Suivez les
Lieux-Insolites en France sur INSTAGRAM
Du château de Gramont à Bidache, qui fut jusqu'à la Révolution une principauté, il ne reste plus que des ruines. Celles-ci, majestueuses, attirent au XIXe siècle de nombreux visiteurs romantiques dont l'empereur Napoléon III et se femme l'impératrice Eugénie. Actuellement, les ruines servent de décors à des représentations historiques.
Le début du château de Gramont se situerait vers 1190, lorsque Brun de Gramont accepta en partage la terre de Bidache et y construit un premier château. Les parties les plus anciennes du château auraient été érigées entre 1274 et 1329. À cette date est faite la première mention d'un château appartenant à la famille des seigneurs de Gramont. Cette mention est faite lorsque le seigneur de Gramont prêta "Foi et hommage lige" aux rois de Navarre pour ses deux châteaux de Gramont et de Bidache. En septembre 1523, Jean II, baron de Gramont, au service du roi François 1er, combattit Philibert de Chalon, prince d'Orange et commandant des troupes impériales de Charles Quint, à Sauveterre-de-Béarn, à Navarrenx, à Pampelune et à Bayonne dont il était le maire. Les troupes impériales ayant échoué à prendre Bayonne assiégèrent le château de Bidache. Après trois jours de siège, ils y mirent le feu. Le château fut rapidement reconstruit et en 1525 Charles de Gramont, archevêque de Bordeaux, y célébra le mariage de Claire de Gramont, sœur de Jean II, avec Menaud d'Aure. À la mort de Jean II sans héritier en 1528, Claire hérita du château.
L’archevêque Charles de Gramont chargea en 1528 Gabriel Bourgoing de construire le corps de logis et fit en 1539 d'autres travaux au château. En mars 1549, le château accueillit Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, lors des négociations entre le royaume de France et la Navarre. En 1560, Antoine 1er, fils de Claire, hérita du château. Il y donna le 12 juillet 1565 une somptueuse réception pour Catherine de Médicis et son fils Charles IX lors de leur grand tour de France. Il y célébra en 1568 le mariage de son fils aîné Philibert avec Diane d'Andoins, l'égérie du roi de France Henri IV. Diane prit par la suite le pseudonyme de Corisande, comtesse de Guiche. Le 21 octobre 1570, Antoine 1er énonça que Bidache est "tenu par lui en souveraineté, sauf toutefois que le Roi et la Reine de Navarre, de puissance absolue, en puissent autrement disposer à cause de leur grandeur". Dès la fin de 1570, les actes affirmant des droits souverains s’accumulèrent rapidement. Par la suite, Henri IV, roi de France (il fut en même temps le roi Henri III de Navarre), accorda par lettres patentes aux habitants de Bidache les mêmes franchises que celles qu'il accordait ailleurs dans ses royaumes de France et de Navarre. Dans ce document, le Roi de France et de Navarre qualifia Antoine de Gramont de "souverain de la terre de Bidache". La principauté souveraine de Bibache était née.
En 1574, Antoine 1er mentionna la présence au château de boulevards et autres systèmes défensifs permettant de résister aux boulets de canon. Il cite également que des bouches à feu parsemaient les défenses du château. En novembre 1587, le roi Henri IV séjourna au château et sa sœur Catherine de Bourbon y fit de même en février 1591. En 1601, Antoine II de Gramont, seigneur de Bidache, épousa Louise de Roquelaure, fille du gouverneur de Guyenne. Il devint le premier duc de Gramont. Louise ayant succombé au charme de son écuyer, Antoine II, qui avait déjà occis l'amant, fit traduire sa femme devant le tribunal du parlement de Bordeaux. Le baron de Roquelaure y répondit au nom de sa fille et les conseillers du jeune Louis XIII envoyèrent une lettre aux protagonistes pour les sommer "de cacher plutôt ces affaires et offenses domestiques que de les mettre en évidence à des personnes qui, sans ces poursuites et procédures, n'en eussent jamais ouï parler". Voyant l'affaire mal engagée à Bordeaux, Antoine fit traduire sa femme devant sa justice de Bidache. Louise y fut condamnée à mort en 1610. Mécontent de la tournure que prenait cette affaire, le pouvoir royal français envoya un émissaire à Bidache, chargé d'exiger communication de l'arrêt rendu par la cour de la petite ville ainsi que de l'ensemble des pièces de la procédure. La sentence ne sera pas exécutée. La comtesse décéda le 9 novembre 1610 dans des conditions peu claires, elle aurait été empoisonnée ou serait tombée dans un puits profond du fait de l'écroulement du plancher pourri de la chambre où elle avait été assignée à résidence.
