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Le front du Sundgau côté Français

Le 2 août 1914, les Allemands provoquèrent, à l'est du village de Joncherey, un incident de frontière. Une patrouille allemande, partie de Bisel, ouvrit le feu sur le poste de garde tenu par le caporal Peugeot. L'échange de coups de feu coûta la vie au caporal Peugeot, côté français, et au sous-lieutenant Mayer, côté allemand. Après la déclaration de guerre, l'armée Bonneau pénétra le 7 août 1914 en Alsace. Elle n'y rencontra aucune résistance et dès le lendemain occupa Mulhouse. La victoire fut de courte durée. Devant l'avancée de la 7e Armée allemande, qui menaçait de les prendre en tenaille, les Français évacuèrent Mulhouse dans la nuit du 9 au 10 août 1914 et battirent en retraite.

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L'observatoire d'une des casemate de Mortzwiller

Le 12 août 1914, des chasseurs alpins, ayant passé les Vosges, occupèrent Thann et Cernay. Thann restera dorénavant aux mains des Français. Le 13 août 1914, les Français et les Allemands s'affrontèrent au cours de la bataille du Moulin de la Caille (voir le récit à la page "Le cimetière de Chavannes-les-Grands"). Le 16 août 1914, les Français lancèrent une nouvelle offensive au cours de laquelle la 57e division d'infanterie occupa Dannemarie et Gommersdorf alors que le 7e Corps attaqua Altkirch. Le 19 août 1914, l'offensive se poursuivit en direction de Mulhouse. Les Allemands s'étaient retranchés à Lutterbach, Pfastatt, Dornach et Brunstatt. Ils avaient également installé des mitrailleuses sur les hauteurs entre Zillisheim et Flaxlanden. Les combats furent meurtriers notamment pour le 97e régiment d'infanterie alpine qui se heurta aux mitrailleuses à Zillisheim. Ils eurent à déplorer 600 morts. L'artillerie française mit cependant les Allemands en déroute et à 16 h, les Français entrèrent pour la deuxième fois dans Mulhouse.

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L'observatoire d'une des casemates de Bréchaumont

Le 20 août 1914, la 1re Armée française franchit les Vosges en direction de Colmar et la 2e Armée marcha sur Sarrebourg et Morhange. Celle-ci se heurta à une ligne de défense infranchissable et dut se replier sur le Grand couronné de Nancy. Le revers en Lorraine rendit la position de la 1re Armée en Alsace difficile. Le 22 août 1914, la 44e division d'infanterie quitta l'Alsace pour la Lorraine. Le 23 août 1914, les Français quittèrent Mulhouse. Une grande partie de l'armée d'Alsace fut réaffectée en Lorraine et le reste se replia sur un front allant de Manspach à Buethwiller. Le 26 août 1914, le génie de Belfort fit sauter le viaduc de Dannemarie, les ponts ferroviaires d'Illfurth et d'Aspach et les écluses du canal du Rhône au Rhin.

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Abri en tôle métro

Le 28 août 1914, le général Thévenet, gouverneur militaire de Belfort, abandonné à son sort, élabora une ligne de défense située à 30 km de la place. Durant les mois de septembre et d'octobre, de nombreux combats de patrouille eurent lieu le long de la vallée de l'Ill et de la Largue. Ces combats, où les Français et les Allemands se disputèrent la possession des villages, dessinèrent petit à petit la ligne de front. En novembre, la guerre de position s'installa le long d'une ligne débutant à la frontière suisse au sud-est de Pfetterhouse et finissant sur la crête des Vosges. Le front passait à l'ouest de Mooslargue, Niederlarg, Bisel, Hirtzbach, Carspach, Aspach, Heidwiller, St-Bernard, Ammertzwiller, Burnhaupt-le-Bas, Burnhaupt-le-Haut, Schweighouse, Cernay et Steinbach pour monter au sommet du Hartmannswillerkopf. Cette ligne de front ne bougera plus jusqu’à la fin de la guerre.

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Une des inscription d'une compagnie de Cimentiers

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En matière d'abri, les pratiques de l'armée française ont légèrement différé par rapport aux Allemands. Les abris réalisés en bois et terre, plus rapide à construire, ont été privilégiés par rapport au béton. Celui-ci ne sera massivement utilisé qu'à partir de 1917. Au début de la guerre, l'armée française était dans l'offensive afin de reconquérir les territoires occupés. Dans cette perspective, construire des abris en durs était inconcevable. Les abris comme d'ailleurs les tranchées étaient construits par les fantassins avec les moyens du bord (pierres ramassées sur place et bois des forêts traversé par le champ de bataille).

