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Le château du Haut-Barr

Ce château, surnommé l'œil de l'Alsace, occupe une barre rocheuse au débouché de la Zorn vers la plaine d'Alsace. Il permettait la surveillance du passage le plus aisément franchissable entre l'Alsace et la Lorraine.

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L'entrée du XIIe siècle

La première mention d'un château de Borre ou Borra fut faite en 1112. En 1142, un certain Merboto de Borre est cité dans une charte de donation à la cathédrale de Strasbourg sous l'empereur Henri et l'évêque Cunon. En 1168, l'empereur Frédéric 1er Barberousse visita avec l'évêque de Strasbourg, Rudolphe de Rottweil, le château. Sur les conseils de l'empereur, l'évêque acheta le rocher sud, le "Markfels", à l'abbaye de Marmoutier pour d'améliorer la défense du site. Il y fit ériger un mur bouclier (2 m d'épaisseur) et une tour pentagonale. Il fit également construire sur le rocher septentrional le logis seigneurial et une chapelle.

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La chapelle

En 1291, l'évêque de Strasbourg, Conrad de Lichtenberg consacra la chapelle à St-Nicolas. Il accorda à cette occasion une indulgence de 40 jours à chaque pèlerin. Le pèlerinage ainsi créé durera jusqu'au XVIIIe siècle. Durant son mandat (1353-1365), l'évêque de Strasbourg, Jean de Lichtenberg, résida dans le château. Il fit reconstruire le chœur de la chapelle en style gothique et édifia la tour protégeant le puits-citerne près de l'entrée. En 1356, un tremblement de terre détruisit le château. Il fut reconstruit en 1360. Egenolf de Lutzelbourg et Pierre Hase s'engagèrent en 1394 auprès de l'évêque, Guillaume de Diest (1394-1439), à défendre et à entretenir le château.

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Le "Markfels" et le pont du Diable

Durant le concile de Constance en 1415, le château hérita du surnom d'œil de l'Alsace (Occulus Alsatiae). Au cours du XVe siècle, fut mis en place le pont-levis sur la rampe d'accès et le château fut désormais désigné sous le nom de Bar ou Barr. Durant la guerre des Rustauds, en 1525, les paysans révoltés tentèrent vainement de s'emparer du château. Entre 1583 et 1592, l'évêque Jean de Manderscheid fit construire un logis de style renaissance et fit renforcer les tours et les bastions afin de les adapter à l'artillerie. À la fin du XVIe siècle, le château était armé de 50 pièces d'artillerie. L'évêque en fit sa résidence principale. D'après une légende, il y aurait créé la confrérie de la corne. Pour être admis dans cette société de buveurs, il fallait être capable de vider cul sec une corne d'auroch contenant 4 litres de vin. En 1592, le château passa aux mains de Charles de Lorraine, nouvellement élu évêque de Strasbourg. De cette période date la première mention de Hohenbarr (Haut-Barr).

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Une des tours bastion vue depuis l'extérieur

En 1607, la gestion du château fut confiée par l'archiduc Léopold II de Habsbourg au comte Hermann Adolphe de Salm-Reiffenscheid. Un inventaire de 1621 signala que les défenses étaient dans un état lamentable et que l'arsenal n'était pas correctement entretenu. Après avoir été battu en 1634 à Marmoutier par les Suédois, le comte de Salm se réfugia au château. Assiégé, il négocia avec le maréchal de La Force la remise de Saverne et du château à la France pour la durée de la guerre. En novembre 1635, l'armée impériale obligea le commandant de la garnison française, Dubourg, à capituler. En juin 1636, le cardinal de la Valette et Bernard de Saxe-Weimar assiégèrent à leur tour Saverne et le château qui capitula au bout de 6 semaines. La guerre de Trente Ans se termina en 1649 avec le Traité de Westphalie. Les troupes françaises sous les ordres du commandant de Pesselière démantelèrent une partie de l'enceinte et des bastions. Le château fut ensuite occupé par une ferme.

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La conciergerie

La chapelle fit l'objet de travaux de restauration en 1668. La guerre de succession d'Espagne débuta en 1701. Les troupes impériales ayant pénétré en Alsace, des projets de restauration de certaines forteresses, dont le Haut-Barr, furent élaborés. Des projets de Tarade ont été partiellement exécutés au Haut-Barr en 1706-1707. En 1743, lors de la guerre de succession d'Autriche, le château fut occupé et partiellement remis en état de défense par les troupes françaises. Le château perdit définitivement son rôle militaire en 1772 où il fut rendu à l'évêque de Strasbourg qui le loua à des fermiers.

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L'escalier de l'entrée nord

La Révolution française confisqua le château et la forêt attenante en 1789. Il fut vendu en 1796 comme bien national à Maurice Kolb de Saverne pour la somme de 2592 francs. En 1798, un relais du télégraphe de Chappe fut installé sur le rocher central. En 1801, le maréchal Clarke, nouveau propriétaire des lieux, fit aménager l'esplanade devant le château (l'actuel parking). Le télégraphe de Chappe fut transféré en 1810 dans une nouvelle maison installée au sud du château. Lazare Wolff acheta le château en 1821 et le revendit aussitôt à Maurice Kolb qui le donna à sa fille Pauline. Celle-ci fit construire en 1836 une maison de campagne dans la cour nord. La maison fut détruite en 1918.

