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La crypte de Luppach

Sur le site de Luppach, au nord-est de Ferrette, fut établie, à la fin du XIIIe siècle, l'église paroissiale des villages de Bouxwiller et de Durmenach. Cette église était dédiée à St-Pantaléon. En 1445, durant les hostilités entre les confédérés suisses et l'Archiduc Sigismond d'Autriche, les Bâlois détruisent l'église. Elle sera reconstruite par les seigneurs de Durmenach, Werner et Jean Bernard de Flaxlanden, puis donnée aux franciscains. Ceux-ci y fondèrent, avec l'accord de Jean VI de Venningen (évêque de Bâle), un couvent en 1463. Ils y construisirent, à partir de 1487, une nouvelle église conventuelle. Elle sera consacrée en 1489 et le clocher sera achevé une année plus tard. Sous cette église fut construite la crypte qui servit de caveau funéraire aux moines.

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La crypte de Luppach

En 1496, Christophe d'Uttenheim, évêque de Bâle, posa la 1ere pierre des bâtiments conventuels du couvent qui furent achevées en 1511. Les moines désertèrent cependant le couvent à partir de 1548. Ce n'est qu'en 1602 que les Récollets de Rouffach réinvestirent les lieux. Sous leurs gouvernances le couvent connut une nouvelle prospérité avec un effectif de 43 moines. L'église fut reconstruite à partir de 1652 et consacrée à St-Antoine en 1706. Le couvent regroupait autour d'un cloitre carré une cinquantaine de cellules pour les moines. Lors de la Révolution française, le couvent fut confisqué comme bien national et les 28 moines qui y séjournaient furent chassés. Les bâtiments furent réaménagés en hôpital militaire en 1793. Mais l'isolement des lieux, loin de toute route importante, fit qu'il ne vit jamais le moindre malade. Finalement, il ne fut occupé que par un intendant et un cuisinier (celui du couvent). Le cuisinier finit par racheter les bâtiments et y installa un restaurant.

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La façade de la crypte

En 1795, Jacques Delille dit l'abbé Delille (auteur de Géorgiques et du poème des Jardins), élu à l'académie Française, s'exile volontairement de Paris pour ne pas subir les foudres de Robespierre. Il viendra se réfugier à Luppach et y séjourna durant un an avant de partir pour la Suisse puis l'Angleterre.

Le cloitre et l'église, à l'exception de la crypte, seront détruits en 1834. Les bâtiments conventuels seront convertis en 1848 en caserne, occupée par les douaniers. Les ossements des moines franciscains reposant dans la crypte sont transférés en 1850 au cimetière de Bouxwiller (il n'en subsiste aucune trace).

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Le côté gauche de la crypte

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Et le côté droit

Le site est acquis en 1898 par la caisse locale des malades de Mulhouse (ancêtre de la sécurité sociale) pour en faire un centre de repos et de convalescence. Un nouveau bâtiment sera construit en 1899 à l'emplacement du jardin du couvent selon les plans de l'architecte Louis Schwartz d'Altkirch. Le centre sera inauguré en 1901. La crypte, en ruine, bénéficiera en 1905 d'une restauration. Deux contreforts extérieurs seront construits afin de stabiliser la façade et la voute de la crypte a vu son étanchéité revue par une couche de bitume. Elle sera inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 22 décembre 1981. La crypte a fait l'objet de plusieurs chantiers de restauration depuis 1999. Ces chantiers, sous la forme de chantiers jeunes réalisés par l'association CHAM (chantiers d'histoire et d'architecture médiévale), ont consolidé les contreforts, la façade et la voute, rendant ainsi la crypte de nouveau accessible au public.

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La voute de la crypte

La crypte est constituée d'une salle rectangulaire de 10,80 m de longueur et de 5,65 m de largeur. Cette salle est divisée en trois travées. Celle située à l'entrée est voutée en berceau et les deux autres sont en voute d'arête. Ce sont des voutes en plein cintre réalisées en pierre sèche. Les clés de voute sont situées à 4,40 m du sol. Au centre de la façade, large de 10 m et haute de 4,50 m, s'ouvre un portail de 1,65 m de largeur et de 3,15 m de hauteur. À l'opposé de ce portail, la salle se prolonge par un escalier large de 1,80 m donnant sur un couloir vouté en berceau. Au bout du couloir, un escalier sur la droite débouche sur l'esplanade au-dessus de la crypte. Il s'agit de l'ancien accès depuis l'église. La longueur totale de la crypte et du couloir est de 19 m.

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Les enfeus de la travée centrale sur le côté gauche

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Les enfeus de la travée du fond sur le côté gauche

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Les enfeus de la 1ere travée sur le côté droit

De part et d'autre de la crypte sont disposées, dans les murs, 46 niches funéraires dénommées enfeus. De chaque côté de la 1re travée, sont disposé trois enfeus superposés. Ils ont une profondeur de 2,50 m et une largeur de 1,20 m. Leur hauteur varie entre 75 et 90 cm. De chaque côté des deux autres travées sont disposés six enfeus sur deux étages. Ceux-ci ont une profondeur de 2,62 m et une largeur de 80 cm. Leur hauteur est de 90 cm. Un enfeu de dimension similaire est placé au centre d'un 3e étage. Il est surmonté d'un enfeu de dimension plus modeste et entouré de deux niches délimitées par la voute de la travée.

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Un des enfeus

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Je n'ai aucune information concernant les pratiques funéraires dans cette crypte. On peut supposer que les corps des défunts étaient déposés dans un enfeu enveloppé d'un linceul. Une fois les chairs décomposées, les os ont ensuite pu être regroupés dans un autre enfeu à moins que le rangement des os se fît lorsque la place commençait à manquer pour la dépose d'un nouveau corps. Une autre hypothèse serait que les corps étaient enterrés provisoirement le temps de la décomposition puis exhumé pour transférer les os dans la crypte. Nous pouvons également imaginer que les enfeus étaient fermés par une stèle en pierre ou plus probablement par un panneau en bois. Il n'en subsiste cependant aucune trace notamment d'élément de fixation. Mais peut-être que les enfeus restaient ouverts permettant ainsi de contempler les restes des moines afin de rappeler aux vivants leur destinée.

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L'escalier du fond

Ces photographies ont été réalisées en octobre 2012.

 

Y ACCÉDER:

La crypte de Luppach est située dans l'enceinte du centre de convalescence de Luppach entre Ferrette et Bouxwiller. L'accès à l'abord de la crypte est libre. La crypte peut être contemplée à travers la grille du portail. Les visites se font sur rendez-vous avec la Communauté de Communes du Jura Alsacien à Ferrette (tél. : 03 89 08 24 00).

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Le centre de convalescence de Luppach



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 26 décembre 2012

Cette page a été mise à jour le 23 février 2015