Les casemates de Mertzen et de Friesen

Certains officiers comprirent très vite que la guerre de position allait être longue et qu'il fallait se protéger efficacement. Le 24 août 1915, le chef de bataillon du génie Cholley signa avec l'entrepreneur de travaux publics Joseph Tournesac un contrat de construction de casemates dans la vallée de la Largue. Le contrat d'un montant de 50000 francs consistait en la construction de neuf casemates rectangulaires (6,50 m sur 7,80 m).

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Ces casemates ont été implantées, légèrement en retrait de la 1re ligne, à Uberstrass, Friessen, Hindlingen, Strueth, Mertzen, St-Ulrich, Altenach, Manspach et Retzwiller. Actuellement, il en subsiste sept. La casemate de Mertzen est la plus accessible. Elle est située le long de la D7b entre St-Ulrich et Strueth au niveau de Mertzen en face du restaurant du Moulin et de la chapelle de Théobald Bilger.

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L'intérieur de la casemate de Mertzen

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La porte

L'entrée de la casemate se fait du côté ouest par une porte blindée de façon artisanale. Celle-ci possède une ouverture carrée pour les tirs de défense. L'aménagement intérieur est inexistant. Sur chacun des côtés, nord et est, sont aménagés deux créneaux pour les mitrailleuses. Le côté sud possède un grand créneau probablement destiné à un petit canon.

À Friesen, prendre la D7b vers Ueberstrass. Après l'embranchement pour Largitzen, prendre la 1re rue à droite. La casemate se trouve sur la gauche au début de la forêt.

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La casemate de Friesen

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La villa Agathe

Le poste de commandement français situé le plus au sud, est la "Villa Agathe". Elle fut construite sur une terrasse en partie artificielle dominant un fossé où coule un ruisseau. Lors de la guerre, elle se trouvait en bordure de forêt à 1000 m du front et flanquait le côté ouest de la position française du "Banholtz".

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Sa construction fut réalisée à partir du 1er octobre 1917 par les hommes de la 53e compagnie du 26e bataillon du 10e régiment du Génie dépendant de la 52e division d'infanterie. Pour la construction, une carrière de pierre calcaire fut réactivée au sud de Pfetterhouse et une ligne de chemin de fer à voie étroite (0,60 m) fut installée depuis la gare de Pfetterhouse jusqu'au chantier. Le terrassement fut achevé le 12 novembre 1917 et le bétonnage de la dalle eut lieu du 15 au 18 novembre 1917. La superstructure et la dalle supérieure furent coulées entre le 19 novembre et le 1er décembre 1917. Entre le 2 et le 23 décembre 1917 fut reconstitué le stock de cailloux, sable et ciment nécessaire à la suite de la construction. Le 27 décembre 1917 eut lieu le décoffrage de la chambre principale. La casemate codée "MA 24/191" apparaît pour la première fois dans les archives militaires le 28 décembre 1917.

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Entre le 5 et le 10 février 1918 fut entrepris le creusement de la salle annexe et la sortie souterraine. Le gel et les intempéries bloquèrent le chantier jusqu'au 4 mai 1918. La chambre annexe ne fut achevée que le 7 mai 1918. L'ensemble de l'ouvrage fut achevé en juin 1918 par la pose d'un épais crépi granuleux. La casemate a une longueur de 9,60 m et une largeur de 6,50 m. Elle est constituée d'une chambre principale de 8 m2 de surface intérieure et d'une pièce annexe semi-enterrée de 3 m2. L'entrée se fait du côté ouest par un couloir en chicane. La chambre principale possède deux créneaux de tir pour des mitrailleuses et au plafond se trouve un orifice pour un périscope. Elle possède également une sortie souterraine. La chambre annexe, située à gauche de l'entrée, possède au centre de son plafond un orifice conique destiné à un fusil lance-grenade VB. Les murs face au front ont une épaisseur de 1,30 m et le plafond est épais de 1,20 m.

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La chambre annexe

La villa Agathe est accessible depuis la route allant de Mooslargue à Pfetterhouse. Après la station de pompage, prendre le 2e chemin bien tracé partant à gauche. Pénétrez dans la forêt au niveau du mirador de chasse et allez tout droit. La villa est à 50 m sur la droite (coordonnées GPS : 47 N 30' 08" et 7 E 11' 18").

