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L'ouvrage du Haut-Poirier

Il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie installé à l'extrémité orientale du secteur de la Sarre. Il est situé sur une petite hauteur dominante entre les casemates CORF du Grand-Bois à l'ouest et d'Achen nord-ouest à l'est. Sa construction débuta en 1934 et dura deux ans.

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Vue du bloc 1 (à gauche) et du bloc 2 (à droite)

Il est composé de trois blocs de combat et d'un petit bloc d'entrée en surface. En souterrain se trouvent une caserne, une cuisine, un magasin à munitions, une usine et des galeries de liaison. Le bloc 1 est une casemate flanquant vers l'est. Elle est munie d'un créneau de tir pour une arme mixte ou un jumelage de mitrailleuses, de deux cloches pour arme mixte et d'une cloche GFM-B. La cloche GFM-B a un diamètre extérieur de 1,88 m et un poids de 31 tonnes. Elle possède un blindage de 300 mm d'épaisseur et est pourvue de trois à cinq créneaux de tir. Elle est armée d'un fusil-mitrailleur et sert d'observatoire à l'aide d'un périscope. L'arme mixte est constituée d'un canon antichar de 25 mm (portée 500 m, pouvoir de perforation de 35 mm)encadré par deux mitrailleuses Reibel MAC31 de 7,5 mm (portée de 1200 m, 500 coups/min). Cette arme peut être installée dans un créneau de tir normal ou être installée dans une tourelle escamotable ou dans une cloche.

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La façade du bloc 1

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Le bloc 1

Le bloc 2 possède une tourelle escamotable pour deux armes mixtes et une cloche GFM. La tourelle escamotable est une adaptation d'une tourelle escamotable pour canon de 75 mm conçu en 1885 et dont 12 exemplaires fabriqués par la société Dellaunay-Belleville en 1913 n'avaient pas été installés en 1915 dans les forts Séré de Rivières. La tourelle est constituée d'un fut monté sur un dispositif à contrepoids qui lui permet un mouvement vertical de 300 mm sans effort. Elle est munie d'une calotte de 300 mm d'épaisseur qui en position éclipsée repose sur des voussoirs en acier scellé dans la dalle en béton armé du bloc. En position éclipsée la tourelle est presque invulnérable. Elle n'est sortie de son logement que pour effectuer son tir. L'adaptation a consisté à raccourcir le tube du canon de 25 mm à 1500 mm, à modifier la ventilation et les norias d'alimentation en munitions.

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La tourelle du bloc 2

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Une cloche fictive en béton près du bloc 1

Le bloc 3 est une casemate d'infanterie flanquant vers l'est. Elle possède un créneau de tir mixte pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC31 et canon antichar de 47 mm (portée de 1000 m, cadence de tir de 20 coups/min, pouvoir de perforation de 56 mm), un créneau de tir pour jumelage de mitrailleuses, une cloche pour arme mixte et deux cloches GFM-B. La cloche pour arme mixte a un diamètre de 2,57 m et un poids de 45 tonnes. L'arme mixte est installée au travers d'une rotule dans un des deux créneaux de tir de la cloche. L'arme est fixée sur un arceau monté sur une plateforme mobile. Le long de la paroi de la cloche sont stockés 10 chargeurs de 150 cartouches pour les mitrailleuses et 36 obus de 25 mm. Elle est desservie par un tireur et deux pourvoyeurs en munitions. Deux autres servants sont présents à la base et s'occupaient de l'alimentation des norias à munitions depuis la chambre de stockage attenante au puits de la cloche et des ventilateurs. Le bloc 3 sert également d'entrée ou de sortie de secours à l'ouvrage.

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La façade du bloc 3

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Le bloc 3 vue depuis la casemate Achen nord-ouest

Le bloc 4 est le bloc d'entrée de l'ouvrage. Il s'agit d'un bloc réduit qui passe au travers d'un égout dit visitable. L'entrée est défendue par trois créneaux de tir pour fusil mitrailleur. La caserne était prévue pour un équipage de 160 hommes. L'ouvrage possédait également une cuisine et son usine était équipée de deux groupes électrogènes SMIM de 75 chevaux. Des galeries reliaient l'ensemble des blocs à la caserne et au magasin à munitions.

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Le bloc d'entrée (bloc 4)

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Rangée de piquets "queue de cochon" destinée à soutenir les fils de fer barbelé

Un projet d'extension prévoyait l'ajout de quatre blocs de combat. Ils devaient être armés de deux tourelles escamotables pour deux canons de 75 mm (blocs 4 et 5), d'une tourelle escamotable pour deux canons de 135 mm (bloc 6) et d'une casemate d'artillerie pour trois canons de 75 mm (bloc 7). Était également prévu un ouvrage d'entrée pour les hommes et un ouvrage d'entrée pour le matériel et un magasin souterrain de type M1. Ce type de magasin est constitué d'une galerie en fer à cheval raccordé à deux endroits à la galerie principale de l'ouvrage. Entre les deux branches du fer à cheval sont placés x alvéoles. Les entrées de ces alvéoles sont munies de murs en chicane et en face d'une niche anti-souffle destinée à absorber les effets d'une explosion dans l'alvéole.

