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Le cimetière de Pau

Le cimetière paysager de Pau est le témoin du formidable essor que connut la ville au XIXe et XXe siècle. De nombreuses sépultures affichent un patronyme à la consonance anglo-saxonne, espagnole, russe ou polonaise, reflétant la fascination qu'exerça le "Bèth cèu de Pau" durant le XIXe siècle sur une élite en mal d'air pur.

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Sépultures des officiers 1881

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Monument aux Morts

En 1812 parut l'ouvrage "L'influence curative du climat de Pau et des eaux minérales des Pyrénées sur les maladies". Cette étude du docteur Alexander Taylor, largement diffusée, assura la renommée de la ville auprès des malades du monde entier. Lorsque, vingt ans plus tard, le chemin de fer atteignit la ville, il déversa des vagues de riches hivernants désireux de recouvrer la santé. À la veille de la 1re Guerre mondiale, la communauté étrangère, dominée par les Anglo-saxons, était forte de plusieurs milliers de personnes. Les plus sédentaires d'entre eux se firent construire de somptueuses villas qui figurent toujours parmi les plus belles architectures de la ville. Pour satisfaire ces riches touristes, la municipalité transforma la vieille cité des rois de Navarre en une chic et agréable station climatique avec une large promenade donnant sur les Pyrénées, un exubérant palais d'hiver en fer et verre (Palais Beaumont), de luxueux hôtels et des parcs d'agréments.

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Monument à la mémoire de J.B. Castetnau, ancien maire de Pau, général de Battisti
(30/01/1837 – 29/10/1903)

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Les premiers cimetières de Pau se développèrent autour de l'église St-Martin (place de la déportation) et de l'église Notre-Dame des Morts (qui s'élevait jadis place Clemenceau). Le 10 mars 1776, une ordonnance royale de Louis XVI imposa la fondation de lieux d'inhumations éloignés des lieux d'habitations. Pour y répondre, les "Jurats" de la ville sollicitèrent la bienveillance du roi qui décida, le 24 février 1778, de céder à la ville, à cet effet, deux arpents de la châtaigneraie du château des rois de Navarre. Freiné par la Révolution française, l'aménagement du cimetière se concrétisa lorsque les terres du "Grand Carré de la Plante" (l'actuelle place de Verdun et l'emplacement occupé par la caserne Bernadotte) furent confisquées comme bien national et donné à la ville. En 1804, pour se conformer au décret impérial du 23 prairial an XII (12 juin 1804) qui préconisait de diviser les lieux d'inhumation "en autant de parties qu'ils y avaient de cultes différents", une section fut réservée aux protestants. Un premier agrandissement fut réalisé en 1838 du côté nord sur un plateau distant d'une centaine de mètres. Les deux sites furent reliés par une allée bordée d'arbres et qui longe aujourd'hui le jardin du souvenir et le columbarium. Un nouvel agrandissement fut réalisé au cours de la première moitié du XXe siècle du côté sud-ouest.

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Chapelle de J.J. Langlés

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Au cours du XIXe siècle, les modalités d'inhumation furent règlementées par plusieurs lois et décrets. Furent ainsi instaurées les sépultures individuelles et la mise en place de concessions à long terme qui donnèrent naissance à un art funéraire. Autorisées à créer des structures pérennes, les riches familles firent appel à des architectes, à des artisans et à des artistes de renom. Les sculpteurs, marbriers, bronziers ou orfèvres, fortement sollicités, proposèrent de véritables catalogues de monuments entrainant une certaine standardisation de l'art funéraire en France. De nombreux commanditaires optèrent pour des caveaux maçonnés et enterrés, leurs présences étant matérialisées par une stèle, un piédestal orné d'une croix ou d'une urne, une pierre tombale ou une monumentale chapelle dont l'architecture néoclassique de la fin du XVIIIe siècle laissa la place à un goût pour l'exotisme (pyramides ou obélisques). Les premières chapelles furent édifiées au cimetière de Pau entre 1853 et 1865, la plupart datent cependant de la fin du XIXe siècle. La signification de certaines ornementations nous échappe, mais les représentations animalières comme la chouette ou la chauve-souris évoquent la clairvoyance dans les ténèbres. Les motifs végétaux tels que la vigne, le lierre, les pensées ou les lys symbolisent l'éternité, le souvenir ou l'innocence. Une colonne brisée signale une mort brutale et prématurée. Le sablier, les flambeaux renversés et la lampe à huile symbolisent la fuite du temps tandis que les motifs de rameaux ou de couronne célèbrent la vie éternelle.

