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Le château du Landskron

Le château trône fièrement depuis le XIIIe siècle au sommet de la crête rocheuse dominant le village de Leymen. Il n'est éloigné de la frontière suisse que par quelques centaines de mètres.

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Quelques pièces de monnaie de l'époque romaine attestent de l'occupation ancienne des lieux. Il semblerait également qu'un château connu sous le nom de Reineck aurait été érigé à cet endroit ou à proximité entre 1213 et 1215 par l'évêque de Bâle, Walter Röteln. En 1297, le chevalier de Viztum fait construire un château à côté des ruines du Reineck. Il est le vassal du comte Thiébaud de Ferrette et le château a probablement été construit de manière illégale sur un territoire convoité par le comte. Cette pratique était une chose courante au cours du XIIIe siècle permettant d'agrandir son territoire. Le site étant également convoité par les Münch, vassaux des barons de Röteln, un conflit éclate. Il sera tranché en 1299 en faveur des Münch.

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Vue sur le donjon

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En 1316, à l'extinction de la famille des barons de Röteln, les Münch deviennent les vassaux des Margraves de Hochberg-Sausenberg. Les possessions des comtes de Ferrette passèrent aux mains des Habsbourg lors du mariage en 1324 de Jeanne de Ferrette avec Albert II de Habsbourg. Le tremblement de terre de Bâle en 1356 endommage le château que les Münch reconstruisent. Ils en restent propriétaires jusqu'en 1430 où Burkart Münch le vend au chevalier Jean de Flaxlanden. Son fils le revendra en 1444 à Rodolphe de Ramstein.

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L'entrée du château

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La montée voutée après l'entrée

En 1461, Pierre Reich de Reichenstein l'achète pour la somme de 3800 florins. Durant la guerre des "Six deniers", opposant les Autrichiens aux confédérés suisses, le Sundgau sera envahi par les confédérés accourant au secours de la ville de Mulhouse, leur allié. À cette occasion, les Soleurois investissent le château en 1468. Le château fut à nouveau assailli en 1499 lors de la guerre des Souabes opposant à nouveau les confédérés suisses à l'Autriche.

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La 2e entrée vers la basse cour

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En 1515, Jacob Reich de Reichenstein modernise le château afin de l'adapter aux nouvelles armes à feu. La tour d'habitation sera ainsi transformée en plateforme d'artillerie munie de créneaux par suppression de l'étage supérieur. Les murs seront renforcés pour atteindre une épaisseur de 5 m. Le château assurant la protection de la frontière de l'empire germanique, l'empereur Maximilien Ier de Habsbourg accorde une subvention de 1400 florins et autorise le démantèlement du Reineck. Les travaux dureront plusieurs décennies. Ces travaux mirent à mal les finances des Reich de Reichenstein qui négocièrent, en 1569, avec les Bâlois la vente du château. La vente n'eut cependant pas lieu, l'empereur et archiduc d'Autriche, Maximilien II, s'y opposant, car le château avait pour l'Empire une grande valeur stratégique.

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La poudrière

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L'entrée vers la cour haute (tour meunier)

En 1639, le nouveau propriétaire se nomme Bernard de Weimar. Après la guerre de Trente Ans, en 1648, les possessions des Habsbourg dans le Sundgau passent aux mains du roi de France Louis XIV. Celui-ci rachète, en 1663, les droits des Margraves de Bade (successeurs des Hochberg-Sausenberg) puis, en 1665, ceux des Reich de Reichenstein. Louis XIV devient ainsi le seul propriétaire du château. En 1673/1674, le château est assiégé par l'armée impériale. Trois mille hommes participent au siège, mais ne parviendront pas à investir le château.

