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Les rives du Cher où affleurent les bancs de roche calcaire d'un blanc parfait furent exploitées de longue date pour fournir les pierres dont sont construits les nombreux monuments. Dans ces bancs de calcaire furent également creusé de nombreuses habitations troglodytes, comme à Bourré.
La galerie d'entrée
À Bourré affleure une couche de craie blanche déposée au fond de la mer à l'époque du turonien, il y a 90 millions d'années (crétacé). À cet endroit, cette couche est épaisse de 35 à 40 m et est recouverte par une couche de tuffeau jaune. La craie de cette couche présente la particularité d'être très friable tant qu'elle n'a pas été exposée à l'air où elle blanchit en durcissant. Elle est donc très facile à débiter en carrière. L'exploitation de la pierre dans la région fut réalisée en carrière souterraine pour ne pas pénaliser les terres agricoles en surface. La pierre de Bourré est la plus réputée et la plus noble. Elle fut exploitée depuis le Moyen-âge et connut son apogée du XVe siècle au XIXe siècle pour la construction des châteaux et des monuments, nombreux dans la région. Cette exploitation prit fin en 1920, car la région était tellement truffée de carrières souterraines que l'intégrité du terrain était compromise. Toute la région était menacée d'effondrement. L'exploitation de la pierre de Bourré fut interdite en 1914.
À Bourré, les anciennes carrières de tuffeau représentent plus de 400 km de galeries dont certaines ont jusqu’à 8 m de hauteur. La carrière de la Cave des Roches s'étend sur une superficie de 80 ha avec 120 km de galeries reparties sur sept niveaux à 40 m sous la surface. Exploitée au cours du XIXe siècle, l'accès aux galeries souterraines se faisait au travers de six bouches de gavage s'ouvrant sur un petit vallon perpendiculaire au Cher. La température constante de 11 °C encouragea, en 1893, les propriétaires Louis Fay et Emirin Buchet a se diversifier en débutant l'exploitation de champignons. Une partie des galeries furent utilisées pour cultiver des champignons de Paris dont la production atteignit, en 1930, son apogée avec 200 tonnes par mois.
En 1991, la famille Delalande, propriétaire actuel de la Cave des Roches, arrêta la culture du champignon de Paris commun pour se consacrer à la culture de champignons plus noble. La champignonnière produit actuellement des "pieds bleus" (40 % de la production mondiale), des pleurotes, des agarics des jachères, des champignons de Paris anciens et des Shii Také. La production est d'environ 100 t par an. Cette production est principalement vendue à des restaurants étoilés et gastronomiques français, mais est également exportée vers New York, Tokyo, Londres, Genève, etc.
Plantation de pleurotes
Plantation de pleurotes
Plantation de pieds bleus
Champignons de Paris
Petit détail, mais important, le Shii Také, originaire du Japon, nécessite pour pousser, comme tous les champignons, un substrat nourricier, de l'humidité et un choc de température (froid/chaud), mais également des vibrations. Si au Japon ces vibrations proviennent des nombreuses secousses sismiques secouant le pays, à la Cave des Roches, les cultivateurs les provoquent en tapant régulièrement sur les bottes de substrat.
Plantation de Shii Také
La sortie de la Cave des Roches
L'exploitation de la pierre de Bourré étant interdite, les restaurations des monuments, où la pollution entame la surface de la pierre, se font en utilisant des pierres en provenance de carrières lointaines. Si le cout d'acheminement des pierres n'est pas problématique pour les grands monuments, elle rend la restauration des maisons de la région hors de prix pour le commun des mortels. De nombreuses maisons construites en tuffeau se retrouvent donc recouvertes de crépis modernes leur faisant perdre leur charme d'antan. Devant la perte de ce patrimoine, le sculpteur serbe Slobotan Bugaric et le tailleur de pierre Christain Lhermite proposèrent aux propriétaires de la Cave aux Roches de recréer, au fond de la carrière, un village témoin de la vie rurale du XIXe siècle. Créée à partir de 1998, la "Ville souterraine" est un grand bas-relief de 1500 m² représentant les façades de la rue d'un village tel qu'il existait dans la région. La création de cette œuvre nécessita 8 à 9 h de travail journalier durant 2,5 ans. La "Ville souterraine" fut ouverte au public en 2001.
Depuis le tailleur de pierre, Christian Lhermite, poursuit son travail de transmission de l'histoire et des techniques d'antan en sculptant la galerie des "Gagnes-misères". Y sont représentés en bas-relief les symboles des vieux métiers exercés par le petit peuple et que la modernité a fait disparaitre.
Ces photographies ont été réalisées en septembre 2021.
Y ACCÉDER:
La Cave aux Roches se situe au 40 rue des roches à Bourré. Les visites de la champignonnière et de la "Ville souterraine" se font sous la conduite d'un guide. Elles sont payantes.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
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Cette page a été mise en ligne le 31 décembre 2021
Cette page a été mise à jour le 31 décembre 2021