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Le massif du Taennchel, classé zone de silence, est un lieu magique où les rochers ont tous des formes bizarres. Partout, des signes attestent de la présence humaine sur ce site. Rochers à cupules par ci, inscriptions par là, mystérieuses ou plus réelles comme les armoiries des seigneurs de Ribeaupierre ou de la confrérie des verriers. Et que dire du mystérieux "mur païen"...
Le rocher des Trois Grandes Tables
Le Rammelfelsen
Le massif du Taennchel, dont le point culminant se situe au "Ramelstein" avec 989 m d'altitude, est une crête de 6 km de longueur en forme de croissant de lune. Ce croissant, ouvert sur l'ouest, est bordé d'abrupt et d'à-pics rocheux d'une vingtaine de mètres de hauteur. Quel que soit le côté où on l'aborde, le dénivelé est important et la montée est rude. D'un point de vue géologique, la crête se compose de grès conglomératique du Trias (200 millions d'années) posé sur une base en granite du carbonifère supérieur (300 millions d'années) reposant elle-même sur un socle de gneiss du précambrien.
Le Rammelstein
Le Rammelstein
Le Rammelfelsen
Au rocher des Reptiles
La première mention au massif date de 1357. Le nom de Taennchel apparaît en 1441, il est orthographié Tenchel en 1416, Thennichel en 1473 et Dannchel en 1538. Le Taennchel serait un haut lieu de la bioénergie qui présente une concentration record d'ondes tellurique. Selon Adolphe Landspurg et Gilbert Altenbach, célèbres géobiologues et sourciers alsaciens, la zone serait un des terrains vibratoires les plus puissants d'Europe. Pour René Berrel, un autre géobiologue, le massif seraient si chargés en ondes positives qu'il ne faudrait pas y passer plus d'une journée et il déclara : "après une balade ici, on a du mal à dormir tellement on se sent rempli d'énergie". À vous de voir si cela est vrai, pour ma part la dernière balade en ces lieux m'a totalement épuisé.
Un des nombreux bassins du massif du Taennchel
Une des marques de bornage
En partant du col du Haut de Ribeauvillé le balisage du club vosgien (rectangle jaune) vous fera passer par un chemin présentant un étrange pavage. Celui-ci aurait été posé par les habitants des villages qui se partageaient au Moyen-âge le sommet. Il était destiné au passage des troupeaux de cochons qui, à l'automne, allaient se gaver avec les glands de la chênaie qui couvrait alors le Taennchel. Le premier point remarquable est le rocher de "Reinolstein" (982 m d'altitude) qui marque la limite des bans communaux de Ribeauvillé, Rodern, Sainte-Croix-aux-Mines et Lièpvre. Ce point fut défini en 1473 après le conflit qui opposa la communauté du Hinterwald et Maximilien 1er de Ribeaupierre. Le litige territorial entre Guillaume de Ribeaupierre et les cités de Ribeauvillé et de Bergheim prit fin en 1538 avec la décision d'aborner la montagne par des marques taillées sur les rochers. Ces marquages sont constitués d'une lettre allant de "A" à "V" souvent complété d'une date. Le "A" est gravé au "Rocher des Géants" et le "V" se trouve au "Reinolstein".
La voie pavée
Le Reinoldstein
Rochers à la fosse aux lions
Le sentier passe ensuite près du "Ramelstein", le point culminant du massif, pour bifurquer vers le "Rocher des Trois Grandes Tables". Selon une légende, ce rocher servait de table à manger à des géants et notamment le géant Ymir qui dans la mythologie nordique, fut la première créature vivante ainsi que la source de la création de la Terre par Odin. Une autre légende nous rapporte qu'il y a plusieurs millénaires la plaine du Rhin formait une immense mer. Les géologues confirment ce fait, il y a 40 millions d'années la mer avait envahi le fossé rhénan par le sud. Selon cette légende, de hardis marins naviguaient sur cette mer et pour amarrer leurs vaisseaux, ils auraient scellé des anneaux sur les rochers. Elle nous apprend également que Noé y amarra son arche lors du déluge. Pour accréditer cette légende, un habitant de Ribeauvillé, J.J. Becker, scella, en 1879, un anneau en fer sur le "Rocher des Trois Grandes Tables". Cet anneau porte l'inscription "In diluvio salus Noae -J.J. Becker – MDCCCLXXIX". Un ingénieur strasbourgeois y scella un deuxième anneau en 1938.
