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Le mont Saint-Germain

Cet éperon calcaire culminant à 300 m d'altitude à l'ouest de Metz fut occupé dès le néolithique. Le site accueillit les vivants et les morts jusqu'en 1760 où l'évêque de Metz ordonna l'arrêt du culte dans l'église présente sur les lieux.

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Les vestiges de l'église

Le Mont Saint-Germain est une excroissance du plateau en direction de la vallée de la Moselle. Il est orienté nord-ouest / sud-est et est bordé, au nord, par la vallée du ruisseau de Montvaux et, au sud, par le vallon du Tagnon. Les pentes nord, est et sud étant très escarpé, les hommes installés à son sommet bénéficiaient d'une protection naturelle contre d'éventuels ennemis. Les Celtes qui y avaient installé leur habitat en firent un éperon barré en construisant, côté plateau, un rempart créant ainsi une surface protégée de cinq hectares. L'habitat celte, daté du IVe au IIe siècle av. J.-C., recouvrait une occupation plus ancienne datée du néolithique. Le rempart était constitué d'un talus d'une centaine de mètres de longueur précédé d'un large fossé. L'ensemble reliait le flanc nord au flanc sud du mont. Le talus était surmonté d'un épais mur constitué de deux parements extérieurs de bloc bien agencé et d'un remplissage de terre et de pierre. Le mur était surmonté d'une palissade en bois. Nous en ignorons la hauteur originelle. Actuellement, il n'en reste visible qu'un talus informe. Les vestiges d'habitats découverts au sud-est de l'éperon barré ont livré des restes de céramique, des outils (haches), des fibules, des fusaïoles et trois lingots de fer retrouvés au fond d'une fosse. Les vestiges du néolithique sont constitués de racloirs, de pointe de flèches et de haches polies en silex et de trous de poteaux représentant les fondations de quelques modestes maisons.

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Vestiges du mur d'enceinte de l'oppidum

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En plus du rempart protohistorique, le site fut occupé, en position centrale, par un château féodal du XIIIe siècle, totalement arasé actuellement, et par une nécropole mérovingienne et un prieuré dépendant de l'abbaye Saint-Vincent de Metz établi au sud-est. Les premières fouilles et études furent effectuées au XIXe siècle par Victor Simon et E. de Bouteiller. Ces travaux furent repris au XXe siècle par Léon Maujean et Eugène Lallement. En 1967, Jean du Plessis d'Argentré dégagea le prieuré et Jean François Pitoy réalisa une campagne de sondage sur l'église et le prieuré jusqu'en 1978. En 1979, Dominique Parny fit des fouilles sur la nécropole. Fouilles reprises de 1982 à 1991 par Claude Lefebvre.

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Tombes dans la nécropole

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La nécropole

L'histoire récente du site est documentée dans les archives. La première mention date de 1026. L'abbé Poppon de l'abbaye Saint-Vincent de Metz cita une église située dans un lieudit "Castels". En 1070 apparait une première mention d'un château appartenant à l'évêque de Metz sous le nom de "Castellum". En 1140, l'évêque de Metz, Étienne de Bas confirma que l'abbaye Saint-Vincent était propriétaire d'une église à Saint-Germain-de-Castello. Quatre bulles du pape Alexandre III, paru entre 1177 et 1180, parlent de la renommée du prieuré et des miracles qui y ont lieu. Entre 1190 et 1220, Bertram, Conrad de Scharfenberg et Jean d'Apremont se succédèrent sur le siège de l'évêque de Metz. L'un d'entre eux fit construire un château sur le Mont Saint-Germain. Au début du XIIIe siècle, le fief de Châtel-Saint-Germain faisait partie du domaine de l'évêché de Metz. À la suite du décès de la comtesse Gertrude de Dabo, fille et seule héritière d'Albert II de Dabo-Moha, comte de Metz, eut lieu, entre 1231 et 1234, la guerre des "Amis". Cette guerre opposa l'évêque de Metz, Jean 1er d'Apremont, aux habitants. L'évêque fit appel à ses amis, le duc Mathieu II de Lorraine et le comte Henri II de Bar. Les Messins offrirent suffisamment d'or au duc et au comte pour qu'ils se retournassent contre l'évêque et mirent le siège à son château. Les Messins ravagèrent le village de Châtel-Saint-Germain, au pied du Mont, en 1231. En 1234, l'évêque de Toul, Roger, ramena la paix entre l'évêque de Metz et les Messins qui exigèrent cependant le démantèlement du château. Ce qui fut fait en 1235. L'influence du prieuré qui subsista sur les lieux déclina avec la crise économique et les guerres du XVe siècle. En 1584, les religieux quittèrent le prieuré fort délabré. Ils continuèrent de dire la messe tous les dimanches dans l'église du prieuré qui demeurait l'église paroissiale de Châtel-Saint-Germain. Les habitants estimant l'accès à l'église trop laborieuse déposèrent plusieurs recours auprès de l'évêque pour obtenir une nouvelle église située dans le village. Ils eurent gain de cause en 1760 où l'évêque supprima le culte au prieuré et ordonna sa destruction.

