Les fontaines de Blamont

Le village de Blamont occupe un promontoire rocheux surmontant d'une quarantaine de mètres un vallon dont le fond est parcouru par le ruisseau de la Creuse. L'approvisionnement en eau du village a été, jusqu'à la fin du XIX^e siècle, problématique. Aucune source ne vient alimenter une quelconque fontaine au sein du village. Les habitants devaient se contenter de rares puits et de citernes. La source la plus proche est la source de la Creuse qui jaillit d'une ouverture au pied du promontoire. Source abondante et intarissable, ses eaux vont se jeter au bout de 3 à 4 km dans la Doue.

Les femmes venaient y chercher l'eau dans de grands seaux en sapin blanc qu'elles portaient sur la tête. Pour y accéder, elles devaient emprunter un long et difficile chemin. Cette corvée fit naitre un dicton très explicite : "l'eau de Blamont fait mal à la tête, quoiqu'il y en ait peu de si pures et de si saines". En 1875, le conseil municipal formula le projet d'une adduction d'eau. En 1884, le préfet du Doubs chargea l'ingénieur des Ponts et Chaussées d'étudier la possibilité d'utiliser une machine pour élever l'eau de la Creuse jusqu'au village. L'année suivante fut conçu un nouveau projet d'élévation utilisant deux machines hydrauliques. Mais ce ne sera qu'en 1890 que le village se dota d'un réseau d'acheminement de l'eau.

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Le lavoir à la source de la Creuse

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L'entrée de la grotte

La source de la Creuse qui fut aménagée en lavoir il y a fort longtemps, connue, le 11 novembre 1950, un des plus meurtriers accidents de spéléologie à ce jour. Le dimanche 12 novembre 1950, les clubs de spéléologies de Belfort et de Lure avaient organisé l'exploration d'une grotte à Villers-lès-Blamont afin de poursuivre la première réalisée une semaine plus tôt. Arrivée au matin du samedi, les spéléologues, en attendant le reste de l'équipe, décidèrent d'explorer deux grottes à Blamont. Un groupe de cinq spéléologues partit pour le Trou de la Chouette et les huit autres pour la source de la Creuse. Celle-ci jaillissait d'un petit porche large d'un mètre et à peine plus haut au pied de la falaise. Cette source intarissable présentait la plupart du temps qu'un filet d'eau, mais était sujette à de terribles crues. De mémoire d'homme, la plus importante eut lieu en 1916. À 14h30, les huit hommes se glissèrent dans la grotte. Un étroit boyau donne accès à une première salle d'où part une autre galerie tout aussi étroite. Celle-ci débouche dans une deuxième salle qui à l'époque était considérée comme le terminus. Elle fut découverte en 1935 par le groupe spéléologique de Montbéliard sous la direction de monsieur Weite. Les huit hommes pénétrèrent dans cette deuxième salle vers 17h. Jacques Freminet, indisposé par l'eau glacée, décida alors de faire demi-tour. Il parviendra à la sortie à 18h. Après avoir attendu ses compagnons et voyant le niveau d'eau grimper dangereusement, il décida de remonter à la ferme Cattin, lieu de rendez-vous avec l'autre groupe. Ceux-ci, s'étant perdus, n'y arrivèrent qu'à minuit. Revenu à la source de la Creuse, les spéléologues constatèrent que le niveau de l'eau empêchait l'accès à la grotte. À 2h du matin le torrent rejeta le cadavre d'Antonio Salvador. À 2h30, les gendarmes et les pompiers du Doubs arrivèrent sur les lieux. Ils y recueillirent le corps sans vie de Jacques Durupt, rejeté par la grotte. Prévenu par la préfecture, le ministre de l'Intérieur envoya aussitôt, par avion, une équipe des pompiers de Paris.