Le rocher des Trois Grandes Tables
Le rocher des Trois Grandes Tables
Le rocher des Trois Grandes Tables
Le rocher des Trois Grandes Tables
A proximité se trouve le "Rocher des Trois Petites Tables" qui était la table à manger des enfants des géants. Ce rocher porte le bornage "N".
Le rocher des Trois Petites Tables
Le rocher des Trois Petites Tables
Un peu plus loin, après l'abri du Kutzigbuech, au détour du sentier, on se trouve face à un animal préhistorique. Le "Rocher des Reptiles" a sous certains angles la forme d'un immense crocodile. De nombreux rochers aux formes évocatrices se trouvent à cet endroit. Au milieu, une dépression fait penser à un enclos aux fauves. C'est la "Fosse aux lions". Une des pierres est un rocking-stone, une pierre branlante. Cet énorme bloc bascule légèrement si l'on trouve le point de bascule. Au Moyen-âge ce type de pierre servait de pierre de justice pour juger les femmes accusées d’adultère. En invoquant l'ordalie, le jugement de Dieu, on obligeait l'accusée à trouver le point d'équilibre de la pierre. Si elle arrivait à faire bouger la pierre, elle était reconnue comme innocente, sinon elle était précipitée dans le ravin.
Le rocher des Reptiles
Le rocher des Reptiles
Le rocher des Reptiles
Le rocher des Reptiles
Le rocher des Reptiles
Le rocher des Reptiles
Le rocher des Reptiles
Une fosse au rocher des Reptiles
Après le "Rocher des Reptiles", nous accédons, par des passages dallés, au "Rocher des Géants" (altitude 949 m), également nommé "Rocher des Fées". La dalle sommitale de ce majestueux promontoire présente environ 120 cupules. Celles-ci auraient servi aux fées pour la préparation de certaines boissons et philtres non recommandée aux pauvres mortels que nous sommes. La présence de ces cupules laisse penser que cet endroit devait être un sanctuaire à l'époque celtique. La légende nous apprend que ce rocher était un des piliers soutenant un pont fantastique enjambant la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines et aboutissant au sommet du Chalmont. Ce pont fabuleux fut bien sûr construit par les fées. Un autre pont construit par les fées enjambait la vallée de la Bruche en reliant le Jardin des Fées au Purpurkopf. Dans les temps anciens, les fées possédaient de nombreux pouvoirs magiques, mais elles les perdirent à la naissance du Christ. C'est donc lors de la première nuit de Noël que le pont s'effondra.
Le rocher
des Géants
Le rocher des Géants
Le rocher des Géants
Le rocher des Géants
Le rocher des Géants
Le rocher des Géants
À côté du "Rocher des Géants" ce trouve le "Rocher des cordonniers". Nommé "Rocher du Grand Tau" par Felix Voulot, ce rocher a une certaine ressemblance avec un formier, l'enclume utilisée par les cordonniers pour ressemeler les chaussures. Profitez de ce rocher pour suivre, en descente sur quelques dizaines de mètres, le sentier et allez admirer le "Rocher des Géants" par en dessous.
Le rocher des Cordonniers
Le rocher des Cordonniers
À partir du "Rocher des Géants", le sentier (balisage triangle jaune) bifurque vers le sud, vers le "Rocher du Wasserfelsen". De nombreuses cupules y sont visibles, dont un très grand bassin de 130 cm de longueur. Les carriers du Moyen-âge débitaient les pierres en creusant une ligne de trous dans lesquels ils inséraient des coins en bois secs. Ils arrosaient ensuite ces coins qui en gonflant provoquaient l'éclatement de la pierre et le détachement du bloc. Peut-être que ces cupules et bassins servaient à ces carriers de réserves d'eau sur ces hauteurs quasiment dépourvues de sources.