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L'ancienne zone du puits

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La cuisine

Louis XIV charge Vauban de remanier le château. Les travaux auront lieu en 1687/1688. Vauban construit des ouvrages à cornes de défense sur le côté sud et remanie l'entrée du château. Il modifie également l'approvisionnement en eau. Avant, elle se faisait par un puits équipé d'un grand tambour pour la remontée des seaux de puisage. L'alimentation en eau se fera désormais par des conduites extérieures. Une citerne de 4,50 m de diamètre et profonde de 10,50 m existe également sous la cour haute. L'emplacement du puits et du tambour sera transformé à partir de 1700 en abattoir et en entrepôt. La construction de la forteresse de Huningue dans la plaine en face de Bâle diminue cependant la valeur stratégique du château. Il devient peu à peu un lieu de garnison (300 hommes) et une prison dépendante de la Bastille.

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Le grand bastion

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En contre-bas du bastion

Un des prisonniers fut Bernard Duvergier de Soubardon, né en 1737 à La Nouvelle-Orléans. Après la perte de la Louisiane par la France, celui-ci, étant officier, vient vivre à la cour du roi à Versailles. Son aventure amoureuse avec une jeune Dame de la cour ayant déplu à un ministre, une lettre de cachet du roi l'envoie, en 1769, en prison. La Révolution française lui rendra la liberté en 1790 après 21 ans de détention qui le privèrent de sa raison. Il décéda quelques semaines plus tard dans un hôpital de Strasbourg. Une autre version de l'histoire nous apprend que la Dame rechercha son amoureux dans toute la France. Elle le retrouva au Landskron au bout de 20 ans. Un aubergiste de Bad Flüh avec quelques jeunes gens l'aida à le faire s'évader.

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Une salle du donjon

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Le prisonnier du Landskron

La Révolution française de 1789 épargna le château. Il continua de servir de lieu de garnison et de prison face à la frontière suisse. En 1813, une armée d'Autrichiens et de Bavarois, allié contre Napoléon, et commandé par le général Wrede, prend possession du château après un siège de trois jours. Le château n'était défendu que par quelques dizaines de conscrits et de vétérans. À partir de 1814, ils démantelèrent le château à l'explosif. Le donjon sera épargné grâce à l'intervention du curé Tröntlin de Hagenthal qui convainquit les Autrichiens de garder ce symbole de leur victoire.

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La poudrière vue depuis le sommet du donjon

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La haute cour avec la citerne

À partir de cet évènement, le château sert de carrière. La ruine sera acquise en 1857 par les barons de Reinach Hirtzbach. Elle est classée Monument historique en 1923. Afin de créer une attraction touristique, Bernard de Reinach Hirtzbach y installe une colonie de singes en 1970. L'échec de l'opération conduira à la mise en vente du château. Il sera acquis en 1984 par l'association "Pro-Landskron" qui depuis restaure le château et l'a rendu accessible au public.

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La Tour meunier possède trois portes. Dans ces étages étaient établis un moulin et des cantonnements pour la troupe.
Le grand bastion présente au rez-de-chaussée trois chambres voutées, au 1er, une salle d'armes, un magasin et une chambre mortuaire. Au 2e étage se trouvaient les salles de cantonnement et les prisons. Le 3e étage servait uniquement au cantonnement.
L'oubliette n'était accessible que par le haut. Lorsque le château devint prison d'État, une ouverture fut percée dans la partie inférieure.

Ces photographies ont été réalisées en avril 2011.

 

Y ACCÉDER:

De St-Louis, prendre la D469 vers Hégenheim puis la D12b vers Hagenthal-le-Bas. Poursuivre sur cette route vers Leymen. De là, un chemin mène au hameau du Tannenwald où se situe un parking. Grimpez ensuite le long du chemin menant au château.

Depuis le parking, vous pouvez également en une demi-heure rejoindre à pied le monastère de Mariastein en Suisse. Vous pourrez y visiter la belle église de style baraque devenu un célèbre lieu de pèlerinage dédié à la Vierge Marie.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 26 décembre 2012

Cette page a été mise à jour le 18 janvier 2020