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La source de la Loue

La source de la Loue est une des plus forte résurgence et une des plus célèbre de France. Elle est nichée dans un magnifique hémicycle creusé par la rivière dans les strates calcaires du jurassique supérieur. Au pied de la falaise, haute de 104 m, s'ouvre une grotte dont le porche, large de 60 m et haut de 32 m, laisse passer la rivière.

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Le débit moyen de la source est de 6 m3/s. Elle est sujette à des crues brusques liées aux chutes de pluie. Son débit peut atteindre les 100 m3/s, mais ses crues ne durent que rarement plus de 24h. La source ne connait que rarement un débit inférieur à 1 m3/s, même en cas de sècheresse sévère. De mémoire d'homme, elle n'a été à sec qu'une fois, en 1896. La source principale (celle de la grotte) est accompagnée par trois sources latérales qui surgissent, 100 m en aval, des parois latérales. Ces sources, qui représentent 30 à 50 % du débit de la rivière en aval de sa source, sont actuellement cachées par les vestiges de construction.

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La source a commencé à être explorée par les plongeurs-spéléologues à partir d'octobre 1969. La première a été réalisée par J.C. Frahon et J.P. Urlacher. Ils ont parcouru 110 m et ont atteint la profondeur de - 15 m. Depuis les galeries souterraines ont été explorés sur 1200 m de longueur et une profondeur de - 40 m. L'origine de la rivière souterraine a été découverte par hasard. Le 11 août 1901, les distilleries Pernod à Pontarlier sont la proie des flammes. Afin de contrer l'incendie qui menace les stocks d'alcool pur et d'absinthe, le maire ordonna aux pompiers de déverser les cuves dans le Doubs. Près d'un million de litres vont ainsi partir dans la rivière. Deux jours plus tard, la source de la Loue se teinta d'un jaune doré aux reflets verts. André Berthelot, fils du célèbre chimiste, présent sur les lieux, constata que l'eau avait bien le gout de l'absinthe. Le 14 au matin fut constaté à Mouthier que l'odeur de la Loue "était aussi forte que celle d'un verre d'absinthe pris sur la table d'un café". La Loue est donc une résurgence du Doubs. La preuve scientifique en fut apportée en 1910. Édouard Martel et Émile Fournier, les pionniers de la spéléologie, déversèrent un colorant vert, la fluorescéine, dans une crevasse du lit du Doubs près de Pontarlier. Le colorant apparu à la source de la Loue 64 heures plus tard. Suite à cette découverte, les propriétaires d'usines des bords du Doubs décidèrent de boucher les crevasses afin de garantir un débit minimal au Doubs. Devant les protestations des riverains de la Loue, les services de l'État intervinrent pour interdire ces pratiques. Les recherches, effectuées depuis, ont établi que la source de la Loue bénéficie des eaux des pertes du Doubs en aval de Pontarlier, des pertes du Drugeon et des eaux d'infiltrations du bassin d'Arc-sous-Cicon et des gouffres et entonnoirs du Val d'Usiers et du plateau de Levier.

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Après sa source, la Loue poursuit sa route au travers des gorges de Nouailles. Dans ces gorges, une dizaine de résurgences, située dans le lit de la rivière ou dans des grottes riveraines, viennent gonfler les flots. Ces sources représentent 50 % du débit de la Loue. Les gorges résultent de l'effondrement de la voûte de la galerie souterraine qu'empruntait la rivière. Les gorges ont été déblayées par les glaciers de la glaciation de Würm, mais surtout par le formidable flot d'eau de fonte de ces glaciers disparus il y 15000 ans.

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L'énergie hydraulique disponible avec le débit de la source fut exploitée par l'homme dès le VIe siècle. Des moulins y furent exploités par les Mérovingiens. Sur le chemin d'accès à la source, le seul existant d'ailleurs, subsistent des traces de treize siècles de passage de chariots. Ces rainures permettaient le guidage des chariots dans les passages étroits. Une mention écrite des moulins de la Loue apparait pour la première fois dans des documents datés de 1240. En 1264, Hugues d'Usiers fait don de la redevance annuelle d'un quartier de froment pris sur le revenu des moulins d'Ouhans à l'hôpital du St-Esprit de Besançon afin de faire célébrer perpétuellement son anniversaire par une messe. En 1422, les habitants de Haute-Pierre, du Châtelet, d'Aubonne, de St Gorgon, de Renédale, d'Evillers, de Septfontaine et du Val d'Usiers sont tenus de livrer leur production aux moulins d'Ouhans. En 1752, les moulins sont des petits établissements. Ils sont établis à la source où une petite "écluse" permet la déviation de l'eau dans un collecteur alimentant les roues à aubes. Jusqu'au XIXe siècle, un moulin était un atelier utilisant l'énergie de l'eau grâce à une roue hydraulique. Un moulin englobait donc les machines à grains, à huile, les papèteries, les foulons à draps, les scieries ou les forges.

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La voie antique avec les rainures laissées par les roues des chariots

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Les vestiges des canaux alimentant les moulins

Au XVIIIe siècle seront construits d'autres barrages sur la Loue. Celle-ci n'avait été exploitée qu'à la source. Avant la Révolution, deux moulins fonctionnaient à la source dont un était propriété du roi. Celui-ci sera acquis après la Révolution par Marc Antoine Michel. En 1811, 30 ouvriers travaillaient aux moulins de la source. En 1828, la forge fournissait 200000 kg de fer en barres. En 1851, 47 personnes vivaient et travaillaient sur le site. Ne pouvant pas concurrencer les grandes usines installées dans les villes, les forges de la Loue cessèrent peu à peu leur production entrainant dans leur chute les autres activités. En 1909, seize communes, dont Ouhans, vont faire construire une usine électrique en aval de la source. Entre 1916 et 1921, une nouvelle usine électrique est construite à Mouthier. L'eau est captée par un barrage, établit 300 m en aval de la source. Elle est acheminée par une galerie de 2155 m creusée dans la roche sur la rive gauche. Le creusement de la galerie fut commencé à la pioche puis les ouvriers utilisèrent l'énergie de la cascade du Grand Saut (situé à 500 m en aval de la source) pour creuser à l'aide de marteaux pneumatiques. En 1926, les bâtiments existants près de la source furent détruits.

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Avant la connaissance scientifique de l'origine de la source de la Loue, quelques légendes fournissaient une explication. Son origine serait due à une couturière très avare surnommée la louve qui, un matin de Noël, alla satisfaire un besoin pressant. Ce besoin devint inextinguible pour la punir de son avarice. Une autre légende cite Gargantua. Celui-ci prit d'une grande soif, écarta les rochers et fit jaillir la rivière de la grotte. La vouivre qui habitait la grotte fut prise d'une telle frayeur qu'elle s'enfuit pour se cacher à la source du Pontet.

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Les crues subites de la Loue lui valurent de la part des anciens le surnom de la louve.

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La loue en aval de la source

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2010.

 

Y ACCÉDER:

De Pontarlier, prendre la N57 en direction de Besançon. Après quelques kilomètres, prendre à gauche pour Ouhans. De là, l'accès à la source est fléché jusqu'au parking. Le sentier d'accès emprunte l'ancien chemin du Moyen-âge (dix minutes à pied).

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 19 septembre 2010

Cette page a été mise à jour le 15 février 2015