le maire de Montivilliers, Médéric Deschamps, obtint, en 1886, le classement du site aux Monuments historiques. Des travaux de restauration eurent ensuite lieu en 1890. Une campagne complète de restauration de la galerie, de la chapelle, de la croix gothique et des décors muraux fut réalisée entre 2012 et 2014.

L'aitre de Brisgaret comprend une galerie ossuaire, ornée d'une fresque macabre et de sculptures, une croix gothique et une chapelle dédiée à Saint-Lazare. La croix gothique de 6 m de hauteur fut érigée au XVI^e siècle à l'emplacement de l'ancienne fosse commune. Elle est ornée avec les imposantes statues de Saint-Joseph, de Saint-Jean l'Apôtre, de Sainte-Anne et de la Vierge Marie portant l'Enfant Jésus. La galerie de 36 m de longueur prend appui, côté extérieur, sur le mur de clôture du cimetière et du côté intérieur, sur 16 piliers de bois sculptés. La charpente à chevrons en chêne s'apparente à celle de la nef de l'église abbatiale de la ville. La charpente possède des lucarnes qui permettaient la dépose des ossements. L'absence de fermeture crée une ventilation naturelle permettant un dessèchement rapide des ossements. Au XVI^e siècle, plusieurs galeries entouraient le cimetière. Pour des raisons non connues, il n'en subsiste qu'une seule. Ces galeries servaient à protéger les fidèles venus prier leurs défunts des intempéries. Elles étaient également un lieu de convivialités. Les fidèles y venaient pour jouer, écouter les prédicateurs, regarder les amuseurs publics et faire des affaires avec les camelots qui y tenaient boutique. De nombreux graffitis figurant sur les murs témoignent de cette vie animée des anciens cimetières.

L'accès au cimetière de Brisgaret est fléché depuis le centre-ville de Montivilliers. Le stationnement à proximité est cependant mal aisé.

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