Le Wasserfelsen
Le Wasserfelsen
Le Wasserfelsen
Le Wasserfelsen
Au niveau du "Wasserfelsen", nous touchons au plus grand mystère du massif du Taennchel : le "mur païen". Ce mur, long de 2300 m, sépare la crête en deux dans le sens de la longueur. Il est construit en pierre plus ou moins uniforme, mais sans maçonnerie. À certains endroits, il s'agit de blocs bien équarris et soigneusement empilés, à d'autres endroits, ce n'est qu'un empilage de cailloux. Actuellement, la plus grande hauteur est de 1,80 m et la plus grande largeur est de 1,70 m. L'historien régional Philippe Aimé de Golbéry (1786-1854) y vit un mur délimitant le territoire entre les Médiomatriques et les Séquanes ou entre les Séquanes et les Triboques, des tribus celtiques occupant la région avant la conquête romaine. Pour d'autres historiens, le mur fut construit par les Romains ou les Gaulois. Les historiens F. Faudel et G. Bleucher estimaient, en 1888, la construction de l'époque celte et lui attribuaient un rôle religieux. Pour Jean Daniel Schoepflin et l'abbé Grandidier, il s'agirait d'un mur de défense de l'époque romaine alors que Félix Voulot attribua sa construction aux Pélasges, un peuple grec chassé de leur pays par les Hellènes. Pour P. Bernhard, historien de Ribeauvillé, le mur aurait délimité, au Moyen-âge, la limite de propriété entre Ribeauvillé et Bergheim. Un document de 1473, découvert aux archives de la ville de Bergheim, cite l’existence sur la crête d'une haie de pierre (steinerer haag) délimitant les propriétés des Ribeaupierre et des Rathsamhausen. Les archéologues estiment donc que ce mur date de cette époque. La haie de pierre citée par ce document désignerait cependant le mur allant du "Rocher des Géants" au carrefour du Rotzel. En l'absence de fouilles et d'études officielles, le mystère reste entier.
Le mur païen
Le mur païen
Le mur païen
Le mur païen
En poursuivant vers le sud puis en faisant un léger détour vers l'ouest nous trouvons le "Rocher des Titans" un autre promontoire rocheux, mais bien moins imposant que le "Rocher des Géants et au-dessous duquel ce trouve un véritable chaos rocheux. Le sentier aborde alors une forte descente pour passer sous le "Rocher Pointu" ou "Spitzigfelsen" ou "Rocher de la Garde". Il s'agit d'un impressionnant surplomb rocheux où l'antiquaire Félix Voulot vit le groin d'un sanglier.
Le rocher des Titans
Le rocher des Titans
Le Rocher Pointu ou Spitzigfelsen ou Rocher de la Garde
Le Rocher Pointu ou Spitzigfelsen ou Rocher de la Garde
Le Rocher Pointu ou Spitzigfelsen ou Rocher de la Garde
Le Rocher Pointu ou Spitzigfelsen ou Rocher de la Garde
Un peu plus au sud, ne passez pas à côté du "Schutzfelsen", une dalle rocheuse formant un abri sous roche qui fut aménagé par des murets en pierre sèche.
Le Schutzfelsen
Le Schutzfelsen
Si le cœur vous dit, mais n'oubliez pas qu'il faut refaire le chemin en sens inverse, vous pouvez pousser jusqu'au "Rocher d'Udine". Sur ce rocher, des républicains de Ribeauvillé gravèrent "À la paix d'Udine / MG. DK. LS. IB. / Ce 22 BR. VI". Cette inscription rappelle la paix d'Udine ou de Campo Formio (ville de Vénétie) où Bonaparte signa, le 17 octobre 1797 (22 brumaire an VI), un traité de paix avec l'Autriche. Celui-ci mit fin à la guerre et donna à la jeune République française la souveraineté sur la Belgique, sur les iles Ioniennes, sur la rive droite du Rhin et sur une partie de l'Italie.
Le rocher d'Udine
L'inscription sur le rocher d'Udine
Le rocher d'Udine
A proximité du rocher d'Udine
Au retour, nous empruntons, après le passage du "Rocher Pointu", un sentier (balisage cercle rouge) partant sur la gauche pour rejoindre l'abri du Kutzigbuech. Après plusieurs rochers ruiniformes, nous arrivons à la "Fontaine des Esprits". Cet entablement de rochers forme un couloir de 7,50 m de longueur, de 1,90 m de hauteur, mais seulement large de 90 cm. Selon son sens et surtout lors des "Raunächte", les douze jours entre Noël et les Rois, le vent, en s'engouffrant dans les interstices du rocher, se met à gémir. Ce sont alors tous les esprits de la montagne enfermés ici qui s'expriment. Ces esprits sont tellement craints par la population des environs qu'il est fortement interdit de gratter le sol ou les rochers de peur de les libérer de leur prison de pierre.
