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La grotte de Cravanche

La grande salle (vue vers la petite salle)

Lors de la construction du fort du Salbert, à partir de 1874, les militaires, ne trouvant pas les matériaux nécessaires sur place, firent ouvrir sur les flancs du Haut-Mont une carrière. Le Haut-Mont est séparé du Salbert par la faille de Cravanche. Cette faille sépare deux mondes géologiques. Au nord les Vosges, dont le Salbert représente le dernier des ballons et au sud le Jura, dont le Haut-Mont est la première colline. Les roches du Salbert, constitué de schiste, ne se prêtent pas à la construction. Les militaires firent donc exploiter les roches calcaires formant le Haut-Mont.

La grande salle

Un tir de mines, effectué le 2 mars 1876, mit à jour une cavité. L'explosion dégagea la partie supérieure d'une cheminée, qui donnait, 3 m plus bas, sur la voûte de la salle principale. Les ouvriers, qui ce jour, descendirent dans la grotte, y découvrirent des ossements. Les autorités ayant été prévenues dès la découverte, des mesures de protection furent immédiatement prises et la carrière fut déplacée. Les sommités scientifiques de l'époque vinrent examiner la découverte. Nous pouvons citer le maire de Belfort de l'époque, monsieur Parisot, géologue de son état, messieurs Broca, de Mortillet et Topinard, membres de la Société d'Anthropologie de Paris ou messieurs Bernard, Vaulot et Courty, auteurs d'études sur la grotte.

La grotte de Cravanche est constituée d'une grande salle d'où partent neuf galeries dont trois sont praticables. Les galeries, actuellement reconnues, ont un développement d'environ 300 m. La grande salle a une longueur de 26 m, une largeur de 10 m et sa voûte culmine à 10 m. L'entrée naturelle de la grotte, située probablement du côté ouest de la grande salle, s'est effondrée depuis longtemps, peut-être même depuis la préhistoire. Du côté ouest de la grotte, une coulée de terre envahit la salle. Ce côté a été consolidé en 1935 par la construction du mur et des arches actuellement visibles. Cette consolidation fut réalisée à la suite d'un éboulement. De nombreux éboulements de la voûte ont d'ailleurs passablement bouleversé le sol de la grotte. Après la fouille archéologique, la grotte fut aménagée pour la visite et ouverte au public au début du XX^e siècle. On comptabilisa une moyenne de 8000 visiteurs par an jusqu'en 1935 où la grotte fut fermée.

À partir de cette date, le site, et notamment la carrière, servit de décharge. La grotte subit de nombreux pillages de ces stalagmites et servit même de lieu de stockage de vieux pneus. Ceux-ci finirent par être incendiés. La couleur noire des parois de la grotte est le résultat de ce désastre. Cette couleur noire est totalement incrustée dans la calcite et des essais de nettoyage se sont soldés par des échecs. L'accès à la grotte fut définitivement condamné en 1985. En 2007, la ville de Belfort entreprit des travaux et a rouvert la grotte à la visite.

La grande salle (vue vers le mur de soutènement).

La grotte est surtout connue pour avoir abrité un cimetière daté du néolithique. Lors de sa découverte, la grotte contenait les sépultures d'au moins 17 personnes. Une présentation de monsieur Bernard, lors de la séance du 5 avril 1877 à la Société d'Anthropologie de Paris, fait état de la découverte de "17 crânes dont 7 presque entiers, un grand nombre de maxillaires inférieurs, des vertèbres, des os longs de divers âges, quelques bassins, etc.". La plupart de ces ossements ont été retrouvés dans la salle principale dans des sarcophages, réalisés avec des petites dalles posées sur chant et recouverts de dalles horizontales. Monsieur Vaulot parla en 1876 de "formes classiques de dolmens". Au fond de la grotte, côté sud, fut trouvé un squelette couché sur une natte de paille tressée conservée par la calcite. Dans une galerie au sud furent retrouvés des squelettes disposés dans des cavités creusées dans la roche.

Le sol de la grande salle où furent découvert les sépultures néolithiques.

