Suivez les Lieux-Insolites en France sur INSTAGRAM

Les châteaux du Fleckenstein, du Loewenstein et du Hohenbourg

Le château semi-troglodytique du Fleckenstein est un site touristique emblématique du nord de l'Alsace. Avec ses deux voisins, les châteaux du Loewenstein et de Hohenbourg, ils montent la garde à quelques centaines de mètres de la frontière allemande.

Le château du Fleckenstein occupe un éperon rocheux long de 50 m et haut de 40 m. La plate-forme sommitale n'est large que de 8 m. C'est sur cet éperon que Frédéric de Hohenstaufen fit construire, au début du XII^e siècle, le premier château. Cette construction était destinée à faire la jonction entre les duchés de Kaiserslautern et de Haguenau pour faire face aux prétentions des comtes de Lutzelbourg, qui firent ériger le château de Falkenstein, et des ducs de Lorraine qui érigèrent le château de Lutzelhardt. La première mention du nom de Fleckenstein (Gottfried de Fleckenstein) apparaît dans un traité de 1174 (certaines sources donnent la date de 1129). Les Fleckenstein reçurent la garde des châteaux du Saint Empire Romain Germanique de la région en 1250. Ils les considérèrent ensuite comme leurs biens propres ce qui conduisit à un conflit avec l’évêque de Spire en 1276. Au cours du conflit, Gottfried II (Wolfram) de Fleckenstein enferma l’évêque Frédéric de Bollanden dans son château. Ce qui conduisit l'empereur du Saint Empire Romain Germanique, Rodolphe de Habsbourg, a assiégé le château. Après la chute du château, Gottfried II perdit ses droits sur les châteaux, dut payer une forte amende et rendre toutes les terres usurpées en 1250.

En 1280 ou en 1283, Otton III d'Ochsenstein, bailli impérial, prit possession du château du Loewenstein, tout en rappelant à Gottfried II qu'il devait hommage à l'empereur. De grands travaux de restauration furent entrepris au château de Fleckenstein à partir de 1307. En 1315, Henri de Fleckenstein subit de lourdes pertes dans sa guerre contre les Strasbourgeois, mais le château resta invaincu. Plus ou moins ruinés, les Fleckenstein durent emprunter en 1385 pour faire face aux frais nécessaires à la restauration du château.

Le château connut d'importantes modifications en 1407 et en 1441, date à laquelle fut érigée la tour-porte visible actuellement. La politique habile des Fleckenstein leur valut, en 1467, le titre de baron d'empire. Le château fut adapté aux nouvelles armes à feu en 1540, notamment la porte extérieure. À cette époque fut également érigée la tour d'escalier. À la mort de Louis 1^er de Fleckenstein, en 1541, le château fut confié à la garde de Frédéric dit Le Vieux qui l’aménagea en résidence en faisant percer de grandes fenêtres dans les murs des locaux d'habitations. Les archives familiales furent regroupées au château en 1543 lors de l'introduction du protestantisme dans la région.

En 1674, au cours de la guerre de succession de Hollande, le château fut pillé par les troupes françaises du marquis de Vaubrun. Ce qui resta du château fut en 1680 détruits à l'explosif par les hommes du général Joseph de Montclar sur ordre de Louis XIV. Le dernier baron de Fleckenstein mourut sans descendance en 1720.

Après la Révolution française, le château fut vendu, en 1792, comme bien national. Le général de brigade napoléonien d'origine irlandaise Olivier Hardy acquit la ruine en 1812 et prit le titre de baron de Pierrebourg (francisation de Fleckenstein). Après le passage de l'Alsace à l'empire allemand en 1871, le sous-préfet de Wissembourg Stichaner ordonna l'entretien de la ruine. Il la rendit accessible au grand public. Le site devint alors un lieu de promenade apprécié. Il fut classé Monument historique en 1898 par les autorités allemandes. Lors du retour à la France en 1919, le château devint propriété de l'État.

