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Les défenses de la Pointe de Kermorvan

Brest devint un port militaire en 1631 lorsque Richelieu en fit le fer de lance de la Marine royale du Ponant. Dès la création du port militaire, il s'avéra crucial d'en protéger l'accès contre les incursions ennemies. Pour cela, Vauban fit construire des tours de défense comme la tour de Camaret-sur-Mer, en 1693, et une série de forts et de batteries côtières repartit le long de la côte au nord et au sud du Goulet de Brest (voir ici). Dix-huit forts et batteries assureront la défense du Goulet. En plus de la protection du Goulet de Brest contre les incursions maritimes, il fallait également protéger Brest contre les incursions terrestres. Et par conséquent assurer le contrôle et la protection des plages à l'ouest et au nord où l'ennemi aurait pu débarquer. Comme ce fut le cas en 1594, où un contingent espagnol débarqua sur la plage de Camaret-sur-Mer.

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Le fort de la Pointe, un blockhaus allemand
et le phare de Kermorvan

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Le corps de garde du fort de la Pointe

La grève des Blancs-Sablons se prêtant particulièrement a ce type de menace, l'ingénieur Mollart, sous la direction de Vauban, y établit, faute de moyens, à partir de 1689, une fortification de campagne. Reprenant d’anciens ouvrages défensifs, elle se composait essentiellement de palissades, retranchements, batteries de canons et redoutes pour abriter les hommes. En 1747, à l'initiative d'Alexis-René, baron de Coëtmen, gouverneur de Tréguier et commandant de Brest et de la Basse-Bretagne, y fut installé un camp militaire pour l'entraînement des milices garde-côtes. Il regroupa 1000 hommes issus de 10 compagnies garde-côtes des environs de Brest.

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Le fort de l'Ilette

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Le corps de garde du fort de l'Ilette

La défense de côtes de France fut à nouveau à l'ordre du jour à partir de 1841. La commission mixte d'armement des côtes élabora alors six plans types d'ouvrages de défense (trois tours crénelées et trois corps de garde) et, pour remplacer la multitude de canons et d'affuts utilisés, trois types de canons. Il s'agissait du canon de 30 livres (calibre de 160 mm) capable d'expédier un boulet de 15 kg à 2400 m, de l'obusier de 220 mm tirant une bombe de 25 kg à 2400 m et du mortier de 320 mm d'une portée de 4000 m. Le corps de garde est un bâtiment rectangulaire constitué de trois niveaux. Le sous-sol, accessible par une trappe sous le passage de l'entrée, accueillait une citerne. Le rez-de-chaussée, aux salles voutées à l'épreuve des bombes, accueillait le casernement, les magasins à vivres et à poudre et la cuisine. L'entrée se faisait par un pont-levis basculant. La terrasse, accessible par un escalier droit depuis le casernement, était prévue pour accueillir les canons. Les emplacements de tir étaient cloisonnés par des murs-traverses pour protéger les servants des tirs en enfilades et des accidents de tir. La terrasse était entourée par un parapet à bretèche avec des créneaux de fusillade pour la défense rapprochés. L'épaisseur des murs était de 0,60 m sauf pour le magasin à poudre où ils atteignaient une épaisseur de 1,20 m. Le bâtiment était entouré d'un fossé sec. Le corps de garde n° 1 est long de 23,30 m et large de 14,80 m. Il permettait le casernement de 60 hommes et était armé de 12 canons. Le corps de garde n° 2 est long de 19,50 m et large de 12,40 m. Il permettait le casernement de 40 hommes et était armé de 8 canons. Le corps de garde n° 3 est long de 14,70 m et large de 12 m. Il permettait le casernement de 20 hommes et était armé de 4 canons. Cent cinquante corps de garde de ces types furent construits entre 1844 et 1862 le long des côtes françaises.

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Le corps de garde du fort de l'Ilette

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L'entrée du corps de garde du fort de l'Ilette

Les fortifications de la grève des Blancs-Sablons bénéficièrent, entre 1846 et 1852, d'une grande modernisation. Six ouvrages y furent construits et deux redoutes pour l'infanterie furent modernisées. Le long de la plage dans les dunes se trouvent donc implantés la batterie de Quinze, le fort Saint-Louis, la redoute intermédiaire et la redoute des Blancs-Sablons. Sur la pointe de Kermorvan furent construits le fort de l'Ilette et le fort de la pointe de Kermorvan. Le réduit de la batterie de Quinze ou des Blancs-Sablons, situé tout au nord de la plage, est un corps de garde n° 3. Le fort Saint-Louis fut construit en 1850. Il est de forme carrée de 45 m de côté et est cerné par un fossé sec non défendu. Il était prévu pour une garnison de 60 hommes.

