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La station radar du cap Fréhel

Le cap Fréhel fut transformé par l'armée allemande en nid de radars exploité par la Kriegsmarine et la Luftwaffe à partir de 1942 et desservi par plus de 230 militaires. La station se rendit aux troupes américaines le 30 aout 1944.

Les Allemands entamèrent les recherches sur les systèmes radars dès 1934. Les docteurs Rudolf Kuhnhold et Hans Hollmann firent une présentation de leurs recherches sur un système de détection par ondes radio pour la veille lointaine au directeur de recherche de la société Téléfunken, le docteur Wilhelm Runge. Devant son manque d'intérêt, les chercheurs se tournèrent vers la nouvelle société Gema, créée par Paul Gunther Erbslöh et Hans Karl von Willisen. En 1935 devant le succès de Gema, Runge changea d'avis et lança son propre projet. Un système expérimental obtint très rapidement des résultats en détectant très nettement un Junkers JU52. Les différents projets se développèrent rapidement lorsqu'en 1938 l'armée allemande passa une commande pour un système radar. Un système opérationnel fut livré à la Kriegsmarine par la société Gema en 1938. Mais le développement des radars en Allemagne sembla avoir été moins prioritaire qu'il ne le fut pour les Anglais.

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Radar Wurzburg Riese (© Wikipédia)

Les Allemands développèrent cependant plusieurs types de radars et pour chaque type, plusieurs versions. Le radar Wassermann, développé par Siemens, permettait la détection des avions avec une portée de 200 km. Il pouvait fournir la distance, le relèvement et le site de l'objectif. Il permettait également d'interroger un transpondeur IFF (amis/ennemis) installé dans les avions. Il était constitué d'une antenne plate haute de 37 m et d'un poids de 200 tonnes. Il était installé sur un bunker de type L480 d'un volume de béton de 1460 m3. Le radar Freya, fabriqué par Gema à partir de 1938, permettait la détection des avions avec une portée de 160 km. Il fournissait la distance et le relèvement des objectifs. Il était constitué d'une antenne plate large de 6,20 m et haute de 7,50 m. Sa puissance était de 20 kW. L'antenne était montée sur un socle rotatif lui permettant de couvrir toutes les directions.

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Radar Wassermann à Bergen-aan-Zee (© Wikipédia)

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Radar Freya (© Wikipédia)

Le radar Mammut fut développé par la société Gema en 1944 en combinant six à huit antennes de radar Freya pour former une antenne plate de 30 m de largeur et de 16 m de hauteur et d'un poids de 150 tonnes. L'antenne étant fixe, le faisceau radar était dirigé électroniquement faisant du Mammut le premier radar à commande de phase au monde. D'une puissance de 200 kW, il pouvait détecter une cible à 300 km de distance et à une altitude maximale de 8000 m. Comme le Freya, le Mammut ne pouvait déterminer que la distance et le relèvement de la cible. Le modèle Mammut Gustav FuMO51 était destiné à la détection des navires et le radar Mammut Cäsar FuMO52 était destiné à la détection des avions. Les radars Mammut étaient installés sur un bunker de type V143 d'un volume de 1800 m3 de béton ou sur un bunker de type L485 d'un volume de 2520 m3 de béton. Les deux types de bunkers disposaient d'une quinzaine de pièces.

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Radar Mammut (© Wikipédia)

Le radar Wurzburg Riese fut construit à partir de 1940 par les sociétés Gema et Téléfunken. Il était constitué d'une antenne parabolique d'un diamètre de 3 m pour la version mobile et de 7,50 m pour la version fixe. Dans la version la plus grande, l'antenne avait un poids de douze tonnes. L'antenne était rotative et pouvait couvrir un azimut de 360 °. Fournissant le site, la distance et le relèvement de la cible, sa portée était de 70 km pour le FuSE65 et de 40 km pour le FuSE62 Anton. Fixé sur une embase en béton conique de type V229, il était utilisé pour guider les avions de chasse et la Flak vers leurs objectifs.

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Radar Wurzburg Riese (© Wikipédia)

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Radar Wurzburg Riese (© Wikipédia)

Les différents radars étaient codés FuMG (FunkMessGerät) pour appareil radio de mesure, FuMO (FunkMessOrtung) pour appareil radio de localisation, FuMB (FunkMessBeobachtung) pour appareil radio détectant les balises radio ou FuSE (FunkMess Siemens Erkennung) pour appareil radio de reconnaissance ami/ennemi.

