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Le chaos rocheux d'Huelgoat

Huelgoat présente un impressionnant chaos de rochers granitiques traversé par la rivière d'Argent. Il s'y trouve de nombreux rochers de toutes formes où les plus imaginatifs d'entre nous peuvent y voir toutes sortes d'ustensiles et d'objets de la vie de tous les jours. De nombreuses légendes tentent également d'expliquer la présence en ces lieux de ces étranges rochers.

Huelgot signifie le bois du haut et provient des deux termes bretons "Uhel" (haut) et "Koat" (bois). Les nombreux rochers parsemant les environs résulteraient d'une ancienne querelle entre les gens de Plouyé, à 6 km au sud, et les gens de Berrien, à 6 km au nord. Les habitants de ces villages, conduits par leur recteur respectif, décidèrent d'écraser le village rival en y lançant d'énormes boules de pierre. Mais la force leur manqua et les projectiles retombèrent à mi-chemin. Une autre légende leur attribue comme origine le géant Gawr ou Hoh Bras. Les géologues y voient une autre origine. Il y a 340 millions d'années (MA), une grande masse magmatique se mit en place à plusieurs kilomètres de profondeur formant ainsi le massif granitique du Huelgoat. Les différences de température et l'érosion sévissant durant les millions d'années suivantes provoquèrent la fracturation du granite. Entre 60 et 2 MA, la région se trouva sous un climat tropical avec des pluies abondantes. Les eaux de pluie circulant dans les fissures provoquèrent la décomposition des minéraux du granite. Les parties superficielles du granite se transformèrent en sable grossier isolant ainsi les parties plus dures qui formèrent des boules de granite. Depuis 2 MA, l'érosion déblaie patiemment le sable en laissant les boules formant ainsi le chaos rocheux. Le granite d'Huelgoat fut exploité par l'homme depuis le Moyen-âge. On le retrouve dans de nombreux édifices du XV^e et du XVI^e siècle. Le chaos fut exploité à partir du début du XIX^e siècle en carrière de granite. La forte mobilisation de la population locale conduisit, en 1894, le Conseil général du Finistère à interdire l'exploitation et à verser des subventions pour la conservation des blocs non exploités.

Le chaos rocheux est traversé par la rivière d'argent qui est le prolongement de la rivière Le Fao qui prend sa source dans les Monts d'Arée à proximité du col du Trédudon. Cette rivière alimente le petit lac qui entoure le village d'Huelgoat. À la sortie du lac, la rivière prend le nom de rivière d'Argent, certainement en référence à l'ancienne mine de plomb argentifère qui était exploitée à l'est du village. Au bout de quelques kilomètres, la rivière d'Argent rejoint l'Aulne dont l'estuaire forme la rade de Brest.

De nombreux sentiers parcourent le chaos et ses environs permettant la visite des rochers les plus remarquables. Le parcours débute au déversoir du lac où se situe le moulin du chaos. Il s'agit d'un ancien moulin seigneurial du XIV^e siècle. Le linteau de la porte porte la date de 1339. Devenu la propriété de la société des mines de basse Bretagne, il participa au vaste système hydraulique nécessaire à l'exploitation de la mine de plomb argentifère de Huelgoat.

À la grotte du Diable, la rivière d'argent chute de 20 m et passe sous le chaos rocheux. Cet endroit aurait servi de refuge à un révolutionnaire de Berrien poursuivi par des chouans. Le révolutionnaire portait un chapeau orné de deux plumes et avait une fourche pour sa défense. La grotte étant très sombre et comme il y faisait froid, il y alluma un feu. Quand les chouans descendirent dans la grotte, ils y virent une ombre qu'ils prirent pour celle du Diable. Ils s'enfuirent en criant "au Diable, au Diable". D'où le nom de la grotte. Une autre légende nous apprend que la grotte serait l'entrée d'une immense caverne où le long du chemin se succèdent 99 auberges. Dans chacune se dégustent des plats de plus en plus savoureux et des boissons de plus en plus enivrantes. Les serveuses y sont de plus très belles et accueillantes. Chaque visiteur s'arrête bien sûr dans chaque auberge. Dans la 99^e, le Diable attend les gourmands. Celui qui avait su se montrer sombre pouvait rentrer chez lui, mais les autres étaient précipités en enfer par la fourche du Diable.

Après la grotte du Diable se trouve le "ménage de la Vierge". Ici, les plus imaginatifs d'entre nous pourront voir différents ustensiles de cuisine comme le chaudron, la louche, la baratte à beurre, le soufflet, le fouet, etc. En se glissant entre les rochers, on retrouve la rivière d'Argent. En période de crue, l'eau peut même passer au-dessus des rochers.

