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Les défenses du Goulet de Brest

La rade de Brest communique avec l'océan au travers d'un étroit passage nommé le Goulet de Brest. C'est la pointe nord (la presqu'ile de Roscanvel) de la presqu'ile de Crozon culminant à la Pointe des Espagnols qui referme la rade formant le fameux Goulet, large d'environ 1,5 km à l'endroit le plus resserré. Brest devint un port militaire en 1631 lorsque Richelieu en fit le fer de lance de la Marine royale du Ponant. C'est toujours le deuxième port militaire de France. Dans la rade de Brest se trouve également la base des sous-marins nucléaires lance-missiles de la Force océanique stratégique (FOST) de la France.

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Le port de Brest

Dès la création du port militaire, il s'avéra crucial d'en protéger l'accès contre les incursions ennemies. Pour cela, Vauban fit construire des tours de défense comme la tour de Camaret-sur-Mer, en 1693, et une série de forts et de batteries côtières repartit le long de la côte au nord et au sud du Goulet de Brest. Dix-huit forts et batteries assureront la défense du Goulet. Ces fortifications seront constamment adaptées aux évolutions techniques jusqu'à la fin de la 2e Guerre mondiale.

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La base sous-marine de Brest

Au sud du Goulet de Brest, sur la presqu'ile de Crozon, nous trouvons les forts et batteries suivantes :

Le fort du Toulinguet

La Pointe du Toulinguet abrita dès 1694 quatre batteries de deux canons orientés vers le nord-ouest. Afin de protéger ces batteries contre une attaque terrestre, une tour modèle 1811 n° 3 y fut érigé en 1812. En 1848, fut érigé, au bout de la pointe, un phare qui resta en activité jusqu'en 1980. À la même période furent construits deux magasins à poudre dont un sous roc et un poste d'observation. Un mur d'enceinte, intégrant la tour modèle 1811, fut construit en travers de la pointe en 1884. En 1914 se trouvait sur la pointe une batterie de quatre canons de 240 mm modèle 1876, une batterie de quatre canons de 190 mm modèle 1875 et une batterie de quatre canons de 95 mm modèle 1888. En 1940 ne restaient que deux canons de 95 mm et en réserve deux canons de 240 mm modèle 1876. Au cours de la 2e Guerre mondiale, les Allemands réactivèrent ces canons pour en faire une batterie à longue portée dénommée CR345. En 1952, la Marine nationale y construisit un sémaphore toujours en activité. Le site est donc toujours un terrain militaire actif et interdit à la visite.

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La Pointe du Toulinguet

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Le mur d'enceinte

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La tour modèle 1811 n° 3

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La tour modèle 1811 n° 3

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La pointe de Toulinguet (© IGN)

Le fort du Petit-Gouin (voir ici).

La tour de Camaret-sur-Mer (voir ici).

Le fort de Quélern

À l'endroit où la presqu'ile de Roscanvel se rattache à la presqu'ile de Crozon, Vauban imagina, dès 1689, la construction d'un fort bastionné et d'une ligne de défense barrant le passage. La ligne de défense devait comprendre deux bastions et deux demi-bastions et avoir un armement de 65 canons. Prévu pour 400 à 500 hommes, le coût de la construction fut estimé entre 94 164 et 120 000 livres. Pour des raisons budgétaires, le roi Louis XIV n'autorisa que la construction de la ligne de défense constituée d'un mur et d'un fossé en zigzag long de 1220 m. Le débarquement anglo-hollandais, le 18 juin 1694, à Trez-Rouz et la bataille de Camaret-sur-Mer relança le projet. Les travaux débutèrent le 20 mai 1695 par le creusement du fossé profond de 7,80 m et large de 3,90 m. Mais en 1697, la priorité fut donnée à la construction des forts dans l'est de la France. Le chantier, à l'arrêt, fut pillé par la population. Il faudra attendre 1770 et le retour de la menace anglaise, pour que la défense des ports de la Royale redevienne une priorité. En 1772, l'ingénieur du Génie Louis Lazare Dajot revit le projet de Vauban. Il prévoyait de disséminer les canons et la troupe le long de la côte. Les travaux au fort de Quélern furent confiés, en 1777, par Louis XVI au marquis Louis Théodore Andrault de Langeron et à l'ingénieur du Génie Pierre-Jean de Caux. Les deux hommes étant en conflit, les travaux n'avancèrent guère. En 1784, une nouvelle ligne de défense avec bastion, réduit et demi-lune fut enfin visible, mais aucun fort digne de ce nom n'existait. Le casernement de celui-ci était toujours à l'abandon. Cela n'empêcha pas en 1832 d'y interner 400 bagnards à la suite d'une épidémie de choléra et d'une rébellion au camp d'internement de Glomel. L'état de délabrement avancé du fort facilita les évasions, ce qui propagea le choléra à Roscanvel, Camaret-sur-Mer et Crozon.

