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La tour d'Albon

La maison d'Albon, cité au Xe siècle, est à l'origine du Dauphiné et du titre de Dauphin que portait l'héritier du trône du royaume de France. La tour d'Albon fut érigée pour assurer la surveillance du passage dans la vallée du Rhône et affirma la puissance des seigneurs d'Albon vis-à-vis des comtes de Savoie, leurs rivaux.

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Au cours du 1er siècle, une fortification romaine fut établie sur le site de Saint-Romain d'Albon. Au niveau de l'extrémité de la crête surplombant le village fut établie, vers 800, une chapelle à proximité de silos à grain creusé dans le sol. Ces silos avaient 2,80 m de diamètre et une profondeur de 4 m. En 937, un village est attesté en ces lieux où se trouvait une chapelle en pierre et un modeste château en bois. En 1030, l'archevêque de Vienne, Bouchard, donna à son frère Guigues le Vion (le vieux) les terres du Sud viennois. Celui-ci s'installa sur une motte castrale construite dans le village d'Albon. Le premier château était un édifice modeste en bois d'environ 7 m sur 4 m. En 1040 Henri II le noir, empereur du Saint Empire Romain Germanique, donna à Guigues le Vion la terre du Briançonnais.

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En 1079, Albon devint château comtal. Au cours du XIIe siècle, la chapelle fut agrandie par un chœur à abside carré de style roman décoré de moulures, d'enduits peints et de vitraux. Le château en bois fut remplacé par un bâtiment palatial en pierre avec une salle d'apparat (aula) de 400 m2. À l'époque, la taille moyenne de ce type de salle était de 200 m2. Une aula, où se tenaient les repas, les fêtes et les séances de justice, d'une telle taille, égale à celle des grands de l'époque, démontre la puissance des comtes d'Albon. L'accès au palais se faisait au premier étage par un escalier extérieur. En 1142, Guigues IV d'Albon fut surnommé Dalphinus et la seigneurie reçut le nom de Dalphinatus. À l'époque, dolphinus était un prénom courant. Saint-Dolphinus était l'évêque de Bordeaux au IVe siècle. La chapelle du château accueillit, en 1215, le procès en nullité du mariage du Dauphin Guigues-André et de Béatrice de Claustral, petite fille du comte de Forcalquier. L'accord financier assurant la nullité du mariage fut conclu en présence de Humbert, archevêque de Vienne, de Bernard, évêque d'Embrun et de Pierre d'Arènes, sacristain de Vienne.

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L'emplacement du palais

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L'emplacement de la chapelle

Au cours du XIIIe siècle, une chapelle plus modeste avec une abside semi-circulaire fut érigée à la place de l'ancienne. La tour en pierre, que l'on peut admirer aujourd'hui, fut construite sur la motte castrale et entourée de bâtiments utilitaires. Un mur vint enserrer le château et le bourg, formant une enceinte fortifiée de trois hectares. En 1293, le territoire prit officiellement le nom de Dauphiné. Le dauphin Humbert II, menant un train de vie au-dessus de ses moyens, céda, le 30 septembre 1349, le Dauphiné à la couronne de France pour pouvoir payer ses créanciers dont notamment le pape Clément VI. En 1366, des "compagnies d'Anglais" s'apprêtèrent à pénétrer dans le Dauphiné depuis le port d'Andance. Le châtelain d'Albon, en détruisant les bateaux anglais, mit fin à l'invasion. Il procéda la même année au renforcement de la porte de la tour d'Albon.

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Vers la fin du XIVe siècle, une grande partie du château fut détruit par un incendie. En 1405, une partie du palais fut transformé en écurie. Le château perdit alors son rôle de résidence seigneuriale. Il fut investi au XVIe siècle par les protestants. Le gouverneur du Dauphiné, Gordes, fit raser le site, à l'exception de la tour, en 1576. Le château servit alors, au cours du XVIIe et XVIIIe siècle, de carrière. Il fut réutilisé de manière officielle en 1793 lorsqu'un télégraphe de Chappe fut installé au sommet de la tour. Le château renaquit en 1993 lorsque des fouilles archéologiques furent entreprises. La première campagne dégagea le complexe palatial avec son vaste bâtiment à étage du XIe et XIIe siècle. La deuxième campagne de fouille, réalisée en 1996, dégagea la chapelle où dans les fondations fut retrouvée la base de deux moules en terre ayant servi à la fonte de cloche. Après une inscription aux Monuments historiques en 1982, le site fut classé en 2012.

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La tour fut bâtie sur une haute motte castrale implantée à l'extrémité de la crête à 388 m d'altitude. Elle bénéficie d'une large vue à 360 ° sur la région. Elle a une section carrée de 7,20 m de côté et possède des murs épais de 1,65 m. Elle est bâtie en appareil moyen régulier de grès gris assemblé par un épais lit de mortier. En plus de la plateforme sommitale, elle possédait trois niveaux séparés par des planchers en bois dont les trous de boulins recevant les poutres sont bien visibles dans les murs. Le rez-de-chaussée, éclairé par d'étroites fentes, servait de magasins. L'accès à la tour se faisait au premier niveau par une entrée en plein cintre. L'accès aux autres niveaux se faisait par des échelles internes. Le premier niveau était éclairé par une fenêtre en plein cintre disposé au sud. Cette fenêtre fut bouchée et transformée en archère. Le deuxième niveau se trouve une fenêtre identique, mais disposée côté nord et elle aussi transformée en archère. La tour ne possède aucun élément de confort tel qu'une cheminée ou des latrines. Elle n'a donc certainement jamais eu de fonction résidentielle. Elle servit probablement à une époque ou une autre de prison.

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Ces photographies ont été réalisées en octobre 2017.

 

Y ACCÉDER:

L'accès à la tour est fléché depuis le village d'Albon.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 22 janvier 2018

Cette page a été mise à jour le 22 janvier 2018