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AUSCHWITZ

Que dire de plus ! Le nom terrible d'Auschwitz se suffit à lui-même. Il est devenu le synonyme de la barbarie et du génocide perpétué par les nazis entre 1940 et 1945 envers les populations d'Europe. À Auschwitz, le meurtre fut perpétré à l'échelle industrielle. En ce lieu, 1,1 million d'êtres humains trouvèrent la mort, dont 900 000 dès leur arrivée au camp.

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L'entrée du camp Auschwitz I

Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur le camp d'extermination d'Auschwitz, je vais donc me contenter de l'essentiel pour décrire le plus grand camp de concentration construit par les nazis. La création du camp fut décidée en février 1940 par Heinrich Himmler. Le village d'Auschwitz en Pologne fut choisi pour sa localisation centrale dans une région riche en matière première (chaux et charbon) nécessaire à la production d'essence et de caoutchouc synthétique essentiels à l'industrie d'armement. À l'origine, le camp devait fournir la main-d'œuvre pour une usine chimique du groupe "IG Farben". Le camp d'Auschwitz I était un camp de travail d'où le slogan "Arbeit macht frei" (le travail rend libre) destiné à maintenir un semblant d'espoir aux déportés. Le premier camp, dénommé "Auschwitz I", fut construit sur l'emplacement d'une ancienne caserne polonaise et officiellement ouvert le 20 mai 1940. Il accueillit, en juin 1940, les 720 premiers prisonniers (des opposants politiques polonais, des socialistes et des communistes). Il était prévu d'y interner les personnes estimées dangereuses par le régime nazi comme les résistants, les opposants politiques, les intellectuels, les condamnés pour crimes, les prisonniers de guerre soviétique et les éléments asociaux (Tziganes, prostitués, homosexuels, handicapés, Témoins de Jéhovah et Juifs). À la fin de 1940, entre 13 000 et 16 000 détenus séjournaient dans le camp.

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Auschwitz I

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Auschwitz I

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Auschwitz I

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Auschwitz I

Après la décision de l'extermination des juifs par Hitler (la solution finale) le nombre de déportés augmenta rapidement. Rudolf Höss, commandant du camp entre le 4 mai 1940 et le 10 novembre 1943, fut chargé de créer à Auschwitz une installation pour l'extermination de masse. Jusqu'à présent, les déportés étaient fusillés devant des fosses communes qu'ils avaient été obligés de creuser eux-mêmes. Rudolf Höss estima que ce procédé était lent et couteux en munitions. Il fit donc construire, sur l'exemple du camp de Treblinka, deux petites chambres à gaz à l'extérieur du camp utilisant les gaz d'échappement d'un camion. Ce procédé de mise à mort est cependant long et les SS chargés de sa mise en œuvre l'abrégèrent souvent avec comme pour conséquence que certains suppliciés reprenaient connaissance lors de leur enterrement. À l'époque, un pesticide, le zyklon B, était utilisé pour nettoyer les baraquements de la vermine qui les infestait. Pour cela, la baraque était vidée de ses occupants, fermée hermétiquement et le zyklon B répandu au sol. Après une demi-heure, un gardien équipé de gants et d'un masque à gaz ouvrait puis ventilait le baraquement. Ce fut l'assistant de Höss, Karl Fritzsch, qui eut l'idée de l'utiliser sur les déportés. Le zyklon B fut testé au Block 11 sur des prisonniers soviétiques en septembre 1941. Le Block 11 était la prison du camp. S'y trouvaient notamment des cellules de 1,5 m2 où étaient entassées quatre personnes ce qui les obligeait à rester debout, ou des cellules "sombre" munies d'une minuscule fenêtre. Les prisonniers qui y étaient enfermés s'asphyxiaient en consommant l'oxygène de l'air qui ne se renouvelait pas. Le supplice pouvait être accéléré par les SS en plaçant une bougie dans la cellule.

