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La grande Déesse

La place centrale de Lille accueille un monument commémoratif que les Lillois, depuis son inauguration le 8 octobre 1845, appellent la Grande Déesse. Ce monument commémore la résistance héroïque de la ville au siège qu'elle subit au cours des guerres révolutionnaires.

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Le 20 avril 1792, sur proposition du roi Louis XVI, l'Assemblée déclara la guerre à l'empereur du Saint-Empire (les Autrichiens). Il espérait par cet acte que les troupes autrichiennes battent les armées révolutionnaires et lui rendent ainsi son trône. Lille étant en première ligne, 35 000 Autrichiens en firent le siège le 29 septembre 1792. Ils posèrent un ultimatum à la ville auquel le maire de l'époque François André-Bonte répondit : "Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèle à la Nation, de maintenir la Liberté et l'Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures". Les Autrichiens, battus sur d'autres fronts, levèrent le siège le 6 octobre 1792 sans avoir vaincu la résistance de la ville malgré un sévère bombardement. Dès le 12 octobre 1792, l'Assemblée vota un décret proclamant "Lille a bien mérité de la Patrie". Le 9 novembre 1792, Jacques Louis David proposa l'érection d'un monument traversant les temps. Le projet ne connut pas de suite.

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En 1830, il est projeté de couronner l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris d'une série de statues représentant les grandes villes de France. Le sculpteur douaisien Théophile Bra proposa pour symboliser Lille une statue de femme drapée et coiffée d'une couronne représentant les tours de la ville. Le projet étant abandonné en 1837, Théophile Bra offrit la statue à la ville de Lille. Le cinquantenaire des guerres révolutionnaires en 1842 relança l'idée d'un monument commémoratif. La municipalité émit un appel d'offres pour un monument érigé place Rihour sous les fenêtres de la salle où fut rédigée la réponse à l'ultimatum autrichien. Seuls deux architectes répondirent et c'est le projet de Charles Benvignat associé à Théophile Bra qui fut retenu. Après quelques remaniements, la première pierre du monument fut posée le 9 septembre 1842. Le 21 avril 1845, le monument fut retiré et transféré au centre de la Grand' place, l'actuelle place du Général de Gaulle. Le monument conçu par Benvignat pour être placé à quelques mètres des maisons dut être revu. Benvignat rehaussa le socle et plaça la statue en bronze et haute de 3 m sur une colonne en granit haute de 12,51 m.

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La main gauche de la statue est tendue vers le socle et désigne les quatre inscriptions qui y sont gravées. La main droite tient un boutefeu servant à allumer la mèche des canons. Petit détail, le visage de la statue serait celui de Madame Bigot-Danel, l'épouse du maire de Lille en 1830. Le socle porte sur la face avant l'inscription de la réponse à l'ultimatum autrichien. Sur la face droite est inscrit "Levée du siège, nuit du 7 au 8 octobre 1792", sur la face arrière "Aux Lillois de 1792. Hommage de nos concitoyens de 1842" et sur la face gauche "Les habitants de Lille ont bien mérité de la Patrie (décret du 12 octobre 1792)". Le socle était entouré par quatre mortiers abandonnés par les Autrichiens lors du siège de 1792. Le monument a été inauguré le 8 octobre 1845 par une grande fête. Les habitants de Lille n'ayant, à l'époque, pas compris l'allégorie de la statue la surnommèrent dès ce jour la Grande Déesse.

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Les Allemands occupant Lille durant la 1re Guerre mondiale retirèrent les mortiers du socle et la statue n'échappa que de justesse à la collecte des objets en bronze qu'ils réalisèrent à l'époque dans les territoires occupés. Cette occupation valut à la ville la croix de guerre qui fut apposée sur le socle. Lors du remaniement de la place, en 1989, la colonne fut entourée d'une fontaine avec un bassin circulaire. Une petite anecdote pour finir cette histoire. Depuis son installation place du Général de Gaulle, la statue tourne le dos à l'ennemi de l'époque qui était positionné, lors du siège, faubourg de Fives et de St-Maurice. Et si nous nous référons au manuel des artilleurs, la personne qui tient le boutefeu doit être située à gauche du canon donc dans le cas de la Grande Déesse le canon tirerait vers la place Rihour.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2016.

 

Y ACCÉDER:

La Grande Déesse est au centre de Lille, place du Général de Gaulle où il est impossible de ne pas la voir.

 



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Cette page a été mise en ligne le 18 septembre 2016

Cette page a été mise à jour le 18 septembre 2016