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Vue à l'intérieur de la grotte

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En contrebas de la source de la Creuse

À l'aube, le courant rejeta un foulard et deux casques. Les sauveteurs se persuadèrent que c'étaient des signes de vie envoyée par les spéléologues coincés dans la grotte. Monsieur Charrier tenta alors de pénétrer dans la grotte. Il arriva à passer le premier boyau, mais le niveau de l'eau dans la première salle rendit la progression impossible. Il rebroussa chemin et découvrit le corps de Raoul Simonnin qui était coincé contre une roche. Il le ramena à l'extérieur vers 9h. Les pompiers agrandirent alors le porche afin de faciliter l'écoulement de l'eau pour faire baisser le niveau. Mais la pluie battante qui tomba durant tout le week-end ne les aida pas dans leur tâche. À 15h15, messieurs Deschaux et Poillet essayèrent à nouveau de pénétrer dans la grotte, ils ramenèrent le corps sans vie de Maurice Roth. À 15h45, messieurs Monnot et Birri, découvrirent les corps de Michel Mozer et de Claude Vien. Bien qu'encore en vie, les sauveteurs ne parvinrent pas à les réanimer. Les pompiers de Paris arrivèrent enfin avec des scaphandres de plongée à 17h15. Leur plongée permit de retrouver vers 21h20 le docteur Mairey en vie. La crue subite de la Creuse aura fait six morts : Jacques Durupt, Maurice Roth, Michel Mozer, Antonio Salvador, Raoul Simonnin et Claude Vien. Ce drame donnera naissance à une nouvelle organisation des secours que l'on nomme aujourd'hui le plan Orsec.

La Fontaine Ronde est une source qui jaillit à quelques centaines de mètres de la source de la Creuse. D'après Charles Masson, conteur du XIX^e siècle, elle aurait été découverte par Jocelin. Il aurait remarqué un coin d'herbe toujours plus frais et plus vert que dans le reste du vallon. Il creusa à cet endroit et fit jaillir la source qu'il aménagea avec une auge creusée dans un chêne abattu par la foudre.

Actuellement la source est recueillie dans une auge rectangulaire longue de 2 m et large de 40 cm. Elle alimente un bassin circulaire de 1,30 m de diamètre d'où le nom de Fontaine Ronde. Ses eaux sont d'une grande légèreté et auraient des vertus médicinales.

Entre la source de la Creuse et la Fontaine Ronde, se trouve la source de la Fouge où la légende prétend qu'une Vouivre vient y laver ses ailes brillantes.

La fontaine de Vaugonderis ou fontaine des morts est une fontaine érigée au cours du XVI^e siècle. Perdue dans la végétation et dans le souvenir des hommes, elle fut redécouverte en 1990 par des randonneurs. Elle devrait son nom au fait que le vallon en contrebas, le val de Vaugonderis, servait de lieu de sépulture aux morts de la peste qui sévit durant le Moyen-âge. La fontaine est constituée d'une grande auge rectangulaire longue de 3,50 m et large de 1,20 m. Elle porte également les noms de Fontenotte ou de Fontaine carrée.

Un peu plus au nord, à Roches-lès-Blamont jaillit, dans le creux d'un rocher, une autre source. Recueillies dans un lavoir, construit à flanc de falaise, ses eaux forment ensuite une belle cascade de tufs en se précipitant au fond du vallon. Elle se nomme la fontaine des Roches.

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La fontaine des Roches

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Le lavoir de la fontaine des Roches

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La cascade de tufs

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La cascade de tufs

La source de la Creuse est accessible, à pied, depuis Blamont en empruntant le sentier partant derrière la maison de retraite (l'ancien château). De nombreuses places de parking sont disponibles dans l'impasse d'accès à la maison de retraite. Depuis la source de la Creuse, un sentier permet de suivre la Creuse jusqu'au chemin qu'il faut emprunter vers la droite pour atteindre la Fontaine Ronde. Poursuivre sur le chemin et prendre à droite à l'embranchement. Au cours de la montée, le chemin croise un sentier qui mène, sur la gauche, vers la fontaine de Vaugonderis et, sur la droite, vers Blamont.

Pour la fontaine des Roches, il faut, à Roches-lès-Blamont, prendre le chemin qui descend à droite de l'église.

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