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In loving Memory of Walter Williams of Sugnall (Staffordshire) who died at Pau March 5th 1899

 

 

Les miracles de l'abbé Bruchou

"Passant qui que tu sois arrête ici tes pas. Tu as d'abord souri, peut-être, devant la tombe de ce bon prêtre. Recueille-toi et prie, et quand tu reviendras ici, ce sera pour lui dire merci". Cette épitaphe figure sur une des nombreuses plaques qui ornent la tombe de l'abbé Bruchou qui fut ordonné prêtre en 1840. En charge de la paroisse Saint-Jacques de Pau durant la deuxième moitié du XIXe siècle, de nombreux Béarnais lui vouent toujours une profonde dévotion. Sa popularité naquit lors de la guerre de 1870. À cette époque, une de ses ouailles lui fit une demande inattendue et peu chrétienne. Elle lui demanda de prier pour la protection et le retour de son mari et de son amant. Les deux hommes revinrent indemnes de la guerre et assurèrent la légende du prêtre dont de nombreux Palois viennent toujours solliciter la bienveillance. L'histoire ne dit pas comment la demande de cette dame fut connue de tous.

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Chapelle Hachette

Cette chapelle mêlant influence byzantine, gothique et renaissance fut érigée en 1872 par la veuve d'Alfred Louis Hachette (1832-1872). L'ainé des deux fils du fondateur de la maison d'édition s'installa à Pau en 1861 pour y soigner sa santé fragilisée par les inhalations de plomb dû à son métier. Sa veuve se fit également, par la suite, ériger, par l'architecte Jules Noutary, une villa de style Art nouveau, le pavillon Cecil, en bordure de l'avenue des États-Unis.

 

 

 

 

Chapelle Paul Pourtalé

Paul Pourtalé, notable palois, acquit cette concession en 1895. Il y fit ériger une chapelle néo-gothique richement ornée de motifs floraux avec une porte ouvragée et des vitraux d'inspiration médiévaux.

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Monument Maria Devéria

Eugene Devéria, peintre et sculpteur renommé, s'installa à Pau en 1841. Il est l'auteur de la vibrante représentation de la "Naissance d'Henri IV". Sa fille Maria, qui l'assistait dans ses travaux, mourut en 1856 à l'âge de 25 ans alors qu'il se trouvait à Avignon pour y exécuter un grand décor pour la cathédrale de cette ville. Ne pouvant assister aux obsèques, il considéra que cette épreuve lui était imposée pour éprouver sa foi. Très affecté, il réalisa plusieurs représentations de sa fille, dont le buste qui orne sa tombe où la jeune femme apparait dans toute sa fraicheur et sa spontanéité.

 

 

 

Monument Platanow

La santé fragile de Théodora Nowakonska, la femme du prince russe Valérian Platanow, diplomate, conseiller et ministre du tsar Alexandre II, contraignit le couple à délaisser Saint-Pétersbourg. Ils s'installèrent à Gelos à la Villa Mont-Rose où Théodora mourut en 1875 à l'âge de 52 ans. Le prince fit réaliser en Italie cette émouvante statue en marbre représentant sa femme agenouillée et rêveuse. Il fit orienter le monument en direction des coteaux de Gelos pour pouvoir le contempler depuis sa maison à travers une lunette de marine.

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Chapelle Mérillon-Clinch

Entre 1880 et 1905, Joseph Mérillon et son épouse, la riche héritière américaine Cornelia Stewart Clinch, firent construire la Villa Castet de l'Array (château du soleil) ou palais Sorrento, une des plus spectaculaires villas de Pau. Elle combine la rudesse d'une tour crénelée d'inspiration médiévale avec une rotonde italienne et un jardin de rocaille. Contrairement à leur villa, la chapelle funéraire qu'ils se firent ériger est d'une austère simplicité.

 

 

 

Monument Pierre Tourasse

Pierre Tourasse, passionné d'horticulture, fut à l'origine de la création de la "Société Générale de secours mutuel pour les femmes de Pau", de sociétés de prévoyance, de caisses d'épargne scolaires et de bibliothèques. Pour l'honorer, la ville de Pau lui octroya gratuitement une concession à perpétuité entretenue par la municipalité. Une souscription publique permit le financement du monument réalisé par Louis Joseph Alexandre. L'obélisque est orné en partie haute d'un médaillon à l'effigie de Pierre Tourasse coiffé d'une couronne. En partie basse, deux enfants témoignent leur reconnaissance, l'un en inscrivant le mot "prévoyance", l'autre tenant un des livres généreusement offerts par ce mécène.

