La Diosaz prend sa source au glacier du Buet au Mont Buet à plus de 3000 m d'altitude. Le Mont Buet fait partie du massif des Aiguilles Rouges. Après avoir parcouru 14,8 km et alimentée le barrage de la Bajulaz, la Diosaz se jette dans l'Arve. Son bassin d'alimentation a une superficie de 54 km² et elle rassemble les eaux de quinze affluents, dont le plus long, le torrent de Souay, à une longueur de 6,2 km. Elle a creusé son chemin dans des roches d'âge carbonifère (360 à 300 millions d'années) constitué de phyllades et de schistes gris/verts du Viséen, de conglomérats, de grés et de schistes noirs du Westphalien et dans le socle cristallin du massif des Aiguilles Rouges constitué de granite de Pormeny. Le débit de la Diosaz dépend de la météo et du barrage de la Bajulaz utilisé pour produire de l'électricité. Durant 10 mois, le débit est maintenu au minimum pour permettre la survie de la faune aquatique. En juillet et août, selon le contrat conclu entre la société des Gorges de la Diosaz et Électricité de France, le débit est naturel. Fin juin et début juillet, le débit est au plus fort, alimenté par la fonte des neiges, et fin août le débit est au plus faible.
Le site fut marqué au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle par un drame qui eut un retentissement considérable pour l'époque. Frédéric Auguste Eschen (1777-1800) était un naturaliste, philosophe et poète allemand, élève du philosophe Fichte à l'université d'Iéna, il parlait toutes les langues d'Europe. Il était loué par Goethe et par Schiller et était ami de Schlegel et de Humbold. Sa soif de découverte se termina tragiquement le 7 août 1800 au glacier du Buet. Ayant entrepris de reconnaître la source de la Diosaz, il tomba dans une profonde crevasse sur le glacier. Le préfet du Léman, monsieur d'Eymard, présent à Servoz ce jour, organisa les secours. Ceux-ci ne purent malheureusement, au bout de trois jours d'effort, que ramener le corps sans vie du jeune homme, mort à 23 ans. Frédéric Eschen fut inhumé à la sortie des gorges de la Diosaz sous le monument funéraire que lui fit élever monsieur d'Eymard.
Le monument funéraire de Frédéric Eschen
En 1871, Achille Cazin, propriétaire des "Iles de la Diosaz", voulut partager les beautés des gorges avec le plus grand nombre. Il fonda une société dont le but était d'aménager et d'entretenir un sentier dans les gorges. Il fallut quatre années de très pénibles travaux pour enfin en 1875 rendre accessibles les gorges aux touristes. L'année de l'ouverture, 1500 touristes parcoururent les gorges. Le sentier, constitué en partie de passerelle accrochée à flanc de paroi rocheuse, est long de 2,6 km et présente un dénivelé de 130 m avec environ 600 marches.
La cascade de Danse doit son nom au mouvement du bois flottant que l'on peut observer sous la cascade.
Au passage des carrières, le sentier passe près des anciennes galeries de mines où entre 1858 et 1922 des mineurs exploitèrent un gisement d'ardoise.
Le passage des carières
La cascade de Barme-Rousse ou cascade du Creux-Rouge tire son nom du patois local où "barme" désigne un passage étroit. Il s'agit ici d'un passage très encaissé dans des roches colorées par de l'oxyde de fer.
La cascade de l'Aigle est la plus célèbre des gorges. Son nom fait référence à une ancienne aire d'aigle situé aux abords de l'abime et au fait que la cascade prend la forme d'une aile lorsque le débit est au plus fort.
La cascade du Soufflet se trouve dans une partie des gorges particulièrement ventée. Le resserrement des parois crée ici un effet venturi accélérant la vitesse du vent s'engouffrant dans les gorges.
Au-dessus de la cascade du Soufflet ce trouve le "Pont Naturel". Il s'agit d'un gros rocher qui tomba au XVIe siècle et se coinça entre les parois des gorges à 25 m au-dessus de l'eau. Dans la paroi rocheuse sur la droite du sentier est visible une porte en fer. Celle-ci clôt une petite cavité qui servit à la buvette qui existait dans les années 1920 à cet endroit de stockage pour les boissons.
La cascade du Soufflet
Le coffre de la buvette
En partie haute des gorges se trouve la grotte à "Cralin". Il s'agit d'une petite cavité artificielle qui servit de dépôt d'explosif (poudre noire) utilisé par la compagnie minière exploitant les gisements de cuivre et de plomb existant à Servoz. La date de creusement de la cavité est incertaine. Elle date peut-être de 1458, date du début de la prospection dans la région, mais plus surement du XVIIe siècle où débuta l'utilisation des explosifs dans les mines européennes. Vers 1872, après l'arrêt de l'exploitation des mines, une famille miséreuse utilisa durant trois ans la grotte comme habitat. Ce fait inspira Jeanne Cazin, l'épouse d'Achille Cazin, pour un de ces romans où l'un des personnages trouve refuge dans la grotte. En 1900, une fille-mère fut obligée d'accoucher secrètement dans cette grotte. Le nouveau-né, appelé "Cralin", fut orphelin dès ses premières heures dans ce monde. Il fut recueilli par François et Clothilde Duc-Devillaz de Servoz qui avaient déjà neuf enfants. Cralin fut par la suite décrit comme très petit, un peu candide et s'exprimant avec difficulté. Vers 1914, l'enfant habitait au Mont et sculptait des bâtons de marche qu'il offrait aux visiteurs.
La grotte à "Cralin"
L'intérieur de la grotte
Portrait de Cralin
Les gorges de la Diosaz ont aussi leur légende. Gorgy, un dragon originaire de l'Himalaya, était amoureux de la nature. Un jour, il y a fort longtemps, il quitta son pays pour découvrir le monde. Après des centaines d'années de voyage, il arriva à Servoz en 1513. Émerveillé par les gorges de la Diosaz, il décida de s'y installer. Mais épuisé par son odyssée, il décida de prendre un peu de repos. Il se coucha près de la rive du torrent et s'endormit pour 33 ans. Durant ce temps, une racine épousa son corps et à son réveil elle garda son empreinte au sol. Gorgy tout courbaturé par son lit peu confortable, décida alors de se confectionner un nid plus douillet dans les falaises des gorges. En faisant cela, il fit tomber un énorme rocher qui vint se bloquer entre les parois de la gorge formant ainsi le "Pont Naturel". La forme figurée par la racine qui nous fait penser à un dragon s'appelle une paréidolie. Dans une paréidolie, notre cerveau associe à une image informe un élément identifiable comme lorsque les nuages forment des animaux. Une autre paréidolie (un visage) est visible dans une des parois rocheuses des gorges.
Dans les gorges fut gravé un texte honorant Achille Cazin : "Hommage de reconnaissance de la société des Gorges de la Diosaz à son fondateur Achille Cazin, professeur de physique de l'université de Paris décédé le 22 octobre 1877 et à Robert Cazin, homme de lettres, avocat à la cour d'appel de Paris, décédé le 2 février 1905 qui a fait prospérer l'œuvre de son père".
Ces photographies ont été réalisées en 2020.
Y ACCÉDER:
Le début des Gorges de la Diosaz se trouve au 181, allée des Gorges à 74310 Servoz Les Houches.
La visite des Gorges de la Diosaz est uniquement possible entre début juin et fin septembre. La visite est payante.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
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Cette page a été mise en ligne le 29 avril 2021
Cette page a été mise à jour le 29 avril 2021