Les communications faites à la fin du XIX^e siècle font état de squelettes de petite taille. Monsieur Vaulot parle d'une taille moyenne de 1,54 m. Ils possédaient cependant une capacité crânienne importante. Monsieur Bernard donne une capacité moyenne de 1680 cm³. Il cite également la présence d'un crâne dont l'os frontal au-dessus de l'orbite gauche présente un trou. De ce trou partent trois fêlures. D'après lui, cette blessure a été faite par un objet contondant du vivant de la personne. Blessure que tout porte à croire qu'elle fut mortelle.

Dans la partie ouest de la grande salle ont été découverts les ossements d'un grand cerf portant une ramure complète et un crâne de loup enterré sous quelques centimètres. Les personnes inhumées ici l'ont été avec leurs parures et ont fait l'objet d'offrandes. Parmi les parures retrouvées figurent une canine d'ours de 8 cm perforé à la racine, des coquillages marins en provenance des rivages méditerranéens également percés, des perles en argiles cuites qui étaient montées en colliers, etc. Un des squelettes était accompagné par deux anneaux plats en serpentine dont nous savons aujourd'hui qu'il s'agit de bracelets. Ce type de bracelets est encore porté de nos jours par les membres de tribus primitives. Ces bracelets dont le trou interne est relativement petit sont mis au bras des enfants. En grandissant, la chair pousse autour les emprisonnant et empêchant leur retrait. Comme pour les alliances que nombre de personnes n'arrivent plus à retirer, car leur doigt a grossi.

De nombreux objets du quotidien ont été retrouvés tels des silex taillés et autres haches polies. De nombreux poinçons en os servant à la couture ont également été retrouvés. En 1891, un petit polissoir en grauwacke marqué de petites raies provoqué par le polissage de petits outils fut découvert. Un autre polissoir en jade en provenance des Alpes italiennes fut également trouvé dans la grotte. Ces objets démontrent que des échanges sur de longues distances se faisaient au cours de la préhistoire. Un bâton de limonite fut également retrouvé. La limonite (oxyde de fer) permet la fabrication de pâte servant au tatouage.

De nombreuses poteries furent également trouvées avec les corps. Elles étaient façonnées à la main. Les unes étaient faites avec de l'argile très fine, les autres avec de l'argile grossière contenant de petits cailloux siliceux. Leur cuisson a été réalisée en les plaçant devant un feu. La chaleur, irrégulière, leur a donné une teinte inégale. Quelques-unes de ces poteries sont remarquables comme cette jarre bombée à goulot étroit d'une hauteur de 32 cm et pourvu de trois petites anses mamelonnées. Cette jarre ne porte aucune décoration. Ou alors ce vase en terre noire très fine d'une hauteur de 10 cm qui porte une incrustation fait de petits traits horizontaux et obliques. Ou bien ce vase bombé de 30 cm de hauteur avec deux anses mamelonnées et qui possède un goulot en forme de cône tronqué.

La plupart des poteries retrouvées auprès des corps étaient brisées. Celles-ci furent peut-être brisées lors de l'inhumation du défunt pour faire mourir le vase afin qu'il puisse servir dans l'au-delà. La disposition des corps à différents endroits de la grotte permet d'envisager que les inhumations furent réalisées à différentes époques ou qu'il s'agit de familles différentes. Les inhumations ont été datées du néolithique. Mais aucune datation avec des moyens modernes n'a été réalisée. Ou du moins, aucune communication n'a été réalisée sur cette éventuelle datation.

La grande salle

Ces photographies ont été réalisées en septembre 2010.

Y ACCÉDER:

La grotte est située à la sortie de Cravanche en direction de Châlonvillars. La grotte est fermée. Sa visite est possible sur demande à la mairie de Belfort ou lors des journées du patrimoine. La grotte sert de lieu d'hibernation à une colonie de chauves-souris. De ce fait, toute visite est interdite de novembre à avril.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 21 novembre 2010

Cette page a été mise à jour le 24 février 2015