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Le fort de Planoise

Le fort de Planoise occupe, depuis 1890, le sommet aplati de la colline du même nom. Celle-ci domine au sud de la ville le méandre du Doubs et offre de superbes vues sur la ville et le pont d'Avanne-Aveney. Un des rôles du fort était d'ailleurs la défense de ce pont stratégique pour les troupes de réserves en aval de la ville. Il s'agit du plan grand complexe défensif intra-muros et du deuxième plus importants de l'agglomération.

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L'entrée du réduit

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Vue sur Besançon depuis le glacis du front de gorge

Les défenses de la ville de Besançon ne connurent aucune modification notable depuis la construction de la citadelle et des fortifications de la ville par Vauban. Durant la guerre franco-prussienne de 1870, plusieurs ingénieurs militaires firent état de la vulnérabilité de la ville à cause de sites comme le mont de Brégille ou la colline de Chaudanne dépourvu de tout système de défense. Ces sites stratégiques furent au cours de l'histoire de la ville le théâtre de combat. L'armée française y construisit donc dans l'urgence des redoutes et des batteries d'artillerie. Après la défaite de 1871, le général Séré de Rivières entreprit la construction d'une nouvelle ligne de défense des frontières nord et est de la France. Cette ligne était constituée d'une série de forts censés canaliser les troupes ennemies vers des points de passage fortement défendu. Les villes situées sur ces lieux de passage furent dotées de nombreux forts comme Verdun, Épinal ou Belfort. À Besançon furent établis 25 ouvrages dans un rayon de 50 km autour de la ville. Le fort de Planoise fait parti des cinq forts intra-muros de la ville.

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Lr front de gorge du réduit (saillant IV)

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Le front de gorge du réduit (vue vers le saillant IV)

Le sommet de la colline de Planoise (490 m d'altitude) est constitué d'un plateau, large de 100 à 140 m, d'une superficie d'environ dix hectares. Cette superficie posa aux ingénieurs militaires un problème. Construire un fort de cette superficie était trop onéreux et construire un fort au centre du plateau le privait de la visibilité nécessaire. De même, construire un fort à l'une ou l'autre extrémité du plateau le priverait d'une direction de tir. Il fut donc décidé de construire un réduit servant de casernement et de disséminer quatre batteries d'artillerie sur le plateau à l'extrémité sud-ouest, au milieu de la crête nord-ouest, sur le rebord nord-est et sur le flanc sud-est. Ces batteries, complétées par une batterie de mortier centrale, sont reliées par un chemin couvert enveloppant tout le plateau et doublées d'un parapet d'infanterie. En tout, 22 ouvrages furent construits, entre 1877 et 1890, au sommet de la colline de Planoise en remplacement de la ferme qui y était établie. Pour les travaux, deux carrières furent exploitées directement sur le site. À sa mise en service, le fort de Planoise était armé de 36 pièces d'artillerie.

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Vue sur la caponniere du saillant I

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Débouché sur la plateforme de tir de la batterie de mortier de 220

Le fort de Planoise porte officiellement le nom de Fort Moncey en honneur au maréchal d'empire Bon Adrien Jeannot de Moncey (1754-1842). Le rôle du fort était la protection du pont sur le Doubs d'Avanne-Aveney, stratégique pour les troupes de réserve stationnées au sud de la ville, de la route de Dijon et de Lyon et des voies ferrées allant à Dole, Dijon et Lons-le-Saunier. Il devait également apporter son soutien aux batteries de la ville (Pugey, fort du Bois, fort de la Ferme-de-l'Hôpital, fort des Montboucons et fort de Rosemont). Le fort ne fut cependant jamais impliqué dans des combats et ne fit pas parler de lui. Les archives militaires ne le mentionnent que le 20 décembre 1889 pour signaler qu'à cette date la garnison fut touchée par la grippe. Les militaires le délaissèrent à une date non connue probablement avant la 2e Guerre mondiale. Il resta à l'abandon jusqu'en 1976. La communauté Emmaüs l'utilisa alors, et jusqu'en 2013, comme dépôt et salle de vente. En 2002, une antenne radiophonique fut installée dans et sur la batterie nord-est. La colline de Planoise est depuis devenue un important lieu de loisirs pour les Bisontins. Deux aires de parkings jouxtent le réduit et de nombreux sentiers de randonnée et de VTT parcourent la colline. Le glacis de la batterie sud-ouest sert d'aire de décollage pour les parapentistes.

