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Le canon de Veules-les-Roses

Les deux canons, dont l'un pointe fièrement sur son affut, installées sur la falaise amont de Veules-les-Roses, constituent le monument commémoratif des événements tragiques de la bataille de France qui se sont déroulés en ces lieux, le 11 juin 1940. Inauguré en juin 1998, le monument a été érigé en souvenir des marins du Cérons tombés au combat. Les deux canons furent récupérés sur l'épave du Cérons, visible lors des grandes marées, par les démineurs de la Marine nationale et offerts à la commune.

monument du canon 4

Le Cérons était un cargo de 66 m de longueur et de 10 m de largeur. Il fut construit en 1923 par les ateliers et chantiers maritimes de Seine-Maritime. Il avait deux navires-sœurs, le Barsac et le Sauternes et fut mis en service le 8 juin 1923 par la compagnie Wors du Havre. Le 12 septembre 1939, il fut réquisitionné par la marine française et transformé en patrouilleur sous l'appellation P21. Pour cela, il fut armé avec quatre canons de 100 mm, deux canons de 35 mm, six mitrailleuses et quarante grenades sous-marines.

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Le Cérons échoué devant Veules-les-Roses

Le 2 septembre 1939, la France et l'Angleterre déclarèrent la guerre à l'Allemagne. Il s'en suivit une longue période d'observation nommée "la drôle de guerre". L'Allemagne déclencha les hostilités le 10 mai 1940 en envahissant la Hollande et la Belgique. Entre le 13 mai et le 10 juin 1940, six millions de personnes fuirent la Belgique et le nord de la France poussé par les armées allemandes. Un train rempli de mille réfugiés belges arriva à Fécamp le 13 mai 1940. Dans la nuit du 18 au 19 mai 1940, Dieppe subit son premier bombardement. Les troupes allemandes dans leur avance rapide, "le Blitzkrieg", ont encerclé les 400 000 hommes des armées française et anglaise dans la ville de Dunkerque. La résistance héroïque des Français permit à 220 000 soldats britanniques et 120 000 soldats français d'être évacués par la mer vers l'Angleterre, le Havre et Cherbourg. Le 5 juin 1940, les 5e et 7e Panzers Regiment se lancèrent à l'attaque sur la Somme. Ils coupèrent en deux la Xe armée du général Altmayer et isolèrent les troupes du général Ihler. Le 9 juin 1940, la 5e Panzer du général Lemelsen occupa Rouen et la 9e Panzer du général Rommel fit de même à Elbeuf. Le 10 juin 1940, Rommel ordonna de bifurquer vers le Havre pour bloquer la retraite des troupes du général Ihler et des Écossais du général Fortune soit près de 50 000 hommes. Le 10 juin 1940, à 11 h 30, la 9e Panzer occupait Petites-Dalles et au cours de l'après-midi Fécamp alors que la 5e Panzer entourait Veules-les-Roses.

Pendant ce temps, les États-Majors préparèrent un plan d'évacuation en tablant sur 65 000 soldats à récupérer. Le 9 juin 1940, une flottille fut formée du côté anglais en vue d'effectuer une évacuation par la mer. La flottille se composait du destroyer HMS Codrington, de six autres destroyers britanniques et de deux destroyers canadiens. La flottille devait arriver le 10 juin 1940, mais prit un jour de retard. Le 10 juin 1940, à 16 h 30, le destroyer HMS Ambuscade, en reconnaissance à Saint-Valéry-en-Caux, fut touché par un obus allemand. Le HMS Boadicea fut lui attaqué par l'artillerie allemande alors qu'il embarquait des soldats de la 51e Highland Division à Veulettes. Le 11 juin 1940 au petit matin, le NCSM Restigouche embarqua des soldats entre Saint-Valéry-en-Caux et Veules-les-Roses. À 7 h, le Hampton Ferry et le Stalwart W07 embarquèrent des soldats blessés dans le port de Saint-Valéry-en-Caux. Le Stalwart W07 quitta le port après une attaque aérienne. À 12 h 30, les troupes allemandes contrôlaient la falaise aval à Saint-Valéry-en-Caux. Les bateaux présents au port se replièrent alors au large. Les soldats embarquaient sur de petites embarcations pour gagner le large sous les obus et les balles des mitrailleuses. À partir de 21 h l'artillerie allemande pilonna le port empêchant tout embarquement.

monument du canon 5

Le 11 juin 1940, à 20 h, une flottille de 18 navires, dont le Cérons, le Sauternes, l'Hebe II, le Léopard et le Grandville, commandée par le capitaine Aubert appareilla du Havre en direction de Saint-Valéry-en-Caux. Elle arriva au large de Veules-les-Roses à 3 h 30 du matin le 12 juin 1940. À 5 h, le Cérons mouilla à 300 m de la plage et commença à embarquer des hommes. Il riposta avec ses canons aux tirs allemands et réussis à neutraliser deux batteries de 105 mm. En voulant repartir au large, le capitaine Lucien Ève constata que le navire était échoué sur un banc de galets. Il demanda du secours au Sauternes qui viendra récupérer les 300 soldats qui avaient embarqué sur le Cérons. À 10 h 40, pilonné par les Allemands, le Cérons prit feu. Le capitaine Ève fit alors détruire les documents, l'armement, les munitions et la chaudière. L'équipage évacua le navire en chaloupes vers le large et à pied en direction de la plage. Les généraux Ihler et Fortune se rendirent aux Allemands à 9 h, le 12 juin 1940. L'amirauté britannique ignorant la reddition ordonna à la flottille de converger vers Saint-Valéry-en-Caux. Dans cette ultime tentative d'évacuation le Transferry n° 2, touché par des tirs de Panzer, ira s'échouer au Cap d'Ailly. Le Grandville également touché coula au nord de Petites-Dalles sans avoir pu secourir le moindre soldat.

monument du canon 3

La dernière bataille de la campagne de France prit fin ce jour à Saint-Valéry-en-Caux. Les Allemands y firent 40 000 prisonniers, dont 6000 Écossais ainsi que 12 généraux. Rommel dans ses mémoires parle de 46 000 prisonniers. Le 23 août 1946, la France décerna au Cérons la fourragère avec olives aux couleurs du ruban de la Croix de Guerre.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2018.

 

Y ACCÉDER:

Le mémorial en souvenir des marins du Cérons se trouve au-dessus de la falaise amont de Veules-les-Roses. Il se trouve à côté du parking accessible à la sortie de Veules-les-Roses en direction de Sotteville-sur-Mer.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 20 octobre 2018

Cette page a été mise à jour le 20 octobre 2018