En 1847, la commission de défense relança le projet. Une poudrière modèle 1848 fut construite près de la porte de Roscanvel, à l'est, et le fort fut enfin construit entre 1852 et 1856 à la place du réduit. Le fort est un rectangle de 230 m sur 170 m entouré d'un fossé large de 7 m. Il possède un magasin à poudre sous roc et un magasin à poudre en surface. Son armement comprenait alors cinquante-huit canons et huit mortiers. En 1871, le fort servi de zone de transit pour les communards de Paris et pour des Kabyles avant leurs déportations en Nouvelle-Calédonie. En 1880, le fort reçut deux batteries de côte. La batterie de droite était armée de deux canons de 24 livres et de quatre canons de 95 mm. La batterie de Trenet, sur la gauche du fort, possédait deux canons de 19 livres (remplacé par la suite par des canons de 24 livres) et quatre canons de 95 mm. Au cours de la 2e Guerre mondiale, les Allemands prirent possession du fort, mais le délaissèrent, car aucune construction n'était en mesure de résister à un bombardement. Ils ne construisirent qu'un blockhaus type 671 pour un canon de 75 mm (position CR39) au niveau de la plage de Trez-Rouz en face des blockhaus du Petit-Gouin. Le bombardement américain de la presqu'ile de Crozon, le 4 septembre 1944, détruisit en grande partie le fort. Réinvesti par l'armée française après la 2e Guerre mondiale, le fort fut partiellement reconstruit et réhabilité en 1969. Le centre parachutiste d'entrainement aux opérations maritimes du service action de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure) s'y installa en 1985. Le fort et la ligne de défense de Quélern sont toujours une zone militaire active et les visites sont interdites.

L'ilot du Diable

Ce petit bout de rocher relié à la terre ferme par un pont reçut, en 1695, une batterie sommaire armée de quatre canons. En 1884 y fut installée une station de surveillance équipée d'un projecteur de 90 cm de diamètre. Cette station fut transférée l'année suivante au fort des Capucins. Il faudra attendre 1912 pour que l'armée s'y intéresse à nouveau. Un projecteur de 150 cm de diamètre fut alors installé dans une casemate en béton. Les murs exposés au tir en provenance de la mer ont une épaisseur de 90 cm alors que les autres n'ont que 50 cm d'épaisseur. La casemate avait une salle de "guerre" ouverte sur la mer et une salle de "repos" où le projecteur, circulant sur des rails, pouvait être mis à l'abri des intempéries. L'ouverture sur la mer était protégée par un volet blindé. Le projecteur avait une portée de 5 km. Ce projecteur était alimenté par une usine électrique installée dans un bâtiment situé en retrait du front de mer.

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L'accès à l'ilot du Diable

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L'usine électrique

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La casemate du projecteur

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La casemate du projecteur

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La casemate du projecteur

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La salle de repos du projecteur

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L'usine électrique

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L'usine électrique

Le fort de la Fraternité

Le fort de la Fraternité est un fort de construction simple construit en 1793 juste après la Révolution. Il s'agit d'une enveloppe défensive triangulaire constituée d'un simple mur crénelé sans fossé d'un développement de 170 m. Deux portes charretières, au nord et au sud, y donnent accès. À l'intérieur de l'enveloppe défensive se trouve un bâtiment long de 32 m et large de 8 m à deux niveaux. Au rez-de-chaussée se trouve, en position centrale, un corps de garde pouvant abriter 40 hommes et, de chaque côté, quatre petites pièces. Dans les combles se trouve un casernement pour 60 hommes. En façade, au centre du bâtiment et perpendiculairement à celui-ci, se trouve un magasin à poudre d'une capacité de huit tonnes de poudre noire. Un four à boulets complétait l'installation.