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plan bloc 3

En 1940 l'ouvrage était occupé par 158 hommes du 133e régiment d'infanterie de forteresse commandé par le capitaine Gambotti. Le bloc 1 était sous les ordres du sous-lieutenant Ismard, le bloc 2 sous les ordres du sous-lieutenant Schimberg et le bloc 3 sous les ordres du lieutenant Bonhomme. Le 14 juin 1940, le commandant Jolivet, commandant le secteur fortifié de la Sarre, installa son poste de commandement au Haut-Poirier.

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Le bloc 1

Le 20 juin 1940, la 262e infanterie division allemande (482e et 486e infanterie regiment) sous le commandement du général Edgar Theissen franchit La Sarre au sud de Sarreguemines. L'armée allemande s'installa au sud et donc sur les arrières de l'ouvrage du Haut-Poirier. Ils installèrent des canons de 150 et 105 mm à 1800 m de l'ouvrage. Au matin du 21 juin 1940, le général Theissen apprit que l'ouvrage était dépourvu d'artillerie. À 14 h 30, les canons débutèrent leurs tirs suivis par les mitrailleuses de l'infanterie. Le bombardement est de l'ordre d'un obus toutes les 5 secondes et le béton des ouvrages ne tarda pas à s'effriter. Le bloc 3 perdit environ un mètre de béton. Les ouvrages ne peuvent pas riposter, car les canons allemands sont hors de portée des canons antichar de 25 ou 47 mm. À 18 h 30, alors que les hommes prenaient leurs repas à la caserne un obus de 150 mm transperce le béton sous le jumelage de mitrailleuses du bloc 3 et fait exploser les 300 obus de 47 mm stockés dans le bloc. Les trois hommes restés de garde furent tués (le sergent Beauverger, le caporal-chef Schoeb et l'adjudant Gouraud). Le sergent Avare qui occupait la cloche d'observation fut projeté à terre par l'effondrement de la plateforme mobile, mais ne fut pas blessé. Il alla prévenir ses supérieurs, mais l'oxyde de carbone libéré par l'explosion rendit le bloc, dont l'armement était détruit, inutilisable. Suite à cet événement, le commandant Jolivet décida de se rendre pour ne pas faire massacrer inutilement ses hommes par les obus allemands auxquels les ouvrages ne pouvaient pas résister. Le drapeau blanc fut hissé par le sous-lieutenant Isnard sur le bloc 1. Les Allemands autorisèrent les Français à passer la nuit dans le casernement. Les hommes occupant l'ouvrage du Haut-Poirier partirent en captivité le 22 juin 1940 au lever du soleil.

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Une des casemates disséminées dans les alentours

Les différents blocs furent remis en état entre 1950 et 1955. L'armée assura l'entretien de l'ouvrage jusqu'en 1970 puis le céda à des particuliers.

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La façade de la casemate Achen nord-ouest

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La façade de la casemate Achen nord-ouest

À quelques centaines de mètres se trouve une casemate d'infanterie double CORF (commission d'organisation des régions fortifiées), la casemate d'Achen nord-ouest. Elle est munie d'un créneau pour un jumelage de mitrailleuses Reibel MAC31, d'un créneau pour jumelage de mitrailleuses et canon antichar de 47 mm (portée de 1000 m, cadence de tir de 20 coups/min, pouvoir de perforation de 56 mm) et de trois créneaux pour fusil-mitrailleur (calibre de 7,5 mm, portée de 600 m, cadence de tir de 500 coups/min, chargeur de 20 cartouches) destiné à la défense rapprochée. Elle possède également deux cloches GFM-B et une cloche pour arme mixte (canon antichar de 25 mm et deux mitrailleuses). Cette casemate possède un sous-sol où sont installés le groupe électrogène et la ventilation avec les filtres.

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Détail du créneau de tir d'une des cloches

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La façade de la casemate Achen nord-ouest

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Ces photographies ont été réalisées en janvier 2015.

 

Y ACCÉDER:

L'accès au site de l'ouvrage du Haut-Poirier est fléché depuis le centre du village d'Achen. Le site est cependant clôturé ne permettant de voir les blocs que de loin. Il n'est pas possible de les visiter.

Pour les autres casemates revenir vers le village et juste après le réservoir tournez à droite. Pour la casemate d'Achen nord-ouest, revenez vers le village et prendre au cimetière à gauche et prendre le 1er chemin à gauche qui mène à la casemate.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

Cette page a été mise en ligne le 18 décembre 2015

Cette page a été mise à jour le 18 décembre 2015