Le chemin de la Mâture

Le chemin de la mâture fut aménagé au cours du XVIII^e siècle pour transporter les arbres des forêts pyrénéennes vers les arsenaux de la marine. Les grands sapins servaient de mâts pour les voiliers, les hêtres servaient à confectionner les avirons et des poutres et les buis étaient transformés en essieux et poulies.

En 1660, Louis XIV et son ministre Colbert décidèrent de doter la France d'une grande marine de guerre afin de contrer la puissance maritime anglaise. Les guerres, nombreuses, avec la Hollande et l'Angleterre rendirent l'approvisionnement en bois des arsenaux de la marine en provenance des forêts du nord de la France difficile. En 1670, Colbert se tourna vers les forêts des Pyrénées. Le port de Bayonne et le transport par voie fluviale privilégièrent les forêts de la vallée d'Aspe. En 1677 débuta l'exploitation de la forêt de Lhers qui dura jusqu'en 1720. En 1761, Choiseul, ministre de Louis XV, confia à l'ingénieur Gleizes l'exploitation de la forêt d'Issaux (exploitée de 1761 à 1780) à l'ouest d'Athas afin de fournir des sapins de plus de 30 m de longueur. L'ingénieur Paul Marie Leroy reprit l'exploitation dans les forêts d'Issaux et du Benou. Il se tourna ensuite vers la forêt du Pacq entre Etsaut et Urdos.

L'exploitation de la forêt du Pacq nécessita cependant l'aménagement du chemin pour amener les troncs vers le Gave d'Aspe. Ces chemins exclusivement réservés au transport de la mâture, ne furent pas du gout des béarnais. L'intendant Antoine Megret d'Etigny dû faire preuve de beaucoup de persuasion pour vanter les avantages financiers de l'exploitation des forêts par la marine. La promesse de revenu non négligeable eut finalement raison des réticences. Pour l'exploitation de la forêt du Pacq, l'ingénieur Paul Marie Leroy choisit d'aménager le chemin de la mâture le long du ruisseau de la Secoue qui emprunte les Gorges d'enfer avant de se jeter dans le Gave d'Aspe.

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Le chemin dans la paroi rocheuse

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La partie la plus remarquable du chemin de la mâture emprunte la falaise de 400 m de hauteur qui surplombe le ruisseau de la Secoue à sa confluence avec le Gave d'Aspe. La construction du chemin débuta en 1771 et dura jusqu'en 1773. La traversée de la falaise se fit à mi-hauteur (200 m au-dessus du ruisseau) par le creusement d'une tranchée large de 4 m et haute de 4 m. La tranchée fait 900 m de longueur et présente une pente de 11%. Elle fut creusée par les deux extrémités par des hommes accrochés par des cordes à la falaise. À l'aide de barres à mines et de fleurets (longue mèche métallique), ils foraient des trous qu'ils remplissaient ensuite avec de la poudre noire. Ces hommes étaient guidés par des ingénieurs qui se trouvaient sur le versant opposé des Gorges d'enfer. Le long du chemin, des murs en pierre sèche et des troncs boulonnés à la paroi rocheuse assuraient une largeur constante.

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Le chemin de la Mâture

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La paroi rocheuse

L'exploitation de la forêt du Pacq débuta en 1774 et dura jusqu'en 1780. Plus de 3000 ouvriers y ont travaillé. C'étaient des gens du pays et des Basques qui vivaient sur place dans des cabanes. Ils se nourrissaient principalement de galettes cuites sur place à partir du ravitaillement hebdomadaire. Ils étaient répartis en équipe de 25 bucherons commandés par un officier de marine.

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Le chemin après la paroi rocheuse

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Une fois abattu, le tronc de 30 m de long était chargé sur un chariot nommé trinqueballe. Celui-ci était tiré par une paire de bœufs et freiné, à l'arrière, par sept ou huit paires de bœufs. Une fois atteint le Gave d'Aspe, après de maints périples, les arbres étaient assemblés en radeaux de 8 troncs (30 sur 4 m). Le radeau était ensuite convoyé par une équipe de 10 à 12 radeleurs sur le Gave d'Aspe en crue. Les radeleurs dirigeaient le radeau à l'aide de rames. Trois équipes se relayaient pour convoyer le radeau jusqu'à Bayonne. La première faisait le trajet d'Athas à Navarreux, la deuxième le trajet de Navarreux à Peyrehorade et la troisième finissait le trajet. De Bayonne, les troncs étaient ensuite expédiés vers les arsenaux de Brest, Cherbourg ou Toulon. Durant les années fastes jusqu'à 300 radeaux étaient convoyé sur le Gave d'Aspe à une vitesse de 9 à 17 km/h.

La paroi rocheuse vue depuis le Gave d'Aspe. Le chemin est la balafre horizontale au milieu.

D'Oloron-Sainte-Marie, prendre la N134 vers le col du Somport et l'Espagne. Entrez dans le village d'Etsaut et traversez-le. Au niveau du pont de Caber (sur le Gave d'Aspe), prenez la route à gauche du pont qui grimpe vers la montagne. Suivez cette route jusqu'au parking dans l'épingle à cheveux d'où débute le sentier. Attention, le sentier est très glissant sous la pluie ou en hiver. Depuis la création du GR10 qui emprunte le chemin de la mâture, 5 personnes ont disparu sur le tronçon.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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