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La poudrière

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La poudrière

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Le fort desservait la batterie haute de Porzac, armée de six canons de 36 livres, et la batterie basse de Quimpiroux, une simple levée de terre abritant quatre canons de 12 livres. À partir de 1841, l'ensemble ne comprenait plus que trois canons de 30 livres et deux obusiers de 220 mm. Le fort fut désarmé en 1876. Après son déclassement en 1889, il fut dépecé par la population pour la construction des villas à Morgat.

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Le fort de la Fraternité (en haut) et l'ilot du Diable (en bas)(© IGN)

Dans l'enceinte du fort subsiste la carcasse d'un half-track M3 qui servit au centre d'entrainement commando de Quélern entre 1964 et 1986.

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La carcasse du half-track

Le fort des Capucins (voir ici)

La batterie de Kerviniou

À la Pointe de Kerviniou, Vauban fit installer, en 1694, sur une plateforme en bas de la falaise, quatre canons de 24 livres et trois mortiers de 10 ou 12 pouces. En 1757, il n'y resta que trois canons de 24 livres et deux mortiers. Cette batterie basse fut abandonnée en 1855 au profit d'une nouvelle batterie construite en haut de la falaise et armée de deux canons de 30 livres et de deux obusiers de 200 mm. Ces canons furent remplacés en 1882 par quatre canons de 240 mm Schneider installés sur des plateformes reliées par une rue du rempart creusé dans la roche sous le niveau du sol. En 1891, un magasin à poudre sous roc fut creusé. Il comprenait une salle des poudres et un atelier de montage des amorces et était équipé d'un monte-charge. De nouveaux magasins de batteries en béton comprenant chacun une salle de 8,50 m sur 3 m furent aménagés en 1898. En même temps, un projecteur de 90 cm de diamètre avec une usine électrique fut installé. Les canons furent démontés et envoyés au front en 1915. La batterie fut abandonnée après la 1re Guerre mondiale.

Le fort de Cornouaille (voir ici)

Le fort Robert

En 1697 fut installée à la Pointe Robert, juste au-dessus des flots, une batterie de sept canons de 36 livres avec un casernement pour les artilleurs. L'endroit fut inventorié à partir de 1784 comme la batterie Robert. Une circulaire ministérielle de 1846 ordonna la mise en chantier d'une nouvelle batterie à cet endroit. Elle prévoyait d'y installer un corps de garde modèle 1846 n° 1 de forme similaire à celui du Petit-Gouin, mais, entre 1857 et 1859, fut construit une caserne défensive à arc-boutant adossé à la paroi rocheuse. Il s'agit d'un bâtiment de 26,80 m sur 8,60 m à deux niveaux d'une capacité de 60 hommes. En 1858, la batterie était armée de six canons de 30 livres et de six obusiers de 220 mm. Le parapet de la terrasse d'artillerie fut modifié en 1862 pour permettre aux artilleurs d'opérer.

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Le fort Robert (© IGN)

En 1888, une batterie de rupture sous roc pour deux canons de 320 mm modèle 1870-1884 sur affut de casemate fut creusée dans la falaise. Cette batterie est identique à ceux des forts de Cornouaille et des Capucins. La batterie fut complétée par un observatoire sur le haut de la falaise. Une batterie haute pour quatre canons de 320 mm fut également aménagée sur le haut de la falaise. Les canons étaient installés sur des plateformes à ciel ouvert séparées par des traverses dans lesquelles étaient aménagées des soutes à munitions voutées. Les canons de 320 mm tiraient des obus de 338 à 392 kg. Cette batterie haute possédait également trois ouvrages en béton (poste de télémétrie, poste de commandement et poste des appareils) et un observatoire en béton installé à flanc de falaise. Un magasin à poudre sous roc comprenait, à 9 m de profondeur, une salle de 20 m sur 4 m. Le magasin comprenait un puits de lumière et était desservi par un escalier équipé d'un monte-charge.

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Ouvrage en béton de la batterie haute

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Un abri de la batterie haute

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L'entrée du magasin à poudre sous roc

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L'escalier d'accès du magasin à poudre sous roc

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Entrée d'un abri de la batterie haute

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Magasin de la batterie haute

Une nouvelle plateforme d'artillerie armée de quatre canons de 47 mm à tir rapide modèle 1885 fut aménagée près de la caserne défensive de 1857 en 1889. La caserne servit alors de magasin à munitions. En même temps furent construites deux casemates pour abriter un projecteur de 60 cm et un projecteur de 90 cm de diamètre d'une portée de 6 km. Une usine électrique fournissait l'énergie nécessaire. Comme pour les autres batteries, les canons de 320 mm furent prélevés en 1915 pour être utilisés sur le front. Ce ne fut qu'en 1926 que le fort fut réarmé à l'aide de quatre canons de 75 mm modèle 1908 prélevés sur les cuirassés de classe Danton retirés du service actif.

