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Le site de Carluc est un ancien prieuré semi-troglodyte qui connut son apogée au cours du XIVe siècle. Situé à 3 km de Céreste, à l’entrée du ravin de Carluc, au pied d’une petite falaise d’où jaillit une source qui fut probablement l’objet d’un culte druidique, le site se trouve à proximité de l’ancienne voie romaine "via Domitia".
L'église Sainte-Marie (© Wikipédia)
Au cours du IVe et du Ve siècle, des anachorètes (ermite vivant seul dans une cellule adjointe à une église) se sont installés sur cet ancien site celte. De leurs installations subsistent une nécropole paléochrétienne, au sud de l’église Notre-Dame, et, à l’est de la galerie rupestre, six tombes creusées dans le sol rocheux. Parmi celles-ci, on remarque trois de dimensions modestes correspondant à des tombes d’enfants. Le site est mentionné pour la première fois dans une charte de 877 sous le terme de "In pago karlioco". Selon certaines sources, une bulle du pape Léon VIII de 964 faisant état d’un "don d’un monastère ancien et abandonné à l’abbaye de Montmajour" concernerait le prieuré de Carluc. L'abbaye de Montmajour, située au nord-est d’Arles, élit comme abbé en 999 (ou en l’an mille) le moine Archinric. Celui-ci fit de Carluc, entre 1005 et 1010, son lieu de retraite avant de s’y installer définitivement en abandonnant son poste d’abbé de Montmajour. Il y mourut en 1021.
L'église Sainte-Marie
L'église Sainte-Marie
La première attestation du prieuré fut faite en 1011 dans une charte de donation de la famille de Riez. Cette charte fait mention d’un "legs à Estoublon fait à l’abbé Archinric, à ses successeurs et à ses moines…". La via Domitia devint au Moyen-âge le "camin roumieu", le chemin de Rome emprunté par les pèlerins allant à Saint-Jacques de Compostelle en provenance d’Italie. Le prieuré de Carluc devint donc une halte appréciée pour les pèlerins sur cette longue route. Les pèlerins contribuèrent à sa renommée. Le pape Gelase II, par une bulle de 1114, plaça le prieuré sous la tutelle de l’abbaye de Montmajour. En tant que grand prieuré de cette abbaye, le prieuré de Carluc connut son apogée au cours du XIVe siècle. À cette époque, une quinzaine de prieurés ruraux en dépendaient. Les nombreux procès qui par la suite opposèrent le prieuré de Carluc à ses prieurés ruraux l’affaiblirent tellement qu’il redevint à la fin du XVe siècle un simple prieuré. Au début du XVIIIe siècle, les bâtiments conventuels étaient en ruine, mais un vicaire de Céreste venait toujours y dire la messe les dimanches et les jours fériés.
L'église Saint-Jean-Baptiste et la salle polygonale (© Wikipédia)
L'église Saint-Jean-Baptiste et la salle polygonale
Ce qui resta du prieuré de Carluc fut confisqué comme biens nationaux par les révolutionnaires en 1790 puis vendu. La galerie rupestre fut alors détruite. Le site servit à partir de 1885 de carrière de pierre. Le chœur et l’abside de l’église Notre-Dame, seul élément du site ayant échappé à la destruction, furent classés Monuments historiques en 1933. L’ensemble du site le fut en 1982. Le prieuré fut l’objet de trois campagnes de fouilles archéologiques. La première, en 1960/61, et la deuxième, entre 1962 et 1971, furent dirigé par Guy Burruol, la troisième, réalisé en 1995, le fut par Cécile Chappuis.
De l’église Sainte-Marie, construite sur le plateau rocheux, subsiste en élévation le chœur et l’abscisse pentagonale percés de trois fenêtres à simple ébrasement surmontées d’un arc en plein cintre. L’ensemble est surmonté d’une corniche ornée d’une frise en damier. Dans les murs, de nombreux trous de boulin (trous laissés par les échafaudages) sont visibles. Les angles du mur pignon sont ornés de belles colonnes dont les chapiteaux portent des oiseaux sculptés. La façade occidentale présente un grand arc ogival.
L'église Sainte-Marie
L'église Sainte-Marie
L'église Sainte-Marie (© Wikipédia)
L'église Sainte-Marie (© Wikipédia)
La galerie rupestre, longue de 26 m, était recouverte dans ces 20 premiers mètres d’une voûte maçonnée soutenue par 20 colonnettes prenant appui sur des banquettes latérales. La hauteur sous voûte était de 2,50 m. Le reste de la galerie est entièrement creusé dans le rocher et forme ce qui fut nommé l’hypogée. Dans la banquette latérale orientale de la galerie sont disposées cinq tombes rupestres. Au niveau de l’hypogée, la banquette occidentale contient deux sarcophages anthropomorphes et la banquette orientale en contient un seul. Entre eux est disposée au sol une tombe rupestre.
La galerie rupestre (© Wikipédia)
L'église Sainte-Marie
La galerie rupestre donne accès au travers d’une porte monumentale à l’église semi-troglodyte Saint-Jean-Baptiste. La partie gauche de cette église est entièrement creusée dans le rocher. Les archéologues supposent que cette partie du site était au Xe siècle un baptistère carolingien.
L'hypogée
L'église Saint-Pierre (© Wikipédia)
Au nord du site se trouve l’église Saint-Pierre qui est considérée comme étant l’église primitive. Elle donne sur une cellule troglodyte de 4,30 m sur 1,70 m et haute de 3 m qui aurait été la cellule de l’abbé Archinric.
La source et l'église Saint-Jean-Baptiste
et la salle polygonale (© Wikipédia)
Tombes rupestres (© Wikipédia)
L'hypogée (© Wikipédia)
Un des sarcophages de l'hypogée (© Wikipédia)
Sauf pour les photos Wikipedia, ces photographies ont été réalisées en mai 2024 par Bjoern Viering.
Y ACCÉDER:
De Céreste, prendre la direction de Forcalquier par la D4100. Avant la sortie du village, prendre à gauche l’avenue du Docteur Dorty (panneau indicateur "Prieuré de Carluc").
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
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Cette page a été mise en ligne le 15 avril 2025
Cette page a été mise à jour le 15 avril 2025