La casemate de Largitzen

Cette casemate, en forme de dôme, permettait le contrôle de la pente très dégagée et de la route de la forêt de Hirtzbach occupé par la première ligne allemande. Elle fut construite par la 3e compagnie du 26e bataillon du 10e régiment du génie. Il s'agit d'un dôme en béton protégeant une chambre de tir pour mitrailleuse. En dessous a été aménagée une petite salle accessible par deux longues galeries souterraines. La partie souterraine fut creusée dans le roc et coffrée avec des châssis constitués de poutres en bois. La casemate portait le nom de code de "MA 5/151".

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Les travaux débutèrent le 21 novembre 1917. Ils furent réalisés par quatre équipes travaillant chacune durant 6 heures et cantonnés à Friesen. Du 22 au 29 novembre 1917, les travaux consistèrent à camoufler le chantier afin de déjouer les observateurs allemands. Le dernier jour fut posé le premier châssis dans la galerie d'accès à la future chambre souterraine. Une scierie fut spécialement aménagée à Friesen pour fournir le bois nécessaire. Entre le 29 novembre et le 13 décembre, 20 sapeurs et 20 pionniers du 367e régiment d'infanterie (RI) furent spécialement affectés au chantier. Entre le 24 et le 31 décembre 1917 ce furent même 60 hommes qui s'affairèrent sur cette construction. Le 21 février 1918, la descente de l'entrée gauche avait progressé de 17 châssis et 14 intervalles larges de 1 m étaient coffrés. La descente de l'entrée droite était terminée et la galerie souterraine était avancée de 11 châssis et de 10 intervalles. Le 23 février 1918 débuta l'aménagement de la chambre souterraine, mais entre le 28 février et le 7 mars 1918 seulement 8 châssis furent posés. Le 13 mars 1918 débuta le bétonnage.

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La lenteur du chantier finit par attirer l'attention du général commandant le secteur. Il imposa que l'ouvrage soit achevé pour le 26 mars 1918. L'effectif des ouvriers fut donc porté à 57 sapeurs et 40 pionniers en provenance du 367e RI auquel furent adjoints 16 soldats du 45e RIT. Le bétonnage de la coupole put ainsi être terminé au soir du 25 mars 1918. Entre le 29 mars et le 4 avril 1918 furent réalisés le décoffrage extérieur de la coupole, l'achèvement de l'entrée droite, la fouille pour la dalle de protection de l'escalier droit et la fouille d'une chambre pour un fusil lance-grenade Vivien-Bessières au niveau de l'escalier gauche. Du 6 au 12 avril 1918 furent réalisés le décoffrage intérieur, la pose d'un enduit sur les murs et le bétonnage de la dalle de protection des escaliers. L'ouvrage fut déclaré terminé le 9 mai 1918.

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Pour y accéder, il faut, à Largitzen, prendre la D17 vers Friesen. À la sortie du village, après le calvaire, prendre, à la fourche, le chemin partant à droite. La casemate se trouve sur la droite de ce chemin à la lisière de la forêt (coordonnées GPS : 47 N 34' 05" et 7 E 11' 02").

Les casemates de Retzwiller et de Manspach

Le 10 août 1917 furent créée par le groupement des armées de l'est (GAE) sept compagnies de cimentiers. Le rôle de ces compagnies était la construction d'abris et de casemates de combats. Chaque compagnie était constituée d'un capitaine, de trois lieutenants, d'un adjudant, d'un sergent major, d'un fourrier, de seize sergents, d'un caporal-fourrier, de seize caporaux, de cent dix cimentiers de profession, de vingt-quatre charpentiers, douze forgerons et de quarante soldats de profession diverse soit un total de 216 hommes. Pour mener à bien sa mission chaque compagnie disposait de deux camions automobiles, de six camions autobennes, de quatre fourgons, de dix-huit tombereaux, de huit tonneaux à eau, de deux side-cars et de deux kilomètres de voies avec wagonnets. Y était également affectée une troupe de 400 auxiliaires.

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La casemate de Retzwiller

Chaque compagnie devait être capable (sauf en cas d'intempéries) de construire huit abris pour une demi-section ou poste de commandement ou casemate de mitrailleuse par mois. Chaque abri pour demi-section nécessitait 150 tonnes de matériaux et une casemate pour mitrailleuse avec abri pour les servants, 600 tonnes de matériaux. Ces compagnies de cimentiers sont à l'origine des différentes casemates et abris construits sur le front du Sundgau à partir de fin 1917.

