Le jardin votif Anna de Noailles

La poétesse Anna de Noailles (1876-1933) passa ces étés dans la villa familiale à Amphion sur les rives du lac Léman. Ce lieu était sa source d'inspiration. Après sa disparition, ces amis firent élever dans le jardin de la villa un temple votif en son honneur.

Anna de Noailles, née Bibesco-Bassaraba de Brancovan en 1876, était la fille du prince roumain Grégoire de Brancovan et de la pianiste grecque Raluca Moussouros. Elle vécut à Paris, mais passait tous ces étés, jusqu'en 1916, sur les rives du lac Léman dans la villa Bassaraba que son père acheta au comte Walewski, fils naturel de Napoléon 1^er. En 1897, à 19 ans, elle se maria avec Mathieu de Noailles et devint comtesse. Elle publia à 21 ans (en 1901) son premier recueil de poèmes "Le cœur innombrable". Celui-ci, encensé par les critiques et l'Académie française, lui apporta la renommée. L'année suivante, elle reçut le prix Archon-Despérouses, prix de poésie créé en 1834. Tenant à Paris des salons littéraires et des soirées mondaines où l'on croisait tout le gratin littéraire de l'époque, elle créa, en 1904, avec d'autres femmes, le prix "Vie heureuse" qui deviendra, en 1922, le prix "Femina" recomposant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en vers.

Ayant publié trois romans et de nombreux recueils de poésie, elle reçut en 1921 le grand prix de littérature. En 1931, elle fut la première femme commandeure de la Légion d'honneur et la première femme reçue à l'Académie royale de la langue et de littérature française de Belgique. Elle décéda en 1933 et fut inhumée au Père-Lachaise à Paris. Selon son souhait, son cœur fut inhumé au cimetière de Publier sur les bords du lac Léman. L'Académie française créa en son honneur en 1994 le prix Anna de Noailles.

Anna de Noailles
(© Wikipédia)

bibesco
Caveau de la famille Bibesco, princes de Valachie, où repose Anna de Noailles au cimetière du Père Lachaise à Paris

Au cours de sa vie, elle publia trois romans : La Nouvelle Espérance (1903), Le Visage émerveillé (1904) et La Domination (1905). Parmi ses recueils de poésies figurent : Cœur innombrable (1901), L'Offrande à la nature (1901), L’Ombre des jours (1902), Les Éblouissements (1907), Les Vivants et les Morts (1913), Les Forces éternelles (1920), Les Innocentes, ou la Sagesse des femmes (1923), Les Climats (1924), Poème de l'amour (1924), L'Honneur de souffrir (1927), Poèmes d'enfance, Exactitudes (1930), Choix de poésies (1930) et Derniers Vers (1933). Elle publia également deux autobiographies : De la rive d'Europe à la rive d'Asie (1913) et Le Livre de ma vie (1932).

Après sa mort, à l'initiative de Louis Barthon, ministre des Affaires étrangères, ces amis artistes, intellectuels et aristocrates de l'époque dont Paul Valéry, firent élever un temple votif à sa mémoire. Celui-ci, conçu par l'architecte Emilio Terry, fut construit entre 1936 et 1938 sur un terrain cédé par son frère Constantin dans le jardin de la villa Bassaraba (celle-ci est à gauche du temple). Il s'agit d'un petit temple de pierre ouvert constitué de six doubles piliers disposés en cercle autour d'une colonne centrale portant une urne. Il est surmonté d'un toit conique. Sur la colonne supportant l'urne est gravé le début de son célèbre poème "Paradis à Amphion".

Attention, il n'est presque pas visible de la route, mais il existe un petit décrochement sur le bas-côté de la route en face de l'entrée permettant à une voiture de se garer.

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