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Le cirque du Fer à Cheval

Lors de l’arrivée sur le cirque, vous n'aurez qu'aperçu des sommets environnants, car les arbres bordant la route bouchent en partie la vue. Ce n'est qu'après avoir quitté à pied le parking (obligatoire) que l'on débouche sur un espace libre où ce lieu majestueux vous saute à la figure. Du parking beaucoup de touristes se rendent au chalet de la réserve où la prairie offre une vue dégagée sur les falaises du Fer-à-Cheval. Je vous propose de prendre au fond du parking le sentier partant à gauche (passerelle sur le Giffre) et montant à Giffrenant. Là, une table d'orientation fournit une vue magnifique sur tout le cirque. À faire de préférence à partir de midi, car le matin, le soleil se lève derrière le cirque et vous l'aurez donc en face.

Le site comprend deux parties à la beauté complémentaire : le cirque du Fer-à-Cheval et le Fond de la Combe. Les deux sont séparés par l'avancé du Pic de Tenneverge (2836 m) et son prolongement les Cornes du Chamois (2523 m). Dans le cirque, une trentaine de cascades tombent des falaises au printemps lors de la fonte des neiges. Durant l'été, onze cascades se maintiennent. Au fond de la combe, le Bout du Monde possède également une bonne dizaine de cascades.

Les roches formant le massif du Fer-à-Cheval sont des calcaires formés lors du jurassique (199 à 145 millions d'années (MA)). Ces roches se sont déposées au fond de l'océan Téthys. Au jurassique inférieur (199 à 175 MA), la mer est chaude et profonde et les dépôts argileux dominent. Ces dépôts se transformeront en marnes. Au jurassique moyen (175 à 161 MA), les mouvements tectoniques font remonter le fond marin. Il s'installe donc une sédimentation calcaire constituée de débris de coquilles. Au jurassique supérieur (161 à 145 MA), la sédimentation est d'abord identique à celle du jurassique inférieur puis est remplacée par une prédominance de dépôts calcaires dans de vastes lagunes périodiquement asséchées. Lors de la surrection des Alpes, à partir de 50 MA, ces masses rocheuses sont poussées vers l'ouest et sont fortement plissées. Ces plissements ont replié les strates plusieurs fois sur elles-mêmes faisant apparaître dans les falaises des parois rocheuses plusieurs fois la même strate. Nous trouvons donc à la base (la première falaise) du cirque du Fer-à-Cheval et du Fond de la Combe une strate formée de marnes et de calcaire tendre du jurassique inférieur et moyen. Au-dessus se trouve une strate de marnes formée durant le jurassique supérieur. Elle constitue les pâturages du Prazon, du Borêt, du vallon du Tenneverge et de la montagne de Commune. Sur cette strate se trouve une nouvelle falaise de calcaire du jurassique supérieur formant les parties supérieures du Tenneverge, de la tour de Saint-Hubert qui domine le Fond de la Combe, du Cheval Blanc et du Grenier de Commune. Cette strate a été fortement plissée et est repliée plusieurs fois sur elle-même.

Le fort plissement subi par les strates a favorisé leurs fissurations. Ces fissures favorisent l'action de l'eau qui s'y infiltre facilitant ainsi l'érosion. Le haut Giffre reçoit une grande quantité de précipitations. À 2500 m d'altitude, elle est estimée à 4000 mm/m², dont une grande quantité, sous forme de neige. Cette quantité importante d'eau, combinée au gel et au dégel dû à la haute altitude des sommets (plus de 2000 m), désagrège la roche. Les éboulements sont fréquents. En 1600, la chute d'un pan de la falaise de la Pointe de Sales écrasa 80 maisons. Un éboulement à la Tête Noire en 1602 tua 57 personnes et 144 têtes de bétail en détruisant trois hameaux. L'éboulement créa une retenue d'eau sur le Giffre dont la rupture inonda la vallée jusqu'aux gorges des Tines. En 1880 et 1944, une partie de la paroi rocheuse de la Croix Moccand s'effondra et édifia les cônes d'éboulis à l'aval du Fond de la Combe.

L'éboulement le plus récent date de 2003. Le terrain en forte pente situé sous la crête du Cheval Blanc au sud-est du cirque, saturé d'eau a glissé sur le sous-sol imperméable. La masse en mouvement a poussé devant elle les résidus des éboulements précédents. L'ensemble déboula jusqu'au parking du site empêchant l'accès.

Le cirque du Fer-à-Cheval et le Fond de la Combe sont des bassins torrentiels formés par l'érosion des barres calcaires. Au quaternaire, les glaciers s'y installèrent. Ils achèveront la formation de ces amphithéâtres. Depuis leurs disparitions, à la fin de la glaciation de Würm, il y a 15000 ans, les éboulements et les cascades ont effacé la plupart de leurs traces. Le vallon du Fond de la Combe a cependant gardé sa forme en auge caractéristique des glaciers. Actuellement, il subsiste trois glaciers : celui du Ruan, celui du Prazon et celui du Cheval Blanc. Les deux premiers sont situés entre le Mont Ruan et le Tenneverge au-dessus du Fond de la Combe. Celui du Cheval Blanc est situé au sud au-dessus du cirque du Fer-à-Cheval. Les galeries souterraines et les grottes d'altitude sont également remplies de glace contribuant ainsi à l'alimentation des cascades.

La masse de ces glaciers connut une crue entre 1770 et 1850. Depuis, elle diminue. La décrue du XX^e siècle n'a cependant pas affecté la superficie des glaciers du Ruan et du Prazon, mais a contribué à en réduire l'épaisseur. Le glacier du Ruan a actuellement une longueur de 1300 m. Celui du Prazon atteint 2500 m. L'eau de fonte de ces glaciers, comme l'eau de pluie, s'infiltre dans les calcaires formant la partie supérieure du site. L'eau surgie ensuite sous la forme de source et de résurgence au contact des strates marneuses moins perméable. Une part importante de l'eau traverse cependant cette strate au travers de galeries souterraines pour alimenter des résurgences. Certaines sont situées au pied de la première falaise, d'autres jaillissent au beau milieu de cette falaise. Comme la cascade de la Méridienne dont le soleil éclaire la cavité de la résurgence à midi.

Toutes ces cascades et sources vont alimenter le Giffre qui de sa source au Bout du Monde grossit peu à peu. Son débit est au maximum durant les mois de mai et de juin à la fonte des neiges. Son bassin d'alimentation est situé pour les trois quarts au-dessus de 1000 m et même au-dessus de 2000 m pour un sixième. Cette eau parcourt de nombreuses galeries souterraines avant d'alimenter le Giffre. Le Fond de la Combe ne serait que les vestiges d'une ancienne galerie dont la voûte s'est effondrée. Les rochers résultant de cet effondrement ont été emportés par les eaux et par le glacier.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2010.

Y ACCÉDER:

De Sixt-Fer-à-Cheval, poursuivez sur la D907 jusqu'au parking payant du cirque, le terminus de la route. De là, vous pouvez aller vers le chalet de la réserve ou prendre le sentier au fond du parking à gauche vers Giffrenant (passerelle sur le Giffre) et ensuite, allez vers le chalet de Prazon (buvette). De là, le sentier longe le Giffre pour aller au Bout du Monde (environ deux heures de marche). Attention, le sentier grimpe ensuite vers les pâturages du Borêt (très important dénivelé).

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 19 septembre 2010

Cette page a été mise à jour le 24 août 2015