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En 1940, l'armée allemande récupéra la batterie de 75 mm et la confia à l'unité d'artillerie de la Kriegsmarine 6/MAA262. Pour permettre les tirs nocturnes, les Allemands installèrent un projecteur de 150 mm de diamètre dans une alvéole creusée au sein de la batterie de rupture sous roc. La caserne défensive de 1857 servit au casernement. En 1941, une batterie antiaérienne (CR334) de trois canons de 40 Flak fut installée au sommet de la falaise. Les canons de 75 mm furent transférés au fort de Toulbroc'h en 1943. Pour compenser ce transfert, les Allemands aménagèrent à la Pointe Robert, au ras des flots, une Torpedosperbatterie. Une chambre de tir en béton prolongé d'une galerie de 28 m de longueur, de 4 m de largeur et de 5 m de hauteur fut construite dans le rocher. La chambre de tir s'ouvrait sur la mer par une ouverture de 9 m de largeur équipés d'un volet blindé. Elle était armée d'un quadruple lance-torpilles TR533 tirant des torpilles G7a modèle 1938 de 7 m de longueur et de 533 mm de diamètre identique à ceux utilisés dans les U-Boot. Cette batterie lance-torpilles bénéficiait d'un observatoire situé en hauteur.

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Char Panhard abandonné dans le fort Robert

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Les latrines (?) du fort Robert

La batterie du Stiff

Par rapport aux autres batteries, la batterie du Stiff connut une vie très éphémère. En 1892 fut aménagée au ras des flots une batterie de deux canons de 320 mm modèle 1870 opérant des tirs rasant au-dessus de l'eau. Ces canons d'une longueur de 8,50 m avaient un poids de 48 560 kg et tiraient des obus de 338 à 392 kg avec une vitesse initiale de 650 m/s. Ils étaient censés percer les coques des navires par la seule énergie cinétique. Ces canons furent démantelés en 1913 et remplacés par six canons de 65 mm à tir rapide modèle 1888 installés sur des plateformes de tir échancrées. L'ensemble de la batterie fut démantelée en 1915 puis abandonnée.

La Pointe des Espagnols

Il s'agit de l'extrémité nord de la presqu'ile de Roscanvel qui fait presque face au port de Brest. Le duc de Bretagne y installa un fortin en 1387. La pointe doit son nom à un contingent espagnol qui, après un débarquement à Camaret-sur-Mer en 1594, se retrancha au bout de la presqu'ile dans un fortin improvisé contraignant les troupes françaises à un siège fastidieux. Lors de sa visite des côtes, Vauban constata à cet endroit la présence d'une vieille batterie érigée en 1610 au ras des flots et armée de dix canons de 12 livres et d'une batterie haute de deux mortiers avec un magasin à poudre et un poste de garde. Vauban envisagea alors la construction d'une batterie basse au ras des flots, d'une tour avec canons en terrasse et d'un mur de fortification avec fossés. Le chantier se montra cependant plus compliqué que prévu. Une batterie haute avec quatre canons de 36 livres et deux canons de 24 livres sera aménagée en 1697. Une batterie basse pour dix-sept canons de 36 livres ne sera construite qu'en 1700.

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La tour modèle 1811 n° 1

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La tour modèle 1811 n° 1

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Une des batteries de la Pointe des Espagnols

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Abri-traverse d'une des batteries