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Auschwitz I

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Auschwitz I

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Les cuisines du camp Auschwitz I

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Auschwitz I

À Auschwitz I, les SS utilisèrent, entre 1941 et 1942, un bâtiment comprenant une chambre à gaz et trois fours crématoires. Ce bâtiment dénommé "K-I" fut transformé, en 1943, en abri antiaérien ce qui lui valut de ne pas être détruit lors de l'évacuation du camp à la fin de 1944. Ce bâtiment fut restauré en 1948 en y réinstallant la chambre à gaz et les fours selon les connaissances de l'époque. C'est la seule chambre à gaz et le seul crématoire visible actuellement sur le site. L'afflux de déportés obligea les SS à réaliser une extension au camp. Le 8 octobre 1941 fut ouvert le camp d'Auschwitz II construit à la place du village de Birkenau qui fut détruit. Ce camp d'une capacité théorique de 100 000 détenus occupe une superficie de 170 hectares (720 sur 2340 m) et était entouré par 16 km de barbelés. Il comprenait trois zones, le camp des femmes, le camp des hommes et une extension nommée "mexiko" qui ne fut jamais terminée. Chaque zone était entourée par des clôtures électriques. Auschwitz-Birkenau comprenait environ 300 baraques pour la plupart construites en bois et occupées par 800 à 1000 détenus. Himmler avait conçu Birkenau comme une extension d'Auschwitz destinée à l'internement des prisonniers soviétiques. Ce sont eux qui construisirent les baraquements en brique du camp des femmes. Le camp d'Auschwitz-Birkenau avait son propre commandant (Friedrich Hartzenstein de 1943 à mai 1944 puis Joseph Kramer jusqu'en décembre 1944) placé sous l'autorité du Langerkommandant d'Auschwitz. Fin 1941, Birkenau fut désigné pour appliquer la solution finale de la question juive. Il y fut construit, début 1942, quatre complexes chambre à gaz/four crématoire, désigné "K-II", "K-III", "K-IV" et "K-V". Avant leur mise en service, deux anciennes fermes situées à l'extérieur du camp, la maison rouge et la maison blanche étaient utilisées comme chambre à gaz. Les corps étaient brulés, arrosés de gasoil, au sein de fosses communes.

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Les ruines d'une des chambres à gaz de Birkenau

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Les ruines d'une autres des chambres à gaz de Birkenau

Les chambres à gaz avaient une capacité de 768 à 1440 personnes entassée dans une salle dotée d'installations sanitaires factices. La salle possédait des ouvertures dans le plafond où les SS faisaient tomber les cristaux de zyklon B. Après le gazage, les corps étaient transférés dans les fours crématoires par des déportés affectés à des Sonderkommando. Les corps étaient fouillés pour récupérer les bijoux et les dents en or. Les cendres étaient ensuite dispersées dans les champs et les étangs alentour. Fin 1944, les SS gazèrent plus de personnes que la capacité des fours crématoires. Les corps étaient donc brulés dans des fosses communes à proximité des chambres à gaz. Ces buchers sont visibles sur les photographies aériennes prises par la Royal Air Force en 1944.

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La chambre à gaz d'Auschwitz I

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L'ouverture pour l'introduction du Zyklon B

Un troisième camp, nommé Auschwitz-Monowitz, fut ouvert le 31 mai 1942. Ce camp était l'usine IG Farben de Monowitz destinée à la fabrication de caoutchouc synthétique. De 25 000 à 35 000 déportés moururent dans ce camp de sous-alimentation, des conditions de travail inhumaines ou par le renvoi en chambre à gaz pour inaptitude. Le camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz contrôlait 45 camps annexes dont 28 dans des usines d'armement. Ces camps furent dirigés, entre le 4 mai 1940 et le 10 novembre 1943, par l'Obersturmbannfuhrer Rudolf Höss (pendu en 1947 après le procès de Nuremberg), entre le 11 novembre 1943 et le 8 mai 1944, par l'Obersturmbannfuhrer Arthur Liebehenschel (pendu en 1948 après le procès d'Auschwitz tenu à Cracovie en 1947) et entre le 11 mai 1944 et janvier 1945, par l'Obersturmbannfuhrer Richard Baer (mort en détention en 1963). Le camp de Birkenau abritait également un camp des familles. Il s'agissait d'un camp de détention modèle occupé par des familles de juifs tchécoslovaques, créé en 1943 à des fins de propagande. Il devait servir à tromper les alliés et l'opinion publique sur les conditions de détention des déportés.

