La chapelle Foujita

Le peintre Foujita avait comme rêve de "construire un ensemble religieux autonome qui permet d'englober toutes les expressions artistiques occidentales traditionnelles". Il le concrétisa dans la chapelle qu'il construisit et décora sur un terrain offert par les Champagnes Mumm à Reims.

Tsugouharu Foujita naquit le 27 novembre 1886 à Tokyo. Au cours de sa vie, il fut peintre, dessinateur, graveur, illustrateur, céramiste, photographe, cinéaste et styliste. Le 6 août 1913, il débarqua à Paris où il fréquenta Picasso, le Douanier Rousseau et les autres peintres impressionnistes. Il devint très rapidement la star de l'école de Paris. En 1914, il séjourna à Londres avant de revenir à Paris où il installa son atelier rue Delambre jusqu'en 1924. Il se maria en 1917 avec Fernande Barrey et connut son 1^er triomphe lors de l'exposition qu'il organisa en juin 1917. En 1918, il s'installa à Cagnes. Il fut fait chevalier de la Légion d'honneur en 1925. À l'époque, son talent lui permet de gagner beaucoup d'argent lui valant un lourd redressement fiscal en 1928 qui le poussa à retourner à Tokyo. En 1931, il effectua un voyage de deux ans en Amérique latine. Lors de l'invasion de la Chine par l'armée japonaise en 1938, il l'accompagna en tant que peintre attaché aux armées avant de revenir à Paris entre 1939 et mai 1940. Entre 1939 et 1945, il collabora au militarisme japonais avant de devenir le principal collaborateur des Américains dans le domaine des arts. Protégé par le général Mac Arthur, il partit pour New York en 1949. Il y organisa une exposition couronnée de succès à la galerie Komor. Le 14 février 1950, il revint à Paris où il obtint en 1955 la nationalité française.

Le 14 octobre 1959, il se convertit au catholicisme après avoir eu une illumination mystique en visitant la basilique Saint-Rémi de Reims. Pour son baptême, il choisit le prénom de Léonard et avait comme parrain René Lalou, le directeur des champagnes Mumm, et pour marraine Béatrice Taittinger. Il s'installa ensuite à Villiers-le-Bâcle dans la vallée de Chevreuse où il acheta une maison en 1960. Avec René Lalou, il décida de la construction et de la décoration d'une chapelle à Reims en 1964. Il y travailla jusqu'en 1966. Léonard Foujita décéda à Zurich le 29 janvier 1968. D'abord inhumé à Paris, son corps fut transféré à Villiers-le-Bâcle. Depuis 2003, il repose dans la chapelle Foujita à Reims aux côtés de sa dernière compagne Kimiyo.

La chapelle de style roman fut construite avec l'aide de l'architecte Maurice Clauzier entre 1965 et 1966 sur un terrain offert par les Champagnes Mumm à Reims. Léonard Foujita la dédia à Notre-Dame-de-la-Paix en référence à l'encyclique "Pacem in Terris" du pape Jean XXIII publié en 1963. La chapelle fut bénie le 1er octobre 1966 et remise à la ville de Reims le 18 octobre 1966. Elle fut classée Monument historique le 8 juin 1992.

Entre le 3 juin et le 31 aout 1966, Léonard Foujita, qui a 80 ans, réalisa les fresques retraçant la vie du Christ. Les fresques n'ont pas de suite chronologique. Il réalisa également les dessins des vitraux et des ferronneries. Les vitraux, réalisés par le maitre-verrier Charles Marq, évoquent les horreurs de la guerre et plus spécialement Hiroshima et des scènes de la vie en Champagne et à la campagne. Les sculptures de la chapelle furent réalisées par Maxime Chiquet et par les Frères André.

Les trois scènes au fond de la nef sont surmontées d'une fresque montrant Dieu et l'Agneau mystique entourés des animaux représentant les évangélistes. La scène de droite représente la Vierge, celle de gauche sainte Élisabeth et celle du centre montre Notre-Dame-de-la-Paix bénissant et protégeant deux groupes de femmes et d'enfants. Parmi les femmes, Foujita représenta son épouse Kimiyo. La porte de la sacristie est divisée en seize panneaux en bois portant des scènes de l'histoire sainte et de la vie de saints.

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