En 1812, une tour modèle 1811 n° 1 fut construite en léger retrait de la falaise, mais en 1815 toutes les batteries côtières furent déclassées et abandonnées. La commission de défense demanda la révision des batteries de côtes en 1841 et en 1858 la batterie fut réarmée avec dix canons à âme lisse de 30 livres sur affut pivotant modèle 1840, dix obusiers de 220 mm modèle 1827 sur affut pivotant et quatre mortiers de 320 mm. En 1870, la batterie était armée avec dix-huit canons à âme rayés de 30 livres modèle 1840, de deux obusiers de 220 mm et quatre mortiers de 320 mm. Le site fut reconstruit en 1872. Y fut alors installée une batterie de quatre canons de 240 mm modèle 1870-1884 couvrant le Goulet, une batterie de trois canons de 320 mm couvrant le Goulet, une batterie de trois canons de 320 mm couvrant la rade et une batterie de quatre canons de 240 mm et de quatre canons de 190 mm couvrant le fond de la rade et l'ile Longue. Tous ces canons étaient installés sur des plateformes à ciel ouvert séparées par des traverses en terre contenant des magasins à munitions maçonnés. À la suite de la crise de l'obus-torpille (apparition de la mélinite remplaçant la poudre noire et augmentant significativement la puissance des obus) fut creusé en 1890 un magasin à poudre sous roc disposant d'une salle de 60 m de longueur et de deux monte-charges. En 1890 fut également aménagée une batterie de rupture, la batterie du Pourjoint, au niveau de la mer un peu à l'ouest de la pointe. Elle comprenait deux canons de 320 mm modèle 1870/1884 dans une casemate à double embrasure. Les canons étaient disposés sur une voie ferrée interne. Cette casemate sera rebétonnée par les Allemands durant la 2e Guerre mondiale et réarmée avec deux canons antichars de 50 KWK. Elle fut dénommée CR42.

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Abri-traverse d'une des batteries

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Un passage protégé

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La facade du magasin à poudre sous roc

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L'escalier d'accès au magasin à poudre sous roc

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Le magasin à poudre sous roc

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Couloir d'accès avec le rail de manutention

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Le bas du monte-charge du magasin à poudre sous roc

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Le puits du monte-charge du magasin à poudre sous roc

Toutes les batteries de la Pointe des Espagnols furent désarmées en 1904 puis remplacées en 1913 par une batterie installée au bout de la pointe pour quatre canons de 100 mm à tir rapide modèle 1897 dans des encuvements avec soutes à munitions. Un poste de direction de tir, deux projecteurs (90 et 60 cm de diamètre) et une usine électrique complétaient cette nouvelle batterie. Les canons furent démontés et envoyés au front en 1917. En 1922, la batterie fut réarmée avec deux canons de 100 mm modèle 1881 et avec quatre canons de 75 mm antiaériens. Trois canons de 105 mm à tir rapide modèle 1807 antiaériens furent rajoutés en 1939. Durant la 2e Guerre mondiale les Allemands installèrent à cet endroit la batterie Flak 1/MaFlA804, armée de quatre canons de 88 Flak 18 dans des positions de campagne. Cette batterie fut transférée, en 1943, au fort de Cornouaille et remplacée par une batterie fixe. La batterie antiaérienne Fl307 ou CR332 Eisentrager était constitué de quatre canons de 105 SKC32 dans des encuvements bétonnés et de deux canons Flak30. Elle était dirigée par un radar Wurzburg Riese FuMO213 et un projecteur de 60 cm de diamètre commandé depuis un poste de direction de tir à coupole blindée. L'ensemble fut rasé par le bombardement de l'USAF du 25 et 26 aout 1944.

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La batterie du Pourjoint

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La batterie du Pourjoint

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Le port de Brest

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Un abri-traverse de la batterie couvrant le Goulet

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La Pointe des Espagnols (© IGN)


Au nord du Goulet se trouvent les forts et batteries suivantes :

Le fort de Bertheaume (voir ici)

Le fort de Toulbroc'h (voir ici)

Le fort du Petit-Minou

Sur la Pointe du Petit-Minou fut aménagée en 1692 une batterie terrassée avec un fossé de défense. Cette batterie possédait onze embrasures de tir et deux emplacements pour mortiers. Entre 1845 et 1856, la défense terrestre de la batterie fut améliorée. Le fossé fut agrandi pour atteindre 9,50 m de largeur et 3 m de profondeur. Il fut flanqué par deux ailerons munis de galeries de fusillade. L'entrée de la batterie se faisait alors par un pont-levis et l'enceinte était haute de 6 m. En 1848 fut construit un phare sur la pointe. En 1864, la batterie était armée avec six canons de 30 livres et avec six obusiers de 220 mm.

