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Le Chastel

Le petit village de Saint-Floret possède deux ensembles médiévaux remarquables établis sur les éperons rocheux surplombant le village sur chaque rive de la Couze Pavin. Sur la rive droite se trouve le site du Chastel combinant une église romane et une ancienne nécropole mérovingienne. Sur la rive gauche, l'ancien château possède un ensemble de fresques du XIV^e siècle absolument magnifique.

Le Chastel désigne un site religieux et archéologique situé sur un promontoire rocheux dominant la vallée de la Couze Pavin, au-dessus du village de Saint-Floret. Il s’agit de l’un des ensembles patrimoniaux les plus riches et anciens du territoire, combinant une église romane dite "église haute", une ancienne nécropole troglodytique, un ossuaire médiéval unique et des vestiges préromains ou paléochrétiens. Au Moyen-âge, une forteresse fut érigée en ce lieu, mais il n'en reste aujourd'hui aucune trace.

Des indices archéologiques laissent penser que le site a été occupé dès le Néolithique, notamment en raison de sa situation dominante (lieu défensif et sacré probable). Des prospections archéologiques de surface (1977) ont mis au jour des céramiques néolithiques, hallstattiennes, de la Tène, gallo-romaines, paléochrétiennes et médiévales, soulignant une occupation continue du lieu. Vingt-deux tombes anthropomorphes creusées dans le granite, datant du VI^e au IX^e siècle (époque mérovingienne / carolingienne), ont été découvertes lors de fouilles en 1981 sur plus d’un hectare. Certaines fosses atteignent 70 cm de profondeur. Un mobilier funéraire très modeste (quelques grains de bois) accompagnait ces corps enterrés. Deux de ces tombes étaient dimensionnées pour des enfants. Elles sont toutes orientées avec la tête à l'ouest. Lors de leurs découvertes, dix d’entre elles contenaient encore des ossements. Ils s'agissaient de personnes de 1,60 à 1,95 m dont certaines étaient affectées d'anomalies génétiques au niveau des hanches. Elles attestent de la présence d’une communauté chrétienne primitive, avec sans doute un oratoire dès cette époque.

La présence en ce lieu d’un ossuaire (ossarium), daté du IX^e siècle, est une rareté dans le Massif central. Il signale une importance particulière donnée au culte des morts et à la sacralité du lieu. Il s'agit d'un petit bâtiment pyramidal de 9 m de diamètre recouvrant un puits de plus de 5 m de profondeur comblé avec des ossements. Ce puits date peut-être du 1^er siècle apr. J.-C.. Le bâtiment est couvert d'une toiture de lauzes en gradins avec au sommet une pierre volcanique sphérique. À l'intérieur, la toiture forme une coupole avec un décor peint représentant un faux appareillage ocre et rouge avec des fleurs à cinq pétales semblable à celui de l'église du XIII^e siècle. La datation des ossements indique qu'il fut utilisé du haut Moyen-âge jusqu'au XII^e siècle. Classé Monument historique en 1915, il fut restauré en 1923.

Au XII^e siècle, fut construite sur le site une église romane, probablement sur les fondations d’un édifice antérieur. Il s'agit d'un édifice à nef unique sans collatéraux, voûtée en berceau, construite en pierres volcaniques locales. Le chœur rectangulaire est surélevé, avec une abside en cul-de-four. Deux chapelles au sud et une chapelle au nord complètent l'édifice. Un clocher couvert de lauzes fut ajouté ou restauré en 1548. Le porche sud, semi-enterré, et deux chapelles furent ajouté au XIV^e siècle. Au XIV^e siècle, Jehan de Bellenaves, seigneur local, fit exécuter à ses frais dans la chapelle nord une superbe fresque murale. Sur cette fresque, Saint-Jean-Baptiste présente le seigneur de Saint-Floret et sa famille à la Vierge avec l'Enfant Jésus entourée d’anges et de saints. Une copie de cette fresque se trouve au Palais de Chaillot à Paris. Il offrit également une statue votive exceptionnelle en marbre de Nonette représentant la Vierge à l’Enfant caressant un oiseau, une œuvre d’inspiration italienne, conservée in situ. Dans cette église se trouvent également une paperolle (reliquaire décoratif en papier roulé), une litre funéraire peinte avec armes seigneuriales et un autel gothique flamboyant du XVII^e siècle. Utilisée jusqu’à l’époque moderne comme église paroissiale d'altitude, elle fut peu à peu délaissée au profit de l'église du bourg, plus accessible. Elle resta utilisée pour les inhumations jusqu’au XIX^e siècle. Classée Monument historique le 19 avril 1915, l'église connut plusieurs campagnes de restauration au XX^e siècle (fresques, toiture) et au XXI^e (murs, clocher, ossuaire).

