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Le fort d'Uxegney fut construit entre 1882 et 1884. Son rôle était la surveillance de la vallée de l'Avière, du sud de la trouée de Charmes et de la voie ferrée Mirecourt/Langres. Ce fort présente la particularité d'avoir traversé le temps sans gros dégât et présente les trois grandes périodes de construction et de modernisation qu'on connut les forts Séré de Rivières. Restauré par l'association "ARPUFE", le fort presente des tourelles d'artillerie et de mitrailleuses en état de fonctionnement.
L'entrée du fort et une partie du casernement
Le fossé (front d'entrée)
Il s'agit d'un fort en forme de pentagone dont le front nord fait environ 220 m de longueur. Il est délimité par un fossé sec. En 1887, le fort fut brièvement baptisé "Fort Roussel". L'entrée se fait par un pont-levis à bascule par en dessous et donne sur une première cour. Lors de sa construction le fort possédait un casernement constitué de huit chambrées, trois du côté du front ouest et cinq du côté du front nord. Un autre casernement était implanté de part et d'autre de l'entrée du fort. Ces casernements, construit en maçonnerie, était prévu pour le logement de 296 hommes, 16 sous-officiers et 6 officiers. L'alimentation en eau se faisait par deux citernes de 140 m3 situés dans la contrescarpe du front sud. Le fort ne possédait pas de four à pain, celui-ci était produit dans le fort de Bois l'Abbé. Dans le fort se trouvait également une infirmerie de 44 lits.
Les lavabos dans un couloir du casernement
Couloir renforcé près de la casemate de Bourges gauche
Reconstitution d'une chambrée de la troupe
La défense des fossés était, en 1884, assurée par une caponnière double au saillant II), une capnonnière simple (au saillant III) et une caponnière de gorge (au saillant V), le tout armé par quatre canons de 5. L'armement du fort était alors composé de cinq canons de 155L et de cinq canons de 120L. Ces canons de type "De Bange" étaient installés sur des plateformes à l'air libre disposées sur les dessus du fort. Deux mortiers de 22 complétaient cet armement et le tout était alimenté par une poudrière d'une capacité de 74 tonnes. Pour la protection des servants de ces pièces, deux abris-traverses étaient installées dans la deuxième cour et deux autres étaient installées au-dessus du casernement. La construction du fort et son armement coutèrent 1 700 000 francs-or.
La caponnière de gorge
La caponnière de gorge
Le fossé du côté ouest
Le fossé du côté nord (vue sur le coffre double)
Vue sur une des chambres des officiers
La cuisine
L'infirmerie
Couloir d'accès à la casemate de Bourges gauche
Couloir à l'arriere du casernement de gorge
À la suite de la crise de l'obus-torpille (voir à la page sur la place forte d'Épinal), une première campagne de renforcement à l'aide de béton spécial fut engagée entre 1893 et 1896. L'entrée du fort, la poudrière, deux chambrées (114 places couchées), les abris de rempart et les citernes furent recouverts de béton pour résister aux nouveaux obus. En 1890, le fort fut connecté au nouveau réseau de voies ferrées de 60 créé pour approvisionner les différents forts de la place. En 1906, l'armement du fort se composait de trois canons de 95, de quatre canons de 90, de deux mortiers de 22 et de deux canons à balles. En 1908, l'armement était de huit canons de 90. La défense des fossés était confiée à quatre canons revolvers.
Le casernement renforcé vue depuis la 1re cour
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La 2e cour
L'abri d'infanterie dans la 2e cour
Le canon revolver est constitué de cinq tubes entourant un axe central. Ces cinq tubes étaient mis en rotation à l'aide d'une manivelle. Un mécanisme assurait, à chaque tour de manivelle, la rotation des tubes, le chargement d'un tube avec un obus, le déchargement de la douille du tube qui venait de tirer et le tir du tube chargé au tour précédent. Les obus chargés sont disposés dans un distributeur situé au-dessus de l'affût. La cadence de tir théorique était de 60 coups par minute, en réalité il était limité réglementairement à 30 coups par minute. Les cinq tubes sont rayés à des pas différents afin de disperser les mitrailles des boites à balles (projectiles utilisés). Ceci permettait, sans bouger le canon, de balayer toute la largeur du fossé en cinq coups.
