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Le fort d'Arboué ou de la Varde

L'ancien fort français implanté sur la pointe de la Varde fut investi en 1940 par l'armée allemande qui transforma, à partir de 1942, les lieux en un important point de résistance comprenant dix-sept blockhaus armée pour repousser des attaques de char et prendre sous son feu la mer en direction de Saint-Malo.

À la suite de l'attaque anglo-hollandaise de 1693 sur Saint-Malo fut prise la décision de construire sur la pointe de la Varde un fort destiné à assurer la protection du mouillage dit de la fosse aux Normands. L'ingénieur du roi, Garangeau, érigea un fort comprenant une batterie basse de huit canons et deux mortiers, une caserne, un corps de garde et une poudrière. Le fort était, du côté terre (la gorge du fort), fermé par un mur percé de créneaux de mousqueterie. Le fort fut désigné sous le nom de Fort d'Arboulé. À partir de 1758, le chevalier Mazin, ingénieur du roi, transforma le fort en remplaçant le mur d'enceinte du côté terre, par une enceinte bastionnée. Le fort présenta alors une grande batterie tournée vers la mer au nord-ouest, deux bastions séparés par une courtine avec un parapet crènelé du côté est et un demi-bastion à flanc de falaise au sud. L'entrée se faisait par une porte au centre de la petite courtine sud. Au sud, à l'est et au nord, l'enceinte était précédée par un fossé sec, lui-même précédé par un chemin couvert. Au sein du fort se trouvaient une caserne et un magasin à poudre vouté. Ce fort avait une garnison de 30 soldats, 15 matelots, 117 canonniers et deux officiers.

En 1793, l'armement du fort se composait de quatre canons de 48 livres de balles. Un nouveau magasin à poudre d'une capacité de 5600 kg fut construit au cours du XIX^e siècle. En 1890, le fort reçut une batterie de six canons de 95 sur des affûts de campagne. Le casernement et le magasin à poudre furent réutilisés. En 1898/1899, une nouvelle batterie de quatorze canons de 95 sur des affûts de campagne fut installée à l'extérieur du fort. Le fort perdit de son importance et servit alors de parc d'artillerie, de casernement et de réserve pour la nouvelle batterie.

Investit par l'armée allemande en 1940, le site fut transformé en point d'appui, codé Ra109, du mur de l'Atlantique en 1942. Les Allemands y érigèrent dix-sept blockhaus. Entre le 4 et le 6 aout 1944, les Américains de la 83^e division d'infanterie US investirent la région de Saint-Malo. Le 9 aout 1944, le 329^th IRUS (Infanterie regiment united states) lancèrent l'assaut sur les points d'appui allemands de Saint-Ideux et de la Varde tenus par la 77^e ID (infanterie division) allemande. Les Allemands repoussèrent ce premier assaut. Le 12 aout, après trois jours de bombardement, les 150 Allemands survivants de Saint-Ideux capitulèrent. Les Allemands du Panzerwerk Ra109 se rendirent le soir du 13 aout après avoir détruit leur armement. Les Américains y firent 100 prisonniers. Le site servit entre 1950 et 1960 de terrain d'exercice à l'armée française avant d'être laissé à l'abandon. Il appartient depuis 1989 au Conservatoire du Littoral. Des travaux prévus en 2023 devraient le rendre accessible au public.

Les Allemands érigèrent sur le site de l'ancien fort français un complexe de dix-sept blockhaus. Ce complexe comprend :

• Un blockhaus de type R112a (660 m³ de béton) constitué d'une chambre pour la troupe, d'une caponnière de défense, d'un magasin à munition et d'une cloche blindée 35P8 pour deux mitrailleuses. La cloche blindée possède six embrasures de tir et un périscope d'observation.

Plan blockhaus R112

• Un blockhaus de type R667 (165 m³ de béton) constitué d'une chambre de tir pour canon 50KWK L60.

Plan blockhaus R667

• Deux blockhaus de type R611 (1330 m³ de béton) constitué d'une chambre pour la troupe, d'un sas d'entrée, d'une caponnière de défense, de deux magasins à munition, d'une chambre de tir pour canon de 75 et d'un tobrouk de guet.

Plan blockhaus R611

• Un blockhaus de type R653 (830 m³ de béton) constitué d'une chambre pour la troupe, d'un sas d'entrée, d'une caponnière de défense, d'un magasin à munition, d'une chambre de tir pour un canon de 50 KwkL/60 et d'un tobrouk de guet.

• Un blockhaus de type R506c (778 m³ de béton) constitué d'une chambre pour la troupe, d'un magasin à munition et d'une chambre de tir pour un canon de 47 Pak36 tchèque.

• Un blockhaus de type R600 (555 m³ de béton) constitué d'une chambre pour la troupe, d'un magasin à munition et d'une chambre de tir pour un canon antichar de 50 KwKL/42.

• Deux blockhaus de type R622 (629 m³ de béton) constitué de deux chambres pour la troupe (20 hommes), d'un sas d'entrée et un tobrouk de guet. Dans un de ces blockhaus était installé un groupe électrogène.

• Un blockhaus de type R120 (535 m³ de béton) constitué d'une chambre pour la troupe, d'un sas d'entrée, d'une caponnière de défense, d'un magasin à munition, d'un magasin aux vivres, d'une chambre pour le commandement, d'une chambre des cartes et d'une cloche blindée d'observation de type 441P01.

• De six tobrouks de type VF58c et VF61a pour le guet, de mitrailleuses ou de mortier.

L'armement du complexe se composait de deux canons de 105 "FK243" d'origine hongroise, d'un canon de 75, de deux canons antichars de "50 KWK", d'un canon antichar de 47 "festung Pak 36" jumelé avec une mitrailleuse de 7,92 mm, de mitrailleuses "MG42" et d'un mortier de 80 mm modèles 34. Un canon antiaérien FLAK de 20 mm complétait l'armement. Le canon de 47 "festung Pak 36" avait un calibre de 47 mm, une cadence de tir de 10 à 20 coups par minute et une portée de 5800 m. L'obus pouvait pénétrer un blindage de 40 mm à 1000 m de distance. Les mitrailleuses "MG42" avaient un calibre de 7,92 mm. Sa cadence de tir était de 900 coups par minute avec une portée de 3500 m. Cet armement était desservi par cent-deux hommes commandés par quatre officiers.

Ces photographies ont été réalisées en octobre 2022.

Y ACCÉDER:

Le site se trouve sur la pointe de la Varde à l'est de Saint-Malo.

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Cette page a été mise en ligne le 20 novembre 2022

Cette page a été mise à jour le 20 novembre 2022