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Le fort du Petit Minou

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L'entrée du fort (vue extérieure)

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L'entrée du fort (vue intérieure)

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Le poste de direction de tir

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Le poste de direction de tir

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Le fossé sec du fort

En 1885, une batterie (la batterie du Sémaphore) de deux canons de 320 mm modèle 1870 fut aménagée à côté de la batterie existante. Celle-ci reçut, en 1886, quatre canons de 240 mm modèle 1870. Une batterie de rupture avec deux canons de 320 mm et un magasin sous roc fut construite en 1887 et quatre canons de 47 mm à tir rapide furent installés autour du phare. Une nouvelle batterie de six canons de 100 mm à tir rapide modèle 1881 fut aménagée sur le site en 1896. Après avoir perdu ses canons au cours de la 1re Guerre mondiale, le fort fut démilitarisé en 1919.

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Les vestiges de la batterie de quatre canons de 240 mm

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Une traverse-abri de cette batterie

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Un des blockhaus de la batterie

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Un autre blockhaus

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Le fort du Petit Minou  (© IGN)

Les bâtiments du fort furent transformés en hôtel au cours des années 1930. Hôtel qui devint, au cours de la 2e Guerre mondiale, le poste de commandement de la Marine Artillere Abteilung 262 allemande (B323 MKB Petit Minou). Les Allemands installèrent un poste de direction de tir type M162a à l'emplacement d'une des batteries arasées, deux canons de 88 protégés par des blockhaus de type 671 et deux pièces antiaériennes Flak de 20 mm dans des encuvements bétonnés. Le fort fut récupéré, après la 2e Guerre mondiale, par l'armée française qui doubla le poste de direction de tir M162a par une nouvelle construction pour abriter un poste de commandement. Les anciens bâtiments du fort furent arasés pour y installer des antennes de communication en 1950. En 1960, un radôme abritant un radar fut installé sur une tour construite devant le phare. Ce radar servit au contrôle du trafic maritime en mer d'Iroise jusqu'en 1980 où il fut démonté. Depuis 2007, le site appartient à la commune de Plouzané.

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Un des blockhaus allemand (type 671) de la Pointe du Petit Minou

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Le phare du Petit Minou vue depuis la pointe du Grand Minou

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Le fort du Mengant

Le fort du Mengant est le pendant nord du fort de Cornouaille. Il présente quasiment la même disposition. Il fut implanté en 1687 en face du fort de Cornouaille dont il est distant d'environ 2 km. Sur une plateforme artificielle au niveau de la mer fut implantée la batterie basse armée de quarante canons. En haut de la falaise fut construite une tour, formant un réduit, d'une hauteur de 15 m et possédant trois niveaux. À proximité se trouvait la batterie haute disposant de dix canons installés en "V". L'ensemble de la batterie était desservi par 500 hommes.

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En 1791, la batterie basse était armée de quarante canons alors que la batterie haute avait quatre mortiers. Deux fours à boulets étaient implantés sur le site. En 1807, huit bâtiments destinés au casernement et à des magasins furent érigés sur la plateforme de la batterie basse. Les embrasures des parapets de la batterie basse furent bouchées en 1831. L'escalier de jonction entre la batterie basse et la batterie haute fut protégé, en 1840, par la construction d'une traverse terrassée perpendiculaire à la côte. En 1863 furent installées vingt-huit sellettes pour supporter quatorze canons rayés de 30 livres et quatorze obusiers de 220 mm. Quatre canons de 190 mm modèle 1864 à chargement par la culasse furent installés en 1874 et en 1877 fut construit un môle contigu à la batterie basse pour fournir un abri à des canots porte-torpilles.

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En 1885 fut construite une batterie de rupture à ciel ouvert au fond du ravin à l'est du fort. Cette batterie fut armée avec quatre canons de 320 mm. Elle possédait deux abris sous traverses pour les munitions et deux abris-traverses pour les hommes. Un magasin à poudre, type 1875, fut aménagé dans la falaise. Ce magasin fut détruit par une explosion interne durant la 2e Guerre mondiale. Un poste de télémétrie fut installé en 1887. L'armement de la batterie basse fut remplacé par quatre canons de 47 mm à tir rapide en 1892 et un magasin à munitions fut aménagé dans la falaise. Une batterie annexe reçut six canons de 100 à tir rapide. Un poste de projecteur fut construit en 1888. Le fort ne connut plus de modernisation par la suite et au cours de la 1re Guerre mondiale il fut désarmé pour envoyer ces canons sur le front. Les Allemands le réarmèrent durant la 2e Guerre mondiale avec canons de 75 mm. Toujours dans le domaine militaire le fort fut utilisé, au cours des années 1960, pour tester des radars. Une imposante rampe fut alors construite pour relier le môle à la batterie haute pour permettre l'acheminement des radars par la mer.

