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Le cimetière israélite d'Hégenheim

stéles

Plus de trois siècles et demi nous séparent de la première inhumation sur ce petit bout de terre. C'est en 1673 que fut porté en terre Jacob, fils de Nathan Lévy. Sa tombe est la plus ancienne de ce cimetière.

vue sur le cimetiére

parmi les plus ancienne

Le cimetière fut créé en 1673 par l'achat d'un bout de terrain au bord du Lertzbach. Ce terrain a été acheté le 9 janvier 1673 à Achille de Barenfels, le seigneur de Hégenheim. La communauté israélite déboursa 77 livres et 10 schillings pour cet achat. Le seigneur de Hégenheim fixa également une taxe d'inhumation d'un florin par adulte, d'un demi-florin pour un adolescent et d'un quart de florin par enfant. Le cimetière prit rapidement de l'importance. Les membres des communautés israélites des régions avoisinantes exprimant le souhait d'y être enterré. En 1672, un premier agrandissement fut réalisé ainsi qu'en 1708, 1728, 1733, 1744, 1747, 1759, 1788, 1807, etc. Le cimetière occupe actuellement un terrain de deux hectares entre le Lertzbach et la route de Hagenthal.

arbre ayant poussé sur la tombe
Cet arbre pousse sur cette tombe depuis bien longtemps

tombe au bord du ruisseau
Les tombes au bord du ruisseau

partie plus recente

vielles tombes

En 1692 fut créée une association de gestion dont les seuls membres pouvaient être enterrés dans le cimetière. Les adhérents à l'association n'étaient pas les différentes communautés, mais les chefs des familles juives. Lors de la création, 94 familles constituaient l'association. Ces familles habitaient dans les villages autour de Hégenheim allant d'Allschwill en Suisse à Dornach près de Mulhouse. Une liste, établie en 1730, montre une nette augmentation des familles juives établies dans les villages proche du cimetière. Durant le XVIIIe siècle, les registres montrent une origine de plus lointaine des défunts. Cette tendance est liée à l'interdiction de créer de nouveaux cimetières. Interdiction qui fut levée en 1791. C'est à cette période que le nombre d'inhumations fut le plus élevé, près d'une centaine par an.

stéles rongées par le temps

une belle pierre tombale

Durant la Révolution française, les cimetières dédiés à une confession spécifique furent considérés comme non égalitaires. Il fut donc interdit de transporter les défunts des villages alentour vers Hégenheim. En 1794, furent donc créés à Durmenach, à Seppois-le-bas et à Hagenthal de nouveaux cimetières israélites. Depuis le nombre d'inhumations est en constante diminution. Aux alentours de 1890, il se situait à une moyenne de 36 par an. Actuellement, il n'y a guère plus que trois à quatre personnes à se faire inhumer ici chaque année.

la partie plus récente du cimetière

les tombes les plus anciennes

L'association créée en 1692 choisit quatre administrateurs à qui fut donné tout pouvoir concernant la gestion du cimetière. Ces administrateurs étaient nommés à vie. Ils décidaient des taxes d'inhumations et avaient le pouvoir d'infliger des amendes et de refuser l'inhumation des membres qui n'étaient pas en règles. Les règles furent rédigées par un rabbin appelé spécialement de la communauté de Thann. Ils restèrent inchangés jusqu'au milieu du XIXe siècle. Les administrateurs étaient très sévères envers leurs coreligionnaires. Ceux-ci payèrent cependant toutes les amendes afin de ne pas perdre le droit d'être inhumés à Hégenheim. Les registres gardent entre autres la trace d'une amende de 250 livres payée par les fils d'un défunt de Buschwiller dont la dépouille était parvenue au cimetière dépourvu du moindre soin. Ces mêmes registres ne font état que de conflits mineurs avec les seigneurs de Hégenheim, les Barenfels et les Barbiers et signalent qu'au début du XVIIIe siècle des "cadeaux" ont été faits au curé pour qu'il autorise des inhumations les dimanches.

vielles tombes

une colonne sort du lot

Dés 1693, le cimetière fut doté d'une morgue. Celle-ci brula en 1717 et ne fut reconstruite qu'en 1730. Elle fut remplacée en 1801 par un bâtiment plus important. Le cimetière fut entouré en 1733 d'une palissade remplacée en 1856 par un mur. En 1901, l'association de gestion du cimetière adopte de nouveaux statuts et l'ensemble du cimetière est restauré en 1908.

la petite synagoque
Le petit bâtiment à l'entrée du cimetière

la partie la plus recente

Au cours du XIXe siècle, de nombreux membres de la communauté israélite de Hégenheim émigrent vers la Suisse. Ils y forment entre autres les communautés de Bâle en 1805 et celle de La Chaux-de-Fonds en 1843. Les membres de ces communautés ont continué de se faire inhumer au cimetière de Hégenheim. L'éloignement aidant, ces communautés ont donc formulé auprès des autorités suisses des demandes pour créer des cimetières. Celle de Berne créa son cimetière en 1870, celle de La Chaux-de-Fonds en 1871, celle de Bienne en 1893 et celle de Bâle en 1903. La création du cimetière bâlois engendra cependant un sérieux conflit avec l'administration du cimetière de Hégenheim.

des tombes

et d'autres entrain de tomber

Le cimetière échappa à la destruction des biens juifs par les nazis. Ce qui ne fut pas le cas de nombre des membres de la communauté. Un monument commémoratif a été érigé en hommage aux 44 victimes de la barbarie nazie. Le cimetière est de plus en plus délaissé et la plupart des stèles sont rongées par le temps.

le mémorial
Le monument commémoratif aux victimes des nazis

d'autres tombes

La tombe de Jacob, fils de Nathan Lévy (1673), porte comme toutes les autres une inscription en hébreu. Cette langue m'étant étrangère, je n'ai pas retrouvé la tombe. Par contre, j'ai trouvé la traduction de l'inscription de la stèle :

"Ici est enterré et mis à l'abri Monsieur, mon Père. Des torrents de larmes coulent de mes yeux. Un homme pieux, pendant toute sa vie il a travaillé avec fidélité ; il s'efforçait de vivre selon les commandements. Lévy Jacob, fils de Nathan. Il eut la réputation d'un homme simple et honnête selon son nom. Il me fut enlevé le 23 schebat 443 selon le petit comput. Que son âme entre dans l'alliance de la vie, dans le jardin d'Éden. Amen"

Le nombre de tombes présent dans le cimetière dépasserait les 4000. Ces hommes et ces femmes considérés en leur temps comme des étrangers, des ennemis ou des citoyens égaux en droits ont tous rejoint Jacob Lévy dans le jardin d'Éden.

la partie du cimetière utilisé durant le XXe siècle

tombes du XXeme

Ces photographies ont été réalisées en novembre 2009.

 

Y ACCÉDER:

Le cimetière est situé vers la sortie de Hégenheim en direction de Hagenthal.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 30 janvier 2010

Cette page a été mise à jour le 22 février 2015