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Le temple de la forêt d'Halatte

La forêt d'Halatte cache les vestiges d'un temple rural gallo-romain. Y sont visibles les fondations (sur une hauteur de 0,50 à 1 m) d'un temple votif lié à la guérison, sans relation avec une agglomération, qui connut son apogée au IIIe et IVe siècle apr. J.-C.

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Les vestiges des murs furent repérés par des travaux forestiers en 1825. Le site fut fouillé une première fois en 1873/1874 par Victor Amédée de Caix de St-Aymour. Pour mettre un terme à de nombreuses fouilles clandestines, une grande campagne de fouilles fut menée entre 1996 et 1999 par l'archéologue Marc Durand. Le site fut classé Monument historique en 2007. Le temple se présente sous la forme d'une enceinte de forme trapézoïdale dont les côtés ouest, nord et sud ont une longueur de 42,20 m et le côté est, une longueur de 34,50 m. En son centre, se trouve un sanctuaire (fanum) dont les côtés nord et sud ont une longueur de 16,25 m et les côtés est et ouest, une longueur de 15,10 m. La cella de ce sanctuaire a une longueur de 8,80 m (côtés est et ouest) et une largeur de 7,90 m (côtés sud et nord). Elle est entourée d'un déambulatoire de 3,10 m de largeur. À 1,50 à 2 m des murs extérieurs sud, ouest et nord de l'enceinte se trouvaient un fossé de 3 m de largeur et profond d'un mètre. Ce fossé discontinu (aux angles) n'avait pas de rôle défensif, mais était uniquement symbolique.

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Le sanctuaire fut créé, aux alentours de 48 à 60 apr. J.-C., sur un terrain vierge. À l'époque, le paysage était constitué de petites parcelles cultivées ou de prairies. L'habitat était très dispersé avec à proximité l'agglomération d'Augustomagus (l'actuelle Senlis), métropole des Silvanectes. La forêt n'a conquis les lieux qu'au cours du Ve siècle. La divinité vénérée dans ce sanctuaire n'est pas connue, mais il s'agissait d'un lieu lié aux maladies vénériennes et à la fécondité. Trois cent soixante-trois ex-voto furent découverts lors des fouilles. Ils représentent principalement des organes sexuels et des seins. Des ex-voto en forme de jambes, de têtes et de corps entiers laissent supposer que la divinité était invoquée également pour d'autres maladies. D'autres ex-voto représentant des animaux concernent probablement des demandes de fécondité pour les troupeaux. Parmi les objets découverts figurent 1127 pièces de monnaie, 18000 tessons (environ 20 vases), 40 fibules en bronze et des milliers d'ossements d'animaux (porc, volaille, caprinés ou bœuf) correspondant à des offrandes.

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Le mur d'enceinte a été construit en pierre sèche liée avec de la terre sur des fondations peu profondes. Il a une épaisseur de 0,60 à 0,80 m. Sa hauteur devait être comprise entre 1,50 et 1,80 m. Il était chapeauté avec des tuiles. Il fut érigé durant la première moitié du IIe siècle en remplacement d'une probable clôture en bois. Cette datation a été réalisée à partir d'un dépôt de deux vases dans les fondations à l'angle sud-est. Un des vases contenait une offrande d'un humérus de poulet et d'une pièce flavienne, émise entre 81 et 96, et qui circulaient jusque vers 110/115 apr. J.-C..

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Les murs de la cella, épais de 0,65 à 0,70 m, étaient construits en petit appareil lié au mortier de chaux. Ce qui laisse supposer qu'elle était haute d'un étage. L'entrée était, d'après les fouilles du XIXe siècle, située du côté est, mais cela n'a pas pu être confirmé par les fouilles récentes. Le côté interne des murs était recouvert d'un enduit peint en vert ou en rouge avec des motifs floraux en ocre jaune. Le côté externe du mur, ainsi que le côté interne du mur du sanctuaire, était recouvert d'un enduit blanc. Dans le sol de la cella fut découvert, du côté est, un dépôt contemporain de la création du sanctuaire. Ce dépôt était constitué d'un vase et d'un crâne humain dont la face était tournée vers le ciel et disposé dans l'axe est-ouest du fanum. Le crâne est celui d'un homme d'environ 40 ans. Il fut prélevé sur un corps non décharné (les deux vertèbres supérieures étaient restées attachées au crâne). Il est impossible à dire si la décapitation fut la cause de la mort ou si elle eut lieu après. La présence de ce crâne implique la survivance de spécificités culturelles celte plus d'un siècle après la conquête romaine. Le vase a été daté entre le milieu et la fin du Ier siècle apr. J.-C.. Un dépôt monétaire de sept pièces gauloises a également été trouvé sur le côté sud-ouest de la cella. Deux murs, situés à l'intérieur de la cella du côté ouest, ont été construits ultérieurement. L'un au cours du IIIe siècle et l'autre au début du IVe siècle. Leur rôle n'a pas pu être clairement déterminé. Ils servaient peut-être à un petit édifice construit après la destruction de la cella. Le temple fut abandonné progressivement suite aux exactions des zélateurs chrétiens, disciple de St Martin, vers 390. Des dépôts monétaires prouvent que l'emplacement de la cella continue d'être utilisé tel quel ou comme ermitage jusqu'au début du Ve siècle. Après cette période, le temple servit de carrière de pierre.