Le rocher des partisans
Le rocher des partisans
La Fontaine des Esprits
La Fontaine des Esprits
Dernier avertissement : NE VOUS AVENTUREZ JAMAIS DE NUIT DANS LE MASSIF. Une multitude de gnomes et d'esprits se regroupent en ces lieux au clair de lune. Les déranger serait votre perte. Une autre légende nous indique, qu'en collant l'oreille à certains rochers, il est possible d'entendre les voix et la musique des fées. De mystérieux murmures et des chants mélodieux s'en échapperaient.
La fosse aux lions
À la fin des années 1990, une découverte faite au Taennchel mit en émoi le monde des historiens, archéologues et amoureux du site. En 1996, le garde forestier Marc Schultz, spécialiste autoproclamé du Taennchel, surprit des fouilleurs clandestins qui venaient de trouver six statuettes en différents endroits du Taennchel. Selon une autre source, ces fouilleurs auraient eux-mêmes contacté le garde forestier. Celui-ci transmit les statuettes au service d'archéologie régionale. Elles sont actuellement dans les réserves du musée Unterlinden de Colmar. En 1997, la gendarmerie surprit d'autres fouilleurs (ou les mêmes ?). Après une plainte des autorités culturelles et des villes du secteur, trois autres statuettes furent retrouvées chez ces fouilleurs. En 1998, la revue "Recherche médiévale" du cercle de recherche historique de Ribeauvillé publia une large étude à cette découverte. Cette étude fut alors largement relayée par la presse régionale. En 2019, le cercle de recherche historique de Ribeauvillé reçut de la part de Marc Schultz, l'acteur principal de la découverte, un dossier complet sur cette énigme archéologique. Ces statuettes seraient des représentations assez grossières de figures ou créatures humaines. Elles comportent des caractères runiques qui auraient permis d'identifier les personnages représentés. Il y aurait donc Wotan ou Odin, Frey, dieu de la fécondité, de l'amour et de l'harmonie, Loki, dieu des enfers et de la mort, Toutatis, dieu de la guerre, Hell, la vierge noire et déesse de la Terre Mère et de la fécondité, Wieland, dieu forgeron de la maîtrise du feu, Essus, dieu des bâtisseurs et Taranis, dieu du ciel et de l'orage. Joël Schweitzer, historien alsacien, date les statuettes de l'époque gallo-romaine et estime qu’elles auraient été produites par des Celtes ayant refusé la romanisation et réfugié sur les hauteurs des Vosges. Selon certains historiens, pour qui la religion des Celtes cohabitait avec la religion chrétienne jusqu'au VIIIe siècle, des prêtres celtes auraient caché les statuettes pour les sauver des destructions perpétrées par les moines chargés d'éradiquer les pratiques païennes. Pour d'autres, le Taennchel était un sanctuaire celte. Des archéologues allemands et autrichiens affirment que des statuettes similaires existent dans le monde germanique et sont convaincus qu'il s'agit d'une découverte majeure dans la région pour la période celto-germanique. Par contre, pour les archéologues français et pour la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) ces statuettes sont un canular sans aucune valeur archéologique. Aucune recherche concernant ces statuettes n'est actuellement à l'ordre du jour.
Le rocher des Trois Petites Tables
Le Rammelfelsen
Ces photographies ont été réalisées en aout 2024
Y ACCÉDER:
À partir de Ribeauvillé, prendre la D416 en direction de Sainte-Croix-aux-Mines. Au col du Haut de Ribeauvillé, prendre le chemin forestier à droite vers la Croix de Ribeauvillé. Laisser la voiture et prendre à pied le GR532 (balisage rectangle jaune). Compter 5 à 6 heures de marche.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.
Cette page a été mise en ligne le 08 avril 2002
Cette page a été mise à jour le 14 septembre 2024