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La Wolfsschlucht II

La Wolfsschulcht II fut un des nombreux quartiers généraux construits durant la 2^e Guerre mondiale à l'usage d'Hitler. Le lieu, réutilisé après la guerre par les Américains, l'armée française et le commandement de l'OTAN, fait l'objet depuis 2007 d'une réhabilitation par des associations locales.

Les nazis construisirent en Europe vingt sites similaires destinés à servir de quartier général au Führer. La Wolfsschlucht II, ou ravin du loup II, fut érigé dans un profond ravin entre les villages de Margival, Laffaux et Neuville-sur-Margival. Le ravin est traversé par la voie ferrée Soissons-Laon qui y emprunte un tunnel long de 650 m situé à 31 m sous terre. C'est probablement ce tunnel qui contribua au choix du lieu, car il permettait d'abriter le train de commandement d'Hitler surnommé "Amerika". Le lieu est également situé à égale distance du Havre et de Dunkerque. L’aménagement du lieu débuta dès 1940. Le quartier général devait alors servir à coordonner l'invasion de l'Angleterre. Les travaux débutèrent à l'été 1941, mais furent interrompus après la défaite nazie lors de la bataille d'Angleterre.

En mars 1942, le site fut déclaré zone militaire et les habitants de Margival et de Neuville-sur-Margival furent évacués. Les autres villages des environs le furent en avril. L'organisation Todt fut alors chargée des travaux. Le chantier mobilisa 12 000 personnes durant 18 mois. Sur le site même, 38 blockhaus furent construits ainsi que des chalets en bois. Le site fut entouré d'une première ceinture de protection constituée de blockhaus de combat d'infanterie, de blockhaus pour canons antichars, pour canons de flak (antiaérien) et pour mitrailleuses. Une deuxième ceinture de blockhaus, distante de plusieurs kilomètres, constituait une défense plus espacée. Plusieurs des creutes (carrières souterraines) des environs furent également aménagées en dépôt de munitions. Un décompte fait état de 475 blockhaus sur une superficie de 90 km². En avril 1944, le tunnel ferroviaire fut équipé, à chaque extrémité, de portes blindées. Bien que les réseaux de résistance étaient au courant des activités de construction, le site ne fut jamais une cible pour les bombardiers alliés. Les alliés ont certainement estimé que le site ne pressentait aucun risque pour leurs activités militaires contrairement aux blockhaus du mur de l'Atlantique.

Hitler se rendit à la Wolfsschlucht II le 17 juin 1944, soit 10 jours après le débarquement allié en Normandie. Il y vint, accompagné du Generaloberst Alfred Jodl et de son État-major, pour présider une réunion de crise suite au débarquement en Normandie. Il y avait convoqué, la veille au soir (pour qu'ils ne puissent pas être frais et dispos), le Feldmarschall Gerd Von Rundstedt et le Feldmarschall Erwin Rommel qui se trouvaient en Normandie. La réunion débuta à 9 h dans la grande salle de réunion du blockhaus n° 1. Des bombardiers alliés survolant le site pour aller bombarder la gare de Laon interrompirent la réunion qui se poursuivit, de 10 h 30 à 12 h 30, dans le blockhaus n° 2. Hitler prit ensuite son déjeuner dans le chalet qui était destiné à son usage personnel sur le site. À 16 h 30, un V1, tiré depuis la côte en direction de l'Angleterre et qui avait dévié de sa trajectoire, explosa à proximité de la ferme Saint-Guislain à Allemant. Hitler ne se considérant plus en sécurité quitta le site à 20 h.

L'emplacement où ce trouvait la villa en bois destinée à Hitler

Le quartier général du Feldmarschall Erwin Rommel, établi au château de la Roche-Guyon, chassé par l'avance alliée en Normandie, déménagea à la Wolfsschlucht II le 18 août 1944. Entre le 19 et le 27 août 1944, les lieux furent occupés par le Generalfeldmarschall Walter Model qui succéda au Generalfeldmarschall Gunther Von Kluge à la tête du commandement du front de l'ouest (Oberbefelhshaber West). Le gouverneur de Paris, le General der Infanterie Dietrich Von Cholitz, ayant désobéi à l'ordre de brûler Paris, Hitler ordonna le 26 août 1944 que tous les V1 et V2 disponibles soient tirés sur Paris. L'ordre transitant par la Wolfsschlucht II atterrit sur le bureau du Generalleutnant Hans Speidel, un des derniers conspirateurs de l'attentat contre Hitler encore en liberté. Le Generalfeldmarschall Walter Model étant absent, Hans Speidel ne transmit pas cet ordre, ce qui sauva Paris de la destruction. Le 27 août 1944, les Allemands désertèrent la Wolfsschlucht II qui fut investie le 28 août 1944 par la 3 ^th Armored Division US. Les Américains en firent ensuite un camp de prisonniers.

