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Les roches de Solutré
et de Vergisson

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La roche de Solutré

Haut lieu de la préhistoire et site géologique remarquable, les escarpements calcaires de Solutré et de Vergisson sont classés grand site de France depuis 1980. En plus des richesses géologiques et préhistoriques, ces roches abritent une flore remarquable. Les pelouses calcaires qui les recouvrent sont le fruit de centaines d'années de déboisement et de pratique pastorales. Les flancs de ces roches sont recouverts d'un vignoble d'exception. Les Pouilly-Fuissé, Saint-Véran et les Mâcons-villages sont mondialement connus. Les roches de Solutré et de Vergisson sont les plus spectaculaires, mais au nord, il y a également le Monsard et le mont de Leynes et au sud le mont de Pouilly qui sont de configuration identique.

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La formation de ce paysage débuta au carbonifère entre 360 et 300 millions d'années (MA) dont les sédiments et le plissement hercynien forment le socle des Monts du Mâconnais. Au cours du jurassique, la région était une mer peu profonde et chaude où des millions de coquillage, de mollusques et de crinoïdes formèrent les couches sédimentaires. Au jurassique moyen (175 à 156 MA) se forma le calcaire à polypiers (coraux), très résistants à l'érosion. Lors du jurassique supérieur (156 à 145 MA) se déposa une couche de calcaire plus tendre que recouvrit au crétacé (145 à 65 MA) une couche crayeuse très fine. Au cours du miocène (24 à 5 MA), la région subit le contrecoup de la surrection des Alpes. Le terrain se fractura selon un axe nord-nord-est/sud-sud-ouest. Le bassin de la Saône s'effondra donnant naissance à la plaine de la Bresse, alors qu'un plateau s'éleva à l'ouest en basculant vers l'est. Les couches sédimentaires du crétacé furent lessivées et disparurent. Lors des glaciations de Mindel (900 000 à 700 000 ans), de Riss (700 000 à 120 000 ans) et du Würm (80 000 à 11 000 ans), les versants ouest furent érodés par le gel qui fit éclater les roches. Les matériaux s'accumulèrent au pied des falaises, car les cours d'eau n'étaient pas assez puissants pour les évacuer vers la Saône. Les falaises visibles des roches de Solutré et de Vergisson sont les calcaires du jurassique moyen.

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En 1866, Adrien Arcelin découvrit au cours de ses promenades sur un lieu connu de longue date pour ses ossements fossiles, des silex taillés. Avec le géologue Henry Testot-Ferry, il entreprit des fouilles au pied de la roche de Solutré au lieu-dit Cros du Charnier. L'endroit était déjà exploité par les viticulteurs qui y extrayaient les ossements fossiles riches en phosphates pour amender leurs vignes. Très rapidement furent mis à jour des foyers, des tombes en dalles brutes, de nombreux outils en silex (pointes de flèches, grattoirs, bifaces en forme de feuille de laurier, etc.) et des milliers d'ossements de rennes, de chevaux, d'éléphants, de rhinocéros, de loups et de lions des cavernes. Ils datèrent ces éléments de l'âge du renne, appellation de l'époque pour la préhistoire. Des sondages furent réalisés pour déterminer l'ampleur du gisement.

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Silex taillé en feuille de laurier

En 1868, Adrien Arcelin et Henry Testot-Ferry formulèrent l'hypothèse d'une station de chasse préhistorique et présentèrent leurs travaux dans différents congrès. Ils avaient mis à jour un des plus grands sites préhistoriques en Europe. Gabriel de Mortillet, célèbre préhistorien français, décida, en 1872, de nommer les différentes périodes de la préhistoire d'après le nom des sites de fouilles. Ainsi naquit le solutréen. Cette culture est caractérisée par ses silex taillés en forme de feuille de laurier. Cette technique de taille procède par des enlèvements parallèles, très minces et réguliers du silex. À son apogée se trouvent les silex taillés en forme de feuille de saule très fine, véritable exploit de la taille du silex. Cette culture vit également l'apparition du propulseur de sagaie et de l'aiguille à chas, progrès technique considérable. Actuellement, le solutréen est daté entre 20 000 et 16 000 av. J.-C..