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La tranchée d'accès à la casemate de Retzwiller

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L'intérieur de la casemate de Retzwiller

Sur les hauteurs de Retzwiller et à Manspach furent construites en juillet 1918 deux casemates identiques. S'inscrivant dans un rectangle de 9,50 m sur 8 m, elles possèdent deux créneaux de tirs pour des mitrailleuses. L'accès se fait au travers d'un long couloir bétonné. La chambre de tir a une superficie de 15 m2 et l'épaisseur des murs face au front est de 1,60 m. La dalle a une épaisseur de 1,20 m. Les quatre bouches d'aération ont été astucieusement camouflées en tronc d'arbre.

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La casemate de Manspach

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Pour accéder à la casemate de Retzwiller, il faut partir de Dannemarie et allez à Retzwiller. Après avoir passé l'église, prendre la rue à gauche et la suivre en prenant ensuite sur la droite. Après le passage sous la voie ferrée, prendre à droite. Arrêtez-vous après le passage au-dessus de la rigole d'alimentation du canal du Rhône au Rhin. La casemate est située derrière la cabane le long de la rigole (coordonnée GPS : 47 N 37' 38" et 7 E 05' 09").

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L'inscription au-dessus de l'entrée de la casemate de Manspach

Pour accéder à la casemate de Manspach, il faut, à Manspach, prendre la direction de Romagny. Laissez la voiture à la sortie du village et prenez à pied le 1er chemin partant à droite (avant le calvaire). Suivez la lisière de la forêt pour trouver la casemate (coordonnée GPS : 47 N 37' 15" et 7 E 05' 52").

À proximité de Manspach, les cimentiers ont construit un gros ouvrage rassemblant un abri pour la troupe, une casemate pour mitrailleuse et un observatoire. L'ensemble est cependant actuellement presque invisible sous la végétation. L'abri pour la troupe présente une chambre longue de 12,50 m, large de 2 m et haute de 2 m. Son accès se fait par les deux extrémités où les couloirs en chicane débouchent à l'extérieur par des tranchées bétonnées. Depuis l'accès nord-ouest de l'abri part un couloir souterrain, long d'une dizaine de mètres, qui aboutit par un escalier dans la chambre de tir de la casemate à mitrailleuse. Au ¾ de la longueur de ce couloir se trouve un troisième accès.

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À côté de l'entrée sud, une cheminée donne accès à la cloche métallique d'observation qui fut prélevée dans les stocks de la place de Belfort. Le sol est bétonné et présente des rigoles qui canalisent les eaux de ruissèlement vers des puisards. L'épaisseur des murs est de 1,30 m et la dalle supérieure a une épaisseur de 1,65 m. Des tuyaux en terre cuite traversant la dalle assurent l'aération et plusieurs puits de lumière permettent l'éclairage des couloirs.

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L'observatoire vu de l'intérieur

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Pour y accéder, il faut prendre à Manspach la direction de Suarce. Avant la sortie du village, prendre la rue de la forêt. Après le passage de la rigole d'alimentation du canal du Rhône au Rhin, prendre, à l'embranchement, à gauche. Prendre ensuite le 1er chemin à droite puis à nouveau le 1er chemin à droite (coordonnées GPS : 47 N 36' 48" et 7 E 05' 39").

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La coupole de l'observatoire

La casemate de la forêt du Forst

La forêt du Forst, entre Altkirch et Dannemarie, abrite une belle casemate construite en 1918 par une des compagnies de cimentiers. Elle se trouve à quelques centaines de mètres de la première ligne non loin du Kilianstollen. Il s'agit d'un grand abri de 12,70 m sur 7 m. La chambre rectangulaire possède à chaque extrémité un couloir d'accès en chicane. L'abri étant enfoui sous un monticule de terre, les accès ont été réalisés à l'aide de tranchées bétonnées. Au centre de la chambre, face au front, a été réalisée une guérite de tir. L'intérieur de l'abri a malheureusement subi un incendie de pneus rendant la visite malaisée.

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Pour y accéder, prendre à Altkirch la direction de Dannemarie. Après le rond-point de Carspach, prendre le 1er chemin à droite après la ferme. Suivre le chemin et pénétrer dans la forêt. La casemate est cachée sur le côté gauche du chemin un peu avant l'étang (coordonnée GPS : 47 N 38' 09" et 7 E 12' 13").