Canon Culasse dans le coffre double
Affuts de canons dans le coffre double
Plan du fort (selon plan affiché dans la parcours de visite)
Passer la
souris sur le plan pour voir les modifications du fort
En 1910 fut décidé un nouveau programme de modernisation qui transforma totalement le fort. Ce programme fut réalisé entre 1910 et 1914 pour un cout de 1 541 000 francs-or. Le fort reçu une tourelle d'artillerie 155R07 (prête à tirer en juillet 1912), une tourelle d'artillerie 75R05 (prête à tirer en janvier 1913), deux tourelles de mitrailleuses, deux casemates de Bourges, trois observatoires cuirassés et quatre cloches de guets blindés. Plusieurs des salles du casernement (100 places couchées) et les galeries de liaison vers les organes de défense furent renforcées par du béton spécial ou armé. Les caponnières furent remplacées par des coffres de contrescarpe. Une entrée de guerre fut créée dans la caponnière renforcée du saillant V. Cette entrée possédait une passerelle à effacement longitudinal. Le coffre du saillant II surmonte trois galeries de contremines accessibles depuis une salle bétonnée sous le coffre. Chaque galerie était fermée par une porte métallique à effacement vertical actionné par un treuil situé dans le coffre complété par une grille. Un réseau de fil de fer barbelé et de grilles défensives fut installé sur les glacis et des projecteurs à acétylène permettaient d'éclairer les fossés. En 1914, le casernement à l'épreuve avait une capacité de 385 places couchées et de 202 places assises. Le casernement normal présentait 105 places couchées. Lors de la mobilisation de 1914, le fort était occupé par une garnison de 273 hommes et 5 officiers. La garnison théorique était de 350 hommes. Les magasins à munitions avait une capacité de 100 tonnes et le magasin à cartouches une capacité de 700 000 cartouches.
La caponnière renforcée de gorge
La casemate de Bourges droite vue depuis la 2e cour
Le coffre double
Le coffre simple
Le coffre double
Dans le coffre double
La tourelle Galopin 155R07 est une tourelle à éclipses armée d'un canon "De Bange" de 155 raccourci. Il a une portée de 7200 m et une cadence de tir de deux coups par minute. La tourelle a un diamètre de 4,10 m. Les parois et la calotte ont une épaisseur de 300 mm. Son poids est de 70 t. La mise en batterie et la rotation (un tour par minute) sont manuelles. L'étage inférieur reçoit les contrepoids et les balanciers et des magasins à munitions pour 3000 obus.
La tourelle 155R07
La tourelle 155R07
L'étage inférieur de la tourelle 155R07
Le mécanisme de balancier de la tourelle 155R07
Le canon de rechange de la tourelle 155R07
La tourelle de 75R05 est une tourelle à éclipses armée de deux canons de 75 raccourcis. Ceux-ci ont une portée de 4900 m et une cadence de tir de onze coups par minute par canon. La tourelle est constituée d'un fût, dont la paroi à une épaisseur de 150 mm, recouverts d'une calotte de 300 mm d'épaisseur. Elle comprend trois étages dont l'étage supérieur est la chambre de tir. L'étage intermédiaire comprend le poste de commandement et quatre armoires pour le stockage de 725 obus. C'est à cet étage que s'effectue la rotation de la tourelle. L'étage inférieur comprend le balancier et le contrepoids de la tourelle. La montée et la descente de la tourelle s'effectuent à l'aide de deux hommes. Un ventilateur manuel destiné à l'évacuation des fumées de tir est également installé à cet étage. L'ensemble de la tourelle est desservi par quinze hommes répartis sur les trois étages.
La tourelle 75R05 en position de tir
La tourelle 75R05
La tourelle 75R05
Coffre à munitions de la tourelle 75R05
Le monte obus de la tourelle 75R05
L'étage intermédiaire de la tourelle 75R05
Le balancier de la tourelle 75R05
La tourelle pour mitrailleuses était armée de deux mitrailleuses Hotchkiss de 8 mm et pesait 25 t. Elle est surmontée d'une calotte en fer laminé d'une épaisseur de 120 mm. Par contre, les parois de la tourelle n'avaient que 20 mm d'épaisseur. La tourelle éclipsée pouvait résister à un impact d'un obus de 155 mm, mais en position de tir elle ne pouvait résister qu'à des impacts de balle de fusil. Sa mise en batterie s'effectue à l'aide d'un balancier et d'un contrepoids.