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Amas d'ossement exposé au musée de Solutré

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Squelette de cheval exposé au musée de Solutré

Entre 1874 et 1877, Adrien Arcelin et l'abbé Ducrost (curé de Solutré) poursuivirent les fouilles sur le site. Ils furent rejoints, en 1907, par l'abbé Breuil qui vint réaliser une coupe stratigraphique du site. Il reconnut sept niveaux régulièrement superposés couvrant l'Aurignacien (38 000 à 26 000 av. J.-C.), le Gravettien (30 000 à 20 000 av. J.-C.), le Solutréen (20 000 à 16 000 av. J.-C.) et le Magdalénien (17 000 à 9000 av. J.-C.). Grâce à cette fouille, l'abbé Breuil put prouver l'antériorité du Solutréen sur l'Aurignacien. Les fouilles réalisées entre 1920 et 1925 par la faculté des sciences de Lyon mirent à jour des sépultures dans le niveau supérieur du Crot du Charnier. Entre 1866 et 1925, 70 squelettes furent mis à jour. Considérés comme préhistoriques, les derniers travaux ont prouvé qu'ils s'agissaient en réalité de tombes mérovingiennes ou burgondes. Les dernières fouilles ont été réalisées entre 1968 et 1978 par Jean Combier du CNRS. Elles confirmèrent la stratigraphie établie par l'abbé Breuil.

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Zone de fouille exposée dans le parc du musée

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Le lieu de découverte su site dans la parc du musée

La plus ancienne occupation du site fut datée du moustérien, il y a 55 000 ans, où l'homme de Néandertal chassa le rhinocéros laineux, le cheval, le renne et le bison. Dans les petites cavités existant au pied de la roche de Vergisson furent découverts des campements temporaires et des restes humains néandertaliens. L'homo sapiens prit ensuite le relais. Durant 25 000 ans, jusqu'à la fin de la période glaciaire de Würm il y a 12 500 ans, ils s'installèrent, au printemps et à l'automne, sur le passage migratoire des troupeaux. À la fonte des neiges, les troupeaux de chevaux, de rennes et de bisons quittaient les vallées, transformées en terrain marécageux, pour gagner les pâturages en altitude. À Solutré, les troupeaux longeaient la falaise où les gros blocs de rochers constituaient des lieux favorables aux embuscades pour les chasseurs. Le mythe voulant que les chasseurs rabattissent les troupeaux vers le haut de la roche pour ensuite les pousser dans le vide est dû à Adrien Arcelin qui l'imagina dans son roman "Les chasseurs de rennes à Solutré", paru en 1872. L'archéologie moderne a démontré que le site archéologique est situé trop loin de la falaise et qu'aucun os ne présente des fractures attribuables à une chute, pour rendre crédible cette idée.

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La roche de Vergisson

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La roche de Vergisson

Le site de Solutré a été utilisé par les hommes des quatre principales cultures préhistoriques comme lieu de chasse et d'abattage. Ils y ont dépecé et boucané sur le feu des milliers de chevaux et de rennes, formant quatre épaisses couches d'ossements. La couche la plus importante a une superficie de plus d'un hectare et une épaisseur moyenne d'un mètre.

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Le roche de Vergisson

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La roche de Solutré

Cette période très faste laissa ensuite la place à une période très calme. L'homme ne revint sur place qu'au 1er siècle av. J.-C. où une occupation celte est attestée. Deux villas gallo-romaines se partageaient les lieux. La Villa Solustriaca occupait l'emplacement du village actuel de Solutré-Pouilly (c'est elle qui lui donna son nom). L'autre villa était située entre la roche de Solutré et l'actuel village de Vergisson. Une voie romaine reliait les deux villas. À cette période débuta la plantation du vignoble. Entre 923 et 936, le roi Raoul (?) fit construire un château à l'extrémité de la roche de Solutré. En 1330, Jean de Braine vendit le comté de Mâcon au roi de France. Les hostilités entre les Armagnacs et les Bourbons menacèrent, à l'époque, plusieurs fois le château. Pour que ses ennemis ne puissent utiliser ce château pour menacer le Mâconnais, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, le fit détruire en 1435. Il n'en reste que quelques éléments de murs et les deux fossés de ceinture qui avaient été creusés dans le roc. Ce château était plus important par sa position stratégique que par sa puissance. Le Moyen-âge vit également l'avènement des domaines viticoles, propriété des monastères comme celui de Cluny.

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Ces photographies ont été réalisées en octobre 2017.

 

Y ACCÉDER:

L'accès à la roche de Solutré est fléché depuis Mâcon. Deux parkings pour les véhicules et les camping-cars sont aménagés le long de la route, après le village de Solutré-Pouilly.

Pour aller à Vergisson, prendre, après le 2e parking, la route partant à droite. L'accès à la roche de Solutré et à la roche de Vergisson est gratuit. Le musée du site de Solutré est payant.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 23 janvier 2018

Cette page a été mise à jour le 23 janvier 2018