Aux alentours de 1168, les seigneurs de Dauphin d'Auvergne firent construire un premier château sur l'éperon rocheux en rive gauche du Couze Pavin. Le site fut nommé Saint-Floret en référence à l’évêque de Clermont-Ferrand au V^e siècle. En 1219, l'église du Chastel était une possession de l'abbaye de Chantoin. Guillaume Dauphin d'Auvergne donna le domaine de Saint-Floret à Robert de Champeix en 1225. Celui-ci prit alors le nom de Robert de Saint-Floret. Son fils Robert II épousa Élise du Crest en 1245. En 1262 apparaît la première mention écrite concernant l'église du Chastel dans le testament de Robert 1^er Dauphin d'Auvergne. Robert II de Saint-Floret, n'ayant pas d’héritier mâle, légua par testament à sa mort en 1294 le domaine à son neveu Robert IV de Saint-Floret. À sa mort en 1298, son épouse, Philippa de Courcelles, et ses cinq enfants se placèrent sous la protection de Robert III Dauphin d'Auvergne. La seigneurie de Saint-Floret fut remise à Athon de Saint-Floret, un des fils de Robert IV, en 1314. La fille d'Athon apporta la seigneurie à la famille de Bellenaves lors de son mariage en 1350 avec Roger de Jehan de Bellenaves. En 1399, Jehan de Jehan de Bellenaves, seigneur de Saint-Floret, fut nommé chambellan du roi Charles VI. Il exerça également cette fonction chez le duc de Berry et d'Auvergne.

En 1508, le seigneur de Saint-Floret se nommait Louis Jehan de Bellenaves. En 1594, sa descendante Charlotte Jehan de Bellenaves épousa Blair Le Loup et sa sœur, Louise, épousa René Le Loup, le frère de Blair. En 1615, la seigneurie de Saint-Floret passa aux mains de Pierre de Lauriol lors de son mariage avec l’héritière du domaine. Son fils, Paul de Lauriol, vendit le domaine en 1676 à Emmanuel d’Allègre pour la somme de 106 000 livres. Le maréchal Yves d'Allègre obtint du roi l'élévation de la seigneurie en marquisat en 1732. En 1746, Marguerite d'Allègre, comtesse de Rippelmonde, vendit le château à Jean Andraud, médecin, et donna le domaine à son neveu Louis-Emmanuel, marquis de Tourzel. À la Révolution, en 1790, le domaine était la propriété de Charles Yves de Tourzel qui fut le dernier seigneur de Saint-Floret. Pendant la Révolution, Saint Floret fut renommé Roche la Couze, en raison du verrou rocheux formé par les deux éperons qui dominent la Couze Pavin, petite rivière qui traverse le village. Le château, devenu propriété de l'État, fut laissé à l'abandon. En 1862, Antonius Mayoli, employé par Anatole Dauvergne à la restauration des l'abbatiale Saint-Austremoine d'Issoire, découvrit dans la salle basse du château, qui servait alors de grange, une série de fresques datant du XIV^e siècle. Entre 1902 et 1909, Louis Joseph Yperman fit le relevé des fresques à l'aquarelle. Le site fut classé Monument historique en 1909. À partir de 1936, l'état entreprit la restauration de la ruine du château. En 1960, Mario Roques identifia le thème représenté sur les fresques comme étant la légende de Tristan et Iseult. La propriété du château fut transférée à la commune en 2007.

L'édification du château actuellement visible est datée du XIII^e siècle. Il n'en subsiste que le donjon (tour ronde) et le corps de logis érigé un siècle plus tard. Au XIV^e siècle, fut aménagée dans ce donjon une magnifique salle gothique de 9,60 m de côté, bardée de douze nervures et d'une clef de voûte représentant un soleil à face humaine. Vers 1370, une quarantaine de fresques représentant l'histoire du roman de Tristan et Iseut furent peintes en l'honneur de la venue du duc de Berry. Treize d'entre elles subsistent aujourd'hui sur les murs nord et sud de cette salle. Une deuxième salle possédant une magnifique charpente et un reste de sol carrelé d’époque subsistent également.

Je remercie madame le maire de Saint-Floret, Maguy Lagarde, pour les informations et les photographies qu'elle m'a aimablement communiquées.

Un descriptif complet des merveilles de Saint-Floret peut être consulté ICI

Ces photographies ont été réalisées en juin 2025.

Y ACCÉDER:

Le village de Saint-Floret se trouve sur la D996/D26 entre Issoire et Besse-et-Saint-Anastasie. Pour le site du Chastel, prendre dans le village de Saint-Floret la D627 en direction d'Orphanges.

Des visites guidées du site du Chastel et du château de Saint-Floret sont organisées par l’Accueil touristique de Saint-Floret du 1^er avril à 1^er octobre. Les guides sont joignables au 04 73 54 90 66 ou 07 86 60 57 96.

Pour les autres mois de l’année, des visites de groupe peuvent être organisées, contacter la Mairie pour la visite au 04 73 71 10 39.

Site internet de la ville de Saint-Floret

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 2 septembre 2025

Cette page a été mise à jour le 2 septembre 2025