Du "Ménage de la Vierge", en passant près de la crêperie, on rejoint la roche tremblante. Ce gros bloc d'un poids de 137 tonnes est un rescapé de l'exploitation du granite. Le bloc est long de 7 m, large de 2,80 m et haut de 3 m. Il repose sur une fine arête large de 90 cm qui lui permet d'osciller si l'on applique une poussée au bon endroit. Selon la tradition, c'est pour remercier les humains de ne pas l'avoir réduit en pierre à bâtir que les êtres de la forêt, les korrigans, l'auraient placé en équilibre sur cette arête. Elle tremblerait de peur au souvenir de ce qu'aurait pu être son destin.

Un étonnant rocher se trouve près de la route de Berrien. Il porte le nom de "le champignon" et a la forme d'un cèpe. Le rocher, en équilibre sur son pied, pèse plus de 200 tonnes.

À proximité du chaos se trouve le Camp d'Artus, un ancien oppidum occupé par le peuple des Osismes. Le site est circonscrit par une double enceinte concentrique. L'enceinte extérieure fait 3 km de circonférence et délimite une surface de 300 m de longueur et de 100 m de largeur. L'enceinte intérieure à une circonférence de 350 m. Les fouilles effectuées en 1930 par Mortimer Wheeler ont déterminé que cette enceinte était constituée d'un mur de type "Murus gallicus" d'une hauteur de 10 m. Ce type de mur est constitué de plusieurs couches de terres incluant des troncs d'arbres entrecroisés. L'oppidum daterait du ^1er siècle av. J.-C.. L'enceinte fut surélevée à une date plus récente. Le site fut ensuite abandonné à la fin du 1^er siècle apr. J.-C. avec la création d'une nouvelle capitale par les Osismes et les Romains, Vorgium (future Carhaix) à une quinzaine de kilomètres de là. Entre le X^e et le XII^e siècle, une motte castrale prit place sur le murus gallicus à l'extrémité nord du site. Les vestiges d'une tour étaient encore visibles au sommet de la motte à la fin du XIX^e siècle.

Il n'y a pas si longtemps encore les paysans étaient persuadés que le camp était hanté. Il ne fallait pas y aller de nuit, car des démons apparaissant sous la forme de feux follets en interdisaient l'accès. On pouvait également y entendre des hurlements. Il paraît même que des êtres surnaturels se réserveraient la possession des immenses richesses cachées dans le sol.

Au sud du camp d'Artus se trouve la grotte d'Artus. Le roi Arthur y dormirait en compagnie de quelques-uns de ces chevaliers. Malheur à celui qui le réveillerait sans raison, car il ne devait l'être que si la patrie était en danger. Son courroux vaudrait au malheureux une sentence de mort. La grotte contiendrait également le fabuleux trésor qu'Arthur découvrit au Val sans retour grâce à l'enchanteur Merlin. Ce trésor est gardé par des démons qui traversent les airs sous la forme de feux follets.

La grotte d'Artus

À quelques pas de la grotte d'Artus se trouve la mare aux sangliers, agréable point d'eau au sein de la forêt. À proximité se trouve le menhir de la Mare aux sangliers. Ce menhir d'une hauteur de 1,65 m disparu mystérieusement entre 1986 et 1989. Nul ne sait où elle se trouvait durant ce laps de temps. La pierre étant considérée par les archéologues comme une stèle gauloise, sa réapparition en 1989 permit de définitivement la considérer comme un authentique menhir. Les stèles gauloises étant des pierres soigneusement taillées, ce qui n'est pas le cas de celle-ci.

Un autre endroit remarquable de la forêt d'Huelgoat est le "Gouffre". La rivière d'Argent y chute dans un trou profond d'une dizaine de mètres pour ne réapparaitre que 150 m plus loin. Selon la légende, la princesse d'Is Ahès ou Dahud, fille du roi Gradlon, y faisait jeter les cadavres de ses amants. Au matin lorsque l'un d'entre eux la quittait, elle lui donnait, pour qu'il puisse sortir discrètement du château, un masque magique. Dès qu'il le mettait, le masque lui serrait le visage et le cou et l'étranglait. Le cadavre était ensuite emporté par l'homme noir qui le jetait dans le gouffre. La princesse possédait également un château juste au-dessus du gouffre, le rocher Kastel-ar-Gibel (le château du gouffre). L'élimination des amants s'en trouvait facilité.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2023.

Y ACCÉDER:

Pour visiter les différents endroits du chaos, vous pouvez débuter votre périple au centre du village d'Huelgoat. Des parkings existent en bord du lac. Le "champignon" se trouve au-dessus du parking situé au croisement près du supermarché "Intermarché", route de Berrien.

La grotte d'Artus, la mare aux sangliers et le camp d'Artus sont accessibles par un sentier dans la forêt débutant au parking de L'Arquellen situé le long de la D769A allant de Huelgoat à Poullaouen. Le "Gouffre" se trouve à quelques centaines de mètres plus loin le long de la D769A.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 23 aout 2023

Cette page a été mise à jour le 23 aout 2023