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Birkenau

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Birkenau

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Les vestiges des baraquements de Birkenau

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Les baraquements reconstitués de Birkenau

Les déportés arrivaient en train entassés dans des wagons de marchandises depuis tous les pays sous la domination des nazis. Ils étaient débarqués à l'ancienne gare de marchandises d'Auschwitz situé à 1 km du camp. Au printemps 1944, la voie de chemin de fer fut prolongée jusqu'à l'intérieur de Birkenau. Le lieu de débarquement fut dénommé la "Judenrampe" (la rampe des Juifs). Les survivants du voyage étaient, dès la descente du train, sélectionnés. Les personnes âgées, les malades, les femmes enceintes et les enfants étaient directement envoyés à la chambre à gaz. Les adultes de plus de 15 ans les plus valides partaient pour le travail. Entre avril 1943 et mai 1944, le professeur Karl Clausberg sélectionna des femmes pour ses expériences sur la stérilisation. Le docteur Mengele fera de même pour ses expériences médicales (il s'intéressait particulièrement aux jumeaux). À leur arrivée, tous les déportés étaient mis à nu, rasés, tatoués et dépossédés de leurs biens. Ceux-ci étaient stockés dans des entrepôts appelés dans le jargon du camp "Kanada". Tous ces effets étaient précisément comptabilisés par l'administration du camp sous l'autorité de Karl Möckel puis envoyés chaque trimestre en Allemagne.

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Entrée du camp de Birkenau

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Un des wagons ayant servi à la déportation

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Birkenau

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Birkenau

Les déportés portaient tous la même tenue rayée sans sous-vêtements et étaient chaussés de sabots en bois qu'ils portaient sans chaussettes. Ils avaient droit à une boisson chaude le matin, une soupe sans viande à midi et un bout de pain rassis le soir, le tout représentant environ 700 calories. Ils étaient entassés entre 800 et 1000 dans des baraques munies de lits superposés trop petits pour qu'ils puissent s'y allonger correctement. Les lits supérieurs étaient occupés par les plus valides. Chaque baraque avait droit en hiver à deux poêles reliés à une cheminée en brique. Les conditions de logement étaient si minables que chaque matin on dénombrait une dizaine de morts par baraque. Les conditions sanitaires étaient déplorables. Auschwitz-Birkenau ne possédait pas de latrines avant 1943 et l'eau potable manquait. Beaucoup de déportés mouraient de typhus ou de diphtérie. Les déportés étaient réveillés à 4 h 30 (5 h 30 en hiver) pour assister à l'appel. Les déportés dépendant de Joseph Mengele étaient réveillés à 7 h. L'appel se faisait à l'extérieur et durait jusqu'à 7 h. Les déportés y étaient soumis à de nombreuses punitions que les gardiens infligeaient pour des raisons futiles. À 7 h se faisait le départ vers les lieux de travail. Ce départ s'effectuait sous les airs entrainants qu'un orchestre de déportés était obligé de jouer. La journée de travail durait 12 heures sans pause. Même le temps passé aux latrines était chronométré. Le soir, l'appel était renouvelé. Si un déporté manquait, tout le monde devait rester debout, quelles que soient les conditions météorologiques jusqu'à ce que la raison de l'absence soit éclaircie. Ce n'est qu'après l'appel qu'était distribuée la maigre nourriture aux déportés. Le rythme de travail était immuable sauf le dimanche qui était consacré au nettoyage du camp et des baraques ainsi qu'à la douche hebdomadaire.