L'ingénieur Louis de Milhet supervisa en 1639 la construction par les maçons Jean Barthe, Jean Dumon et Christophe Leroy du pavillon sud-est. Antoine II, remarié avec Claude de Montmorency-Bouteville, fut élevé en 1643 à la dignité de duc et pair de France par le jeune Louis XIV. En 1649, le cardinal Mazarin confia, lors des troubles de la Fronde, la garde du jeune Louis XIV à Antoine III de Gramont. Cette garde se fit au château de Saint-Germain-en-Laye. L'ingénieur Charles Dubois d'Avaugour, aidé de Nicolas Dupuis, l'architecte du maréchal de Gramont, reconstruit en 1650 l'aile ouest de la 1re cour qui fut alors appelée le pavillon du grand escalier. En 1655, le rez-de-chaussée du donjon fut converti en chapelle alors que la partie haute accueillait la conséquente bibliothèque du duc. Installée sur deux niveaux, elle était riche d'un millier de volumes reliés aux armes du duc. Le 23 juillet 1659, Antoine III accueillit au château le cardinal Mazarin venu négocier à Saint-Jean-de-Luz le traité des Pyrénées. Ce fut à cette époque que le fils aîné du maréchal, le comte de Guiche déclara sa passion pour madame Henriette d'Angleterre, belle-sœur de Louis XIV. Celui-ci l’envoya alors en exil à Bidache. Pour se distraire, le comte de Guiche y fit édifier la terrasse reliant le château à la ville.
Entre 1700 et 1710, Antoine V de Gramont, maréchal de France, fit reconstruire le portail d'entrée et aménager les jardins s’étageant sur trois étages. Antoine VII de Gramont, le dernier duc de Gramont sous la monarchie, vécut en région parisienne et délaissa le château de Bidache, qui reçut cependant la visite de son épouse, Béatrix de Choiseul, en septembre 1770. Le château, inhabité, servi, en décembre 1792, de cantonnement à la troupe, qui y commit des dégradations. Les emblèmes de la féodalité n'en ayant pas été retirés, le château fut placé sous séquestre de la jeune république en octobre 1793. Il avait encore fière allure le 22 octobre 1793 lorsque le greffier du district en fit l’inventaire avant la confiscation par la Nation. En 1794, les conduites en plomb alimentant les jets d'eau du parc furent arrachées pour être fondues en balles de fusil. Le château fut alors utilisé en hôpital militaire. Le château resta inoccupé durant toute l'année 1795. Durant la nuit du 22 au 23 février 1796 un incendie détruisit le château ne laissant debout que les murs. La Révolution française marqua également la fin de la principauté de Bidache.
Le duc Antoine VIII de Gramont hérita en 1805 d'un château fort dégradé. En 1814, les couvertures du corps de bâtiment central et du pavillon nommé Hercule furent arasées par le maréchal Soult. En 1818, le duc Antoine VIII fit réaliser par l'architecte Daudignon de Bidache des réparations et il aménagea en 1830 un logement dans les anciennes écuries du XVIIe siècle. L'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugénie visitèrent les ruines du château en 1856. Le tremblement de terre d'Arette de 1867 endommagea les ruines. Des travaux de consolidation furent ensuite engagés durant 4 ans. Les ruines du château furent classées Monuments historiques en 1942. Les ruines furent louées par bail emphytéotique à la communauté de communes du pays de Bidache en 2003 qui entreprit des travaux de consolidation et ouvre le site au public à certaines occasions.
Le pont roman de Bidache permet de franchir la rivière Lihoury, affluant de la Bidouze puis de l'Adour, à 1,5 km du centre-ville de Bidache. Ce pont de style roman à trois arches fut probablement reconstruit au cours du XVIIe siècle à partir d'un ouvrage plus ancien d'origine médiévale. Long de 30 m et large de 2 m, il a une forme bombée en dos d’âne. Les trois arches en plein cintre sont séparées par des avant-becs triangulaires à chaperons. Le pont, inscrit aux Monuments historiques en 2003, a été restauré en 2011.
Sauf pour les photos Wikipedia, ces photographies ont été réalisées en aout 2020
pour le pont
et en aout 2023 pour le château par Bjoern Viering.
Y ACCÉDER:
Le château de Bidache est visible le long de la D10/D19 partant du centre du village en direction de Peyrehorade. L'entrée du parc se fait au niveau du rond-point près de la mairie.
Le pont roman de Bibache est accessible en partant du centre de Bidache en prenant la direction de Mauléon-Saint-Palais par la D11 (fléchage). Après la sortie du village, dans la descente, prendre la route à gauche au panneau indicateur (chemin carrière Dous Caperans).
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.
Cette page a été mise en ligne le 15 avril 2025
Cette page a été mise à jour le 15 avril 2025