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Le fort du Mengat (© IGN)

Le fort du Dellec

Ce fort fut construit à la même époque que le fort de la Fraternité dont il représente le pendant au nord du Goulet de Brest. Le casernement et deux batteries sur le front de mer furent érigés en 1747. En 1841, un rempart maçonné avec un parapet en terre et mur crénelé fut construit. Une tourelle de flanquement assura alors la défense du fossé qui précédait le rempart du côté de la terre. En 1858, le fort était armé de six canons de 30 livres et de six obusiers de 220 mm. Une batterie de rupture constituée de quatre canons de 320 mm fut implantée à l'ouest du fort en 1885 et en 1893 les canons du fort furent remplacés par quatre canons de 47 mm à tir rapide. Un projecteur de 90 cm de diamètre fut également installé en 1895. En 1909, une casemate en béton fut construite pour abriter le projecteur et un poste de commandement. L'ancien magasin à poudre fut converti en réserve à pétrole et salle des machines. Un an plus tard, la batterie de rupture fut réaménagée pour recevoir six canons de 65 mm. Ceux-ci ne furent finalement pas installés, mais la batterie reçut en 1914 quatre canons de 95 mm. Les bâtiments de cette batterie de rupture servent actuellement de local à l'association "Les plaisanciers du Dellec".

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Le fort du Dellec (© IGN)

Le fort du Porzic

Il s'agit du fort situé le plus près du port de Brest et, de ce fait, il est toujours utilisé par la marine nationale. Vauban fit ériger à cet endroit, en 1693, un fort en terre dont le front principal, long de 270 m, est orienté vers le fort Montbarrey et est constitué de deux demi-bastions précédés d'une vaste demi-lune. Du côté est, une branche de 200 m de longueur abritait la porte d'accès, les casernements et les magasins à l'épreuve. La garnison était alors de 644 hommes.

En 1848 fut érigé le phare du Porzic. L'armement du fort était constitué, en 1888, de deux canons de 320 mm modèle 1870 et de quatre canons de 190 mm modèle 1864. Une batterie extérieure était constituée de deux canons de 320 mm et de quatre canons de 240 mm. Le magasin à poudre du fort servit, en 1940, à entreposer l'or de la Banque de France avant son embarquement sur cinq navires à destination de Casablanca. Le fort abrite depuis 1987 un sémaphore de la marine nationale.

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Blockhaus allemand au fort du Porzic

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Le phare du Porzic

Ces photographies ont été réalisées en juin 2021et en juin 2023.

 

Y ACCÉDER:

Le fort du Toulinguet ne se visite pas. Le mur d'enceinte et la tour modèle 1811 sont cependant accessibles par la route côtière au départ de Camaret-sur-Mer.

Le fort du Petit-Gouin et la Tour Vauban sont accessibles à pied depuis le port de Camaret-sur-Mer.

Le fort de Quélern ne se visite pas (terrain militaire actif).

L'ilot du Diable et le fort de la Fraternité sont accessibles à pied depuis le parking situé le long de la D355 reliant Camaret-sur-Mer à la Pointe des Espagnols. Le parking est au 1er virage à droite après le fort du Quélern.

Le fort du Capucins, la batterie de Kerviniou, le fort de Cornouaille, le fort Robert et la batterie du Stiff sont tous situés sur la gauche de la D355 entre le fort de la Fraternité et la Pointe des Espagnols. Le sentier côtier GR34 relie tous ces endroits.

Les fortifications de la Pointe des Espagnols sont accessibles depuis le parking sur la D355.

Le fort de Bertheaume est accessible depuis Plougonvelin.

Le fort de Toulbroc'h situé à la Pointe du Grand-Minou et le fort du Petit-Minou situé à la Pointe du Petit-Minou sont accessible par la D38 depuis Plouzané.

Le fort du Mengant est accessible depuis Plouzané par la petite route passant par les hameaux de Kerivin et Quilihouarn. Terrain militaire actif, le fort du Mengant ne se visite pas. Pour le fort du Dellec, il faut rejoindre le hameau de Kerjean puis le Dellec.

Le fort de Porzic ne se visite pas (terrain militaire actif).

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 26 septembre 2021

Cette page a été mise à jour le 20 aout 2023