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La batterie du Grand Gouin

La Pointe du Grand-Gouin à Camaret-sur-Mer fut intégrée dans la défense de la rade de Brest par Vauban dès 1693. Occupée par une station de surveillance de la Marine nationale, elle fut choisie par l'armée allemande pour recevoir une des plus puissantes batteries d'artillerie du mur de l'Atlantique dans la rade de Brest.

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Encuvement pour canon de 220 mm

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Le poste de direction de tir

Pour participer à la défense de l'anse de Camaret-sur-Mer, Vauban installa, en 1693, sur la Pointe du Grand-Gouin une batterie de deux mortiers. En 1820 se trouvaient sur la pointe deux mortiers de 12 pouces, trois canons de 24 livres de balles, un corps de garde (voir le fort du Petit-Gouin) et un four à boulets. Entre la 1re Guerre mondiale et 1940 la Marine nationale y avait installé une base de surveillance et d'écoute radio. À partir de 1941, le site fut aménagé par l'armée allemande pour accueillir quatre canons de 220 mm, modèle 1917 Schneider, réquisitionnés auprès de l'armée française. La batterie était desservie par le 1274e groupe d'artillerie côtière de la Wehrmacht et dénommée HKB1274 (Herr Kusten Batterie 1274) puis dénommée, après 1943, E673 (canon sur rail). La batterie reçut également l'appellation CR4 et C342.

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L'encuvement pour canon de 220 mm le plus au nord du site

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L'encuvement pour canon de 220 mm le plus au nord du site

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Les soutes à munitions de cet encuvement

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Les abris pour personnels de cet encuvement

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Dans un des abris pour personnels

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L'accès aux soutes à munitions

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Soute à munitions

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L'encuvement pour canon de 220 mm le plus au nord du site

Les canons, construits par Schneider en 1917, avaient un calibre de 220 mm. Le canon avait une longueur de 7672 mm et pesait 25 880 kg. Prévu initialement avec un affut sur rail, il avait une portée de 22 800 m et une cadence de tir de 1 coup/minute. En 1940, quarante-huit canons de ce type furent réquisitionnés par les Allemands. Pour mettre en œuvre ces canons à la batterie du Grand-Gouin, quatre encuvements circulaires en béton furent construits. L'encuvement a un diamètre de 11,75 m et comprend huit niches à munition. La plateforme recevant l'affut du canon a un diamètre de 7 m. L'encuvement est prolongé, à l'arrière, par une tranchée bétonnée desservant deux abris à munitions (un de chaque côté de la tranchée) de type VF51a et deux abris pour le personnel (un de chaque côté de la tranchée) de type R501 (12 hommes) ou R502 (24 hommes) ou R501 avec latrines. L'ensemble a une longueur de 65 m et une largeur de 28 m.

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L'encuvement pour canon de 220 mm le plus au sud du site

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L'encuvement pour canon de 220 mm le plus au sud du site

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L'encuvement pour canon de 220 mm le plus au sud du site

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L'encuvement pour canon de 220 mm le plus au sud du site

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Plan d'un encuvement

Le tir des canons était dirigé depuis un poste de direction de tir (PDP) de type 636a (960 m3 de béton). Ce poste de direction de tir diffère du modèle type par l'implantation du télémètre devant le poste d'observation et non au-dessus du blockhaus. Le poste de direction de tir était desservi par deux officiers et neuf hommes. Un grand abri à munitions de type R641 alimentait les canons. Dans ce blockhaus de 18 m de longueur, de 13,60 m de largeur et haut de 5 m se trouvent deux salles desservies par deux couloirs. Chaque salle pouvait contenir 300 obus avec leurs gargousses de poudre. Les murs et le toit de ce blockhaus ont 2 m d'épaisseur. Sur le site se trouvent également quatre abris, pour six hommes, type R668 (210 m3 de béton), un abri pour personnel (20 hommes) de type R622 (630 m3 de béton), un blockhaus de réserve d'eau et un blockhaus abritant un poste de secours de type R638. Ce blockhaus de 960 m3 de béton comporte six salles desservies par deux sas d'entrée. Plus d'une trentaine de blockhaus, encuvement pour canons et autres Tobrouks sont disséminés sur le site. Des constructions en matériaux légers abritant les cuisines, cantines et casernements complétaient l'ensemble. Les différents locaux étaient reliés entre eux par un réseau de tranchées. La batterie était desservie par 200 artilleurs et la défense rapprochée était assurée par plus de 150 soldats.

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Plan de la batterie

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Le poste d'observation du poste de direction de tir
(touché par une bombe américaine)

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Le poste de direction de tir

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L'entrée du poste de direction de tir

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Dans le poste de direction de tir

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Dans le poste de direction de tir

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Le poste de direction de tir

La défense de la batterie était assurée par dix canons antiaériens (Flak) et trois canons de 7,5 cm K97 (canon français de 75) utilisé contre des objectifs terrestres. La défense antiaérienne était constituée de cinq canons Flak 38 et cinq canons Flak M32. Les canons Flak 38 étaient des canons de 20 mm Mauser avec une cadence de tir de 420 coups/minute. Ils furent par la suite remplacés par des canons quadruples de 20 mm. Ces canons étaient installés dans des encuvements à embase triangulaire. Les canons Flak M32 étaient des canons français (Schneider) de 75 mm d'une portée de 8000 m et d'une cadence de tir de 25 coups/minute. Ils étaient installés dans des encuvements disposés au centre de la batterie. De nuit, les canons antiaériens étaient secondés par un projecteur Flak SW36 de 60 cm de diamètre.

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Encuvement pour canon antiaérien (Flak)

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Encuvement pour canon antiaérien (Flak)

La batterie fut bombardée par les avions de l'USAF (armée de l'air américaine) le 3 septembre 1944. Deux encuvements de canon de 220 et les canons Flak M32 ainsi que l'ancienne batterie française du Petit-Gouin furent totalement détruits. Les autres installations connurent des dommages divers, mais la batterie était hors de combat. Sur le site, les centaines d'entonnoirs d'explosions des bombes sont toujours parfaitement visibles.

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Trou de bombe

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Vue aérienne de la batterie en 1951 (© IGN)

Ces photographies ont été réalisées en juin 2021.

 

Y ACCÉDER:

Le site est accessible par le sentier côtier faisant le tour de la Pointe du Grand-Gouin depuis Camaret-sur-Mer. Les blockhaus et les encuvements disparaissent sous la végétation.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 26 septembre 2021

Cette page a été mise à jour le 26 septembre 2021