Forêt du Schoenholz

La forêt du Schoenholz entre Carspach et Spechbach-le-Bas connu des combats violents notamment en 1916 et 1917. Nous sommes ici à quelques mètres de la 1re ligne française. La ligne de front passait à l'emplacement de la route actuelle. Au-delà de la route se trouvent quelques postes de mitrailleuses et observatoires de la 1re ligne allemande. Les Allemands voulaient conquérir la position dominante que représente la forêt du Schoenholz et les Français voulaient faire de même avec les positions allemandes pour disposer d'une meilleure vue sur la vallée de l'Ill. L'opération la plus importante fut lancée le 21 février 1916 par les Allemands contre les positions des forêts du Forst et du Schoenholz. Elle dura jusqu'en mai 1916, mais aucun adversaire ne prit le dessus sur l'autre. Le 20 mars 1917, l'offensive du 170 Infanterie Regiment allemand fit 20 prisonniers parmi les hommes du 300e régiment d'infanterie (RI) qui occupaient les positions françaises au Schoenholz. Le 1er avril 1917, le 100e RI (qui releva le 300e RI, le 27 mars) s'empara de la 1re ligne allemande, mais ne put la conserver sous la contre-attaque allemande. Une nouvelle opération qui dura du 14 au 18 avril 1917 n'eut pas plus de réussite. Ce n'est que le 7 novembre 1917 que les Français connurent le succès. Après 25 h de bombardement, les hommes des 17e et 60e bataillons de chasseurs à pied sous les ordres du colonel Dufieux occupèrent les positions allemandes en faisant 117 prisonniers. Le terrain conquis resta aux mains des Français jusqu'à l'armistice.

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Les abris français de cette zone sont tous en très mauvais état et tous ont été détruits. Ils sont cependant intéressants, car ils furent construits à l'aide de blocs préfabriqués. Cette technique permettait d'élever rapidement les murs des abris. L'inconvénient est qu'un tel mur avait une résistance moindre aux coups directs par rapport à un mur en béton armé. Pour atteindre ces casemates, il faut prendre à Aspach, la direction de Spechbach-le-Bas puis juste avant le canal, au rond-point, prendre à gauche vers St-Bernard. À cet endroit a été aménagé un parking au bord du canal. Depuis le parking, suivre la route vers St-Bernard et prendre le 1er chemin à gauche montant en forêt. Sur la crête, prendre à gauche (coordonnée GPS du 1er abri : 47N 39' 07" et 7E 12' 48", du 2e abri : 47N 39' 20" et 7E 13' 03").

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Autres casemates et abris

L'armée française a créé dans le Sundgau, en plus de la première ligne, trois autres lignes de défense barrant la route vers la place forte de Belfort. La ligne extérieure, dite ligne "A", débutait près de Thiancourt, au nord de Delle, en se dirigeant vers l'est jusqu'à Courtelevant. De là, elle se dirigeait vers le nord en passant à l'est de Lepuix-Neuf, de Suarce, de Chavannes-les-Grands et de Romagny. Elle passait ensuite à l'ouest de Bréchaumont et à l'est de Vauthiermont, de la Chapelle-sous-Rougemont et de Petitefontaine. La ligne se poursuivait ensuite vers Mortzwiller et de Lauw. La ligne "B" incluait les forts de la ceinture extérieure de Belfort et la ligne "C" était formée des forts et des ouvrages de Belfort.

L'armée française édifia entre la première ligne (en contact avec les Allemands) et la ligne "A" de nombreux ouvrages en béton. La plupart se trouvent sur la deuxième ligne qui suit une direction sud/nord le long de la vallée de la Largue jusqu'à Dannemarie. Elle se poursuit ensuite dans la même direction en passant entre Buethwiller et Traubach-le-Bas puis à l'est de Traubach-le-Haut et de Guevenatten pour rejoindre Sternenberg, Soppe-le-Bas et Guewenheim. Quatre-vingt-quatre ouvrages (abris, casemates et observatoires) ont été localisés.

