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Le Roc aux Sorciers

En 1927, Lucien Rousseau, archéologue vendéen, entreprend des prospections dans la Vienne. La région avait déjà fait l'objet de découverte importante tel que le site de la Marche à Lussac-le-Château ou la grotte des Cottés à St-Pierre-de-Maillé. Il explore en particulier les rives de l'Anglin qu'il juge propice à une occupation préhistorique. Il découvre aux pieds de la falaise de Dousse, sur la rive droite de l'Anglin à environ 1,5 km en aval d'Angles-sur-l'Anglin, un site qui lui semble prometteur. Après avoir obtenu l'accord du propriétaire, il entreprend de fouiller le site. Il met à jour un abri sous roche éboulé dénommé par la suite cave Taillebourg. Il y reconnait une occupation magdalénienne et met à jour un bloc gravé d'un mammouth. L'abbé Breuil confirmera cette découverte. Lucien Rousseau publiera ces recherches dans un article paru en 1933 dans le " bulletin de la société préhistorique française ".

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Le château d'Angles-sur-Anglin

Le site où a lieu la découverte porte le nom de Roc aux Sorciers. Dans un ouvrage, paru en 1904, Jacques Rougé explique que la tradition locale y voyait un lieu où se réunissaient les sorciers et sorcières de la région.

Suzanne Cassou de St-Mathurin est une disciple de l'abbé Breuil. Elle l'assiste lors du classement du matériel archéologique du site de Pair-non-Pair en Gironde. C'est en côtoyant l'abbé Breuil qu'elle prend connaissance des travaux de Lucien Rousseau. Encouragé par son amie l'archéologue britannique Dorothy Garrod (1re femme à occuper la chaire d'archéologie de Cambridge), elle reprend en 1947 les fouilles du site du Roc aux Sorciers dans l'espoir d'y trouver des plaquettes gravées identiques à ceux découverts sur le site de la Marche situé à une quarantaine de kilomètres plus au sud. Après avoir acquis le site, elle le fouillera de manière intensive jusqu'en 1957 puis plus sporadiquement jusqu'en 1964. Elle mettra à jour la cave Taillebourg, une petite grotte partiellement effondrée, et plus en aval, l'abri Bourdois, un abri sous roche à faible encorbellement. Les noms des sites sont ceux des anciens propriétaires des parcelles conservés par Suzanne de St-Mathurin. Le Roc aux Sorciers sera classé Monuments historiques le 18 janvier 1955.

Passez la souris sur les photographies pour voir les gravures

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Le groupe des bouquetins

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Un bouquetin

Les fouilles débutent dans la cave Taillebourg. Après la mise à jour d'une importante industrie lithique et osseuse, de nombreux blocs gravés de bisons, de chevaux, de bouquetins, de félins et du portrait d'un homme sont recueillis. Certains blocs présentent également des traces de peinture. La découverte en 1949 d'un bison gravé sur la voute de l'abri indique que les blocs gravés sont des fragments du plafond effondré. Ces blocs (plus de 350) formant un puzzle géant sont conservés (certains sont exposés) au Musée d'Archéologie nationale de St-Germain-en-Laye. En 1950, les fouilles se portent sur l'abri Bourdois. Celui-ci, situé plus en aval, est séparé de la cave Taillebourg par une zone non fouillée laissée comme réserve archéologique. Cet abri se développe sur une cinquantaine de mètres. La profondeur de l'abri n'étant pas importante, la paroi du fond est vite atteinte. Une surprise attend les deux fouilleuses. Un cheval est sculpté sur la paroi. C'est le 1er élément qui mènera à la découverte d'une frise longue de vingt mètres. Cette frise met en scène des bouquetins, des chevaux, des bisons, des félins et des figurations humaines. Les couches archéologiques remplissant l'abri et recouvrant par là la frise ont livré un important mobilier. Des outils en silex, en os et en bois de cervidé ont été retrouvés. De nombreux objets de parures et des objets artistiques ont également été recueillis. Parmi ces objets figurent trois moitiés inférieures de torses féminins. Les foyers découverts au pied de la frise ont été datés par la méthode C14 du magdalénien moyen soit 14 160 +-80 ans BP (12 160 av..J.-C.).

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Le groupe des bouquetins

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Un bouquetin

Le site et tous les matériels archéologiques ont été légués par Suzanne de St-Mathurin à l'état. Après son décès, le 25 aout 1991, l'étude du site a été reprise par Géneviève Pinçon et François Lévêque. Le lègue du site est assujetti à la condition qu'il ne soit jamais ouvert au public. Afin de présenter ce site exceptionnel au public, un centre d'interprétation a été réalisé. La présentation réalisée n'est cependant pas un fac-similé du site, mais une scénographie en 3D proposant des clés de lecture et d'interprétation de l'art pariétal dont le résultat est discutable

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Un félin ou un ours ?