Une campagne de fouille archéologique de la plate-forme sommitale eut lieu entre 1992 et 1997 suivis, entre 1997 et 2000, de travaux de consolidation et de sécurisation. Depuis, le château est devenu un des lieux touristiques les plus visités du Bas-Rhin.

Le château du Loewenstein ou du Lindenschmidt, selon la carte d'état-major de 1879, fut construit, entre 1152 et 1190, par les Loewenstein, branche parente des Fleckenstein. Ceci se passa sous le règne de l'empereur du Saint Empire Romain Germanique, Frédéric Barberousse. En 1280 ou en 1283, Otton III d'Ochsenstein en reçut la garde de la part de l'empereur Rodolphe de Habsbourg.

En 1370, le château fut divisé en deux parties. Le côté nord resta aux mains des Ochsenstein, tandis que la partie sud fut confié, en arrière-fief, à Haenel Streuff de Landenbourg. Il la transmit en 1383 à Jean de Bitche. Délaissé par les Ochsenstein, le château devint, en 1380, le repaire d'un chevalier sans fortune qui rançonnait les voyageurs. Selon la légende, il aurait ferré ses chevaux à l'envers afin de brouiller les pistes. Les troupes envoyées dans la région pour le traquer n’arrivant pas à le trouver, la rumeur qu'il avait fait un pacte avec le Diable ou qu'il était un fantôme prit vite forme. Le château prétendu maudit fut évité par la population. On découvrit la vérité lors de son arrestation par les troupes de l’évêque de Strasbourg et de Jean de Lichtenberg en 1386.

Le chevalier, surnommé Linkenschmidt (forgeron gaucher), arrêté avec son fils et son valet, fut traduit en justice à Schonau dans le Palatinat. Condamné à la potence, le chevalier implora la clémence pour son valet qu'il dit avoir contraint à le suivre. Le juge lui refusa toute clémence en prononçant la formule devenue populaire en Allemagne "Mitgegangen, Mitgefangen, Mitgehangen" (commis ensemble, pris ensemble, pendu ensemble). Le château, ruiné, fut ensuite donné en fief aux Puller de Hohenbourg.

Les ruines passèrent en 1482 aux mains des Sickingen qui le firent reconstruire en vue de l'habiter. Par le jeu des héritages, le château devint la propriété des Hanau Lichtenberg en 1570. Les derniers propriétaires connus furent, en 1736, les Hesse-Darmstadt.

Conrad de Fleck se sépara de la lignée des Fleckenstein en 1175. Vers 1250, il fit construire le château de Hohenbourg. Il fut le fondateur de la lignée de Hohenbourg qui prit le nom de Puller de Hohenbourg en 1262. Le château comprenait à cette époque un fossé sec, une entrée enserrée par deux tours semi-circulaires, une cour avec des communs et une écurie, un donjon érigé sur le rocher et une citerne. En 1272, le troubadour Conrad Puller de Hohenbourg, s'illustra aux côtés de Rodolphe de Habsbourg, empereur du Saint Empire Romain Germanique. Concerné par le conflit entre Gottfried III de Fleckenstein et l’évêque de Spire, le château de Hohenbourg fut rétrocédé, en 1280, par Rodolphe de Habsbourg en fief aux Puller de Hohenbourg.

Lors d'un conflit entre les Fleckenstein et les Puller de Hohenbourg, en 1324, ces derniers capturèrent leur cousin Eberhardt d'Eckerswiller et l’enfermèrent au château avant de le libérer contre le paiement d'une rançon. En 1384, Robert 1^er, électeur palatin, mit le siège au château. Après sa reddition, le château passa sous suzeraineté palatine. Il servit en 1386 de bastion avancé lors du siège du château de Loewenstein par les troupes de l'évêque de Strasbourg et de Jean de Lichtenberg.

