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L'alignement du Champ de la Justice

En 1872, V. Arnon et V. Berthier découvrent dans les labours au nord du village de St-Pantaléon de nombreux silex taillés qu'ils datent du néolithique moyen. Leurs prospections mettent en évidence une grande station préhistorique couvrant plusieurs hectares. Ils y récoltent des dizaines de milliers de racloirs, grattoirs, perçoirs, haches polies et de pointes de flèches. Ces vestiges ont été dispersés dans des collections privées ou prennent la poussière dans les greniers et les caves des musées d'Autun.

menhir 24
Le menhir n° 24

En 1882, Jean Rigollot, pharmacien à la retraite, explore le "champ de la justice", au nord de la station préhistorique, à la recherche de fossiles. Son attention fut attirée par des blocs en granit affleurant dans le sol. Le granit étant étranger au site, ces blocs proviennent probablement d'un gisement situé près du village de Couhard à 6 km au sud. Reconnaissant dans ces blocs des menhirs, il demande et obtient une subvention de 300 francs auprès du Conseil général de Saône-et-Loire. Pensant que le site était une propriété communale, il fit redresser les monolithes.

menhir 25
Le menhir n° 25

menhir 25
Une autre vue de ce menhir (le plus grand du site)

Ainsi apparut un ensemble de 25 menhirs dressé dans un rectangle de 200 m de longueur et large de 20 m. Ce rectangle est orienté sud-ouest/nord-est. Un deuxième groupe de 5 menhirs est situé à quelques dizaines de mètres au nord. Les blocs, dont la hauteur au-dessus du sol varie de 1 à 2,50 m, ont été redressés directement sur le lieu de leur découverte sans forcement rechercher la fosse de calage initiale.

menhirs 23, 24 et 25
Les menhirs n° 23, 24 et 25

Après les travaux, Ernest Chantre dressa un plan qui fut repris en 1907 par Adrien de Mortillet. Sur ce plan n'apparait cependant aucun alignement particulier. Les menhirs sont plutôt disséminés au hasard. Le redressement des pierres ne fut cependant pas du gout du propriétaire du terrain qui intenta un procès. Des tractations furent alors engagées en vue du rachat du terrain. Mais le montant exorbitant exigé et l'intransigeance du propriétaire firent échouer le projet. La justice finit par condamner en 1885 Jean Rigollot à reenfouir les menhirs et à indemniser le propriétaire.

plan

Les menhirs disparaissaient donc à nouveau dans le sol. Sauf six d'entre eux. Ce sont les menhirs numérotés 25 à 30 sur le plan d'Ernest Chantre. Ces menhirs n'ont visiblement pas été redressés par Jean Rigollot. Ils étaient toujours dressés depuis la préhistoire, enfouis dans les haies délimitant les parcelles tout comme aujourd'hui. Le feuillage de ces haies les cache d'ailleurs parfaitement à la vue, sauf le plus grand. Ce qui explique qu'ils sont passés totalement inaperçus jusqu'aux travaux de Jean Rigollot. Le menhir n° 30 a disparu durant les années 1990 de son emplacement d'origine pour venir orner une pelouse des environs.

menhir 26
Le menhir n° 26

menhir 27
Le menhir n° 27

Le site fut officiellement reconnu par la communauté scientifique lors du 3e congrès préhistorique de France en 1907 lors d'une visite sur les lieux par les congressistes qui s'étaient réunis à Autun. Depuis aucune recherche ou fouille n'a eu lieu sur le site. Il n'y a que Louis Lagrost qui effectua durant les années 1990 des sondages pour vérifier l'exactitude du plan établi en 1882. Il localisa à l'aide de tiges métalliques 18 pierres aux emplacements indiqués.

menhir 27
Le menhir n° 27

menhir 28
Le menhir n° 28

Cinq cents mètres au sud de l'alignement du "champ de la justice" a été détecté un alignement de 8 tertres allongés et de 2 tertres circulaires. Ces tertres se suivent sur un axe orienté nord-est/sud-ouest. Ils ont entre 50 et 60 m de longueur, 30 à 40 m de largeur et ont une hauteur comprise entre 2 et 5 m. Ils sont espacés par des intervalles de 10 à 50 m. Des fouilles, effectuées en 1907, mirent à jour des dépôts de cendres contenant des débris de poteries, des silex taillés et des ossements de provenance indéterminés. Ces résultats en firent des tumulis néolithiques en rapport avec la station préhistorique du "champ de la justice". Une partie de la zone de ces levées de terre a fait l'objet, en 2006, d'un relevé microtopographique. Ce relevé a fait apparaître que chaque levée est associée à une dépression. Une nouvelle hypothèse sur l'origine de ces levées de terre a depuis été publiée (revue archéologique de l'est, tome 58 – 2009). À cet endroit, la veine de schiste bitumineux exploité de 1838 au début du XXe siècle dans le bassin d'Autun (les terrils du Télots en sont les vestiges) affleure. Ces levées de terre pourraient selon les auteurs de cette étude (Sébastien Francisco et Yannick Labaune) être les vestiges d'une exploitation minière remontant à l'antiquité. Cette hypothèse ne pourra cependant être confirmée que par une fouille archéologique (non prévu à ce jour).

menhir 23
Le menhir n° 23

Ces photographies ont été réalisées en décembre 2011.

D'autres informations et théories sur les mégalithes sont consultable sur la page "Les mégalithes".

 

Y ACCÉDER:

À Autun, prendre la direction d'Arnay-le-Duc. Après St-Pantaléon, au niveau des terrils des Télots, prendre à droite et passez la voie ferrée. Prendre immédiatement à gauche le chemin de la justice. Après un virage à droite et un à gauche, arrêtez-vous au portail donnant sur la pâture à gauche. Les menhirs sont dans la haie à côté de l'orme.

Coordonnées GPS
46 N 59' 24"
04 E 19' 01"
Altitude 302 m

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 14 janvier 2012

Cette page a été mise à jour le 23 février 2015