Lepuix-Neuf

À l'est du village de Lepuix-Neuf furent implantées deux casemates destinées à abriter un poste de mitrailleuse. Pour atteindre la 1re, prendre depuis le village la direction de Friesen. À la sortie du village, garez-vous au niveau du 2e étang. La casemate est cachée dans le bosquet à l'arrière de cet étang (coordonnée GPS : 47N 32' 25" et 7E 06' 34"). Cette casemate fut construite le 28 février 1918 par une entreprise civile sur ordre du général Paulinier, commandant le 40e corps d'armée.

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Le créneau de tir de la 1re casemate

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L'entrée de la 1re casemate

Pour trouver la 2e casemate, prendre du centre du village la D13 vers Rechesy. Après l'étang, situé sur la gauche de la route, prendre le 1er chemin à gauche. Garez-vous juste après le nouvel étang. Il faut ici prendre, après la cabane, sur la gauche à travers la forêt. La casemate est située en lisière nord de la forêt (coordonnée GPS : 47N 32' 00" et 7E 06' 47").

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Le créneau de tir de la 2e casemate

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L'entrée de la 2e casemate

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L'intérieur de la 2e casemate

Suarce

Une casemate (poste de mitrailleuse) identique à ceux de Lepuix-Neuf a été implantée près du village de Suarce. Depuis Lepuix-Neuf, prendre la D13 en direction de Suarce. Sur la gauche de la route va apparaitre une forêt. Garez-vous dans le chemin partant à gauche après cette forêt et suivez ce chemin. La casemate est sur la gauche (derrière un bosquet de sapins) à peu près au niveau du petit ruisseau (coordonnée GPS : 47N 33' 03" et 7E 05' 13"). Une autre casemate est située au bord de l'étang en face de cette forêt.

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Hindlingen

Le pont passant au-dessus de la voie ferrée de la vallée de la Largue fut utilisé pour y installer une petite casemate.

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Elle est visible à côté du parc à cigognes de Hindlingen sous le pont enjambant la piste cyclable.

Carspach

Dans le vallon du Dorfbach, dans la forêt de l'Elsberg, l'armée française avait établi un camp. Il en subsiste une fontaine aménagée comme en témoigne la plaque qui y est apposé par le "Service des eaux, août 1917, 2eme Génie Cie SE/7" (coordonnée GPS : 47 N 35' 55" et 7 E 10' 43") . À proximité se trouvent également deux entrées de sape en cours d'éboulement. Pour y accéder prendre de Carspach la direction de Fulleren par la D15. À l'entrée de la forêt, après les étangs, prendre le chemin partant à gauche. La 1re sape se trouve après les étangs, la 2e sape se trouve après la fontaine.

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La fontaine du 2e Génie

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La 1re sape

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La 2e sape

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Une vue de l'intérieur de la sape

Les restes d'une casemate de la 1re ligne française sont visibles dans le bois de Hirtzbach près des étangs de "Neuweiher". Pour y accéder, prendre à Hirtzbach la D17 en direction de Largitzen. Après la sortie du village, après le bunker allemand en bord de la route prendre à droite le chemin en direction des étangs de "Neuweiher". Arrivé aux étangs, prendre à gauche puis prendre le chemin partant à droite. À l'embranchement, prendre à droite jusqu'au prochain embranchement (passer sous la ligne HT). La casemate se cache sous les fourrés au nord/est de l'embranchement (à environ 20 m). Dans les environs subsistent des tracées de tranchées françaises.

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Balschwiller

Dans ce village, situé en première ligne, ont été construits trois observatoires fortifiés. Il s'agit de casemate circulaire d'un diamètre de 4,90 m et possédant trois créneaux d'observations et de tirs pour fusils. La chambre a une superficie de 5 m2 et les murs ont une épaisseur de 1,30 m. Le plafond a une épaisseur de 1,20 m.

Un de ces observatoires est visible dans la rue du moulin (à la sortie du village vers St-Bernard) après le pont sur le ruisseau.

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À Balschwiller se trouvait jusqu'en 2017, sur le mur derrière l'arrêt de bus en face du Crédit Mutuel, un exemplaire d'un obus de mortier de 400 mm.

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Traubach-le-Haut

De Traubach-le-Haut, prendre la direction de Falkwiller. Après le calvaire à la sortie du village, prendre le 1er chemin à droite. Sur la droite en contrebas du chemin après l'entrée du chemin dans la forêt se trouve le "PC Gamelin" (coordonnée GPS : 47 N 40' 06" et 7 E 07' 03").

