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Le cimetière de la Certosa à Bologna

Le cimetière de la Certosa à Bologna, établi dans les bâtiments d'un ancien couvent de chartreux, présente une énorme richesse de peinture et de sculptures réalisées par les meilleurs artistes de la ville et d'Italie.

Le monastère fut fondé en 1334 par les chartreux sur des terres mises à leurs dispositions par Giovanni d'Andréa. Il était situé à l'ouest du centre-ville de Bologna. Les cloitres, les cellules des moines, la chapelle, le chapitre, le réfectoire, l'hostellerie et les cuisines furent terminés en 1350. La chapelle fut consacrée à St-Jérôme en 1359 par l'évêque Nasio. Le monastère fut, par la suite, le lieu de méditation de Nicolas Albergati. Celui-ci fut canonisé au milieu du XV^e siècle par le pape Nicolas V. Cet acte donna au monastère une nouvelle impulsion qui lui dut son extraordinaire expansion. Une nouvelle phase de construction, à la fin du XVI^e siècle, en fit un des plus grands et des plus beaux monastères d'Italie. Au XVII^e siècle, l'église St-Jérôme fut agrandie par une nouvelle abside et un transept. Le clocher fut reconstruit et reçut une grosse cloche en 1608. La décoration interne comporte des peintures dédiées à la vie du Christ exécuté par les plus grands artistes de Bologna dont Bartolomeo Gesi (1616).

Napoléon 1^er, alors maitre de l'Italie, supprima les monastères en 1797. Les bâtiments de la Certosa furent alors occupés par les militaires jusqu'en 1801 où fut prise la décision d'en faire un cimetière. La transformation fut confiée à l'architecte Ercole Gasparini puis à Luigi Marchesini. Le cimetière se développa autour du 3^e cloitre qui en constitue le cœur. Le cimetière fut consacré en 1816 par le cardinal Oppizzoni. Les tombes, d'abord ornées de décors peints puis ornées d'œuvre en stuc puis en marbre ou en bronze, sont le reflet de la culture néoclassique de Bologna de l'époque.

L'architecture initiale du monastère fut complétée, au XIX^e siècle, par différents architectes italiens avec des loggias, cloitres, portiques et chambres de plus en plus grands et monumentaux. L'ensemble permet au visiteur de toujours marcher à couvert comme cela est le cas dans le vieux centre-ville de Bologna. Les tombes peintes et en stuc du 3^e cloitre sont uniques en Europe. La célèbre "Désolation" de Vincenzo Vela est un bloc de marbre mariant la beauté avec les valeurs politiques du "Risorgimento" (unification de l'Italie sous l'impulsion du roi de la maison de Savoie entre 1848 et 1870).

Durand le XIX^e siècle de nombreuses tombes furent ornées par les œuvres de Giacomo DeMaria, Giovanni Putti, Cincinnatti Baruzzi, Salvino Salvini, Vicenzo Vela, Stefano Galletti, Carlo Monari, Enrico Barberi ou Diego Sarti. Les monuments de la "galerie des Anges" et du 7^e cloitre sont d'opulentes œuvres réalistes comme l'œuvre dépeignant le roi de Naples, Joachim Murat, ou celle de Lorenzo Bartolini montrant la sœur de Napoléon 1^er, Élisa Bonaparte. Le cimetière fut, au cours du XIX^e siècle, la destination favorite des visiteurs de Bologna. Lord Byron, Charles Dickens et Theodor Mommsen ont décrit leurs visites dans leurs écrits.

Les différents agrandissements successifs ont mis à jour, entre 1869 et 1873, une nécropole étrusque associée à l'antique Felsina. Parmi les objets d'arts exhumés figure le célèbre vase dit "Situla della Certosa" daté du VI^e siècle av. J.-C.. La fin du XIX^e siècle marqua un changement d'orientation architectural. Les cloitres et les chambres funéraires entourant le grand 6^e cloitre abritant le monument aux morts de la 1^re Guerre mondiale montrent une plus grande richesse de décoration.