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Vestiges du château

Le château du début du XIIIe siècle a été construit sur l'emplacement d'une fortification plus modeste existant depuis le XIe siècle. Une famille de chevaliers y vivait au XIIe siècle. Les rares vestiges du château, démantelé en 1235, s'inscrivent dans une enceinte trapézoïdale de 200 m sur 80 m présentant une surface d'un peu plus de 1,5 ha, située au centre de l'éperon. L'entrée du château et la basse-cour étaient situées sur une terrasse naturelle du côté nord-est du site. Les remparts des côtés nord et sud, épais de 1,60 m, étaient en moellons renforcés de pierre de taille dans les angles. Le rempart du côté est (côté du prieuré) était plus épais (il en reste une élévation de 2 m) et était précédé d'un fossé peu profond large d'une dizaine de mètres. Sur le côté nord-ouest (accès depuis le plateau) le rempart était constitué d'un mur bouclier, épais de 3 m. Ce mur, d'une cinquantaine de mètres de longueur, était flanqué de deux tours rondes de 10 m de diamètre côté nord-ouest et de 9,50 m de diamètre côté nord-est. Ce mur bouclier était précédé d'une esplanade de 30 m de largeur. Dans l'enceinte du château, six bâtiments ont été repérés grâce aux dépressions formées par leurs caves (citernes ?). L'emplacement du donjon est inconnu.

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Vestiges du château

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Emplacement du château

Du prieuré, il subsiste principalement les vestiges de l'église romane du XIIe siècle. La nef était séparée de ses deux bas-côtés par deux rangées de cinq piliers à base carrée. L'ensemble de 14,50 m de large avait une longueur de 27 m. Du côté nord la nef était précédée d'une tour carrée de 6 m de côté dont il reste un mur sur une élévation de 9 m. Le rez-de-chaussée de cette tour était vouté. Au XIVe siècle y furent rajoutés un porche, au nord-est, et trois pièces, côté nord-ouest. Le cœur de l'église était prolongé d'une abside hémicirculaire voutée en cul-de-four de 6 m de profondeur. Cette abside était flanquée de deux chapelles à chevet plat.

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Vestiges de l'église

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Vestiges de l'église

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Le prieuré était entouré d'un mur d'enceinte de 250 m de longueur. Ce mur, épais de 1,50 m, était constitué de pierres maçonnées à la terre. Une tour était peut-être érigée à la pointe sud-est du promontoire. Sur le côté nord-ouest se trouvait, dans un bâtiment de plan légèrement trapézoïdal, un grand four à pain de 2 m de diamètre daté du XIIe siècle. À proximité fut mis à jour un four à chaux enterré de 5 m de diamètre contemporain de la destruction du prieuré en 1760. À ces côtés se trouvait une vaste citerne (rebouchés) de forme rectangulaire. Un bâtiment d'habitation possédant un étage s'élevait au nord-est du site. Les bâtiments du prieuré s'alignaient le long du versant sud-ouest du site sur une cinquantaine de mètres de longueur. Ils étaient constitués de trois salles et de deux cours dont l'une contenait une citerne circulaire. Une grande cave de 8,50 m sur 5,50 m était creusée dans le rocher à l'extrémité nord-ouest. Son accès se faisait par un escalier de huit marches. Une galerie voutée située au sud du chevet de l'église est peut-être le cellier du prieuré.

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Vestiges du four à chaux

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Une nécropole mérovingienne du VIe et du VIIe siècle apr. J.-C. occupe la partie sud-est du site. Cette nécropole fut également utilisée durant le Carolingien et au Moyen-Âge. Sur une surface de 80 m sur 40 m furent retrouvées 374 sépultures dans lesquelles se trouvaient plus de 1000 corps. La nécropole était très probablement établie à proximité d'une chapelle chrétienne primitive liée à la proximité de Metz. Des traces de christianisation précoce (VIe siècle) telles que des croix gravées sur la pierre ou des stèles associant la croix latine et des monstres caractéristiques de l'époque mérovingienne furent retrouvées dans la nécropole. Les inhumations se faisaient dans des coffres (60 % des tombes), constitués de dalles placées de chant ou de murets en pierres brutes, en pleine terre, dans des fosses taillées dans le rocher ou dans des sarcophages creusés dans un seul bloc. Les sarcophages étaient regroupés à proximité de l'église. Les tombes d'origine mérovingienne étaient orientées nord-ouest / sud-est alors que les tombes plus récentes étaient orientées par rapport aux murs de l'église. Les réductions des corps (regroupement des os) étaient nombreuses au sein des tombes afin de réutiliser celles-ci.

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Les dépôts mobiliers, courant jusqu'au VIIe siècle, furent constatés dans une soixantaine de tombes. Les défunts étaient accompagnés de céramique (au pied du corps), de couteaux en fer, de peignes en os, de pierres à aiguiser, de poinçons, de ciseaux (pour la tonde des moutons) et d'amulettes. Une fourche à deux dents fut également retrouvée. L'armement est représenté par des scramasaxes (épée courte), quelques pointes de flèche et une épée longue. Les fibules, boucles de chaussure et une boucle de ceinture en bronze ou en fer représentent les accessoires de costume. Les parures sont constituées de bagues, de perles et de boucles d'oreilles. Les dépôts funéraires furent abandonnés au VIIIe siècle conformément aux ordres de l'église.

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Ces photographies ont été réalisées en mars 2019.

 

Y ACCÉDER:

L'accès au Mont Saint-Germain est fléché dans le village de Châtel-Saint-Germain. L'accès se fait depuis un parking dans le village et un sentier ou par un chemin menant à un parking sur le plateau puis par un chemin en terre sur 300 m.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 19 juin 2019

Cette page a été mise à jour le 19 juin 2019