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Un grand abri de 10 m sur 4 m possédant deux entrées y côtoie un ensemble de quatre abris. Ceux-ci sont construits avec des tôles cintrées dites "tôle métro". Les entrées de ces abris sont réalisées dans une façade commune constituée d'un épais mur. Les alvéoles, constitués des tôles métro, sont recouvertes de couches de terre et de pierres alternant avec des couches de troncs d'arbres. Ces abris se sont depuis pour la plupart effondrés.

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Traubach-le-Bas

À Traubach-le-Bas, prendre la direction de Wolfersdorf. Avant la sortie du village, prendre la route, en face de la chapelle, menant à Buethwiller et s'arrêter au niveau des deux étangs. En suivant sur la droite de la route la lisière de la forêt, on atteint, à l'extrémité est de la forêt, une casemate à mitrailleuse dotée de deux créneaux de tir (coordonnée GPS : 47 N 39' 18" et 7 E 07' 36").

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Sur la gauche de la route, passez entre le 1er et le 2e étang et enfoncez-vous dans la forêt pour atteindre un ensemble d'abris de construction identique au "PC Gamelin" (coordonnée GPS : 47 N 39' 29" et 7 E 07' 38"). Nous pouvons y voir un mur de façade avec quatre alvéoles en tôle métro, une casemate détruite à deux entrées et un autre mur en zigzag réalisé en pierre maçonnée possédant, en partie inférieure, des ouvertures en forme de fente.

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La partie supérieure d'une autre casemate est visible dans le pré à droite de la route après les étangs.

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Bréchaumont

Au sud-ouest de Bréchaumont sont situés deux grands abris et un observatoire. Prendre à Bréchaumont la D26 en direction de Chavannes-sur-l'étang. À la sortie du village, au niveau de l'embranchement avec la D26III, prendre, à gauche, le chemin rural. L'observatoire se trouve sur la gauche dans le champ près de la lisière de la forêt. Seul le haut de la casemate est visible, mais elle possède une intéressante coupole en acier.

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Revenir sur la route et poursuivre en direction de Chavannes-sur-l'étang et arrêtez-vous au niveau de l'usine. Prendre le chemin en face de l'usine. Sur la droite, dès l'entrée dans la forêt, se trouve un grand abri en parfait état (coordonnée GPS : 47 N 40' 01" et 7 E 03' 23"). Un abri identique, mais détruit à l'explosif se cache dans le bosquet au centre du champ à l'ouest de cette petite forêt.

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Sternenberg

Le triangle Guevenatten/Sternenberg/Hecken présente plusieurs observatoires et casemates à mitrailleuse. De Guevenatten, prendre la D32 en direction de Sternenberg. À l'orée de la forêt, sur la gauche de la route et disparaissant sous les ronces, se trouve une casemate à mitrailleuse. Une autre se trouve dans les champs en direction de l'est.

En arrivant sur Sternenberg est visible sur la droite, bien dégagé dans les prés, une intéressante casemate.

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Dans le village de Sternenberg, au croisement, prendre la route vers la droite. Deux casemates identiques y sont visibles. L'une à la sortie du village et l'autre sur la gauche à la sortie de la forêt.

Soppe-le-Bas

Le petit bout de forêt situé le long de l'A36 abrite un gros abri de 20 m de long et de 5 m de large. Il possède deux entrées côté sud et deux cheminées. Étant totalement noyée la disposition interne n'est pas visible. À proximité sont visibles les vestiges de trois autres abris. À Soppe-le-Bas, prendre la direction de Diefmatten et se garer au niveau du chemin d'accès des Ponts et Chaussées à l'A36 sur la gauche. Enfoncez-vous dans la forêt en face du chemin (coordonnée GPS : 47 N 42' 45" et 7 E 05' 50").

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À Soppe-le-Bas, prendre la direction de Guewenheim. S’arrêter juste après le pont sur le Soulzbach pour admirer la casemate, totalement dégagée, qui se trouve dans le pré en contrebas.

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Poursuivre sur la route et lorsque celle-ci fait un virage à gauche, poursuivre tout droit dans la rue puis le chemin qui mène sur un grand abri en lisière de la grande forêt de l'Eichwald.

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Revenir à Soppe-le-Bas et poursuivre en direction de Guewenheim. Après le calvaire et l'embranchement, à droite pour l'aérodrome à ULM s’arrêter au prochain départ de chemin sur la droite. Une casemate se trouve cachée dans la fourche (coordonnée GPS : 47 N 43' 43" et 7 E 05' 12").