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Un bouquetin

La partie la plus spectaculaire du site est bien sûr la frise monumentale. Une des scènes principales est constituée d'un troupeau de bouquetins sculpté grandeur nature. Les animaux ont été représentés de manière très réaliste dans une attitude correspondant au début de l'hiver en période de rut. La scène associe des mâles, des femelles et des petits. Sur les autres panneaux sont représentés des bisons, des chevaux, des félins, tous gravés avec des détails anatomiques très réalistes. Une des scènes représente les corps de trois femmes grandeur nature. Elles sont représentées sans bras ni têtes, nues avec le sexe particulièrement mis en valeur. L'une d'elles est une jeune femme enceinte, l'autre, une femme aux formes arrondies et la dernière est une femme âgée. Cette dernière est associée avec deux bisons. Une tête humaine très expressive est également représentée. À ces sculptures très visibles sont associés des gravures plus intimes disposées dans la partie basse de la frise. Il s'agit de fines gravures peu visibles. Des traces de peinture ont été relevées sur certaines figures. Des pigments noirs ont été retrouvés sur les sabots des bouquetins et des bisons et des ponctuations rouges disposées en bandes l'ont été sur certains sujets. Les teintes utilisées vont du rouge vif au jaune en passant par le rouge brun. Cependant, aucune preuve ne permet d'affirmer que toute la frise était colorée.

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La scène des trois représentations féminines

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La même scène en plus rapprochée

Les recherches effectuées ont montré que les magdaléniens ont préparé la paroi avant d'exécuter les sculptures. Ils ont aplani la paroi en la purgeant de toutes roches gélifractées et instables pour créer une surface homogène. Les outils retrouvés et les traces sur la paroi montrent que les sculptures ont été exécutées par piquetage à l'aide de pics et de burins. Les nombreux galets retrouvés impliquent également leurs utilisations dans le travail de sculpture. Certaines œuvres montrent des traces de retaille (bouquetins retaillés dans les bisons par exemple) indiquant une réappropriation continue au fil du temps de la frise. L'ensemble des sculptures montre une remarquable uniformité des traditions culturelles au long des millénaires. Elles sont homogènes avec les thèmes abordés dans les grottes ornées du paléolithique. Le bestiaire est identique.

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Les œuvres pariétales (peintes, gravées ou sculptés) des grottes étaient destinées à être vues par un nombre limité de personnes lors de cérémonies spécifiques. L'accès à ces œuvres demandait des aptitudes particulières (éclairage, condition d'accès, etc.) qui font que les grottes (les hommes n'y habitaient pas en tout cas pas dans les parties profondes) peuvent être considérées comme des sanctuaires. Au contraire, l'art des abris (rare, du fait des conditions de conservation) était fait pour être vu et utilisé au quotidien. La frise fait partie d'un ensemble artistique très large mettant en œuvre des supports très variés. Outre les œuvres pariétales en grotte et à l'air libre, des supports périssables (bois, etc.), des supports mobiles (plaquettes en os, ivoire ou pierre), des objets de parures (coquillages, dents, etc.) et le corps humain (peinture, tatouage, etc.) ont été utilisés.

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Scène associant bouquetins et le félin

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D'autres bouquetins

Les éléments archéologiques retrouvés démontrent clairement que l'abri Bourdois était habité en permanence à l'époque. L'abri, ouvert face au sud, devait être assez agréable à habiter durant cette fin d'ère glaciaire. De nombreux anneaux ont été aménagés le long de failles et d'arêtes verticales qui devaient servir à fixer des peaux permettant de séparer les espaces d'habitations. Ces éléments sont également associés aux sculptures et délimitent des panneaux thématiques. Une lecture fragmentaire de la frise était donc possible.

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Bison, biche ou cheval ?

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Des bouquetins

L'exécution des sculptures démontre une nette recherche sur l'éclairage. Celui-ci, changeant le long de la journée, donne vie aux animaux. Impression encore plus forte la nuit, sous la lueur des foyers placés à certains endroits spécifiques (au pied des bouquetins et des femmes). La frise fut probablement utilisée au cours des veillées pour l'éducation des plus jeunes ou pour illustrer les récits des chasseurs. L'origine de la mythologie et des religions est peut-être ici.

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Une représentation de figure humaine

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Un cheval

Ces photographies ont été réalisées en août 2012 sur la reconstitution de la frise au centre d'interprétation.

Pour de plus amples informations sur l'art rupestre consultez la page consacrée à "L'art rupestre".

Y ACCÉDER:

Le roc aux sorciers est fermé et interdit au public. Une reproduction de la frise peut être vue au Centre d'Interprétation du Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l'Anglin (visite payante).

www.roc-aux-sorciers.com

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 14 octobre 2012

Cette page a été mise à jour le 23 février 2015