Le camp fut occupé par les Américains jusqu'en 1946. L'armée de terre française y installa ensuite son école de formation du personnel féminin (PFAT). Le personnel féminin y suivit son instruction avant son départ pour la guerre d'Indochine. L'école fonctionna jusqu'en 1954. Entre 1955 et 1966, le camp devint le centre de commandement de l'OTAN (base Nato 2). Après la sortie de la France de l'OTAN, le camp fut repris par l'armée française. Elle y établit, à partir de 1968, le Centre d’Entraînement Commando n° 6 (CEC n° 6). Fonctionnant jusqu'en 1985, plus de 80 000 hommes y furent formés à la guerre en milieu urbain. Pour les besoins de ces formations, l'armée réaménagea les blockhaus et autres constructions. Un bassin construit par les Allemands pour servir de réserve d'eau pour combattre les incendies fut ainsi converti en piscine pour l’entraînement des nageurs de combat. Cette piscine connue comme la piscine d'Hitler n'existait donc pas à l'époque des Allemands.

À partir de 1986, le camp abrita une unité de maître-chien avant d'être abandonné par l'armée en 1993. L’échec de la vente du site conduisit l'armée à le restituer, en 2004, aux trois communes de Margival, Laffaux et Neuville-sur-Margival. Depuis 2007, les associations "ASW2" et "Aisne Club 44" ont repris le destin de la Wolfsschlucht II en restaurant les bâtiments pour les ouvrir aux visites. Les différents blockhaus ont fait l'objet d'un classement aux Monuments historiques le 5 février 2014.

L'association "Aisne Club 44" a pris en charge la restauration du bloc n° 2. Ce blockhaus long de 110,20 m est constitué de trois parties : une partie constituée de bureau, une partie servant de logements pour les officiers et une partie "blockhaus" longue de 50 m à l'arrière du bâtiment. Dans cette partie, le toit a une épaisseur de 4 m. Ce bâtiment construit pour l'Oberkommando der Wehrmacht abrita, entre le 15 août 1944 et le 27 août 1944, l'Oberbefelhshaber West du Generalfeldmarschall Walter Model et son aide de camp, le Generalleutnant Hans Speidel. Entre 1946 et 1954, il servit de logement pour les recrues et de salle de cours pour le pliage des parachutes. Le bâtiment, rebaptisé Marie-Jeanne, abrita ensuite l'état-major de l'OTAN. En 1968 avec l'occupation par le Centre d’Entraînement Commando n° 6 le bâtiment prend le nom de bloc n° 2 Zucarello.

Le quartier général de l'armée allemande, la Wehrmacht, avait besoin d'un centre de transmission radio. Pour l'abriter, l'organisation Todt construisit à proximité du bloc n° 2 un blockhaus de type 621SK. Le type 621 était un blockhaus destiné à abriter un escadron de soldats. Dans cette construction spéciale (SK), le blockhaus est constitué d'une pièce principale et de deux salles annexes. Normalement, la pièce principale était dotée de neuf lits. Dans cette construction, six lits furent supprimés pour loger l'équipement de transmission radio desservi par trois personnes. Une des salles annexes servait de sanitaire. L'autre salle, accessible par l'extérieur, était équipée d'un poste radio de secours. En cas d'attaque, un opérateur s'enfermait dans cette pièce afin de pallier à la prise de l'émetteur principal. Le blockhaus 621SK possédait également un tobrouk destiné à une mitrailleuse de défense.

Sur le site, les Allemands captèrent également plusieurs sources qu'ils protégèrent par des blockhaus et l'équipèrent d'une station de pompage alimentant les différents bâtiments en eau courante. L'association "Aisne Club 44" restaure, petit à petit, ces équipements et installe dans le bloc Zucarello différents dioramas pour illustrer les différentes occupations du camp.

Au sud du camp se trouve le blockhaus Loano, pris en charge par l'association "ASW2". Lors de l'occupation du camp par le Centre d’Entraînement Commando n° 6 ce blockhaus fut surmonté d'un dôme en béton dont les façades furent équipées de différentes petites excroissances. Il servait d'école d'escalade.

Nous remercions l’association "Aisne Club 44" pour la visite privée des installations du bunker Zucarello qu'elle nous a accordé. Le bunker Zucarello est ouvert à la visite les mercredi, samedi et dimanche de 10 h à 19 h.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2020.

Y ACCÉDER:

À Laffaux, prendre la direction de Neuville-sur-Margival par la D537. À la fourche au-dessus du ravin, prendre à gauche la direction du "Camp" qui mène au bunker Zucarello.

Pour l'entrée sud du camp, prendre à Margival la D537 pour Laffaux. À la sortie du village, avant le virage en épingle à cheveux, prendre à gauche. Après l'entrée dans le camp, suivre au pas la route bétonnée jusqu'au bunker Zucarello (2,5 km).

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 4 septembre 2020

Cette page a été mise à jour le 4 septembre 2020