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L'oppidum de Bourguignon-les-Morey

Le camp de César est, avec ses 17 ha, un des plus vastes oppidums de l'est de la France. Il fut occupé de manière discontinue du néolithique à la fin de l'âge du Fer. Du mobilier et de la monnaie romaine, trouvée au XIXe siècle, lui ont valu ce nom de camp de César. Les fouilles n'ont cependant pas confirmé d'occupation romaine sur le site.

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Le rempart sud

L'oppidum est implanté sur un éperon calcaire dominant la vallée de la Rigotte. Sur les flancs nord, ouest et sud, des escarpements rocheux hauts de plusieurs mètres et la forte pente rendent l'accès très difficile. Le versant est, qui présente une étroiture, a été barré par un rempart long de 230 m qui est encore conservé, à certains endroits, sur une hauteur de 9 m.

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Le rempart côté nord

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La présence d'un oppidum à cet endroit a été signalée pour la première fois par le Père Prudent en 1773. Il établit un premier plan du site. En 1862, des fouilles sont réalisées à la demande de Napoléon III. Des fouilles approfondies ont ensuite été effectuées par l'archéologue Jean François Piningre de 1992 à 2004. De ces fouilles, il détermina que le site fut occupé durant trois périodes. La première période se situe au néolithique moyen (4200 à 3600 av. J.-C.). Du début de cette période, correspond la construction d'un rempart monumental, large à la base de 12 m et haut de 4,60 m. Le côté extérieur est constitué de murs parementés et le côté interne est constitué d'un glacis fait de gros blocs. Ce rempart, long de 230 m, a nécessité un volume de 20000 m3 de dalles témoignant de la présence, dans ce lieu, d'une importante communauté. À une période plus récente, le rempart fut prolongé vers le nord sur 170 m. Cette extension fut cependant moins haute. À cette période, aucune porte n'était aménagée dans le rempart. L'accès au site se faisait par une rampe sur la terrasse, large de 4 à 5 m, qui longe, sur le versant nord, le pied du rempart. L'ouverture actuelle dans le rempart n'existait pas. À l'extrémité sud-ouest du rempart fut découverte une douzaine de squelettes de jeunes bovidés mélangés à des ossements humains. Les cadavres ont été rapidement ensevelis sous une accumulation de dalles recouverte ensuite par la masse du rempart. Ce qui fait penser à un sacrifice conférant au site un rôle cultuel.

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Reconstitution du rempart

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L'esplanade derrière le rempart sud

Durant cette période, les hommes s'étaient installés le long du rempart et en bordure du plateau. Leurs maisons en bois n'ont cependant laissé que très peu de vestiges. Après une longue période d'abandon, le site est à nouveau brièvement occupé à la fin du bronze ancien (XVIe siècle av. J.-C.).

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La porte nord

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La falaise devant la porte nord

Le site renaît au VIe siècle av. J.-C.. Le rempart est restauré et rehaussé par un mur en pierre sèche, large de 3 m, et muni de contrefort. Au sud, le rempart est prolongé sur 80 m par un mur en pierre sèche large de 8 m. Il est constitué de parements verticaux internes et externes formant des gradins et est renforcé par des poteaux en bois. Il se distingue du rempart néolithique par l'utilisation de bloc plus petit. La hauteur de 2,50 m, donnée par les archéologues, me semble cependant bien faible au vu des vestiges présents sur le site. À la fin du VIe siècle av. J.-C., le rempart présente une configuration en "U" aux branches évasés. Le rempart avait à cette époque une longueur totale de 480 m. À l'extrémité sud avait été aménagée une porte à superstructure et plancher en bois. Le chemin d'accès à cette porte avait été empierré. Entre le VIe et le Ve siècle av. J.-C., le rempart a fait l'objet de quatre reconstructions.

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Le haut du rempart sud

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L'accès à la porte sud

Durant l'occupation de l'âge du Fer (VIe au IIIe siècle av. J.-C.), les hommes s'étaient installés le long du rempart où plusieurs niveaux d'habitations ont été retrouvés. Des trous de poteaux et des foyers délimités par des pierres ou de l'argile témoignent des habitats. Il s'agissait d'une organisation dense et durable. Ces habitants exerçaient des activités métallurgiques, textiles et céramiques. Un atelier métallurgique a été retrouvé le long du rempart sud. De nombreux pesons de métiers à tisser et des aiguilles à chas en bronze furent retrouvés aux emplacements des habitations. Cette activité textile va de pair avec l'élevage de moutons et de chèvres. La céramique retrouvée lors des fouilles correspond à des ustensiles non tournés ornés de motifs géométriques incisés avant la cuisson. D'autres céramiques étaient peintes avec de la barbotine blanche sur un fond rouge ou noir. Ces céramiques sont d'un modèle régional avec des influences rhénanes et italiques. Des céramiques provençales et des amphores étrusques prouvent que les réseaux d'approvisionnement de l'époque dépassaient largement le monde celtique proche et démontrent que le site avait un certain prestige. L'oppidum de Bourguignon-lès-Morey était un centre territorial secondaire situé à la marge du pouvoir princier contrôlant les passages sur la Saône.

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La porte sud

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Fouille au niveau du rempart sud

Le IIIe siècle av. J.-C. est marqué par un renforcement du système défensif montrant un contexte d'insécurité. Le site devient un refuge temporaire et revêt un rôle stratégique. Une abondance d'éléments d'armements fut retrouvée sur le rempart. De nombreuses pointes de flèches, des éléments de bouclier, des épées, des lances et des harnachements ont été abandonnés à la suite de combats ou ont été sacrifiés sur le rempart. Abandonné après une bataille perdue ou sacrifié pour célébrer une victoire ? Une seule certitude, l'insécurité était le lot des habitants. Aucune trace d'une occupation plus récente que le IIIe siècle av. J.-C. n'a été trouvé.

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Le rempart sud vue depuis l'extérieur

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Le rempart nord

Ces photographies ont été réalisées en mai 2013.

 

Y ACCÉDER:

De Port-sur-Saône, prendre la N19 vers Langres. À Cintrey, prendre à gauche vers Molay. Traverser le village. À l'embranchement pour Charmes (sur la droite), aller tout droit. Poursuivre sur cette route jusqu'au parking dans la forêt.

 



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Cette page a été mise en ligne le 22 juillet 2013

Cette page a été mise à jour le 23 février 2015