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La batterie de Grandcamp-Maisy

Obusier de 155

Au sud-ouest du village de Grandcamp-Maisy, les Allemands construisirent en 1942/1943 deux batteries d'artillerie dénommés WN83 et WN84. La WN84, qui fut construite en premier, comprenait 4 canons de 100 d'origine tchèque dans des encuvements et 2 canons de 75 antiaériens (Flak). Par la suite, les encuvements furent remplacés par des casemates pour canons de type H612 (3 seulement furent achevés). La WN84 comprenait également 5 tobrouks de type VF58c et un abri pour deux compagnies de type R622. Le WN84 fut réuni avec la WN83 par un même champ de barbelés et de mine.

Le WN83 fut construit sur un terrain de 44 hectares interdit d'accès pour la population locale au lieudit La Perruque. Il était armé de 6 canons de 155 SFM414 Schneider français datant de la 1^re Guerre mondiale, de 2 canons de 37 Flak et de 2 canons de 20 Flak. Un canon de 76,5 Flak est également cité par certaines sources comme la présence, non confirmée, de 12 canons de 88 Flak dans le village. Les canons de 155 étaient placés dans des encuvements (4 en béton et 2 en terre). Le site comprenait deux bunkers de type 622. Ce type de bunker pouvait, sous des murs et un toit de 3 m d'épaisseur, abriter 20 hommes. Il possédait deux entrées avec des portes de 90 mm d'épaisseur protégés par un créneau de tir pour une mitrailleuse. Les filtres à air de la ventilation étaient prévus pour une autonomie de 20 jours. Un hôpital souterrain et de nombreux abris en tôle "métro" étaient également aménagés sur le site, le tout relié par 2 km de tranchées. En 1944 fut aménagé un centre de contrôle radar de la Flak. Il centralisait toutes les informations des radars du secteur pour communiquer la vitesse, l'altitude et le cap des avions alliés aux différentes batteries de Flak. Seuls deux centres de ce type furent aménagés, l'un en Bretagne et l'autre à Maisy. Les deux batteries WN83 et WN84 furent construites en secret par des "travailleurs étrangers" (prisonniers russes, tchèques ou polonais). Elle était desservie par le 9^e bataillon du 1716^e Artillerie Regiment. Le 5 juin 1944, la Luftwaffe déploya près de Maisy, le 1^er régiment de Flak (1000 hommes) du commandant Werner von Kisowski qui, le matin du DDay, abattit 12 avions alliés. Le bombardement en représailles qui s'en suivit lui fit subir de lourdes pertes l'obligeant à se replier.

Le bombardement aérien effectué par les alliés dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 sur les défenses allemandes des plages du débarquement toucha la batterie de Maisy. D'après un compte-rendu britannique, 600 tonnes de bombes y furent déversées. Elle fut prise à partie à l'aube du 6 juin 1944 par les canons du HMS Hawkins qui n'occasionnèrent cependant pas de dégâts majeurs sur le site. D'après le journal D3 rédigé par le 29^e DIUS, les GI's débarquant dans le secteur ouest d'Omaha Beach essuyèrent des tirs de la batterie de Maisy (à la limite de portée des canons) au cours de la matinée. Le HMS Hawkins reprit alors le bombardement des WN83 et WN84.

Le 8 juin 1944, le général Bradley confia au colonel Rudder (2^nd et 5^th Ranger Batalion), qui venait de s'emparer de la Pointe du Hoc, la charge de s'emparer de la batterie de Maisy. Rudder, blessé, sachant que le 2^nd Ranger Batalion était incapable de bouger de la Pointe du Hoc demanda au 5^th Ranger Batalion, débarqué à Omaha Beach, de se charger de cette mission. Le 9 juin 1944 à l'aube, trois compagnies du 5^th Ranger Batalion sous les ordres du major Sullivan appuyé par deux half-tracks armés de canons de 75 et par le Batalion B du 81^st Chemical Mortar Batalion armé de mortier de 107 partirent à l'assaut. Les Rangers avaient également à leur disposition 4 mortiers de 81 mm. L'assaut fut précédé de tirs de neutralisation effectués par le 58^th Armored Field Artellery Batalion. D'après le témoignage de vétérans, le combat fut d'une intensité extraordinaire. Le réseau de tranchées était si dense que les Américains se perdirent et plusieurs tirs fratricides eurent lieu. Finalement, au bout de 5 h de combat, la batterie fut aux mains des Américains. Après la bataille, les bulldozers américains nivelèrent la batterie et enterrèrent tous les abris, tranchées et encuvements.

La batterie, devenue invisible, tomba rapidement dans l'oubli collectif. Elle fut redécouverte en 2004 par l'historien britannique Gary Sterne qui trouva dans un uniforme US une carte la mentionnant. Après avoir racheté les terrains, il restaura avec des bénévoles la batterie et la rééquipa de canons similaires en provenance des surplus des anciens pays de l'Europe de l'Est. Ce n'est pas authentique, mais cela donne une très bonne représentation d'une batterie d'artillerie du mur de l'Atlantique.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2017.

Y ACCÉDER:

Le site de Maisy se trouve sur la droite de la D914 allant de Maisy à Isigny-sur-Mer à la sortie du village.

L'accès au site est payant (6 € en 2017).

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Cette page a été mise en ligne le 15 septembre 2017

Cette page a été mise à jour le 15 septembre 2017