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Chapelle Guillemin-Montebello

Auguste Guillemin, fils d'ambassadeur, était promis à une brillante carrière politique, mais à la suite de l'avènement d'un régime antipathique à son caractère et à ses opinions, cet ami de François Guizot et du prince de Broglie, quitta l'agitation de la capitale. Soucieux de la santé fragile de sa fille, il s'installa sur les terres qu'il possédait à Gan où il dirigea une ferme-école. Son épouse, héritière du maréchal d'Empire Jean Lunnes, duc de Montebello, se consacra à l'éducation de ses enfants et des pauvres du hameau. Les Guillemin s'impliquèrent dans la modernisation des infrastructures paloise et militèrent activement pour la création de bains publics à prix réduits et à la création de la ligne de chemin de fer Dax-Pau. La chapelle funéraire, classée Monument historique, fut réalisée par l'architecte Henri Geisse et le sculpteur Louis Joseph Alexandre. Elle est conçue comme une petite église et possède un autel surmonté de deux verrières figurant Saint-Joseph et Sainte Élisabeth de Hongrie.

 

 

 

 

 

Chapelle Jean Pourtalé

Cette chapelle présente une façade marquée par quatre colonnes soutenant des chapiteaux corinthiens surmontés d'un entablement orné de linceuls. Entre eux, un chérubin crachant des rinceaux est représenté sous une couronne traversée par une palme.

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Chapelle Hézard

François Charles Hézard, entrepreneur de travaux publics, fit fortune grâce au développement du chemin de fer. Élu conseiller municipal de Pau en 1861, il contribua à la construction du Boulevard des Pyrénées.

 

 

 

 

Monument Potter

Le colonel James Potter de l'armée des États-Unis s'installa à Pau avec sa femme et ses filles à la fin du XIXe siècle. Il avait été promu colonel par le président Lincoln pour s'être distingué durant la guerre de Sécession. Son tombeau est orné d'une des plus belles sculptures du cimetière de Pau. Il s'agit d'une représentation de Saint-Georges, ayant déposé ses armes, s'agenouillant et étreignant une croix.

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Monument Jones

Le monument Jones est la tombe de la mère et de la sœur de l'épouse du colonel James Potter. Les ancêtres de la famille Jones étaient des amis proches du président Georges Washington. La sculpture représente trois jeunes femmes disposées autour d'une croix. L'une, représentant la charité, dissimule un cœur dans sa main droite tandis qu'un enfant se réfugie dans son giron. L'autre, représentant la foi, a les yeux levés vers le ciel et arbore un calice. La troisième, représentant l'espérance, est un ange portant une couronne.

 

 

 

Monument William Raymond Knox

Le lieutenant anglais William Raymond Knox fit édifier, au début du XXe siècle, sur une concession de 22m2, un monumental tombeau en marbre noir. Cet austère tombeau est juste adouci par une fine frise décorative.

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Chapelle Chabbert
Cette chapelle des familles Chabbert et Hahet fut édifiée en 1942. Elle mélange de traditionnelles références chrétiennes à des symboles plus exotiques comme le sphinx qui trône au sommet et qui dans l'Égypte ancienne veillait sur les morts.

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Monument funéraire d'Alberto Pedro Casas, né le 20 novembre 1864 à Rosario Santa Fé (argentine), décédé à Pau le 25/02/1926 et de Marie Navarra Donyach, épouse pieusement décédée à Pau le 14/11/1939.

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Monument funéraire de la famille Bustanory

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Monument funéraire de la famille G. F. Boutilhe

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Monuments funéraires anglais en cours de restauration

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Tombeau dolmen de Marie Le Retif (1872 – 1959)

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Monument funéraire de la famille de Laborde de Monpezat. "Ici a été déposé par ses fils et en présence de S.A.R. le prince Henri de Danemark son petit-fils, le cœur de Charles Jean Philippe Joseph Henri de Laborde de Monpezat, délégué de l'ANNAM Tonkin au conseil supérieur des colonies, né à Pau le 22 mars 1868. Son corps, inhumé à Hanoï le 29 juillet 1928, repose aujourd'hui quelque part en cette terre tonkinoise à laquelle il avait consacré sa vie".

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Monument funéraire d'Hendrik George Van Rinkhuyzen, né à Amsterdam le 31/10/1868 et mort à Paris le 6/01/1922

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Chapelle funéraire de Marthe Sarthou

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Sépultures des sous-officiers, caporaux et soldats de la garnison du 18e Régiment d'infanterie

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Carré militaire

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Monument funéraire des Hospices de Pau.

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Le souvenir français à la mémoire du trompette Escoffier, le héros de Sidi Yussef, Afrique 1843, décédé à Pau le 3 mars 1883

Ces photographies ont été réalisées en novembre 2017.

 

Y ACCÉDER:

Le cimetière de Pau est situé Allée du Grand Tour près de la place de Verdun.

 



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Cette page a été mise en ligne le 14 décembre 2017

Cette page a été mise à jour le 14 décembre 2017