Les spacieux caveaux et les chapelles sont ornés de sculptures en marbre ou en bronze, de mosaïques ou de fer forgé. Ils sont environnés par les plaques et les sculptures ornant les emplacements de la petite bourgeoisie. La chapelle Albertoni, réalisée par Giuseppe Romagnoli, ou la chapelle Magnani, construite par Pasquale Rizzoli, sont parmi les plus beaux exemples du style Art Nouveau ou "Stile Liberty" italien. Les chapelles Gancia, Cillario ou Talon sont emblématiques du gout historique et sont des rappels des temps moyenâgeux ou de la renaissance. Les œuvres d'Alfonso Borghesani sont un véritable catalogue des richesses matérielles des défunts influencé par l'art déco.

Le cimetière de la Certosa possède une plus grande quantité de monuments collectifs que tous les autres cimetières en Italie. Ces monuments commémorant des événements historiques sont la volonté des fondateurs du cimetière qui désiraient offrir à la postérité un exemple à suivre. Le plus ancien, qui fut érigé en 1828, est le Panthéon des Illustres Citoyens de Bologna. Il fut créé par Guiseppe Tubertini. L'énorme lion rugissant de Carlo Monari orne le monument aux martyrs de l'indépendance. Le monument collectif le plus imposant est celui des victimes de la 1^re Guerre mondiale. Il occupe la totalité du centre du 6^e cloitre. Conçu par Enrico et Paolo Cacciari Casati, il fut inauguré en 1932. Il fut construit avec une claire intention de propagande politique par le transfert dans cette zone des restes du prêtre barnabite Ugo Bassi (1800-1849), martyr du "Risorgimento", et des restes de Giosuè Carducci (1835-1907), poète de l'unité italienne et prix Nobel de littérature en 1906.

L'ossuaire des Partisans, un autre des monuments collectifs se dresse sur le "Campo degli Ospedali" (place de l'hôpital de campagne). Conçu par Piero Bottoni de Milan, il fut érigé en face de la sépulture de Guiseppe Dozza, le maire de Bologna lors de la libération en 1944.

Ossuaire Caduti Partigiani

De nombreuses personnalités locales et nationales jouissent de leurs repos éternels en ces lieux. Parmi eux nous pouvons citer : Marco Minghetti (1818-1886), premier ministre italien, Giorgio Morandi (1890-1964), peintre, Bruno Saetti (1902-1984), peintre, Giosuè Carducci (1835-1907), poète et prix Nobel de littérature, Riccardo Bacchelli (1891-1985), écrivain, Carlo Broschi (1705-1782) plus connu sous son nom de scène : Farinelli, Ottorino Respighi (1879-1936), compositeur ou Lucio Dalla (1943-2012), chanteur. Y figurent également les fondateurs d'empire industriel comme Maserati (1887-1932), constructeur automobile, Ducati ,constructeur de moto, Weber (1889-1945), fabricant de carburateurs, Lamborghini (1916-1993), constructeur automobile, ou Zanichelli (1819-1884 ), éditeur.

Nous pouvons également rendre visite à la dernière demeure de Gandolfi (1734-1802), peintre, de Grabinski (1771-1843), officier polonais, de Maria Dalle Donne (1778-1842), physicienne et professeur d'obstétrique, d'Isabella Colbran (1785-1845), chanteuse et épouse de Gioacchino Rossini, de Gioacchino Napoleone Pepoli (1825-1881), sénateur italien, de Severino Ferrari (1856-1905), poète, d'Assunta Viscardi (1890-1947), instituteur en cours de béatification ou de Farpi Vignoli (1907-1997), sculpteur.

Ces photographies ont été réalisées en novembre 2015.

Y ACCÉDER:

Le cimetière de la Certosa est situé via della Certosa à Bologna. On y accède en empruntant depuis l'autoroute de contournement de Bologna (la tangenziale), la sortie 1 pour la Asse Attrezzato Sud-Ouest puis la viale Mohandas Karamehand Gandhi (fléchage Certosa).

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 20 février 2016

Cette page a été mise à jour le 20 février 2016