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Le passage dans le massif de la batterie sud-ouest

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Une des chambrées de l'abri-caverne de la carrière

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L'élément le plus important du fort de Planoise est le réduit qui abrite le casernement. Construit à l'extrémité nord du plateau, le réduit est un quadrilatère irrégulier entouré d'un profond fossé de section rectangulaire. Le réduit est constitué d'une façade, dénommée front de gorge, où s'ouvre l'entrée et de trois côtés constitués d'escarpe en terre recouvrant les ouvrages. Les fossés sont défendus par une caponnière double située au saillant I et par un coffre de contrescarpe au saillant III. Ces deux éléments, comme le restant des ouvrages, sont en maçonnerie de moellons calcaire. L'entrée du réduit se fait au travers d'un porche, haut de 4 m et large de 3,55 m, en léger retrait précédé d'un pont-levis. L'entrée est située au centre du front de gorge. De chaque côté de l'entrée se trouvent trois chambrées possédant une fenêtre entourée de meurtrières pour le tir au fusil ouverte sur le front de gorge. À l'extrémité droite (saillant IV) du front de gorge fut créée, à une date non connue, une seconde entrée (celle-ci ne figure pas sur les plans d'origine). Le glacis précédant le front de gorge ne bénéficie d'aucune défense particulière, mais était sous le feu de la batterie de Rosemont. L'entrée donne directement sur une cour trapézoïdale. Sur le côté gauche de cette cour se trouvent sept chambrées sur un seul niveau. Sur le côté droit se trouvent huit chambrées. Toutes les chambrées sont reliées entre elles par un couloir de circulation disposé à l’arrière. Sur le côté opposé à l'entrée s'ouvrent six fenêtres disposées sur deux niveaux. À cet endroit se situent les deux magasins à poudre, locaux rectangulaires de 12,50 m de longueur et de 6 m de largeur, ayant une capacité de stockage commune de 97 tonnes de poudre. Chaque magasin à poudre est éclairé par trois créneaux à lampe et par une fenêtre donnant sur un unique puits à lumière de 6 m sur 2,50 m et d'une hauteur de 10,50 m. Entre ces deux magasins à poudre se trouvent le magasin à cartouche et un local équipé de quatre auges en pierre ayant peut-être servi d'écurie. Les dessus du réduit ne possèdent aucune plateforme d'artillerie, mais uniquement des parapets d'infanterie accessible depuis deux escaliers débouchant dans deux abris de parapet. Le réduit était prévu pour abriter 305 hommes, dont 15 officiers, et comptait également une infirmerie de 30 lits. Le réduit est également équipé de deux fours à pain et de trois citernes d'une capacité globale de 562 m³ d'eau. Les différents magasins du fort pouvaient contenir six mois de vivres.

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La cour du réduit

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Le front de gorge du réduit

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Le fossé au niveau du saillant I

À côté du saillant IV (à droite du front de gorge) se trouve la batterie nord-ouest utilisée pour soutenir une antenne radiophonique moderne. De l'autre côté du front de gorge se trouve la batterie nord-est. Elle se compose d'un grand abri-traverse de 14 m de longueur et de 4 m de largeur. Il est accessible d'un côté par un escalier contournant le puits d'un monte-charge et de l'autre côté par une rampe. En contrebas de cette batterie se trouve une des carrières d'où furent extraites les pierres de construction du fort. Dans cette carrière fut creusé, en 1889, un magasin sous roc. Ce magasin se compose d'une cour où s'ouvrent deux couloirs d'accès parallèle donnant sur un couloir transversal. À l’arrière de ce couloir se trouvent deux pièces ayant servi de lieu de stockage.

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L'escalier menant à l'abri-traverse de la batterie nord-est

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L'abri-traverse de la batterie nord-est

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L'abri-traverse de la batterie nord-est

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L'entrée de l'abri-traverse de la batterie nord-est

Au milieu de la crête nord se trouve la batterie ouest dont l'axe de tir est orienté vers le village du Franois. Elle se compose de quatre abris-traverses, dont le plus grand (9 m sur 5,50 m) servit de casernement, et de deux plateformes de tir. Chaque plateforme pouvait accueillir deux canons.

