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La Vierge noire de Vassivière

La Vierge Noire de Vassivière est une statue devenue célèbre après un miracle de guérison d'une cécité. En hiver, elle réside dans l'église Saint-André de Besse-et-Saint-Anastaise et en été elle réside dans son sanctuaire au milieu des alpages. Chaque début de juillet, elle est élevée en procession jusqu'à la chapelle puis redescendue lors d'une fête populaire en septembre.

Le sanctuaire de Vassivière se situe à 1318 m d’altitude sur les pentes sud du massif du Sancy. Le toponyme "Vassivière" pourrait dériver du latin "Vallis Severae" ou "Vallis Severa", suggérant une vallée retirée et austère, mais certains philologues envisagent une origine préchrétienne, potentiellement liée à un lieu de culte antique ou à un carrefour pastoral. L’emplacement surplombe la vallée glaciaire de la Fontaine Salée, un site déjà fréquenté au Moyen Âge par les bergers transhumants. D'autres sources parlent d'une étymologie celtique. "Vas" signifiant temple ou demeure, "Iver" signifiant eau ou rivière devenant Vassivière soit le temple de l'eau. Certains éléments alimentent l’idée que Vassivière était un lieu sacré avant la christianisation. Le site est un promontoire dominant une vallée glaciaire, voisine de sources et de tourbières (symbolique de fécondité) où les bergers plaçaient déjà des offrandes avant l’installation de la statue chrétienne. Le site est dans l’axe de la vallée de la Fontaine Salée et de plusieurs sommets volcaniques, ce qui pourrait indiquer un repère pastoral et rituel ancien. Mais selon le patois local, ce serait "Vas y vère, pér y crère" soit "vas-y voir pour y croire" en référence au miracle attribué à la statue.

Du point de vue historique, la première mention du site date de 1321 lorsque le chapitre de Clermont-Ferrand autorisa le prélèvement des pierres de l'ancienne église de Vassivière, en ruine, pour la construction de l'église de Condat-en-Feniers. Le village de Vassivière aurait été abandonné par ces habitants au XII^e siècle, lorsque les sires de La Tour fondèrent le village de Besse en un lieu plus favorable au négoce. En souvenir des ruines, on laissa en place près de la source de la Chapeloune (petite chapelle en patois auvergnat) un modeste abri pour une statuette de la Vierge. Les marchands et les personnes de passage à cet endroit ayant pris l'habitude de saluer la statue, en 1543, deux marchands firent des dévotions devant la statue de la Vierge. Un troisième, Pierre Gef, protestant, se moqua d'eux en s'éloignant. Il perdit alors la vue. Il ne la retrouva, en 1547, qu'après s'être repenti, ce qui fut considéré comme un miracle. On transporta alors la statue dans l'église Saint-André de Besse, mais le lendemain la statue était retournée, sans intervention humaine, à la source de la Chapeloune. Cela se produisit trois fois de suite avant qu'on décidât qu'elle resterait à cet endroit. Ce miracle attira rapidement les foules et déclencha l’idée d’une chapelle digne du culte.

En 1550, Catherine de Médicis, propriétaire des lieux, donna l'autorisation aux prêtres filleuls de Besse pour reconstruire la chapelle avec le produit de quêtes. Cette nouvelle chapelle fut inaugurée le 6 juin 1555 par un premier pèlerinage. La chapelle est constituée d'une nef unique avec un chevet plat orienté à l'est. La maçonnerie est en pierres volcaniques brutes (trachyandésite) liées à la chaux. La toiture à deux pans est couverte en lauzes de phonolite, résistante aux vents d’altitude. Le pèlerinage prit rapidement de l'ampleur pour devenir un des plus importants de France. On y vient pour demander des guérisons (notamment de la vue), des pluies bienfaisantes ou pour remercier après une bonne récolte. Les archives paroissiales attestent d’ex-voto en métal précieux, suspendus aux murs de la chapelle, souvent en forme d’yeux, de mains ou de cœurs. En 1634, la chapelle fut agrandie et un clocheton en bois fut ajouté. De nombreuses hostelleries s’implantèrent à proximité.