Les murs du sanctuaire (côté externe du déambulatoire) avaient une épaisseur de 0,70 à 0,80 m ce qui laisse supposer une hauteur d'un rez-de-chaussée. Il s'agit donc d'un sanctuaire de forme classique soit un bâtiment constitué d'un rez-de-chaussée avec en son centre une pièce (la cella) dépassant d'un étage. La forme exacte des murs extérieurs n'est pas connue, mais il s'agissait probablement, comme en d'autres lieux, d'une colonnade. Ces murs soutenaient une charpente (des clous de charpentier ont été retrouvés) couverte avec des tuiles plates à rebord assemblé avec des tuiles demi-ronde.

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D'après plan affiché sur le site

Dans l'angle sud-est de l'enceinte furent retrouvées les fondations d'un bâtiment annexe. Il formait une pièce de 4,20 m de longueur (sens ouest-est) et de 2,90 m de largeur. L'épaisseur des murs était de 0,60 à 0,80 m. Il fut construit au cours du IIe siècle et fut détruit par un incendie après 166. Cette date a été déduite des cinq sesterces d'Hadrien et du sesterce de Marc Aurèle retrouvés sous les traces d'incendie. Ce bâtiment est considéré comme étant une favissa, qui est un lieu dans le temple où sont stockés les ex-voto en surnombre.

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Le 2e bâtiment annexe

Un deuxième bâtiment était situé le long du mur d'enceinte sud à 21,40 m de l'angle sud-est. Ce bâtiment formait une pièce de 3,85 m de longueur et de 3,40 m de largeur. Il s'agit probablement d'une seconde favissa ou d'un local abritant des artisans fabricant les ex-voto vendus aux pèlerins. La majorité des ex-voto sont réalisés en pierre calcaire dont la carrière la plus proche se trouve à Senlis. Le sol de ce bâtiment porte également des traces d'un incendie. Cet incendie qui détruisit la partie sud du temple entre 166 et 238 a été suivi d'une reconstruction.

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Le menhir

À l'est de ce bâtiment, les archéologues ont retrouvé enfouis dans le sol un petit menhir haut de 1,30 m, orienté nord-sud. Dans un rayon de 2 m autour de ce menhir ont été retrouvées 160 pièces de monnaies datées du IIIe et IVe siècle. Nous avons ici une résurgence d'une coutume celte. Les pèlerins dispersaient une obole autour d'une pierre levée pour exaucer un vœu de guérison.

Lors des fouilles furent retrouvées quatre statues brisées dans des contextes de réemploi dans le mur d'enceinte ou les bâtiments annexes. La plus grande des statues fut trouvée en deux parties. La partie inférieure se trouvait dans l'angle sud-ouest du deuxième bâtiment annexe et la partie supérieure, mais sans la tête, se trouvait un peu plus loin. Il s'agit d'une statue de 1,67 m de haut représentant peut-être une femme enceinte se tenant le ventre d'une main. Il pourrait s'agir de la représentation d'Isis ou de la Déesse-Mère. La deuxième statue, d'une hauteur de 1 m, est celle d'un homme nu vêtu d'une cape et tenant un animal dans les bras. Sa tête et sa main gauche sont cassées. La troisième est une stèle de 0,80 m de hauteur sur laquelle se trouve un homme debout. La dernière est un fragment d'un bassin féminin haut de 0,50 m. Ces statues proviennent d'une première phase de construction du temple ou d'une construction voisine. Ce sont d'anciens éléments décoratifs peut-être même le dieu ou la déesse vénérés dans la cella ou d'exceptionnels ex-voto. La qualité de la statue féminine contraste singulièrement avec la piètre qualité de la majorité des ex-voto retrouvés.

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Ces photographies ont été réalisées en août 2013.

 

Y ACCÉDER:

De Senlis, prendre la direction de Compiègne par la D392A. Après le deuxième embranchement pour Ognon, garez-vous sur l'aire de repos situé sur la gauche de la route au niveau du virage vers la droite. De là, suivre le chemin forestier. Au premier croisement, prendre à gauche. Le temple se trouve environ à 300 m du parking.

Coordonnées GPS
49 N 14' 32"
02 E 37' 31"
Altitude 084 m

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 16 novembre 2013

Cette page a été mise à jour le 21 février 2015