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La grotte de la Baume
et le cirque du Dard

Près du village de Sancey-le-Long, face au château de Belvoir, s'ouvrent deux étroits vallons qu'en Franche-Comté l'on nomme des reculées. L'un a été formé par le ruisseau du Dard et l'autre par le ruisseau de la Baume. Tous deux sont des résurgences jaillissant au pied de la falaise formant un cirque. Au fil des millénaires et des crues, la falaise s'est effondrée autour de la résurgence et les débris ont été évacués par les eaux tumultueuses des crues formant petit à petit ces vallées si caractéristiques.

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Le cirque du Dard

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Le porche de la grotte de la Baume s'ouvre à une altitude de 630 m. Il donne accès à des galeries d'une longueur développée de 1550 m. Ces galeries forment trois réseaux. Le réseau principal est constitué d'un ensemble de vastes galeries hautes de 15 à 22 m et large de 3 à 8 m et d'une salle de diaclase. À l'exception de certaines corniches, perchées à 4 m de hauteur, ce réseau principal est soumis, plusieurs fois par an, aux crues violentes de la rivière souterraine coulant plusieurs mètres en dessous de ces galeries. La rivière est, pour l'instant, restée inaccessible. La galerie supérieure est se trouve à 14 m de hauteur dans la paroi est du porche. Elle rejoint le réseau principal à 9 m de hauteur dans la salle de diaclase. À l'opposé dans la paroi ouest du porche, s'ouvre, également à 14 m de hauteur, la galerie supérieure ouest. D'une longueur praticable de plus de 80 m, elle fut occupée par l'homme dès le néolithique.

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La grotte de la Baume

Durant la période historique, la grotte servit de refuge à la population des environs. En 1610, Jean Jacques Chifflet après avoir, non sans mal, pu visiter la grotte signala dans son ouvrage "Vesontio civitas imperialis" (Lyon 1618) que celle-ci regorgeait de vivres, d'armes et de munitions et que son accès était fermé par des portes en fer. Durant la guerre de Dix Ans (1634-1644), le comté de Bourgogne (dont faisait partie la Franche-Comté) perdit les deux tiers de sa population à la suite des massacres, de la famine, de l'exil ou de la peste. La grotte servit de refuge à la population face à l'invasion des Suédois, les Schwédes comme les appellent encore aujourd'hui les anciens du village. Les réfugiés barricadés dans la grotte défirent, en février 1639, l'expédition des Suédois de Rosen. Invaincus, les réfugiés quittèrent la grotte en juillet 1639 pour y retourner brièvement en mars 1644 lors de l'ultime raid suédois dans le vallon. En 1639, l'aménagement de la grotte comprenait notamment trois étages constitués de planchers disposés sur des poutres posées dans des entailles dans les parois de la salle principale formant ainsi une surface d'environ 1100 m2. Les étages étaient accessibles par des échelles et des plans inclinés permettant de franchir les portes en évitant le lit de crue de la rivière. La grotte resservie de cachette en 1654 lorsque des rumeurs situaient la guerre à Belfort et en février 1668 lors de la conquête de la Franche-Comté par Louis XIV. En 1674 y fut déposé le "coffre de la communauté". Au cours de la Révolution française, la rumeur y situa une cachette de prêtres réfractaires et de sainte Jeanne-Antide Thouret (né le 27 novembre 1765 à Sancey-le-Long, morte le 24 août 1826 à Naples). La grotte servit une dernière fois de refuge en 1944 lors du repli de l'armée allemande).

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Entre 1870 et 1975, le spéléoclub archéologique de Valdoie effectua des fouilles archéologiques dans la grotte. Ces fouilles ont déterminé que la galerie supérieure est fut aménagée au XVIIe siècle. Du mobilier cohérant avec cette époque y fut mis à jour ainsi qu'une monnaie de la période de La Tène et quelques tessons protohistoriques. Dans la galerie supérieure ouest, une chronologie plus importante fut mise à jour. Le niveau le plus récent correspond à une occupation temporaire du XVIIe siècle mélangé à une occupation temporaire gallo-romaine (1er au IIe siècle apr. J.-C.) et a un habitat de la période de La Tène III. Le niveau intermédiaire correspond à des foyers et des sépultures du Hallstatt (790-475 av. J.-C.). Le niveau le plus ancien est daté du bronze final et contenait de nombreux ossements non incinérés et quelques parures.

La chronologie d'occupation de la grotte s'établit donc de la manière suivante. À la fin de l'âge du bronze (950 à 750 av. J.-C.), la grotte servit de nécropole à inhumation (à l'époque, le rite dominant était l'incinération). Dans la galerie supérieure ouest furent déposé, le remplissage d'argile (2 à 5 cm d'épaisseur) ne permettant pas la mise en terre, vingt-sept individus. Aucun ossement ne fut trouvé en connexion anatomique, car la galerie fut soumise à des crues qui chamboulèrent les sépultures. Le nombre d'inhumations n'est donc pas certain et il pourrait y avoir eu une centaine de corps. Les inhumations étaient accompagnées de nombreuses céramiques, associées deux par deux, et de parures constituées de bagues, d'épingle, d'ornements spiralés, de perles d'ambre, etc. De cette époque fut également daté le dépôt de bronzier (lingots et objets partiellement refondus) retrouvé dans le réseau principal. Entre 750 et 650 av. J.-C., la grotte fut délaissée suite à la reprise des écoulements d'eau du à un net refroidissement du climat avec une forte pluviométrie.

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Durant le 1er âge du Fer (500-450 av. J.-C.) les incursions humaines reprirent comme le démontre les deux aiguillettes bouletées en bronze et un fragment de tôle de bronze avec un décor au repoussé retrouvé. Au 2e âge du fer (450-200 av. J.-C.), la grotte fut à nouveau délaissée. Entre 200 et 50 av. J.-C. (époque de La Tène II et III) la grotte servit d'habitat temporaire et de lieu de culte. L'abondance de pièces de monnaie gauloise et romaine (trop pour être des pièces perdues) plaide pour des offrandes à une divinité. De nombreuses fibules en bronze et en fer, des tessons de céramique, des monnaies et des outils en fer retrouvé sont datés de cette période. Dans la galerie principale, hors stratigraphie, car soumise a de nombreuses crues, mais datée de la même période, fut retrouvé une bague amulette en bronze décoré de trois têtes de taureaux séparés par trois groupes de trois perles.

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Ces photographies ont été réalisées en août 2015 et en août 2017.

 

Y ACCÉDER:

De Sancey-le-Grand, prendre la direction de Pierrefontaine-les-Varans par la D31. À la sortie du village, arrêtez-vous après le virage à 90 ° à droite et prenez à pied le chemin partant dans le virage. Il mène à la source du Dard au pied de la falaise. Poursuivez ensuite sur la route qui mène sur le plateau. Après le virage en épingle à cheveux, prendre le 1er chemin à gauche qui mène au belvédère du Dard.

Pour la grotte de la Baume, prendre à Sancey-le-Long, la direction de Maiche par la D464. À la sortie du village, la route fait un virage à 90 ° vers la gauche puis un virage à 90 ° vers la droite. Prendre après ce virage, le 1er chemin partant à droite et suivez-le, toujours tout droit, jusqu'au bout.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 22 janvier 2018

Cette page a été mise à jour le 22 janvier 2018