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Un autre grand abri est également visible dans la forêt de l'Eichwald. Pour l'atteindre, il faut suivre la D483 depuis le Pont d'Aspach en direction de Soppe-le-Bas. Après l'aire de repos, prendre le 1er chemin à droite et se garer. De là, suivre le chemin s'enfonçant dans la forêt. À l'embranchement, prendre à droite. Au prochain embranchement, prendre à gauche. L'abri est sur la gauche du chemin à environ 400 m (coordonnée GPS : 47 N 44' 05" et 7 E 06' 58").

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Vauthiermont

Au sud du village subsiste un bel observatoire. Au centre du village, prendre la rue en direction du cimetière puis poursuivre sur ce chemin. Prendre le 1er chemin à gauche en direction de la forêt. Suivre ensuite le chemin sur la droite. L'observatoire est visible à gauche du chemin.

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Au nord du village se trouve un grand abri possédant un observatoire carré avec un toit à quatre pentes. L'abri est accessible par deux entrées malheureusement bouchées par de la terre. L'abri est complété par une étrange plate-forme qui était peut-être destinée à un poste de mitrailleuse antiaérienne. L'abri se trouve dans le prolongement de la rue du château d'eau à l'entrée de la forêt sur la droite du chemin. La rue du château d'eau est la 1re rue à droite en venant par la D31 de St-Cosme.

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La Chapelle-sous-Rougemont

Un grand abri analogue à celui de Bréchaumont vous attend à proximité de ce village. L'abri possède deux entrées surmontées d'emplacement de tir pour des mitrailleuses. Une coupole d'observation est installée entre les deux entrées. Une embrasure de tir installé au niveau de la chicane de chaque entrée permet la défense rapprochée de la tranchée bétonnée d'accès. La salle, constituée de tôle métro, est noyé par 30 cm d'eau, la rendant difficilement accessible.

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De La Chapelle-sous-Rougemont, prendre la D15 en direction d'Eteimbes. Avant le cimetière, prendre le chemin à droite passant près de la station d'épuration (coordonnée GPS : 47 N 42' 29" et 7 E 01' 05"). Au retour, faites un petit tour par le cimetière qui contient quelques monuments intéressants du conflit de 1870.

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Créneau de tir de l'entrée

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Le monument français commémorant les morts de la guerre de 1870

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Le monument allemand commémorant les morts de la guerre de 1870

Petitefontaine

Entre Petitefontaine et Mortzwiller se trouvent six grands abris. Les trois à proximité de Petitefontaine sont de construction identique à celui de La Chapelle-sous-Rougemont.

À Petitefontaine, prendre la D11 en direction de Lauw (lac de la Seigneurie). À la sortie du village, au croisement entre la route et de deux chemins en terre, prendre le chemin de droite. L'abri est dans le bosquet situé dans le champ à gauche du chemin à environ 300 m (coordonnée GPS : 47 N 43' 17" et 7 E 00' 45").

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Revenir au croisement et prendre le chemin allant tout droit (en venant du village). L'abri est sous deux arbres sur la droite du chemin. Cet abri présente un puits d'accès qui est dangereux dans l'herbe haute. Ce puits était certainement couvert par une coupole blindée d'observation.

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Pour le troisième abri, il faut poursuivre sur la D11 puis prendre le 1er chemin sur la droite. L'abri se cache dans le monticule de terre situé dans le champ à gauche du chemin. Ses entrées sont cependant inaccessibles sous les ronces et autres épineux.

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La chambre des abris de Petitefontaine

Dans la forêt en face du lac de la Seigneurie se trouvent trois autres grands abris de 13,50 m sur 10,50 m. Ils possèdent une chambre d'une superficie de 38 m². Construit en août 1918 par la 1re compagnie de cimentiers, ils sont totalement enterrés. Ce qui fait qu'ils sont actuellement quasiment noyés. Deux des trois abris possèdent d'intéressantes guérites d'observation de forme hexagonale. L'accès à la chambre et à l'observatoire se faisait au travers de couloirs munis d'escaliers.

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Pour y accéder, il faut, après le camping du lac de la Seigneurie, prendre le 1er chemin à droite et suivre la direction de Mortzwiller par le balisage rond jaune.

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Ces photographies ont été réalisées entre octobre 2013 et mai 2017 et en février 2019.

 

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Cette page a été mise en ligne le 16 janvier 2015

Cette page a été mise à jour le 16 mars 2019