La tourelle de mitrailleuses en position de tir
La casemate de Bourges est constituée de deux chambres de tir légèrement décalé l'une par rapport à l'autre. Chaque chambre est armée d'un canon de 75 d'une portée de 5500 m et d'une cadence de tir de onze coups par minute. Chaque chambre de tir possède des armoires de stockage pour 96 obus (chacun pesant 7 kg). Au sous-sol, chaque chambre possédait un magasin pour 800 obus. Les murs de la casemate ont une épaisseur de 2,50 m et la dalle supérieure est constituée de 1,70 m de béton armé. La casemate est desservie par quinze hommes.
La façade de la casemate de Bourges gauche
Le canon de 75
La chambre de tir de la casemate de Bourges
Coffre à munitions dans la casemate de Bourges
En 1914 l'armement du fort se composait d'une tourelle de 75R05 (2 canons de 75) alimenté avec 2000 coups par canon, une tourelle 155R07 alimentée avec 2000 coups, deux casemates de Bourges (2 canons de 75) alimenté avec 500 coups par canon, deux tourelles de deux mitrailleuses alimentées avec 57 600 coups par mitrailleuse, huit canons de 80 de campagne alimentée avec 600 coups par canon et de deux mitrailleuses alimentées avec 46 200 coups. La défense des fossés était réalisée par un coffre double, armée de deux canons revolvers (1800 coups/pièce) et de deux canons de "12 culasse" (150 coups/pièce), un coffre simple, armée d'un canon revolver (1800 coups/pièce) et d'un canon de "12 culasse" (150 coups/pièce), et par une caponnière double, armée de deux canons revolvers (1800 coups/pièce). Quatre batteries extérieures nommées M32 (quatre canons de 120L), M33 (quatre canons de 155L), M34 (quatre canons de 120L) et M35 (quatre canons de 155L) complétaient le fort. Deux ouvrages d'infanteries complétaient également la défense du fort. L'ouvrage "Uxegney sud", construit entre 1889/1890, fut modernisé entre 1899/1900 pour devenir un abri de combat offrant 24 places couchées et 114 places assises. L'ouvrage "Uxegney nord", construit entre 1887/1888, fut modernisé entre 1899/1900 pour devenir un abri de combat offrant 48 places couchées et 220 places assises.
Un des observatoires cuirassés
Dans le magasin à munitions de la tourelle 155R07
Sortie d'infanterie du casernement
La casemate de Bourges droite
Un projet avorté de 1914 prévoyait la construction d'une batterie cuirassée extérieure de deux tourelles d'artillerie 155R07. Le fort d'Uxegney fut, en 1915, dépouillé de ces canons et munitions afin de les envoyer sur le front. Seules les tourelles, mais sans munitions, restèrent en place. Deux canons de 75 antiaériens furent alors installés à l'extérieur du fort. Après la bataille de Verdun, les tourelles et les casemates du fort furent réarmées, l'entrée fut munie de chicanes réalisées avec des sacs de sable et défendues par des mitrailleuses et huit mitrailleuses flanquèrent les fossés. Entre les deux guerres mondiales, le fort fut utilisé comme dépôt de munitions et régulièrement entretenu. En 1937, les canons de 75 des casemates de Bourges furent prélevés pour armer les nouvelles casemates de la ligne Maginot. Occupés par les Allemands durant la 2e guerre mondiale le fort ne connut pas le même sort que les autres forts de la place. Il fut rendu en 1944 à l'armée française dans un état quasi intact. L'armée française continua de l'utiliser jusque dans les années 1960 comme dépôt avant de l'abandonner. Depuis 1989, l'association "ARFUPE" en assure la restauration. Il est inscrit aux Monuments historiques depuis 2002.
L'usine électrique
L'entrée de guerre dans la caponnière de gorge
Les citernes situées dans le fossé de gorge
Le corps de garde devant l'entrée du fort
La grille de l'entrée du fort avec la voie ferré de 60
Le couloir d'entrée du fort
Ces photographies ont été réalisées en aout 2022.
Y ACCÉDER:
L'accès au fort est fléché depuis le village d'Uxegney. Le fort est régulièrement ouvert à la visite. Pour les horaires, consultez le site de "ARFUPE".
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Cette page a été mise en ligne le 31 octobre 2022
Cette page a été mise à jour le 31 octobre 2022