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Les lits dans un baraquement de Birkenau

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Poêle dans un baraquement de Birkenau

Dès la seconde moitié de 1940, un mouvement de résistance s'organisa dans le camp. Différents mouvements se sont organisés dans le camp afin d'apporter de l'aide aux déportés notamment en créant une contrebande de médicaments avec l'aide de Polonais extérieurs au camp. Ces organisations transmettaient également des informations vers l'extérieur. En septembre 1940, Witold Pilecki se fit capturer volontairement (il fut le seul) par les SS pour être interné à Auschwitz afin de récolter des informations et d'organiser la résistance. Il s'évada le 27 avril 1943. Entre 1942 et 1944, 18 personnes parvinrent à s'évader d'Auschwitz. En décembre 1942, Natalia Zarembina publia à Varsovie un rapport sur le camp basé sur les récits de trois évadés. Suite à cette publication, les forces américano-britanniques et les gouvernements en exil à Londres condamnèrent, le 17 décembre 1942, la politique d'extermination des juifs. Suite à des photographies aériennes prises en 1944 par la Royal Air Force, Churchill décida un bombardement d'Auschwitz. Il se rétracta cependant à l'idée de tuer inutilement des déportés. Les alliés se contenteront de bombarder l'usine d'Auschwitz-Monowitz le 13 septembre 1944. Le 7 octobre 1944, les 450 déportés du Sonderkommando du crématoire K-IV se révoltèrent. Des femmes juives d'un kommando travaillant à l'usine d'armement de l'Union Werke avaient réussi à subtiliser des explosifs qui furent utilisés pour dynamiter le crématoire K-IV qui fut partiellement détruit. Les déportés s'échappèrent ensuite dans la forêt, mais furent rapidement rattrapés et abattus par les SS.

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Les installations sanitaires à Birkenau

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Les stèles commémoratives à Birkenau

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Fours crématoires d'Auschwitz I

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Ruine d'un des fours crématoires de Birkenau

En août 1944, l'Armée rouge s'avança jusqu'à 200 km du camp. Les SS envisagèrent la destruction du camp si les Soviétiques poursuivaient leur avancée. Il faudra cependant attendre la fin de 1944 pour voir l'arrêt des travaux d'agrandissement d'Auschwitz. Fin novembre 1944, les nazis procédèrent au dynamitage des trois crématoires restant en activité et à l'extermination des Sonderkommando qui étaient des témoins oculaires. Ils procédèrent au nettoyage des fosses communes et brulèrent les listes des déportés et les archives (une partie fut toutefois récupérée par les Soviétiques). Des "marches de la mort" furent organisées pour transférer, à pied, 60 000 déportés vers d'autres camps. Le 17 janvier 1945 eut lieu le dernier appel. Il comptabilisa 67 000 déportés (31 800 à Auschwitz et 35 100 dans les camps annexes). Le 27 janvier 1945 à 15 h, les soldats de la 100e division (général Krasavine) de la 60e armée du Front de Voronej de l'Armée rouge pénétrèrent dans le camp. Ils libérèrent les 7000 déportés survivants des atrocités nazies qui, trop faibles, avaient été abandonnées par les SS. Après deux ans d'abandon et de pillage, le camp d'Auschwitz fut, en 1947, transformé en musée à la mémoire des victimes par le gouvernement polonais. Auschwitz est inscrit depuis 1979 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

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Birkenau

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Birkenau

En 1998, l'historien du musée national Auschwitz-Birkenau, Franciszek Piper, estima que 1,3 million de personnes furent déportées à Auschwitz. Parmi ceux-ci, 1,1 million y trouva la mort. Parmi les morts se trouvent 960 000 juifs, 70 000 à 75 000 Polonais non juifs, 21 000 Tziganes, 15 000 prisonniers de guerre soviétiques et 10 000 à 15 000 détenus d'autres nationalités. Le camp de base Auschwitz 1 totalise environ 70 000 tués, Auschwitz-Monowitz environ 35 000 tués, les autres ont été assassinés à Birkenau. Après avoir été un camp de travail et d'extermination, Auschwitz est devenu le plus grand cimetière du monde.

Un article très détaillé est consultable sur Wikipédia.

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Entrée du camp de Birkenau

Ces photographies ont été réalisées en août 2016.

 

Y ACCÉDER:

Le mémorial est situé le long de la route nationale 933 près de la ville d'Oświęcim.

D'avril à octobre, à cause de la forte affluence, la visite se fait obligatoirement avec un guide entre 10 h et 15 h. Compter 3 h 30 pour la visite des deux camps.

Pour les conditions de visite, consultez le site www.auschwitz.org

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 28 janvier 2017

Cette page a été mise à jour le 28 janvier 2017