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Plan du blockhaus L485

Afin de contrer les raids nocturnes des alliés sur la France et l'Allemagne, le Feldmarschall de l'air Goering confia au général Joseph Kammhuber le soin de mettre en œuvre une défense antiaérienne plus efficace. Le général Kammhuber développa et organisa un réseau de détection allant du Danemark à la France. Il s'agissait d'une chaine de radars constitués de zones de 32 km de longueur (sens nord/sud) et de 20 km de largeur (sens est/ouest). Chaque zone comportait un radar Freya d'une portée de 100 km, d'un projecteur antiaérien commandé par le radar et deux groupes de chasse constitués de chasseurs Dornier DO17 ou Messerschmitt ME110 ou Junkers JU88. Par la suite, le dispositif intégra également deux radars Wurzburg Riese.

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Le blockhaus L485

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Embase pour radar Wurzburg Riese

Au cap Fréhel, les Allemands installèrent une station radar exploitée simultanément par la Kriegsmarine et la Luftwaffe. Désignée Stp LA 318, elle portait pour la Luftwaffe le nom de code "Frosch" (grenouille). Un certain nombre de publications citent comme nom de code "Goldfisch", mais celui-ci correspond à une station radar de la Kriegsmarine sur les iles anglo-normandes. Le nom de code de la Kriegsmarine pour cette station n'est pas connu. Le plus important radar de ce site était un radar Mammut "FuMO52" d'une portée de 300 km. Ce radar, large de 30 m et haut de 15 m, était installé sur un grand blockhaus type L485 long (2520 m3 de béton). La station comprenait également quatre radars Wurzburg Riese "Fu MG65L", "Fu SE65L", "Fu SE68M" et "39" d'une portée de 80 km et d'un radar Freya FuMG401LZ d'une portée de 200 km. Les informations des radars étaient exploitées dans un immense bunker à deux étages de type L479 Anton d'un volume de béton de 2610 m3.

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Plan d'un blockhaus L479

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Construction en pierre ayant servit d'embase pour un Wurzburg

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Les hommes de cette station étaient abrités dans deux blockhaus type R622 (630 m3 de béton) d'une capacité de 20 hommes avec tobrouk de défense rapprochée attenant et dans huit baraquements. Ceux-ci étaient semi-enterrées dans une cuve quadrangulaire bétonnée. Dans cette cuve se trouvaient également deux abris servant de magasin aux vivres et d'infirmerie. L'alimentation en eau était assurée par un point d'eau avec une citerne en béton.

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La cuve contenant les baraquements

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La cuve contenant les baraquements

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La cuve contenant les baraquements

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La cuve contenant les baraquements

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Blockhaus R622

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La défense antiaérienne du site était confiée à des canons Flak38 (canon de 20 mm quadritubes) et à trois canons de 75 mm installés dans des encuvements en béton. La défense terrestre était confiée à deux canons antichars de 50 mm installés dans des blockhaus (disparu) situés près des phares et à des emplacements pour mitrailleuses (quatre tobrouks VF58c). À l'est du site se trouvait un emplacement pour un canon de 105 mm dans une cuve maçonnée tirant des obus éclairants. Un abri observateur installé sur une ancienne cabane à mouton se trouvait à proximité.

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Emplacement de canon FLAK

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Emplacement de canon FLAK

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Tobrouk VF58c

Ces photographies ont été réalisées en octobre 2022.

Sources consultées pour cet article :

Consulter la page "Bibliographie" de ce site
Site internet Wikipédia
Article "Radars allemands de la seconde guerre mondiale" par Jean Cotrez paru dans Histomag'44

 

Y ACCÉDER:

Les différents blockhaus sont disséminés dans la lande à l'ouest des phares du cap Fréhel. La plupart d'entre eux sont inaccessibles, car envahis par les ronces et autres végétations.

La plupart sont également fermées pour assurer la tranquillité des colonies de chauves-souris.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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 Cette page a été mise en ligne le 20 novembre 2022

Cette page a été mise à jour le 20 novembre 2022