En 1793, lors de la Révolution, la chapelle fut désacralisée et transformée en grange d’estive. La statue originale fut détruite. La chapelle fut rachetée en 1804 par Mlle Admirat qui en fit don à la paroisse de Besse. Une copie fidèle de la statue fut commandée dès la réouverture au culte. La statue, en bois de noyer ou de tilleul, mesure environ 70 cm de hauteur. Les artisans auvergnats la représentèrent en Vierge en Majesté (Sedes Sapientiae "Trône de la Sagesse"). Marie est assise sur un trône à dossier rectangulaire, portant l’Enfant Jésus sur ses genoux. L’Enfant est représenté bénissant de la main droite et tenant un livre fermé de la gauche, symbole de la Parole incarnée. De proportions légèrement trapues, typiques des Vierges rurales auvergnates où le réalisme anatomique est sacrifié au symbole, l’effet de majesté est obtenu par la frontalité et la posture hiératique. Les visages sont ronds, avec un modelé sobre et des yeux en amande légèrement écartés, rappelant les canons romans. Elle est coiffée d'un voile court et simple, directement inspiré des coiffes paysannes du Massif central. La statue est vêtue d’étoffes (soie, velours, brocarts) superposées sur la sculpture, ne laissant visibles que les têtes et les mains. Ces habits changent selon le calendrier liturgique, blancs lors de l'Assomption (15 août) et les fêtes mariales majeures, bleus lors des fêtes mariales ordinaires (Visitation, Immaculée Conception) ou rouges lors de la Pentecôte ou de fêtes liées au Christ. Les robes sont souvent offertes en ex-voto, certaines brodées d’or ou ornées de perles. La couleur noire de la statue résulterait d’une oxydation naturelle du bois et d’une imprégnation dans des eaux de tourbières, ayant pour but de durcir le bois.

Le pèlerinage fut relancé le 4 juillet 1841 par Monseigneur Feron, évêque de Clermont-Ferrand, en présence de 20 000 pèlerins. La reconnaissance officielle de la dévotion conduit à un couronnement pontifical le 3 juillet 1881 en présence de plus de 30 000 personnes, un chiffre exceptionnel pour un site d’accès difficile à l'époque. En 1981 lors du centenaire du couronnement, présidé par le cardinal Marty, 10 000 pèlerins assistèrent à l’événement. La chapelle fut classée Monument historique en 1984. Après avoir passé l'hiver dans l'église Saint-André à Besse, le 2 juillet, jour de la Visitation, la Vierge est portée en procession pédestre, appelée la Montée, à 1300 m d’altitude dans la chapelle de Vassivière. À la fin de septembre, le dimanche suivant la Saint-Mathieu (21 septembre), elle est redescendue à Besse lors de la fête populaire appelée Dévalade, accompagnée de feux d’artifice, coups de fusil et défilé. Durant l’été, la chapelle accueille des messes quotidiennes (11 h) et des adorations avec de nombreux pèlerins qui viennent confier leurs intentions et recevoir des grâces.

L'église Saint-André de Besse-et-Saint-Anastaise a été édifiée à la fin du XII^e siècle, en style roman, sur une ancienne coulée de lave dont la pierre, grise et sombre, fut utilisée pour sa construction. Elle comprenait une nef séparée de ces bas-côtés par des colonnes, un transept et un chœur couvert de voûtes basses caractéristiques de l'architecture montagnarde. La nef a une longueur de 16 m pour une largeur de 6 m. En 1555, le chœur roman fut reconstruit dans un style gothique avec un chevet plat. À la fin du XVII^e ou au début du XVIII^e siècle, des chapelles latérales ont été rajoutées dans les bas-côtés. Lors de la Révolution, le clocher fut abattu. Entre 1810 et 1820, on procéda à la restauration de la nef, à la reconstruction du clocher (avec une nouvelle flèche) et le chevet plat du chœur fut remplacé par une abside demi-circulaire. L'église fut classée Monument historique en 1886. En 2007, un incendie ravagea partiellement les stalles du chœur. Elles purent être restituées fidèlement en 2013 grâce à des cartes postales anciennes.

L'église est constituée d'une nef romane de quatre travées, flanquées de collatéraux étroits, voûtées en plein cintre reposant sur des arcs doubleaux. La croisée du transept est surmontée d’une coupole, vestige marquant de la structure d’origine, soutenant le clocher. La nef possède 28 chapiteaux remarquables sculptés mêlant scènes végétales (feuilles d’acanthe, motifs densément travaillés) et scènes figurées (parabole du mauvais riche et de Lazare, crucifixion de Saint-André, scènes profanes comme un singe en laisse ou des Minotaures). Les stalles du XVI^e siècle intègrent 32 miséricordes sculptées illustrant divers métiers traditionnels (barbier, menuisier, forgeron…) ainsi qu'une clôture de chœur également en bois finement ouvragé. Parmi les statues et objets d’art, on trouve les statues de Sainte-Anne, de Saint-Antoine, un Saint-Louis présumé, ainsi qu’un bas-relief de la Sainte-Famille, daté de 1818.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2025.

Y ACCÉDER:

L'église Saint-André se trouve au centre-ville de Besse-et-Saint-Anastasie.

Pour aller à la chapelle de Vassivière, prendre à Besse-et-Saint-Anastasie la direction de Picherande par la D978. Après le lac Pavin et le poste électrique, prendre à droite le chemin pour la Vassivière (Panneau indicateur).

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 2 septembre 2025

Cette page a été mise à jour le 2 septembre 2025