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La batterie ouest

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Abri-traverse de la batterie ouest

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Abri-traverse de la batterie ouest

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Abri-traverse de la batterie ouest

Au centre du plateau fut érigée, en 1881, une batterie de deux mortiers de Bange de 220 mm modèle 1880/1881. Ces mortiers, dont le canon avait une longueur de 1,98 m, avaient un poids de 4000 kg. Il était fixé à un affût d'un poids de 7000 kg. Ces mortiers avaient une portée de 7100 m et une cadence d'un tir toutes les 3 minutes. Cette batterie, unique dans son genre, se compose d'une ligne de trois chambrées et d'un petit local surmonté de deux plateformes de tir. Deux des chambrées sont cloisonnées en trois parties alors que la troisième chambrée est cloisonnée en deux parties. Les chambrées sont reliées à l’arrière par des escaliers/rampes aux plateformes de tir.

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La batterie de mortier de 220

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Une des chambrées de la batterie de mortier de 220

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Une autre des chambrées de cette batterie

La batterie la plus importante du fort est la batterie du front sud-ouest construite en 1877 et dont le glacis offre une vue imprenable sur le pont et le moulin d'Avanne. Le long du parapet d'infanterie de la crête nord se trouve, partiellement enterré, un ensemble de construction ayant servi de magasins et de casernement. L'accès se fait par une porte cochère donnant sur un local de 6 m sur 3 m. Sur la droite se trouvent deux locaux identiques et sur la gauche, de manière perpendiculaire, se trouve un grand local de 9 m sur 5,50 m. Ces locaux ont servi à entreposer les quatre canons de la batterie, de magasin et de casernement aux servants de la batterie. Au centre de la batterie se trouve un massif de terre long de 40 m. Ce massif est traversé par un tunnel perpendiculaire. Ce tunnel donne accès, côté sud, à un local de 14 m sur 4 m et, côté nord, à un magasin à poudre de 14 m sur 3 m. Les parois du magasin à poudre sont doublées par des parois en brique. Au nord du massif, un couloir long de 7 m donne accès au local à lampe attenant au magasin à poudre. Dans ce local, un créneau à lampe assurait l'éclairage du magasin. La batterie est complétée par deux abris-traverses et par un abri-caverne (sur la crête sud).

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Le massif de la batterie sud-ouest

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La galerie traversant le massif

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Le magasin à poudre du massif de la batterie sud-ouest

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L'abri-caverne de la batterie sud-ouest

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L'abri-traverse de la batterie sud-ouest

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La caserne de la batterie sud-ouest

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La caserne de batterie sud-ouest

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La façade de la caserne de la batterie sud-ouest

Au centre du plateau se trouve la carrière principale ayant fourni les pierres de construction. Au fond de cette carrière fut établi, en 1891/1892, un abri-caverne. Il se compose de quatre grandes chambres de 17 m de longueur et de 6,50 m de largeur. Ces chambres sont reliées à l'arrière par un couloir transversal qui donne à chaque extrémité sur une citerne. Les façades des chambres qui donnent sur la carrière sont masquées par un mur en béton de 1,50 m d'épaisseur. Ce mur forme un couloir couvert à l'avant des chambres. Les murs en moellons des chambres sont tous doublés par des murs en brique. Ces doublures assurent une circulation d'air permettant de combattre l'humidité.

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La carière centrale

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Le couloir couvert de l'abri-caverne de la carrière

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Une des chambrées de l'abri-caverne de la carrière

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Le couloir à l'arrière des chambrées de l'abri-caverne de la carrière

Deux petits abris sont disposés le long du parapet d'infanterie de la crête nord. Chacun de ces abris possède un puits d'observation. Un autre abri se trouve quasiment enterré le long de la crête sud.

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Entrée d'un abri-traverse de la batterie sud-ouest

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Une des chambres de la caserne de la batterie sud-ouest

Ces photographies ont été réalisées en décembre 2018.

 

Y ACCÉDER:

À Besançon, prendre la direction de Lausanne/Pontarlier par la N57. Prendre la sortie Planoise/Micropolis et suivre la direction "centre-ville" puis "fort de Planoise" par l'avenue François Mitterand. Prendre à droite le chemin de Montoille puis le chemin du fort de Planoise qui mène au front de gorge.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 06 janvier 2019

Cette page a été mise à jour le 06 janvier 2019