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L'entrée du fort Louis

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Le fort Louis

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Le fort Louis

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Le mécanisme du pont-levis du fort Louis

La redoute intermédiaire, également de plan carré, était entourée d'un fossé sec non défendu large de 7 à 9 m et profond de 4 m. De part et d'autre de l'entrée se trouve un local de 10 m sur 5 m. Celui de gauche possède de plus un sous-sol. Elle fut construite en 1849. La redoute des Blancs-Sablons, également nommés Batterie de Treize, fut construite en 1850. De plan carré de 25 m de côté, il s'agit de la plus petite des trois redoutes/forts de la plage des Blancs-Sablons.

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La redoute des Blancs-Sablons

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La redoute des Blancs-Sablons

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La redoute des Blancs-Sablons

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L'entrée de la redoute des Blancs-Sablons

Le fort de l'Ilette est construit sur l'ilot de l'Ilette au nord de la Pointe de Kermorvan. Il est accessible à marée basse. Il est constitué d'un corps de garde n° 2 et fut construit entre 1849 et 1852. Ce corps de garde est complété par deux plateformes de tir décalées en hauteur. Chaque plateforme était armée de quatre canons tirant vers le nord. Ce fort fut déclassé en 1876.

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Le fort de l'Ilette

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Le fort de l'Ilette

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Le corps de garde du fort de l'Ilette

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Le corps de garde du fort de l'Ilette

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Le corps de garde du fort de l'Ilette

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Une des plateforme de tir du fort de l'Ilette

Le fort de la pointe de Kermorvan est un corps de garde n° 3 prévu pour 20 hommes. L'armement constitué de quatre canons était disposé sur deux plateformes décalées en hauteur et accessibles par un petit tunnel. Ce fort fut déclassé en 1889. En 1898, il fut prévu de le remplacer par trois batteries de quatre canons de 80 mm, mais le projet ne fut pas concrétisé. Un projecteur de 90 cm fut installé sur le site entre 1915 et 1916.

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Le corps de garde du fort de la Pointe

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Le corps de garde du fort de la Pointe

Le phare de Kermorvan fut construit en 1849. Il s'agit du phare terrestre le plus à l'ouest de France. D'une hauteur de 20,30 m, il a une portée de 40 km (22 milles). La lampe LED de 180 W située au centre d'un assemblage de lentilles de Fresnel produit un éclat blanc toutes les 30 secondes.

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La Pointe de Kermorvan avec le phare et le fort

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Le phare de Kermorvan

Durant la 2e Guerre mondiale, les Allemands reprirent la fortification de la pointe de Kermorvan. Ils y construisirent de nombreux blockhaus répertoriés selon leur nomenclature : point d'appui "STP Wn Re104" à "Wn Re119". Parmi ces blockhaus, dont la plupart sont enfouis sous la végétation (ronces et autres plantes piquantes), se trouvent :

- deux blockhaus pour canon antichar de 37 PAK de type R505 (539 m³ de béton),
- deux blockhaus pour canon antichar de 75 PAK de type R601 (600 m³ de béton),
- un blockhaus pour mitrailleuse de type R515 (384 m³ de béton),
- un blockhaus de type R622 (629 m³ de béton) servant d'abri pour 20 h,
- un blockhaus de type R621 (356 m³ de béton) servant d'abri pour 10 h,
- trois blockhaus de type R628 (600 m³ de béton) servant d'abri pour 10 h
- un blockhaus de type R635 (855 m³ de béton) servant d'abri pour 20 h,
- un blockhaus avec cloche blindée à six embrasures de type R634 (630 m³ de béton),
- un blockhaus poste de secours de type R638 (960 m³ de béton),
- deux blockhaus avec cloche blindée à une embrasure de type R648 (605 m³ de béton),
- quatre tobrouks de type VF58c (11 m³ de béton),
- deux blockhaus de type SK/Sachartenstand 75KM91

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Blockhaus pour canon antichar de 75 PAK de type R601
sous le fort de la Pointe

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Le blockhaus sous le fort de la Pointe
(il y a un blockhaus de part et d'autre du fort)

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Un tobrouk de type VF58c

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Un tobrouk de type VF58c

Ces photographies ont été réalisées en juin 2023.

 

Y ACCÉDER:

La plage de Blancs-Sablons et la presqu'ile de Kermorvan sont accessibles depuis Le Conquet en empruntant la D789 puis la D67 et la D28 en direction de Ploumoguer. Après le hameau de Lanfeust, prendre à gauche la route de Kermorvan / route de Blancs Sablons jusqu'au parking de la presqu'ile. La batterie de Quinze, le fort Saint-Louis, la redoute intermédiaire, la redoute des Blancs-Sablons et le fort de la pointe de Kermorvan ne sont visibles que de l'extérieur. Le fort de l'Ilette est accessible à marée basse depuis la pointe de Kermorvan. Les blockhaus allemands sont accessibles selon l'état de la végétation, mais la plupart ne sont visibles que de l'extérieur.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 20 aout 2023

Cette page a été mise à jour le 20 aout 2023