À la suite d'un conflit avec les Lichtenberg et l'évêque de Strasbourg le château fut, en 1438, inféodé à Wirich II Puller de Hohenbourg. En 1444, l'évêque de Strasbourg fit, sans succès, le siège du château. À la mort de Wirich II, ces deux fils, Wirich III et Richard, alliés à Louis de Veldentz (Louis le Noir), s’opposèrent à leur suzerain, l'électeur palatin Frédéric le Victorieux, et à Louis de Lichtenberg. L'électeur palatin assiégea alors les châteaux tenus par les Puller de Hohenbourg. Le château de Vasigenstein tomba le premier, suivi par le château de Loewenstein puis par le château de Hohenbourg. Wirich III fut tué en 1456 à la bataille d'Armsheim, Richard, fait prisonnier en 1461, perdit le château de Hohenbourg au profit d'Eberhardt Hofwart, le gendre de Wirich III. Richard fut accusé en 1471 de crime de sodomie par l'évêque de Strasbourg qui l'enferma au château du Haut-Barr avant de le faire condamner et brûlé vif en 1482 à Zurich. Ce qui marqua la fin de la lignée des Puller de Hohenbourg.

Eberhardt Hofwart échangea en 1504 le château de Hohenbourg contre le château de Greifenstein. Le château fut occupé en 1505 par Franz de Sickingen, fils de Marguerite Puller, la fille de Wirich III. Franz de Sickingen adapta le château à l'artillerie en construisant le bastion d'entrée, barbacane en forme de fer à cheval à l'avant de l'entrée de la cour du château, et un mur-bouclier. La barbacane a des murs épais de 4,50 m et possède deux chambres de tir pour des canons. Il fera également aménager des canonnières dans les épaisseurs des autres murs du château. Franz de Sickingen, convertit au protestantisme, mourut dans le conflit avec l'évêque de Trêves qui s'en suivit.

En 1523, le château fut pillé et incendié par les troupes de Wilhelm de Rennenberg. La ruine revint en 1542 à Franz-Conrad de Sickingen qui occupait une fonction importante à la cour de l'empereur Charles Quint. Celui-ci entama des travaux pour transformer le château en palais de style renaissance. Les travaux furent achevés par son fils Guillaume. Au cours de la guerre de Trente Ans (1618-1648), les Sickingen abandonnèrent le château pour se réfugier en Autriche. Le château fut pillé par les Suédois en 1632. Comme beaucoup d'autres, le château fut rasé, en 1680, à l'explosif par les troupes du général Joseph de Montclar sur ordre de Louis XIV. Les ruines furent classées Monument historique en 1898.

Le château de Hohenbourg possède aussi sa légende. Les seigneurs de Wegehinbourg et de Hohenbourg étaient des ennemis acharnés. Un jour, Edwige, fille du seigneur de Hohenbourg, rêvait près de la source de Maidebrunne. Surgit alors un sanglier qui aussitôt chargea la damoiselle. Robert de Wegehinbourg, qui traquait la bête, se précipita et la tua d'un coup d'épieu. Lorsqu'il croisa son regard avec celui de la damoiselle, les deux tombèrent follement amoureux l'un de l'autre. Ils cachèrent leur idylle à tout le monde, mais se retrouvèrent tous les jours près de la source. Un jour, le seigneur de Hohenbourg les y surprit. Furieux de voir sa fille dans les bras de son ennemi juré, il le tua d'un coup d'épée en plein cœur. Edwige, terrassé par le chagrin, s'effondra à l'instant. Depuis ce jour, à la tombée de la nuit, le fantôme d'Edwige quitte les souterrains du château de Hohenbourg pour revenir sur les lieux de son amour sous la forme d'une ombre blanche en chantant une douce complainte.

Ces photographies ont été réalisées en août 2018.

Y ACCÉDER:

L'accès au château de Fleckenstein est fléché depuis Lembach. Des navettes en bus existent depuis la gare de Wissembourg. L'accès au château est payant. Il est ouvert tous les jours à partir de 10 h de fin mars à début novembre.

Pour les châteaux de Loewenstein et de Hohenbourg, il faut emprunter le sentier balisé partant depuis la maison forestière du Fleckenstein (devant l'entrée du château). Compter 2 h de marche aller/retour.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 23 décembre 2018

Cette page a été mise à jour le 23 décembre 2018