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L'ancienne villa "Stuka"

Le site fut classé Monuments historiques par l'état allemand en 1874. Le château totalement ruiné fut acquis en 1878 par l’état allemand. L'entretien des ruines incomba au Club vosgien. Une restauration, notamment de la chapelle, fut entreprise à partir de 1880 par l'architecte Winkler. Devenue locataire des lieux, la ville de Saverne y fit construire, en 1901, un restaurant. Le château reprit une vocation militaire entre 1940 et 1944 avec l'occupation de l'armée allemande qui y fit construire la "Villa Stuka". Le château est la propriété de la ville de Saverne depuis 1969.

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L'accès actuel au rocher tabulaire septentrional

Le château occupe une arête rocheuse, longue de 250 m, à l'extrémité nord-est d'un étroit promontoire à 450 m d'altitude au débouché de la vallée de la Zorn sur la plaine d'Alsace. Le château permettait la surveillance de cette vallée qui est le passage le plus facilement franchissable entre l'Alsace et la Lorraine. Le site comprend trois rochers tabulaires hauts de 20 m, le rocher septentrional, figure de proue du côté nord, le rocher médian et le rocher méridional (Markfels) relié au rocher médian par le Pont du Diable.

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L'entrée du château est de style renaissance et date de 1583. Pourvue d'une herse et de deux assommoirs, elle fut remaniée en 1586 et 1743. Elle donne accès à la conciergerie qui possédait encore son toit d'origine en 1805. Elle fut entièrement restaurée au XXe siècle. La tour du puits attenante à la conciergerie fut édifiée au XIIIe siècle. La profondeur du puits (2,50 m de diamètre) est toujours inconnue. Derrière l'entrée se trouve une avant-cour (1500) suivie d'une rampe d'accès donnant sur une porte à pont-levis flanqué d'une tour circulaire du XVe siècle remplacé au XVIIIe siècle par une tour polygonale.

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Le rocher tabulaire septentrional

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Le logis du rocher tabulaire médian

Nous trouvons ensuite le portail d'entrée de la cour supérieure datant du XIIe siècle. La chapelle saint Nicolas, également du XIIe siècle, fut restauré en 1668 puis en 1880 où elle fut intégrée dans un bâtiment à 2 étages. Dans la cour se trouvaient deux citernes à filtration et un bassin rectangulaire. La tour bastion d'artillerie visible à droite du restaurant flanquait le logis épiscopal construit entre 1583 et 1586. À sa droite se trouve une cave datant de 1527. L'ancienne caserne du XVIIIe siècle a été remplacée par la maison de campagne de Pauline Kolb en 1836, elle-même remplacée par la "Villa Stuka".

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Le pont du Diable

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Le rocher médian avec les vestiges de l'entrée ouest

À l'extrémité nord du site se trouve un bastion du XVIe-XVIIIe siècle avec une casemate d'artillerie flanquée à l'ouest par un grand bastion polygonal. L'entrée nord fut créée à la fin du XIVe siècle, mais elle pourrait avoir existé au XIIe siècle.

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L'accès au rocher médian

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Le long du rocher "Markfels"

Sur le rocher médian se trouve le logis polygonal du XIIe siècle. L'étage de ce logis servait d'appartement privé à l'évêque de Strasbourg. Nous y trouvons également les ruines d'un donjon carré du XIIe siècle, une citerne et une chapelle. Sur le côté ouest de ce rocher fut érigée une tour protégeant l'entrée ouest du château. À proximité fut creusé un puits. Les travaux furent stoppés au bout de 25 m de profondeur et le puits fut comblé dès le XIIe siècle.

Sur le rocher sud, dénommé "Markfels", subsistent les restes du mur-bouclier épais de 2 m érigé en 1168. Ce mur pointe vers la direction de l'attaque.

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Passage au-dessus de la conciergerie

 

Le télégraphe de Chappe relia Paris à Strasbourg de 1798 à 1852. Ce système permettait la transmission de message à l'aide de signaux optiques (position de bras mobiles sur un pylône). Des relais étaient positionnés tous les 15 km. Le relais du Haut-Barr communiquait avec le relais St-Jean Kourtzerode à l'ouest et avec le relais du Kochersberg à l'est.

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Le télégraphe de Chappe

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Installé de 1798 à 1810 sur le rocher médian du château du Haut-Barr, il était cependant trop exposé aux intempéries et au vent. Il fut donc déplacé sur une petite hauteur au sud du château. Le pylône était, de 1810 à 1835, supporté par une maisonnette en bois avec une embase en maçonnerie. L'appareil, tourné vers Paris, fut construit entre novembre 1810 et juillet 1811. Une tour ronde en maçonnerie fut construite en 1835 à côté de la maisonnette. En août 1852, la ligne fut mise hors service et l'appareil et les longues vues furent vendus aux enchères.

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Ces photographies ont été réalisées en mai 2015.

 

Y ACCÉDER:

L'accès au château du Haut-Barr est fléché depuis le centre-ville de Saverne.

Le télégraphe de Chappe est accessible par un sentier au sud du parking du château (5 min de marche).

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 15 août 2015

Cette page a été mise à jour le 15 août 2015